24 juin 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 219 -

Chômage, Recrutement et Valeurs -1-
Le chômage et l’emploi
Depuis le début de ce millénaire, le monde du travail traverse un espace de turbulences jamais confrontées auparavant. Il y a eu, par le passé, des crises économiques qui ont été surmontées grâce à des plans de redressement et de réorganisation tellement drastiques que la reprise s’est faite ressentir assez rapidement et l’industrie comme le commerce ont connu des envolées qui perdurèrent jusqu’à la fin du siècle dernier et mieux encore certains effets positifs se font encore ressentir de nos jours. Tous ces bouleversements ont eu un impact certains sur les attitudes, les comportements, les principes de vie et les valeurs des individus et des collectivités.
Personne ne saurait nier que les mutations industrielles ont mené à des ajustements économiques avec des effets visibles sur les modèles commerciaux; les transformations technologiques rythment les évolutions observées là où l’intelligence individuelle et collective est stimulée, même si des dommages souvent catastrophiques (environnement, nature, etc.) interviennent ou surviennent malgré la vigilance des plus avertis.
Les crises dont il est question ne sont pas celles du siècle précédent puisqu’elles étaient plus organisationnelles et/ou structurelles, avec des effets négatifs sur la société, que morales et spirituelles tel que nous l’observons en ce milieu de la seconde décennie du troisième millénaire.
La situation est pratiquement similaire d’un continent à l'autre – à quelques exceptions près comme l’Allemagne et les pays Scandinaves en Europe, le Brésil et l’Argentine en Amérique Latine, la Chine, le Japon, etc. en Asie.  Même si je place un bémol, sachant que les pays reconnus comme étant les plus industrialisés ont mal encaissé les effets de cette crise, les indicateurs économiques deviennent des révélateurs d’une problématique morale avec son lot d’affaires de malversations et de détournements de deniers publics et leurs effets sociaux sur de grands pans des populations. À cela s’ajoute la cupidité de ceux qui se sont enrichis de façon malsaine par une dépravation des mœurs et un déni ostensible des valeurs partagées par la majorité, en provoquant des guerres dans des territoires avérés riches par leurs sols et leurs sous sols.          
Il ne s’agit pas par cette réflexion de revisiter et d’apporter du nouveau dans ce qui est décortiqué par les spécialistes, les experts et autres analystes, mais de focaliser sur le monde du travail et les conséquences capitales vécues par les employés des entreprises quelque soit leur envergure et leur importance ou encore ceux qui sont en recherche d'un premier emploi.
Personne ne saurait nier que les politiques libérales et néolibérales sont à l’origine des pertes d’emplois observées ici et là; elles se comptent par milliers dans la majorité des secteurs d’activités alors que le travail est reconnu et admis comme valeur sociétale.
Personne n’oserait soutenir que ce sont les développements industriels et les progrès technologiques qui sont à l’origine de ces pertes d’emplois. Pourtant, personne ne saurait, aussi, nier que les développements industriels et les progrès technologiques même s’ils font disparaître des emplois en créent de nouveaux.
Et c’est là que le bât blesse; l’incompréhension est totale et le questionnement encore plus, il pourrait se résumer à ce qui suit : comment expliquer que des milliers de postes de travail classiques et nouveaux sont affichés par les employeurs alors que des bassins de chercheurs d’emplois possédant des compétences, des habiletés, des qualifications avérées avec souvent un capital expérience en adéquation avec les exigences théoriques des employeurs n’arrivent pas à se placer?
Les candidats aux emplois affichés ne savent plus à quel saint se vouer puisque les entreprises ne daignent même pas répondre à leurs sollicitations. Cela se vérifie, ne serait-ce, que par l’expression de leur sentiment chaque fois que la réponse tarde à venir ou tout simplement ne vient pas.
Ferid Chikhi

1 juin 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 218 -

Du 1 juin 2014 au 7 juin 2014-06-01
Semaine québécoise des personnes handicapées  
Revoir nos paradigmes à l’endroit de
Celles et de ceux qui sont différents de nous.  
Depuis quelques mois il a été question d’inclusion et de discrimination, la politique nous a quelque peu fait oublier que ces deux termes étaient initialement retenus presque spécifiquement pour parler des personnes handicapées. Alors, redonnons leurs la place qui leur convient le mieux.
Il y a 22 ans de cela, en octobre 1992, prenait fin la Décennie des Nations Unies pour les personnes handicapées et l’Assemblée Générale des Nations Unies proclamait le 3 décembre «Journée internationale des personnes handicapées». Sensibilisation, amélioration de la situation et égalité des chances des personnes handicapées dans le monde, étaient les principaux axes de travail qui ont été développés pendant la 1ere décennie. Depuis, cette journée est célébrée de façon particulière en vue d’accroître la participation sociale des personnes handicapées.
Dans cet esprit, la première Semaine québécoise des personnes handicapées s’est tenue du 2 au 8 décembre 1996.  Un coup d’essai, un coup de maître. Un grand succès selon les témoignages de l’époque. Les milieux associatif, patronal et syndical de même que des ministères et des organismes gouvernementaux, se impliqués pour en faire un évènement qui a pris de l’ampleur d’une année à l’autre.
En réponse aux demandes des associations de personnes handicapées et des différents comités organisateurs régionaux il a été décidé de déplacer l’organisation de la semaine des personnes handicapées à une période de l’année plus propice, à cet effet, la semaine du 1er au 7 juin chaque année a été choisie par les institutions provinciales.
Comme depuis 18 ans, nous sommes tous invités à revoir nos paradigmes à l’endroit de celles et de ceux qui sont différents de nous. Quelque soit notre place dans la société, nous sommes en mesure de poser un geste pour aider à la levée des obstacles pour une participation sociale des personnes handicapées et qu’ensemble nous bâtissions une société plus inclusive.
De nos jours il n’y a pas que les victimes des guerres…
Rappelons nous qu’au commencement nous voulions que les personnes handicapées se libèrent de l’isolement dans lequel leurs limitations les emprisonnent et cela a notamment concerné les victimes des guerres… les victimes des accidents de la route… qu’elles retrouvent leur dignité et qu’elles participent aux activités sociales ou, tout simplement, qu’elles accèdent à un espace de partage, de grand défis et nombreux sont celles et ceux qui les relèvent avec brio.
Dans quelques pays industrialisés il a d’abord été question d’occupations manuelles pour un retour à la vie sociale. Les mentalités ont bien évolué au point de changer du tout au tout et voici que non seulement la santé (médecine : rééducation fonctionnelle comme moyen de prévention des séquelles de la maladie ou des blessures et d'éviter l'aggravation de certaines situations.) mais aussi la formation professionnelle qui s’ouvrent à cette catégorie de la population qui généralement s’est sacrifiée pour tel ou tel idéal ou a été victime d’un dysfonctionnement improbable ou inopportun.
Toutes les sociétés ont fait des percées et des avancées multiples pour que les handicapés puissent recouvrir une vie normale par rapport à la majorité de la population. Il ne s’agit pas et seulement de l’accessibilité aux places publiques et aux bâtisses mais aussi aux espaces sociaux et au travail.
Il faut cependant retenir que le soutien aux personnes vivants de limitations (neurologiques, psychologiques, intellectuelles, etc.) ne sont pas en reste et des programmes sont développés pour les considérer comme potentiellement productives. Des accommodements sont mis en œuvre afin de leur facilité l’accès aux industries, aux commerces, … au travail.
Au Québec l’apport du SDEM-SEMO Montérégie
Au Québec, le SEMO Montérégie a été créé en 1981 alors que le SDEM l’a été en 1995, voici donc depuis plus de 30 ans. Cela s’est effectué autour de sept valeurs qui font la force de ses intervenants à l’endroit des personnes handicapées soit l’autonomie, la coopération, la créativité, l’équilibre, l’intégrité, l’ouverture d’esprit et le respect. Récemment, une décision a été prise de considérer une seule et unique dénomination : Le SDEM-SEMO Montérégie.
Le 28 mai 2014 dernier, un cocktail de reconnaissance réunissant plus de 120 personnes a été organisé à Longueuil, sous la présidence d’honneur de Mme Laure Waridel, une personne de cœur, cofondatrice, ex-présidente et porte-parole d'Équiterre, mais aussi mère d'une enfant handicapée. Plus de cinquante entreprises ont reçu un certificat de reconnaissance pour leur ouverture d’esprit et leur philosophie d’inclusion. 
Pour rappel, plus de 21 000 personnes handicapées ont trouvé un emploi grâce au SDEM-SEMO Montérégie. Cela s’est fait d’une part avec l’aide de plusieurs centaines d'entreprises et organismes de la région et d’autre part grâce à l’implication des intervenants. Ceux-ci sont d’un soutien spécialisés qui se vérifie tous les jours par le travail multiforme, varié et surtout professionnel, qu’ils offrent aux participants des programmes conçus à cet effet, tels que, et entre autres : un service d’emploi adapté aux besoins et à la situation de la personne, un accompagnement et un suivi individuel, un coaching en entreprise, des stages de développement d’habiletés de travail en entreprise, une orientation professionnelle, une confirmation du choix professionnel, une évaluation psychosociale, un bilan des compétences, une aide à l’élaboration d’un plan de carrière… Les personnes handicapées admissibles au Programme de Préparation aux Emplois pour Personnes Handicapées, qui veulent se trouver un emploi ou se réinsérer au plan professionnel peuvent compter non seulement sur les employeurs mais aussi sur les conseillers du SDEM-SEMO Montérégie.

Ferid Chikhi 

10 mai 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 217 -

Mes souliers m’ont conté
Vous avez beau vous éloigner… vous y revenez toujours !
Il fut un temps où il ne se passait pas un moment pour évoquer d’une façon ou d’une autre ses origines, ses sources, sa provenance, ses ascendances, ses lignées, ses souches, ses racines, et même son sang… pour signifier ou savoir qui est qui !? Dans d’autres circonstances le retour aux sources est une façon singulière de se retremper dans son passé et celui des siens. Par exemple retourner sur son lieu de naissance, sa maison de naissance… oui le village d’où est originaire toute sa famille.,
Dans les années ‘’90’’ j’ai souvent gravi le chemin qui mène à Tadhart N’Azrou Kolal, le village
familial situé pas très loin des cimes du Djurdjura. Je me rappelle, entre-autres, que lors d’un déplacement, un ami, compagnon du voyage qui nous a mené d’Alger à Ain EL Hammam, me suggéra d’y faire un tour. Une opportunité parmi tant d’autres de rendre une visite de courtoisie à mes oncles et tantes… qui s’y trouvaient pour quelques jours. J’avais répliqué, respectueux des règles de bienséance, ‘’nous pourrons le faire plus tard ou du moins au moment du retour vers Alger’’.
Mustapha qui connaissait la famille insista, considérant que nous avions suffisamment de temps pour aller à leur rencontre, insista en soulignant, ‘’moi, je sais qu’ils seront bien contents de voir arriver leur cousin de Batna’’. Sans hésitation il dit à Kamel de s’arrêter au bas du chemin qui quelques mètres plus loin se transformait en un sentier parfois assez large pour nous permettre de marcher côte à côte et parfois tellement étroit de sorte que nous avancions l’un derrière l’autre, en file indienne. Ce chemin menait vers les premières maisons du village.
Un  chemin qui monte, semblable aux milliers d’autres empruntés depuis la nuit des temps par les habitants de la région. Un sentier au milieu duquel le ruissellement des eaux de pluie avaient creusé de profondes rides sinueuses, ornées de cailloux ronds semblables à des galets et d’autres de formes diverses. 
Mes grands oncles El Hocine et Salah, frères de ma Grand-mère paternelle, occupaient encore une des maisons dont la plupart étaient désertées par les plus jeunes, rendus depuis fort longtemps des citadins bien intégrés. À notre arrivée et avant même de nous inviter à nous asseoir Dada El Hocine, nous dit ‘’Vous avez le temps de prendre un café, n’est-ce pas !?’’ Et, il ajouta ‘’installez vous sous le figuier. Ça ne sera pas long.’’ Il poursuivit d’un air narquois ‘’Te rends-tu compte à quel point la vie a changé’’…  Ma réponse était laconique mais je savais qu’il l’appréciait… ‘‘Il faut bien qu’elle change sinon on ne progresse pas…’’ Et lui de poursuivre sans transition, tout en faisant un clin d’œil à mes amis et accompagnateurs, que je feignais de ne pas voir,  ‘’Depuis que tu fais de la politique tu as appris à parler… ‘’.
Je souriais et le laissais faire la conversation. Il expliquait avec moult détails, comment, pourquoi et à quel moment, mon arrière grand père Ali, le bâtisseur, avait décidé de quitter la Kabylie pour s’installer dans les Aurès. ‘’Vous savez, nous dit-il, vous avez beau vous éloignez du nid familial, vous y revenez toujoursun jour ou l’autre. Vous revenez avec un regard neuf, une vision neuve, un amour neuf, une compréhension de la vie différente de celle que les anciens avaient’’.
Mustapha, participait à la conversation alors que Kamel, se faisait discret sans  perdre un mot de la conversation. En fait, Mustapha, n’hésitait pas à dire qu’en ce qui le concerne il passait presque tous ses Week-ends avec son frère à Ain El Hammam alors que s’il n’insistait pas nous resterions toujours à Alger… Et mon oncle tout en hochant la tête, nous invitait à suivre son exemple, ‘’vous savez, les jeunes, l’air de la montagne est bon pour les poumons et une nuit de sommeil à proximité du Djurdjura vaut mille nuits à Alger... vous devriez revenir plus souvent !
Kamel se hasarda avec un ‘’ça serait en effet intéressant de venir vous donner un coup de main dans le petit jardin si en même temps vous nous parlez un peu plus de l’histoire des gens du village’’. Et, mon oncle de partir d’un rire rauque Ah ! Toi aussi tu as appris à poser des conditions, crois-tu que j’ai besoin de vous pour faire pousser quelques salades ? Rappelle-moi déjà ton nom !?
Je suis un Ait Mebarek, répondit Kamel.
Qui est ton père ?
C’est Da L’hacène.
Ah ! Bon, serais-tu le fils de Dhahbia ?
Oui ! répondit Kamel.
Donc, toi aussi tu es de la famille. Ton père était un brave homme honnête et courageux… Que devient ton frère Hamid, c’est l’ainé, n’est-ce pas !? Lui aussi est comme ton père. Il a su être un bon chef de famille. Dis-lui de venir me voir.
Nous primes le café qu’il nous servi tout en poursuivant notre conversation. Une heure plus tard nous étions sur la route à analyser ce qu’il nous avait dit. Il ressortit de celle-ci, notamment, que ces anciens sont une mémoire vivante de leur histoire, de celle de la famille et bien entendu de la région. Il fallait réfléchir à la façon de les faire parler et d’enregistrer tout ce qu’ils pouvaient nous raconter.
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...