Moi,
mes souliers racontent
Soyons fiers de nos
réalisations -1-

C’est là, encore une fois, que mes souliers m’interpellent. Oui, ces souliers que j’ai portés longtemps et qui m’ont mené d’une place à une autre, d’un chemin à un autre, d’une route à une autre… sur les chemins qui montent et ceux qui rejoignent les vallées, par monts et par vaux. Ces souliers qui m’ont promené sur les dunes de sable chaud et préservé de la brûlure du soleil ce maître du jour dans le désert du Sahara.
Ces souliers qui m’ont aussi conduis dans des
impasses d’où il fallait sortir, souvent à reculant, mais parfois, le chemin me
semblait tellement long et interminable que je perdais espoir de m’arrêter. Il
fallait pourtant continuer et avancer, toujours avancer, en regardant à l’avant
et sans perdre de vue la distance parcourue, les repères fixes que j’ai pu
mémoriser et ceux qui restent comme une image confuse, variable et juste comme
une ombre diffuse…
Au bon milieu de ce mois de mars 2015, une de mes
relations écrivait sur sa page Facebook : Aujourd’hui on essaye par le net de recoloniser les
Algériens à travers toutes ces cartes postales et anciennes vidéos sur Alger,
Oran et d'autres villes; pour leur signifier qu'avant 1962 c'était très beau!
Ce qu'on oublie de dire aux Algériens c'est que des quartiers entiers étaient
interdits "aux Arabes et aux chiens" Idem, pour certains peintres et
écrivains algériens qui font du né orientalisme...et jouent le rôle de
l'indigène complexé. Il y a un vrai déficit en images et en textes, produits
sur nous-mêmes, que ce soit à travers les institutions officielles où médias
locaux, blogs, sites, Facebook, etc.
Plusieurs amis participent aux échanges en
soulignant le bon, le moins bon et le pire… J’y ai contribué en soulignant
entre autres que nous devons être fiers de ce que nous avons réalisé depuis 50 ans. Ce
que les algériens ont accompli alors que le colonialisme était parti, en
laissant derrière lui, comme tous les indus occupants, une dévastation
innommable perpétrée en toute impunité pendant 132 ans, a été le point
d’initiation d’une nouvelle page d’Histoire de cette Algérie moderne et future.
Les quelques mots qui suivent, je l’ai dit et je le
reconnais, sont écrits sous l’impulsion de la colère. Alors les amis (surtout
celles et ceux qui me connaissent directement) soyez indulgents avec leur
portée.
Je vais
débuter par trois constats avant de poursuivre et proposer quelques éléments de
réponses.
En cette période de lecture difficile et
d’incertitudes, non seulement, locale, régionale mais aussi internationale,
pour beaucoup - si ce n’est tous les - d’Algériens, l'Algérie est gangrénée par
la mafia (politicofinancière) la corruption est devenue une institution,
l'ère du ''régionalisme'' a laissé
place à celles du clientélisme et des réseaux d'affaires illicites, composés, non
seulement, d'Algériens entre-eux, mais aussi par l'apport néfaste et nuisible
de lobbies internationaux qui veulent s'enrichir aux dépens des nationaux…
Chacun peut se
rappeler et écrire…
Pour celles et ceux qui s’en rappellent lorsque la
France coloniale a plié bagages, qu’a-t-elle laissé
derrière elle ? Du bâti, des institutions désuètes et une administration créées par les colons pour les colons et prévues pour perdurer et seulement pour perpétuer le colonialisme. Des petits ateliers de réparation et quelques entreprises de moyenne envergure. Des routes, disent certains, des ponts disent d’autres, des hôpitaux surenchérissent les autres, etc, etc. Mais cela a été fait avec la sueur du front et le sang de nos aînés nous étions des indigènes et toutes ces constructions n'étaient pas pour nous… n’en déplaisent aux nostalgériques.
derrière elle ? Du bâti, des institutions désuètes et une administration créées par les colons pour les colons et prévues pour perdurer et seulement pour perpétuer le colonialisme. Des petits ateliers de réparation et quelques entreprises de moyenne envergure. Des routes, disent certains, des ponts disent d’autres, des hôpitaux surenchérissent les autres, etc, etc. Mais cela a été fait avec la sueur du front et le sang de nos aînés nous étions des indigènes et toutes ces constructions n'étaient pas pour nous… n’en déplaisent aux nostalgériques.
Par conséquent, j’ai suggéré que, pendant un laps de
temps, nous arrêtions de dénigrer et d’être un tant soit peu critique tout en
soulignant au moins les quelques aspects positifs d’une société Algérienne qui
a franchi des étapes nulle part ailleurs égalées :
1.
L’occupation,
des bureaux et autres locaux de l’administration coloniale, par les plus
instruits (quelques certifiés de l’enseignement primaire, des brevetés et des
bacheliers de l’enseignement secondaire de l’époque) - à partir de septembre
1962 - a permis de créer le préalable à une administration algérienne qui s’est raffermie au fil du temps malgré
des dysfonctionnements importants.
2.
Malgré
toutes les insuffisances engendrées par leur méconnaissance ou leur peu de
savoir-faire, le défi s’est concrétisé par la
poursuite de la conception, la consolidation et l’affermissement de
procédures de travail nouvelles.
3.
Les
écoles, les lycées, l’université ont accueilli et formé des millions de jeunes
(dont nous faisons partie) qui n’auraient jamais espéré ou imaginé un instant
qu’ils feraient un parcours comme celui que nous avons réalisé…
4.
Les
embryons de petits ateliers que d’aucuns osent comparer avec ignominie a des
petites industries… laissés par les
colons français ont été ‘’repris en main’’ par une main-d’œuvre d’origine
paysanne, comme nous l’étions tous, quelques apprentis-ouvriers et quelques
rares ouvriers spécialisés.
De nos jours ce sont des milliers de techniciens et
d’ingénieurs, de juristes, d’économistes, de gestionnaires, etc. qui œuvrent
pour la pérennité de plusieurs industries dans des champs d’activités
multidimensionnelles (Écoles, lycées, Universités, Instituts de formation
professionnelles Hydrocarbures, Sidérurgie, Métallurgie, Ports et Aéroports,
Industries alimentaires, Transports ferroviaire, routiers, aériens, etc.).
Chacun peut se rappeler et écrire, ne serait-ce que,
ce qu’il a fait depuis la fin de ses études payés par l’Algérie, en plus des
œuvres sociales (Bourses, chambres universitaires, restaurants, transports…) …
Nous, qui sommes là à commenter le post de mon ami, et tous les autres
demandons-nous, chacun pour soi : N’ai-je
pas réalisé des missions de travail et atteint des objectifs qui m’ont été
assignés par la direction, par le ministère de tutelle et celui du Plan ?
Je refuse de penser un seul instant, que mes études
à l’école primaire, au lycée, à l’université et à l’INPED ont été inutiles. Je
refuse d’imaginer un seul instant que mon passage dans l’administration, les
ports, la sidérurgie, les transports aériens, l’Institut Supérieur de Gestion
et de Planification (ISGP)… a été inutile ou sans résultats pertinents. Je
refuse de penser, un seul instant, que mes activités de loisirs aient été
nulles et sans apports...
À suivre
Ferid Chikhi