25 avr. 2010

Un numide en Amérique du Nord - 52 -

La culture au Québec -4-
De la politique et de l’industrie qui prime sur l’autre ?
Le Numide, Ce que tu dis là me semble antinomique, comment les cultures peuvent elles à la fois s’émanciper et fusionner si les gouvernants ont en la charge?
Il est vrai que cela semble paradoxal. Ce que je veux dire, en ce qui concerne la province du Québec, et cela peut être valable pour d’autres pays, c’est que les apports culturels des néo québécois doivent être mieux connus pour être mieux compris par les gens du pays d’accueil.
Des espaces d’expression pourraient être envisagés pour laisser place à la découverte, à la créativité spontanée et à l’innovation. Ainsi les synergies souhaitées et engendrées par la participation des diverses cultures ne seraient pas réduites à néant ou à une simple figuration folklorique ou exotique. Elles viendraient enrichir la culture locale qui en serait le vrai socle et aideraient à la fusion.
Les potentiels existants seront mieux consacrés et par la suite une approche de synthèse constituerait un premier moyen de partage pour résulter en plus de variété, de créativité, d’originalité et d’innovation pour une culture nouvelle. Je ne sais plus quel créateur artiste a dit que la culture c’est un mélange d’imagination, de hardiesse et de générosité.  C’est ce dont nous avons besoin. L’imagination, la hardiesse et la générosité.
Mais comment faire pour ouvrir de nouveaux champs d’expression qui rapprocheraient les québécois de souche et les néo québécois ?
‘’L’industrie du spectacle’’ n’est pas élitiste mais elle est sélective. Elle ne fait pas cas des valeurs universelles, et encore moins celles importées par les immigrants qui dans la plupart des cas sont universelles. Elle ne profite réellement qu’à une petite catégorie de porteurs d’idées locales. Les lobbies font le travail de présentation et d’introduction. En général c’est la tribu  qui fait les choix, ce qui est qualifié, ici, de réseau et qui en fait ne profite qu’à des dynasties, pas forcément liées par le sang. C’est à ce niveau que même les termes juridiques de cette industrie sont exclusifs et ne laissent pas de place au transfert et à l’échange venant ‘’des autres’’ et, si cela se fait c’est en général selon une proportion désavantageuse pour ‘’ces autres’’. Dés lors, je pense que les institutions gouvernementales ont un rôle à jouer. Ce rôle consisterait à veiller à ce que l’apport ‘’des autres’’ soit éclairé et éclairant.
Par exemple si nous prenons les anglophones du Québec, leur culture est préservée, non pas parce que le Canada est bilingue et qu’ils sont plus nombreux mais c’est parce qu’ils bénéficient des acquis de l’occupation du Québec par leurs ancêtres. Alors se pose au moins une question, les néo québécois et leur apport culturel diversifié et varié ne devraient-ils pas avoir droit à un espace d’expression où leurs créations intègrent le patrimoine Québécois ?
C’est là que tu considères que la culture est entre les mains de l’industrie du spectacle, n’est pas ?
La commercialisation de la culture modélise les contours de celle du pays d’accueil et montre à la limite que les valeurs de ceux qui s’établissent au Québec ne sont pas comprises et prises en considération par les gens du pays. Il y a la frontière qui nous sépare des USA, mais nous ne sommes pas aux USA. Nous sommes au Canada et spécifiquement au Québec.
Au plan global les valeurs du pays ne sont pas clairement expliquées aux nouveaux arrivants. Ceux qui devraient le faire n’ont pas, à mon avis, la formation nécessaire et suffisante et les compétences pour une compréhension des cultures des nouveaux arrivants ; ce qui génère des problématiques qui n’en finissent pas d’être des sujets de débats et de confrontations sans fin. Le plus invraisemblable c’est que les partisans des dogmes réapparaissent.
L’exclusion et la discrimination sont palpables et surgissent là où l’on s’y attend le moins. Les avancées démocratiques en prennent un coup au point qu’elles entrent dans le couloir de la remise en question.
Le Numide, prend une grand aspiration, la garde en suspens quelques secondes et poursuit sa réponse …
À suivre…
Ferid Chikhi

21 avr. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 51 -

Digression : Histoire d’Algérie
Exclusivité de l'auteur 

''Mieux vaut être un misérable affranchi qu’un esclave opulent’’
L’Émir Abd el Kader
Dans sa « nouvelle épopée algérienne », le défunt Moudjahid Ammar Guellil consacre tout un chapitre de la page 41 à la page 49, à l’Emir Abd el Kader où il lui impute quatre erreurs : la première en concluant le traité de Desmichels en 1834, suivi de celui de la Tafna signé en 1837 avec le général Bugeaud, la seconde en acceptant la suspension des hostilités à l’Ouest du pays, la troisième en refusant de coopérer avec « Ahmed Bey » et la quatrième en percevant un haut salaire de l’ennemi.
1-  Si les deux traités précités étaient avantageux pour l’adversaire, la France ne les aurait jamais désavoués.
En effet, selon l’expression de Churchill, le premier « dicté à la pointe de son épée qui, à présent et pour la première fois depuis des siècles, offrait une base substantielle aux espoirs de liberté du peuple arabe et promettait d’être le point de départ de son indépendance. »
(Voir P 91 de son ouvrage sur Abdelkader).
Quant au second, « il reconnaissait l’existence d’un Etat algérien souverain et abolissait, ipso facto, la capitulation de 1830 » (Voir P 132 du livre de l’Universitaire Mohamed Chérif Salhi : décoloniser l’histoire).
2-  La résistance de l’Emir n’avait connu de répit que le temps de mieux se consolider conformément au verset coranique 61 de la sourate : Le Butin « Préparez, contre (ces infidèles), ce que vous pourrez de force et de chevaux par quoi vous effraierez l’ennemi de Dieu ainsi que votre ennemi et d’autres, en dehors d’eux, que vous ne connaissez pas et que Dieu connaît ! Quelque chose que vous dépensiez, dans le chemin de Dieu, vous sera exactement rendu et vous, vous ne serez point lésés. »
3-  Les archives, récemment, récupérées par la Bibliothèque Nationale d’El Hamma à Alger, prouvent l’existence de dépôts engorgés d’armes de tout calibre quand Ahmed Bey annonça, lui – même – à ses sujets constantinois, l’épuisement des munitions afin de les démoraliser et les contraindre à la reddition.
4-  Le refus par Abdelkader de la souveraineté sur tout le Proche Orient, offerte par le Roi de France de l’époque a fortiori de l’allocation sus-mentionnée confirme son dédain pour les biens terrestres.
5-  Sur sa pierre tombale nous lisons l’inscription suivante indélébile ; ''Si la France m’offrait toutes ses richesses pour devenir un esclave opulent, je choisirais d'être un misérable affranchi''.
Mohieddine Boutaleb
Avril 2010
Courtoisie de l'auteur

17 avr. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 50 -

La culture au Québec -3-
De la politique et de l’industrie qui prime sur l’autre ?
Le Numide, dis moi, doit-on attendre autre chose de ces rencontres dés lors que l’argent est-là, que le public, les auteurs et les créateurs sont parties prenantes ?
Même s’ils concourent quelque peu à mieux faire connaître certaines cultures, ces festivals sont malheureusement reproduits selon le même processus et le même schéma qui enrichissent certains mais ne valorisent point l’apport de l’autre. Et c’est là qu’il m’apparait normal de mettre la culture au même niveau que l’éducation et la santé en raison de leurs places stratégiques dans la société. La présence des uns et des autres est très souvent excellente mais la participation citoyenne devrait être plus intégrale et pas seulement comprise comme celle d’un spectateur.
Mais, les auteurs créatifs, ceux qui performent sont récompensés et par conséquent cela fait une visibilité à leurs communautés, comment ne pas s’en réjouir et cautionner cette façon de procéder ?
Il est vrai que sans la levée de fonds et sans les commanditaires il n’y aurait pas ces animations estivales. Mais je reste convaincu qu’une autre approche est à même d’être plus productive d’agrégation autour des arts pour fonder les contours d’une culture partagée à laquelle tous se référeraient. Elle tiendrait compte des politiques et des modes d’intégration préconisés par les gouvernants pour créer, consolider et faire progresser le sentiment d’appartenance.
Or, ces politiques et ces modes sont entre les mains de ‘’l’industrie du spectacle’’ et n’existent pas en dehors. D’aucuns me diront mais il ya patrimoine Canada, le ministère de la culture du Québec, etc. Mais au-delà de ces deux institutions et à mon sens chaque fois qu’un gouvernement libéral (Provincial (Pro Fédéral) succède à un gouvernement péquiste (Souverainiste) la cohésion sociale et l’agrégation culturelle prennent du temps à se replacer et entre temps elles en prennent un coup.
N’est-ce pas la règle de l’alternance qui le veut ?
Sans aucun doute mais en ce qui me concerne je me suis toujours demandé, au-delà des gouvernants canadiens, pourquoi les nord américains n’ont jamais été intéressés par l’encadrement de la culture de leurs pays, comme l’ont fait, par exemple les pays de l’Europe de l’Est ou encore l’Allemagne et la France, sans verser dans la pensée unique ? Je n’ai jamais trouvé la bonne réponse. En fait il n’en existe pas. A ce stade de la réflexion le Québec gagnerait et devrait envisager l’initiation d’une loi 101 sur la culture qui validerait un grand nombre d’hypothèses de la problématique d’émancipation des cultures importées et de leur fusion.
A suivre…
Ferid Chikhi

14 avr. 2010

Un numide en Amérique du Nord - 49 -

La culture au Québec -2-
De la politique et de l’industrie qui prime sur l’autre ?
Le Numide, quel cheminement faut-il emprunter pour développer une nouvelle manière d’apprécier, de valoriser et de consolider la culture commune et de mener les citoyens vers les points de convergences ?
Une culture commune peut être constituée de facettes portant des champs communs et d’autres dissemblables qui renforcent sa prégnance grâce à un ancrage solide au sein de la population. Mais pour y arriver il importe de travailler sur le long terme et valider les enjeux partagés et ceux qui confortent la diversité. L’ancrage en question ne saurait se faire sans la culture locale. Cependant, la politique joue un rôle prépondérant dans la façon que se développe la culture. À titre indicatif, les changements des politiques de gouvernance - l’alternance horizontale de niveau provincial et celle verticale de niveau fédéral  - même s’ils relèvent de la cardinalité de la démocratie sont aussi des obstacles majeurs de la promotion d’une culture partagée.
En outre, si l’on examine l’aspect industriel et commercial qui porte chaque année les festivals qui se tiennent à Montréal. Il en existe une bonne quinzaine qui meuble l’été au Québec : Film sur l’art, Juste pour rire, Nouveau cinéma, Jazz, Francofolies, Nuits d’Afrique, Films du monde, Vues d’Afrique, Séfarade, Rencontres internationales du documentaire, Films pour enfants. Il y a aussi des moments consacrés au théâtre et à la danse, ainsi qu’à la littérature et à la poésie, le salon du livre et le festival International de littérature, le festival interculturel du conte du Québec, celui du théâtre amateur de l’île de Montréal ou celui de la danse internationale.
Les organisateurs mettent l’accent plus sur l’aspect financier que sur le contenu et l’apport culturel. Certes, personne ne peut se passer de moyens de financement de ces organisations. Il est aussi vrai qu’il y a les éloges et les récompenses des auteurs et des créateurs ; il y a aussi le public qui accède à tous les performances en plein air mais ce qui manque à mon avis c’est la réflexion sur les rapprochements citoyens, les échanges qui se matérialisent ça et là au cours de ces moments fabuleux ou encore l’apport en terme de potentiel de synthèses et de synergies ainsi que sur les perspectives d’avenir.
À suivre
Ferid Chikhi

8 avr. 2010

Un numide en Amérique du Nord - 48 -

La culture au Québec -1-
De la politique et de l’industrie qui prime sur l’autre ?

Le Numide, il y a quelques mois tu m’avais parlé de la perception des cultures portées par les néo québécois et de leur perception par les québécois. J’aimerais connaître ton sentiment au sujet de la culture au Québec, est-elle partagée ou exclusive aux Québécois et comment est-elle comprise par les uns et par les autres ?
Question très vaste et très ouverte. Je ne maîtrise pas tous les paramètres de fonds pour avancer des assertions ou suggérer des pistes de réflexion mais comme citoyen porteur d’une autre culture je peux me laisser aller et commencer par la facette de l’immigration vue par les québécois, tel que je la perçois, puisque s’il y a divergences, hétérogénéités et altérités, c’est à ce niveau qu’elles commencent.
J’ai appris par l’expérience et le temps dans un autre espace culturel – le mien c’est à dire l’Algérie – qu’au moins six milieux influent sur les identités et les cultures nationale et individuelle.
Peux-tu me les citer ? Il y a en premier lieu la famille suivie de l’école, il y a ensuite l’histoire générale du pays, et bien entendu je rapporte le tout à la culture et l’histoire personnelle de chaque individu. Il faut souligner que l’influence du milieu avec ses différentes facettes est prépondérante dans certaines situations. À titre indicatif je citerai le modèle de scolarisation et son contenu, l’organisation de la famille, l’idéologie et la politique majoritaires, le travail, la religion. Tous ces paramètres et leurs influences forment la personnalité, l’identité, le profil et l’image des individus et de la société.
Si j’examine le fait que le Québec, et par extension le Canada, reçoit des milliers de personnes en provenance des quatre continents (Afrique, Amérique Latine, Asie et Europe) et formant diverses ethnies, il se trouve que certains pensent que c’est un trop gros risque qui va diluer la culture locale et il y a ceux qui considèrent au contraire que cela va renforcer ses fondements et que c’est le meilleur moyen de l’enrichir.
Le Numide, dis moi ce que cela change pour les uns et pour les autres ? De mon point de vue la problématique est porteuse de plusieurs aspects parmi lesquels les valeurs et les différences culturelles. Lorsqu’elles sont mal expliquées, mal comprises, mal intégrées et que la diversité est fondée sur des valeurs non partagées, méconnues par les citoyens du Québec, ça débouche forcément sur des clivages, des frictions, des malentendus qui créent des oppositions et des ruptures, souvent là où l’on s’y attend le moins.
De l’autre côté il y a les néo québécois qui viennent avec un package bien ficelé et un esprit de découverte aiguisé par conséquent d’ouverture assez grande. Ils ont la mesure de l’adaptation et de l’ajustement, mais très vite ils se rendent compte que ce sont les différences, les spécificités, les caractéristiques et les particularités qui les singularisent et qui font qu’ils sont perçus comme des groupes exotiques et éloignés de ceux qui les reçoivent.
La distance s’implante entre eux et les gens du pays d’accueil. Malgré l’esprit d’ouverture dont font montrent les québécois il arrive un moment où ils restent dans leur bulle. Ce qui pose problème c’est que ceux qui sont sensés vulgariser les différences pour les faire accepter se mettent à jouer un rôle aussi ingrat que celui du maître qui focalise plus sur les divergences admises comme étant des faiblesses et moins sur les points de jonctions comme étant des forces.
Peut-on envisager quelque chose d’uniforme et d’harmonieux et comment faire face à ces séparations dés lors que le plus grand déficit de ce pays réside dans sa démographie en déclin ?
Il faut en premier lieu arrêter d’expérimenter des démarches qui n’en finissent pas de se renouveler et décourager les plus tenaces. J’ai assisté il y a quelques années de cela à un colloque sur l’intégration des nouveaux arrivants, au cours des débats, un latino-américain, arrivé dans les années ‘’80’’ a déclaré document à l’appui qu’il a assisté, 17 ans plutôt, à une rencontre qui portait sur le même thème. Les conclusions étaient exactement les mêmes que celles qui se dessinaient pour celui-ci. Crois-tu que son intervention a mis mal à l’aise les organisateurs ? Pas du tout. Aucune réaction. Aucun commentaire. Ou du moins il y en a eu une : Le silence. Un silence profond qui était marquant. Il a fallu que ce soit lui qui redonne la parole aux participants pour relancer la discussion.
Le Numide se tait quelques secondes et m’invite à méditer sur ce que ce monsieur à du vivre au plan de l’ajustement de sa culture personnelle pour s’intégrer ou pour au contraire s’isoler.
A suivre….

Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...