27 août 2019

Un Numide en Amérique du Nord - 314 -


La langue française et les médias
De quelques effets collatéraux des fermetures d'entreprises !
Aujourd’hui, mon propos, fait le lien entre l’économie - celle de deux industries que sont les médias et les transports aériens - et la langue française. Dans mon pays d'origine, j’ai œuvré pendant plus d’un quart de siècle dans une compagnie aérienne qui a pour langue de communication et d’administration le Français. Récemment, j’ai crié au scandale lorsque le ministre Algérien de l’enseignement supérieur a décrété sans consultations préalables le remplacement du Français par l’Anglais comme langue des sciences et des technologies. Heureusement que des veilleurs avertis l’ont fait rappeler à l’ordre.
En cette fin de semaine, lors du colloque du PQ Capitale Nationale, Chaudière Appalaches, Beauce, qui s’est tenu à l’Université de Laval, il était question d’indépendance et de perspectives Identitaire, culturelle, économique… J’ai brièvement pris la parole pour aborder la question de la disparition des entreprises d’un groupe de médias et ses effets sur la langue de communication qui est le Français. Ça ne semblait pas intéresser grand monde parmi les participants qui étaient plutôt branchés sur d’autres aspects de la refondation du PQ.
Du coup je me suis rappelé la citation qui suit et dont je ne me rappelle plus l’auteur : « Cette langue française qui nous fonde et nous soude. Les politiques devraient en priorité réfléchir à cette force-là. » Je sais aussi que cette langue, celle de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, conserve le privilège d’être la première langue enseignée en Grande Bretagne et en Irlande alors qu’ici, au Québec, terre d’identité, de culture et de bien-être commun, le Français est mis sous l’éteignoir par des multiculturalistes fédéralistes aussi stupides qu’obtus.
Comme je l’ai dit, le lien que je fais avec les industries des transports aériens et des médias avec la langue de Molière réside dans deux évènements majeurs qui se déroulent actuellement au Québec. Pour les deux premiers seuls les aspects économiques sont soulevés que ce soit par les principaux concernés (Actionnaires et employés) par les autres médias, par les parlementaires mais aussi par le grand public. Pourtant, ce qui m’a interpelé au plus haut point c’est le véhicule de la langue française que constituent ces deux institutions industrielles québécoises dont la portée est sans frontières.
Dans le cas des médias régionaux, leur disparition créerait un grand vide en matière de communication et de relais en langue française. Ils se rendent dans presque tous les foyers, les lieux publics, les organisations communautaires, les bibliothèque locales où se réunissent pour diverses raisons les citoyens de tous les niveaux sociaux. 
Lorsque le Groupe Capitales Médias s’est placé à l’abri de ses créanciers, la réaction du gouvernement ne s’est pas faite attendre en consentant 5 millions de dollars pour faire face à la crise de six quotidiens - La Tribune (Sherbrooke), Nouvelliste (Trois-Rivières), Soleil (Québec), La Voix de l’Est (Granby) et Quotidien (Saguenay). Un délai de grâce est donc consenti mais juste sur le plan économique et pour la préservation des emplois. Je n’ai pas entendu les parlementaires en ce lundi 26 août 2019 aborder la question des effets de ces éventuels disparitions sur la langue de travail.
Il en est de même pour Air Transat, cette compagnie aérienne créée en 1986, principalement par deux anciens pilotes de Québecair, Yvon Lecavalier et Pierre Ménard, est la quatrième compagnie au Canada desservant 60 destinations dans 26 pays. Elle a été classée en 2019, en termes de vacances, meilleure compagnie aérienne. Elle est la seule entreprise au Canada et dans le reste de l’Amérique du Nord qui use du français comme langue de communication et de travail dans toutes ses relations avec ses clients et ses passagers. 
Il est vrai que pour Air Transat, la situation est bien différente parce qu’il ne s’agit ni de mauvaise gestion ni de déficit, ni de faillite mais bel et bien du changement de mains d’un des plus beaux fleurons industriels du Québec.  Avalée par Air Canada… Le patrimoine industriel et culturel de cette compagnie Québécoise sera réduit à sa plus simple expression pour ne pas dire disparaitra dans moins d’une année.
Il faut savoir qu’une compagnie aérienne n’est pas seulement un transporteur mais aussi un médium pratiquement au même titre que les quotidiens et autres médias qui usent des lettres françaises pour communiquer avec ses lecteurs. Air Transat offre les conditions de mobilité des Québécoises et des Québécois dans le monde mais aussi de leur identité, de leur culture, d’une partie de leur patrimoine personnel. Elle déplace des personnes d’un aéroport à un autre et partout où elle fait escale elle porte en elle la culture spécifique, celle du bien être Québécois tout en portant le drapeau du pays. Elle est aussi par son caractère transnational le plus rapide et authentique véhicule de la pensée et de l’industrie Québécoise française non seulement en Amérique du Nord mais aussi dans le reste du monde.
Avec la disparition de ce fleuron ainsi que celles des médias locaux, c’est une agression contre la langue de Félix Leclerc, de Jules Vigneault, de Gaston Miron et de bien d’Autres artistes, poètes, auteurs, agression que je qualifie de violente même si elle est silencieuse et collatérale. Il n’en demeure pas moins que c’est un coup qu’aucun défenseur de la langue française au Québec n’a relevé.  


Ferid Chikhi

14 août 2019

Un Numide en Amérique du Nord - 313 -

Chemel Ifriqia !!
Quelques repères historiques
Dès le début de l’expansion de l’Islam, les mercenaires musulmans ont appelé les pays situés à l'ouest du golfe de Syrte (Lybie) soit ce qu’ils nommaient aussi Djazirat el-Maghreb ou encore l’Île du Couchant.
Les habitants de cette région du monde ont par conséquent hérité du label comme une estampe indélébile alors qu’ils ont de tout temps revendiqué leur Berbérité. Même si la grande majorité a été arabisée, diront certains, arabophonisée diront d’autres. Pourtant, les différences entre les gens du Machrek et ceux de Tamazgha sont absolues par les identités, par les cultures, par les traditions et par la langue.
Comme le montre l’Histoire antique l’Afrique du Nord est marquée par les occupations Romaines, Vandales, Byzantines jusqu’aux colonisations française, espagnole et italienne. Cela étant, notamment, dû à sa position géostratégique au Sud de l’Europe et le long de la méditerranée du Sud.
Dans le cadre de la lutte contre l'occupation Européenne, une commission de libération du Maghreb, a été créée en 1927 et qui plus est au Caire. Celle-ci a été suivie en 1945 par une conférence des mouvements nationaux de libération nationale d'Afrique du Nord. Puis, les chefs de ces mouvements nationaux de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie se sont réunis en 1958, à Tanger avec comme objectif la création de l’union du Maghreb. Enfin, en février 1989, elle devient ‘’l'Union du Maghreb arabe‘’.  Dans les faits, elle n'a que peu d'influence sur la politique de ses États membres.
L’appellation ‘’contrôlée’’ Maghreb Arabe
Pourtant, la proximité avec Rome et Carthage fait de Tamazgha une terre de traversée par plusieurs cultures pour une identité unique : L’amazighité. Même et en dépit de la violence des conquérants, et notamment celle des occupants arabes et bien plus tard celles des colonialistes français, les différentes cultures autochtones ont su préserver leurs spécificités, leurs valeurs, leurs traditions et dans bien des cas leurs modes de vie.
Sachant que l’appellation la plus convenable est bien Chemel Ifriqia, pourquoi persister à qualifier le bloc Algérie - Maroc - Tunisie de Maghreb arabe ?
Il me semble que tant qu'on nomme cette partie des mondes Africain et Méditerranéen par ce que les Moyen Orientaux considèrent comme du rebut, rien ne changera … Même si l'espoir du changement radical est prégnant … Et dire qu'en arabe l'Afrique du Nord est bel et bien Chemel Ifriqia. N'est-ce pas mieux que Maghreb et Arabe ? La connotation péjorative que ce concept véhicule infecte et affecte l'identité, la culture et le devenir de cette partie du monde. En revenant à l'authentique, ce changement d’appellation est meilleur que le reste, un réel potentiel de progrès, immense et pratique, notamment en y adjoignant la Lybie et le Sahara Occidental et pourquoi pas l'Égypte.
Ferid Chikhi

3 août 2019

Un Numide en Amérique du Nord - 312 -

Algérie, le mouvement du 22 février 2019
24ième vendredi de protestation !
C'était le 29 juillet dernier, il y à peine 5 jours, j'écrivais que si l’armée a été à la fois en charge de la protection de l’État et du territoire mais elle est aussi responsable des dérives que connait le pays depuis au moins quatre (4) décennies, il est évident que bien des dirigeants militaires avaient la main mise sur une grande partie des rouages de l'État et pour diverses raisons le sens de la gouvernance leur a échappé, qu'attendent-ils pour canaliser les énergies du mouvement révolutionnaire du 22 février 2019 ?

Beaucoup d'observateurs avertis soulignent les effets du statu quo que ce soit en matière de gouvernance, de dilution de l'autorité de l'État, d'économie nationale, de progression sociétale et changement de paradigmes…

J'ai aussi souligné l'importance de procéder à un remplacement des acteurs loin de ceux qui sont dans la périphérie immédiate du régime actuel, quitte à les chercher dans le 4ième ou 5ième cercle. Le peuple ne veut plus de ceux qui, même en tant que commis de l'état, ont été en poste par clientélisme, népotisme, régionalisme, etc.

Le mouvement est jeune et il se développe tout en s’adaptant à ce que le sens commun souhaite et recherche.

Quant aux intellectuels, je pense essentiellement aux politologues, aux sociologues, aux philosophes, etc... Leur silence est à la fois frappant et incompréhensible.

Nous sommes nombreux qui avons dévoré avec force les analyses, les études, les réflexions, de celles et ceux qui durant la décennie noire ont donné à réfléchir sur les différents scénarii pouvant guider dans la sortie de crise. Un seul, Mohamed Balhi vient de se démarquer par ses observations pertinentes en commettant une réflexion pleine de sagesse et d'apaisement. Bien entendu je n'omettrais pas de signaler Said Sadi qui reste un phare éclairant du paysage politique Algérien.

En guise de rappel le recyclage n’offre pas les mêmes avantages du le neuf et la solution la plus adéquate reste potentiellement celle du choix des nouveaux acteurs.

Ne pas faire confiance à l’armée avec la perspective de perdre un allié durable est à mon humble avis l'erreur à ne pas commettre mais exiger le départ du général en chef et immédiatement se mettre à table avec celles et ceux qui seront désigné-e-s pour ouvrir une piste de solution est à envisager sans plus attendre. À charge pour la nouvelle direction militaire de sélectionner les nouvelles têtes en publiant leurs profils en adéquation avec les missions qui leur seront confiées.

J'avais mis de l'avant la création d'un/e

1) Haut Comité de la Nation (HCN) composé du chef des armées par procuration, un haut magistrat par procuration, un civil parmi les plus intègres du profil de Bouregaa qui procèderait à la suspension de la constitution … la dissolution des institutions élues et déciderait d’une législation par ordonnance provisoire pendant une période n'excédant pas six mois ?

2) Commission d'évaluation des besoins de judiciarisation des personnes qui ont été la cause des dégâts perpétrés contre la société, les citoyens, l’économie et l’identité nationale et suggèrerait une plateforme pour juger les corrompus et les corrupteurs (d'hier et d'aujourd'hui) .

3) Comité des sages issues du 5ième cercle (éviter toutes celles et tous ceux du gouvernement, de l’assemblée nationale, du sénat, des wilayate, des municipalités, des ambassades et des consulat, des entreprises publiques) … .

Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...