25 oct. 2022

Un Numide en Amérique du Nord - 369 -

 L’absence Ben Salmane une défaillance de taille au Sommet arabe d’Alger ?

Le sommet Arabe d’Alger qui se tient, en ce 1er novembre 2022, sera-t-il celui du renouveau ou un échec qui ouvre la porte sur ce qui est déjà qualifié de troisième guerre mondiale ?

Les pays dits arabes selon une segmentation plus religieuse qu’identitaire ou culturelle tiennent un somment de leurs dirigeants à l’invitation de l’Algérie qui tient à commémorer le jour anniversaire du déclenchement de la révolution de novembre 1954 qui selon bien du monde a eu le soutien des dits pays arabes. Ce sommet se veut celui de l’apaisement, du rapprochement, de la concertation et bien entendu du progrès pour une ère nouvelle.

Cependant, si l’on met de côté l’absence (malgré des négociations intenses) de Mohamed VI celle de Ben Salman n’était pas programmée.

En effet, samedi 22 octobre 2022, selon une dépêche laconique de l’Agence Presse Service (APS) qui reprend un communiqué de la Présidence de la république, le Président Tebboune a reçu un appel téléphonique de l’Émir Mohammed Ben Salmane, Prince héritier de l’Arabie Saoudite et président du Conseil des ministres du Royaume d’Arabie Saoudite, lors duquel ‘’il s’est excusé de ne pas pouvoir participer au Sommet arabe devant se tenir à Alger le 1er novembre conformément aux recommandations des médecins qui lui déconseillent les voyages’’.

Il s’agit d’une première défaillance d’importance et majeure pour ce sommet qui se veut celui du renouveau et de la concertation. Si l’on convient que l’absence annoncée de Med VI constitue une légère entorse que l’Algérie s’était préparée à gérer, même si des signes avant-coureurs prédisent qu’il sera présent sous condition, la non-venue du Prince héritier d’Arabie Saoudite restera comme une pierre dans la chaussure de l’organisateur principal.

Les dossiers tant politiques comme celui de la Palestine, la Libye, la Syrie, l’Irak, etc… qu’économiques, en particulier, celui de l’OPEP et des niveaux de production du pétrole et du gaz dont ont besoin les pays du Nord ne prendront pas le dessus de ceux des relations des pays arabes avec le reste du monde qu’ils soient ceux de l’Asie, de l’Europe ou encore de l’Amérique du Nord, sans omettre le nouveau partage du monde qui se dessine avec les pays émergents. La place la Chine et de l’Inde tant en Afrique qu'en Amérique Latine devaient certainement faire partie des points incontournables de l’agenda retenu par les organisateurs.   

Il ne faut pas oublier, la guerre menée par les atlantistes en Ukraine et contre la Russie, ses effets sur une Europe ‘’refroidie’’ par une réduction drastique de ses importations en gaz et en pétrole ne prédisent rien de bon pour les populations que ce soit du point de vue de l’énergie c’est-à-dire du simple chauffage ou tout simplement des activités professionnelles avec les grèves qui se dessinent à l’horizon.

Par conséquent, l’Europe (et les autres continents ne sont pas exempts), devra se préparer à des tensions sociales comme elle n’en a pas vu depuis des décennies.

Pour l’heure, restons optimistes pour que ce sommet aboutisse à des actions qui aideront non seulement les pays ‘’arabes’’ à plus de progrès et de modernité mais aussi le reste du monde à plus de paix et de sérénité.

Ferid Racim Chikhi

Analyse senior GERMAN

Absence de Ben Salmane : une défection de taille au Sommet arabe d’Alger ? - Algérie Patriotique (algeriepatriotique.com)

17 oct. 2022

Un Numide en Amérique du Nord - 368 -

 Libérer les intelligences et investir dans le solaire

Pour compléter l’extrait (AP du 15/10/2022) d’une analyse plus longue que j’ai commis au sujet de l’importation des véhicules d’occasion de moins de trois ans et qui a suscité des avis et des commentaires aussi intéressants les uns que les autres, je livre une autre partie de ma réflexion dans ce qui suit.

Encore une fois, si la majorité des commentateurs ont mis de l’accent sur les insuffisances, les contraintes et les effets non seulement négatifs mais aussi positifs de l’importation de véhicules d’occasion de moins de trois ans, quelques-uns évoquent l’accord de partenariat avec FIAT Stellantis. Cependant, il existe des aspects qui ne sont point abordés parmi lesquels une des solutions stratégiques à court, moyen et long terme qui est à la fois durable et propre. Même des amis et proches qui par leurs travaux économiques et technologiques sont d’éminents experts n’y ont pas fait allusion.

Les universités et les centres de recherche et de développement

En plus de cette solution stratégique, il y a un domaine parmi les plus durables que les gouvernants devraient explorer et dans lequel l’Algérie doit investir en masse, c’est celui de la recherche et du développement au niveau des universités, des écoles (Polytechnique) et des centres de recherches en technologie et bien entendu des instituts de gestion. Cet investissement stratégique réside dans la formation universitaire des jeunes et la mise à niveau des moins jeunes.

Dans les pays du nord, les industries et le commerce, sans occulter les autres secteurs d’activités, cultivent un partenariat sans failles avec les académies, les centres, les instituts, les universités. De gros investissements ont été réalisés dans la recherche et le développement et bien entendu dans la formation des étudiants dans les domaines de la créativité, de la digitalisation et de l’innovation. Il ne s‘agit pas seulement de se mettre au diapason des anticipation et des attentes, par exemple, en matière d’intelligence artificielle mais bel et bien de libérer les intelligences. La coopération et les relations bilatérales et multiples entre les universités, sont fouillées et visitées régulièrement et sans hésitation. Pourquoi pas en Algérie ? Il importe de se mettre ‘idée en tête que l’Europe regarde l’Amérique du Nord et ses avancées technico-industrielles, l’Amérique Nord regarde l’Asie et sa gigantesque masse d’étudiants et si l’Afrique peine à envoyer quelques étudiants dans ces universités internationales, les jeunes des monarchies des pays du Golfe arabe/persique (c’est selon) sillonnent les institutions de formation que ce soit en Europe, en Amérique du Nord et en Asie et reviennent pour lancer des projets colossaux qui souvent nous laissent admiratifs.

L’Algérie peut et doit se remettre à rêver, au moins un peu, comme durant les années ‘’70’’ en procédant à l’exploration nécessaire et suffisante pour le futur dans les études supérieures, la recherche et le développement,

Le solaire comme solution durable et propre!

Le pays doit sortir de la pensée de l’ère industrielle des 18ième et 19ième siècle en investissant dans le progrès et la modernité. Les gouvernants devraient revisiter la pensée industrielle qui a fait que des capitaines d’industries Algériens ont été aux commandes durant les années post indépendances et ont édifié des sociétés nationales bien structurées et gérables selon les méthodes modernes de management.  Si l’on met de côté les aspects politiques, qu’on le veuille ou non, demandons-nous qui était l’Algérien qui n’en était pas fier ?

Pour le futur, et à titre de jalon, qui est capable d’occulter que l’Algérie dans ses parties Sahariennes et des Haut plateaux regorge de ce soleil que nous envient bien des pays du nord. Cette énergie solaire est non seulement durable mais elle est aussi propre. Elle aiderait à moyen terme à délester l’électricité fournie par les centrales électriques qui sont de nos jours presqu’obsolètes ; elle ôterait du paysage visuel ces lignes de transport électrique qui polluent la vue ; elle créerait des emplois dans la construction des bâtiments industriels modernes et dans la création d’entreprises de fabrication et connexes de panneaux solaires par des milliers de nouvelles entreprises tournées vers le futur et gérées par des jeunes qui auront à l’esprit dans la protection de l’environnement, etc. 

Quant aux voitures d’occasion et celles qui sortiront des usines de FIAT Stellantis/Algérie, beaucoup s’interrogent sur les éventuelles recharges des batteries des véhicules hybrides ou électriques, et bien avec le solaire, la rapidité avec lesquelles cela sera fait est ‘’n(x)fois’’ plus rapide que celle de l’électricité. Toutefois, pour l’heure rêvons d’un éventuel changement de paradigmes.

Ferid Racim Chikhi 

Analyste sénior GERMAN

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Libérer les intelligences et investir dans le solaire - Algérie Patriotique (algeriepatriotique.com) 

30 sept. 2022

Un Numide en Amérique du Nord - 367 -

 L’Algérie nouvelle face aux nouveaux enjeux … 

Le bolide et la charrette.

“Gouverner ce n’est pas gérer ! Gouverner, c’est prévoir ! ‘’


Dans cette réflexion, sont avancés quelques éléments d’analyse déjà explorés dans deux précédentes publications où sont mises de l’avant des questions sur les effets de la gouvernance actuelle menée par le Président Tebboune depuis son élection. Celle-ci en est une continuité puisqu’il y est question entre-autres de l’organisation et de son fonctionnement ainsi que du profil des agents de l’État ; d’un rappel succinct du passage de l’ère socialiste au libéralisme ; des impacts de ces changements majeurs sur la population ; de ce qui reste à faire en matière de gouvernance et du nouvel élan que l’Algérie et la France souhaitent donner à leurs relations de partenariat.

La diplomatie avance mais la gouvernance interne patine

Donc, dans une précédente contribution sur le réveil et le dynamisme de la diplomatie Algérienne, j’avais souligné que la politique intérieure de l’Algérie semblait être essoufflée, alors que d’habitude, ailleurs, elle est à l’origine de la détermination de la politique étrangère du pays. 

https://www.algeriepatriotique.com/2022/06/01/la-politique-exterieure-dun-pays-est-le-reflet-de-sa-politique-interieure/ 

Dans une autre réflexion au sujet de la communication gouvernementale et de la gestion du capital humain, 

https://www.algeriepatriotique.com/2021/09/11/contribution-de-ferid-racim-chikhi-algerie-les-defis-de-la-bonne-gouvernance/  

J’avais relevé que l’administration et la justice étaient, parmi d’autres institutions, victimes de fléaux (bureaucratie, clientélisme, corruption, interventionnisme, népotisme passe-droits, etc.) difficiles à annihiler sans un coup de pied dans la 

fourmilière. Il est vrai, sans être devin, qu’à chaque période exigeant des ajustements, les gestionnaires sont confrontés à quatre handicaps significatifs : l’un d’entre eux est celui de leurs compétences loin d’être en adéquation avec les exigences des postes qu’ils occupent ; le second est généré par le précèdent puisqu’il bloque la machine administrative au point où apparait cette bureaucratie prégnante et qui enfle à vue d’œil ; le troisième réside dans le manque de justice et d’équité, tant administratives que sociales et le quatrième est celui de la communication institutionnelle sclérosée et souvent obsolète malgré quelques efforts consentis, ici et là. 

J’ai comparé cette gouvernance domestique ou intérieure à la machine diplomatique, après avoir été étouffée par l’ex-Président, elle est depuis plus de deux années, non seulement performante mais elle pourrait atteindre la vitesse Mach II, avec l’adhésion, en cours de négociation, aux BRICS.  

Cependant, l’impression est nette qu’en ce qui concerne la gouvernance en général, il y a comme un schisme entre les affaires internationales et les affaires intérieures. Le succès de la diplomatie n’est pas le reflet de la gouvernance nationale, et pire encore, l’impression est très ressentie tant la première, avance à la vitesse d’un bolide et, la seconde est à la traine comme une charrette. Pas la peine de parler du professionnel qui conduit le premier et du second qui tient les brides de l’âne qui tire la charrette. 

Organisation, fonctionnement et profil des gouvernants  

Personne n’ignore que le monde vit des changements majeurs et en continu ; les indicateurs ou les éléments de réponse pour prédire cet avenir ne sont pas toujours stables et s’altèrent pour certains ou se consolident pour d’autres. Une récente étude de GERMAN, non publiée, faisait état de ce type de présentation d’une Algérie Africaine, Arabe et Méditerranéenne avec des indicateurs en matière d’organisation des institutions gouvernementales des trois paliers: national, régional et local. 

Tout le monde sait que dès le lendemain de l’indépendance et jusqu’en 1979, l’Algérie était d’une part socialiste et tout y était planifié, (plans triennaux,

puis quadriennaux et enfin quinquennaux) et d’autre part, elle s’inscrivait dans un carrefour ouvert sur le monde à la fois arabe, Africain et Méditerranéen.  Sur le plan domestique, tous les domaines d’activités ont connu un essor impressionnant et une croissance fulgurante, que ce soit au niveau de la régionalisation du développement, de la démocratisation de l’enseignement, de l’industrialisation et bien entendu tous les autres secteurs n’étaient pas en reste. Chacun a eu sa part de financement même si quelques-uns furent privilégiés de façon presqu’aveugle. Mais, ça fonctionnait. 

Tels furent les transports, l’industrie légère et le commerce qui multipliait les créneaux d’approvisionnement et de réapprovisionnement malgré un cheminement qui l’avait dérouté de ses objectifs ; les transports ont été le levier de la mobilité non seulement dans les villes mais aussi entre les régions et à l’international par l’aérien, le rail, la route, le maritime sans omettre les transports spéciaux par route et par mer (méthaniers,) etc.

L’agriculture a eu sa révolution avec des bas et des hauts. En revanche, et c’est malheureux de le constater, mis à part quelques transformations générant des vicissitudes ingérables, l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle sont restés à la traine sans occulter la culture et les arts qui ont été et sont encore ‘’impérialement’’ ignorés. Fort heureusement, les plus âgés peuvent se souvenir des années 60-70. Le cinéma algérien connaissait une croissance de qualité avec Chronique des années de braise de Lakhdar Hamina (Palme d 'or à Cannes en 1975) ; le Vent des Aurès toujours de Lakhdar Hamina ; l'Opium et le bâton de Rachedi, etc. ou encore les coproduction Algéro-italienne avec ‘’La Bataille d'Alger, de Pontecorvo’’ ; ‘’L'Étranger de Visconti’’ ou encore Algéro-française avec ‘’ Z de Costa Gavras’’ primé à Hollywood et ailleurs, etc. Quant à la santé, heureusement que la population est à 70% très jeune. Mais le plus intéressant aura été la formation des cadres en dépit d’une université qui commençait à dériver en raison d’une arabisation forcenée. Les milliers de diplômés ont été à la hauteur des missions qui leurs étaient confiées et sans la décennie noire, la situation aurait été, peut-être, différente ?!

Un passage en force du socialisme au néolibéralisme 

C’est ainsi que l’Algérie, dont la population est d’environ 45.000.000 habitants, est passée du socialisme à un libéralisme hybride en passant par une économie de bazar malicieusement introduite et entretenue. De nos jours, elle se découvre dans un néolibéralisme indéfini et qui achève une économie en crise depuis au moins deux décennies et ce malgré les mannes pétrolière et gazière hors du commun. Au sein de la population, les plus riches s’enrichissent encore plus et les plus vulnérables sans emplois, s’appauvrissent de plus en plus. La répartition de la richesse semble se fonder sur des mécanismes qui défient les règles en matière d’économie sachant que la productivité est quasiment nulle en dépit des efforts

louables consentis par quelques gouvernants. Dans bien des cas les mauvaises habitudes résistent au décrassage. Le sens du labeur n’a pas été suffisamment cultivé chez les jeunes qui devraient constituer le gros de la main d’œuvre nationale. Si l’on ajoute une allocation chômage offerte en dépit du bon sens … et qui se transforme subitement en bourse de formation professionnelle, ce qui reste fortement appréciable, le capital expérience acquis durant les décennies ‘’70’’ et 80’’ se perd au lieu de se consolider. Toutefois, le plus étonnant reste la dynamique, visible à l’œil nu : la circulation dans les rues des grandes villes. Ce sont ces milliers de véhicules qui roulent du début de la matinée à la fin de la soirée. Les stations d’essence affichent tout le temps complet cependant, aussi paradoxale que cela puisse paraitre, les services de premières lignes des banques, des CCP, etc. ne s’arrêtent pas de leur ouverture à leur fermeture. Dans une telle situation si les sans-emplois se comptent par milliers, l’absentéisme défient toutes les règles de l’OIT.  

Les effets sur la société et ses communautés  

Selon, les autorités de l’État, en ce mois de septembre 2022, l’Algérie se veut en mode gouvernance transparente. Les problématiques liées à l’inflation telles qu’annoncées ailleurs ne semblent pas freiner l’élan impulsé par le Président Tebboune. Les prix du pétrole et du gaz suivent une courbe ascendante même si parfois ils redescendent un tant soit peu. Les effets de la Covid 19 sont jugulés malgré l’aspect psychique qui persiste au sein de la population d’une Algérie traumatisée depuis les années ‘’90’’. La régulation du commerce peine à se stabiliser les prix sans taxes et les industries au ralenti, s’en sortent bien, en dépit du manque de statistiques à même d’anticiper d’éventuelles réussites ou échecs. Néanmoins, la planche à billets fonctionnera encore et l’endettement public croît de plus en plus alors que le secteur bancaire souffre de sclérose et que l’inspection des finances, qui devrait servir de régulateur et empêcher les dépassements, sommeille.  

Oui ! La diplomatie algérienne a retrouvé sa place après avoir "touché le fond" a déclaré le Président Tebboune, le 24 septembre dernier, en ouvrant la rencontre gouvernement-walis cependant, cette grande conférence qu’il a introduit n'aurait-elle pas dû être ressort du ministre de l’intérieur ? Si l’autorité de celui-ci n’est pas effective, faudra-t-il attendre la prochaine rencontre pour savoir si les résultats attendus ont été atteints. C’est ce manque d’autorité qui pêche par défaut. Si les agents de l’État n’ont pas de respect pour leur ‘’chef’’ et qu’ils rendent compte seulement au Président, n’y a-t-il pas un dysfonctionnement qu’il faut traiter par anticipation ? Même si le Wali est le représentant du chef de l’État comme l‘est l’ambassadeur, sur le plan fonctionnel ne dépend-il pas directement du ministre de l’intérieur et du premier ministre ? En tout cas, ce sont là quelques questions auxquelles il faudra bien répondre, un jour!   

Des changements opératoires mais beaucoup reste à faire 

Améliorer le niveau de vie du citoyen passerait, selon le Président Tebboune, par ‘’la protection des responsables et des gestionnaires contre les machinations auxquelles ils pourraient s'exposer dans l'exercice de leurs fonctions. Ils doivent s'affranchir de la peur et faire preuve d'audace dans la prise des décisions, soutenant que "l'État ne saurait avancer sans ses enfants". Alors une question de bon sens est posée: qui sont ces parties qui "sèment la peur dans le cœur des responsables, car elles ne veulent pas de stabilité pour le pays" ? Le citoyen n’a-t-il pas le droit de savoir ? 

Il est, une priorité constante des politiques générales du Gouvernement et pour réaliser ce nouveau principe, trois ateliers ont été créés pour réviser les prérogatives des Walis. Celuiétayant le rôle central « du wali dans le processus du développement économique local ». Le second, concerne la manière de propulser l’investissement du développement local ? Le troisième, porte sur la réduction de la « prédominance de la dépense publique » ce qui veut dire en langage clair déterminer la place du privé dans le développement local. Cet atelier s'attellera à « diversifier les ressources de financement des collectivités locales pour assurer leur développement et répondre efficacement aux attentes des citoyens ». 

Toutefois, là où la démarche du chef de l’État semble pêcher par défaut, c’est le manque de référence à des procédures réglementaires, et bien entendu, par extension à celles de la vérification, de l’inspection, de l’audit qui sont les seules fonctions à même de réduire les risques encourus par les Walis et les agents de l’État pour leur éviter des dérives, y compris celles d’être soumis à des menaces. Quant à ceux qui continueront de fomenter leurs complots contre l’État leur mise en état de nuire devra être effective et exemplaire. Verra t’on la cour des comptes reprendre un service de tous les temps ? Verra-t-on des contrôleurs du ministère de l’Intérieur sillonner le territoire pour soutenir les gestionnaires locaux ? Etc.  Verra-t-on des procédures réglementaires dictant les démarches, les balises et les directions à suivre par les fonctionnaires à tous les niveaux des institutions ? Verra-t-on les dépassements sanctionnés selon ces mêmes procédures ? 

Beaucoup soulignent, les changements des procédés de gestion à la Présidence notamment en matière de communication et d’information et particulièrement des fuites administratives. Cette démarche sera-t-elle généralisée à toutes les organisations administratives, sachant que des ‘’cadres’’ de certaines institutions jouent «les super gestionnaires désignés et ‘’impunissables’’»? 

Algérie - France, après les bouderies la reprise  

Sur un tout autre plan, l’Algérie et la France ont une histoire commune de plus de deux siècles meublés de peines, de pleurs, de sang, de joies, de ‘’boudage et de crépage de chignon’’; un espace géographique qui les oblige à rester ensemble comme un couple de vieux qui se regardent comme des chiens de faïence ; des relations humaines controversées ; des résistances et des endurances pénibles mais voici, que presque soudainement, après les oppositions c’est le rapprochement. Qui a fait des concessions à l’autre ? Mystère et boule de gomme ! 

Après le Président Macron qui a dû faire une visite, qui lui a convenu, voici que la Première ministre française, Élisabeth Borne, arrive en Algérie pour une visite de 48 heures, les 9 et 10 octobre 2022. Un des objectifs essentiels de ce déplacement se voudrait être le point de départ du partenariat décidé par les deux Présidents et notamment la relance des liens bilatéraux entre les deux pays. La partie Algérienne a insisté sur la reprise des travaux des comités intergouvernementaux parmi lesquels celui du dialogue stratégique.  Un point fort intéressant parce qu’il décrypte le moyen et le long terme. De quoi sera-t-il question ? Des enjeux, des défis, des arrangements et bien entendu de dossiers dont il ne faut pas parler en public … Nous le saurons après le 10 octobre 2022.

Il est cependant, incompréhensible que ni les partis politiques ni les multiples influenceurs et autres animateurs des médias des deux côtés de la Méditerranée n’abordent ces questions qui pourtant constituent les facteurs clés des relations bilatérales entre l’Algérie et la France. Presque tous soulignent les paramètres en lien avec l’Histoire et la Mémoire sachant pertinemment que des consensus sont loin d’être réunis. L’Algérie a besoin de renouveler son parc industriel, réapprendre à mieux gérer et planifier ses activités et le tout au service du citoyen. Ça s’appelle gouverner. Alors, espérons que des pistes seront ouvertes pour une participation mutuellement avantageuse.


Ferid Racim Chikhi

Analyste Senior GERMAN


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Importation de véhicules d’occasion : un paradoxe qui laisse perplexe - Algérie Patriotique (algeriepatriotique.com)


29 sept. 2022

La vie des Iraniennes compte !

 

« Ils ont tué mon ange ! » 

dénonce la maman de Mahsa Amini en apprenant le décès de sa fille.

Mahsa symbole du courage, de la dignité et de la liberté ne se doutait pas que visiter sa famille à Téhéran lui couterait la vie.

Son délit : une mèche de cheveu rebelle défiant la colère de la police des mœurs dans ce pays devenu le cimetière de toute liberté, depuis 43 ans, au nom d’une religion pervertie et instrumentalisée par une idéologie fondamentaliste. 

Depuis cet assassinat, le nombre des Mahsa ne cesse d’augmenter.

Depuis 43 ans, les Iraniennes sont effacées sous ce voile, symbole de pureté et de pudeur pour les unes, identitaire pour les autres et émancipateur pour celles non forcées de le porter car vivant dans les états séculiers où les droits sont reconnus équitablement entre les citoyennes et les citoyens. Dans ces états, la religion ne s’ingère pas dans le politique et l’indépendance judiciaire est une condition essentielle à la démocratie. 

Depuis 43 ans, les Iraniennes crient à l´injustice se heurtant à la surdité des pouvoirs occidentaux qui concèdent leur attachement à la défense des droits fondamentaux des femmes, du fait de leur dépendance économique au pétrole. Les Iraniennes subissent les exactions de la police des mœurs au service des mollahs, structure politique et sectaire s’octroyant le droit de vie ou de mort sur la population iranienne. Non, les Iraniennes ne se sont jamais tues !

L’espoir aurait été encore permis, si l’Occident ne les avait abandonnées au profit de régimes théocratiques, violant les droits humains, incluant ceux des personnes homosexuelles et des laïques.

Pour plaire aux mollahs, n’a-t-on pas vu des femmes de la diplomatie occidentale rendues à Téhéran en exhibant fièrement ce symbole avilissant portant le sang d´autres femmes afin d’obtenir les grâces d’un régime sous lequel elles n’auraient jamais accepté de vivre. 

Cet instrument de ségrégation sexiste qu’est le voile devient dans le discours de la gauche communautariste et du libéralisme décomplexé, le symbole d’émancipation d’un néo féminisme islamiste en Occident. Refuser que cette injonction religieuse et patriarcale s’affiche dans nos services publics, surtout nos écoles, serait islamophobe. Une femme musulmane est-elle, nécessairement, une femme voilée ?

Dans le monde dit musulman, ce voile s’est imposé par la violence, le viol et l’assassinat.  Souvent, en occident, il est présenté comme un symbole identitaire traditionnel voire exotique, dénué de sa charge symbolique comme le serait un sombrero ou une tuque. Aucune femme occidentale ayant défendu cet étendard de l´islam politique ségrégationniste, patriarcal et misogyne, n’a jamais subi la moindre violence pour porter un sombrero ou une tuque.

Aujourd’hui, en Occident, de grandes marques du prêt à porter vont jusqu’à à faire de cet instrument de contrôle du corps des femmes une mode féminine dite pudique osant inclure même les fillettes. Il est devenu un outil de marketing aux revenus appréciables. Et tant pis pour les fillettes et les femmes qui le subissent dans les pays où il est imposé avec une extrême violence dont l’objectif est la soumission, la négation ou la mort.

Le voile est le porte-étendard d’un système d’apartheid sexuel.  Pourtant, qui aurait osé faire la promotion, en Occident, du symbole de l’apartheid racial de l’Afrique du Sud?

La mobilisation de certaines femmes politiques, promptes à se couvrir la tête de ce voile de l’indignité pour contrer le moindre mouvement soutenant la laïcité, se fait plutôt discrète face aux crimes odieux commis actuellement en Iran.

Où est la solidarité des femmes de tous bords politiques envers les Iraniennes pourtant si promptes à se mobiliser pour défendre le choix individuel de porter le signe de la ségrégation sexiste dans nos écoles ?

Ne voit-on pas à chaque élection canadienne, certaines candidates se draper du symbole du patriarcat et de la misogynie frappant à la porte des mosquées pour glaner d’hypothétiques appuis à leur élection : la fin justifie les moyens... Ces femmes, futures élues, ne sont pas sans savoir les conséquences désastreuses de leur geste sur le quotidien des femmes vivant dans ces pays dits musulmans.

Pourtant, ces pays si peu respectueux des droits des femmes et de l’égalité siègent dans les instances internationales au nom de la démocratie qu’ils exècrent et où ils œuvrent pour que leur vision misogyne et patriarcale soit reconnue.

Et ils ont réussi.

Aujourd’hui, notre devoir est d’être aux côtés des femmes iraniennes, de porter leurs revendications et de nous mobiliser pour faire entendre leurs voix auprès des instances internationales pour qu’aucune femme ne soit soumise à des lois et à des coutumes qui sont en contradiction avec la dignité humaine, les droits universels et égalitaires qui protègent toute personne au-delà des croyances, des coutumes et des religions.

Seule la mobilisation peut mettre fin à ces régimes dictatoriaux, corrompus, immoraux et surtout misogynes où la femme n’est qu’un objet sexuel de perversion, d’où l’obsession de son invisibilité.

Leila Lesbet

Féministe universaliste.

Association québécoise des nord-Africains pour la laïcité-AQNAL. 

12 août 2022

Un Numide en Amérique du Nord - 366 -

 

HEC Montréal : Notre préférence va aux femmes voilées d’Algérie

La publicité d’attraction énoncée par les HEC Montréal est condamnable à plus d’un titre. Elle cible une catégorie de personnes, notamment des femmes venant d’Algérie mais spécifiquement celles qui sont voilées comme si les autres n’ont pas le droit de se porter candidates à cette offre. Pourtant, cette institution de formation se veut avec un accès universel.

Ce qui est absolument condamnable de la part de HEC c'est l'ignorance abyssale de cette institution qui se veut ou se dit scientifique en arborant une femme voilée dans une publicité destinée à attirer des étudiants/es algériens/algériennes.

Or, l'Algérie a une histoire sanglante avec le voile islamique et islamiste et non musulman faut-il le rappeler.

Des milliers de femmes, de jeunes filles et d'adolescentes ont été aspergées d'acide, kidnappées et violées, tuées, égorgées, éventrées, mutilées de la façon la plus barbare qui soit et c'est ce symbole, dont nous gardons les stigmates à jamais et qui font partie de nos plus douloureux cauchemars, qui est choisi par HEC Montréal.

Ce choix, non anodin, envoie deux messages, à nous les algériennes laïques : le premier est la banalisation des crimes commis pour imposer ce symbole dégradant qui n'est point religieux mais patriarcal, politique, rétrograde et misogyne et le second un affront aux parents des adolescentes à peine pubères et à toutes ces femmes innocentes arrachées à la vie sous les yeux horrifiés de leurs familles et de leurs proches dont le seul crime, si crime il y avait, était d'arborer leur chevelure tout comme le faisait la petite fille du prophète qui refusa cette injonction des islamistes, il y a de cela 14 siècles.

Mes amies/amis d'Algérie ne sont point étonnées-es de cet Occident cupide en perdition de valeurs humanistes et qui ne sait plus quoi inventer pour maintenir sa suprématie et son hégémonie.

Le souvenir récent de l'abandon des femmes Afghanes est encore vif dans nos mémoires.

À vouloir trop étreindre on finit par étouffer.

Ce que dit HEC Montréal, au pouvoir algérien à travers cette décadente publicité, que sa préférence va aux candidates voilées qui prétendent à ce programme.

Et aux Algériens en général, voilez vos filles si vous voulez qu'elles soient acceptées au Québec.

Les pays de la péninsule arabique et l'Iran n'ont font pas moins mais SANS AUCUNE CONDESCENDANCE. Leur misogynie est assumée avec arrogance et relativisée par le communautarisme occidental.

Quelle tristesse pour HEC qui gomme les femmes algériennes qui continuent de lutter pour leur dignité avec courage malgré les vicissitudes.

HEC Montréal choisit un message foncièrement patriarcal et misogyne pour communiquer avec les femmes qui se battent pacifiquement avec dignité pour leur liberté dans ce monde dit arabo-musulman, la nausée me soulève le cœur.

Leila Lesbet

Féministe laïque

AQNAL

https://www.ledevoir.com/societe/742974/jean-francois-lisee-condamne-une-publicite-de-hec-montreal-montrant-une-femme-voilee

6 juil. 2022

Un Numide en Amérique du Nord - 365 -

 Honneur et gloire à tous les martyrs de la résistance Algérienne

L'indépendance de l'Algérie est certes l'aboutissement d'une lutte armée mais aussi politique et diplomatique qui a débuté le 1er novembre 1954.
Ceux que l'on qualifie de Moudjahidine, de Maquisards, de Fidai, de Moussebel, de militants ont fait leur devoir envers la patrie. C'étaient des jeunes, des moins jeunes, des plus âgés ; c'étaient des hommes, des femmes, des jeunes filles qui ont résisté face à la pire des soldatesques coloniales. Une guerre disent-ils ! Mais pour nous c'était une révolution qui a été initiée après que l'union de tous a été fait
Mais ne limitons pas cette révolution à la seule période allant de 1954 à 1962. Rappelons-nous qu'il y a une résistance farouche depuis les premiers jours du débarquement des soldats coloniaux en juin 1932. Cette résistance ne s’est jamais arrêtée puisque depuis l’avènement de l’Émir Abd El Kader les patriotes ont été nombreux à tomber au champ d‘honneur. À cet époque, après 17 ans de lutte il a été décompté pas moins de 47.000 cavaliers, fantassins, hommes de la logistique… qui ont péri pour défendre leur pays en faisant face à une armée aguerrie et sans scrupules.
La résistance des Algériens est jalonnée de période de batailles, de combats, de luttes armées parmi lesquelles celles d’Ichériden avec Fathma N’soumer, celles des Zaatcha et des Henanchas, celles d’El Mokrani et encore celle de 1879, dans les Aurès sous la direction du cheikh Mohamed Ben Abderrahmane et de Med Ameziane … jusqu’au massacres de Sétif et Guelma (au lendemain du 8 mai 1945).
La suite se résumerait en quelques mots : Une véritable révolution armée contre l’occupant colonialiste français qui finit par accepter son départ et laisser les Algériens devenir maitres de leur destin.

1 juin 2022

Un Numide en Amérique du Nord - 364 -

L’Algérie en ce début de décennie 2020 

 La politique extérieure d’un pays est le reflet de sa politique intérieure

On dit souvent que la politique étrangère d’un pays est le reflet de sa politique intérieure. Toutefois, il semblerait que l’Algérie est en voie de démontrer que ce n’est pas toujours le cas. En effet, autant le corps diplomatique et son chef M. Lamamra, sont parmi les plus performants des diplomates algériens depuis au moins quatre décennies, autant la politique intérieure patine et n’excelle point du tout.

Une politique intérieure essoufflée !?

Méthodiquement et efficacement, la diplomatie Algérienne va de l’avant en remportant succès après succès. La politique intérieure quant à elle, malgré les ouvertures faites par le président Tebboune est encore à la recherche d’un souffle qu’elle n’a jamais eu et par conséquent qu’elle n’a jamais entretenu.

Il est vrai que c’est presqu’unanimement que les Algériens s’accordent pour dire que depuis au moins deux ans la politique étrangère est au top des tops.  Alors se posent des questions élémentaires : Quelle est la motivation ou la cause qui fait que ces succès sont conformes et retentissants ? Est-il question du profil des hommes et des femmes qui la mènent, tant à la centrale qu’au niveau des chancelleries en dépit d’accrocs au niveau opérationnel ou est-ce un programme concocté par quelque bureau d’études stratégiques ou encore est-ce l’héritage retrouvé des diplomates de la révolution qui ont su avec des moyens dérisoires sensibiliser les pays frères et amis d’être des soutiens indéfectibles pour l’indépendance de l’Algérie ?

Deux paramètres retiennent mon attention : le premier est celui de la référence à l’héritage de la révolution de novembre 1954. Il convient de dire que le ressourcement est motivant. Les agents diplomatiques algériens en s’abreuvant au passé récent et à l’histoire des grands moments depuis la conférence de Bandoeng (1955) ont capitalisé une expérience indéniable. Le second paramètre est celui du profil des personnes qui font cette politique diplomatique. Ils sont qualifiés, expérimentés et bien éduqués. Alors, en comparant l’international au national me vient à l’esprit une interrogation basique : Pourquoi, les performances observées au niveau diplomatique ne sont pas une source d'inspiration pour les agents et autres fonctionnaires du service public en Algérie ? Trois types de réponses ont été recensées auprès de quelques personnes avisées. Le contexte ainsi que les profils des principaux concernés ne sont pas les mêmes des deux côtés ; les défis à l’international, eux aussi sont singuliers ; une troisième tranche de personnes a répondu que les interférences exogènes sur le plan diplomatique sont très limitées parce les acteurs impliqués sont directement concernés par la réussite et notamment parce qu’il y va de la stabilité du pouvoir en place.

Des problématiques et des hypothèses de travail

En reprenant dans le détail ces problématiques je me suis souvenu que dans une de mes précédentes analyses (19 janvier 2022 In AP) portant sur la nouvelle amorce pour un développement structuré du programme du gouvernement Tebboune, j’avais notamment mis de l’avant le fait qu’au cours des deux dernières décennies, l’ex-président de la République n’a pas tenu autant de réunions de son Conseil des ministres que l’actuel président depuis son investiture. Mais peut-être est-ce un effet du Hirak ?

Des dossiers sensibles aux affaires courantes, les membres du gouvernement œuvrent et agissent avec une efficacité à peine moyenne. Ils arrivent, à tout le moins, à améliorer un tant soit peu quelques procédures de gouvernance, sans de grands effets sur les individus. En fait, il n’est pas besoin de procéder aux évaluations de leurs actions, puisque des détracteurs - perfides - sont tapis, ici et là, en Europe et ailleurs pour jouer aux guetteurs qui alertent l’opinion publique sur les insuffisances, les manquements et les dérives de ceux qui pensent être encore intouchables.

Plusieurs facteurs aléatoires parmi les plus sensibles ont été recensés et mis en évidence ; ce qui a engendré des hypothèses de travail audacieuses afin d’améliorer le fonctionnement, non seulement des institutions de l’État, mais aussi de toutes les autres organisations du système gouvernemental. Cependant, les opérations en lien avec le public ne suivent pas et les résultats ne sont pas encore probants.

La bureaucratie et la justice

À chaque période exigeant des ajustement les gestionnaires sont confrontés à quatre handicaps significatifs : Le premier est celui de leurs compétences loin d’être en adéquation avec les exigences des postes qu’ils occupent. Cela bloque la machine administrative au point de générer le second handicap c’est-à-dire une bureaucratie prégnante ; le troisième réside dans la justice et l’équité sociale et le quatrième est celui de la communication institutionnelle.

Il est admis et, personne ne saurait le nier que des problèmes, apparemment insolubles, auxquels est confronté l’Algérien dans sa vie de tous les jours montrent l’influence abusive d’une bureaucratie elle-même devenue anachronique, sans une éthique et une déontologie appropriées. Le tout relève de l’impunité dont jouissent les agents des services publics. Les fléaux générés par cette bureaucratie tentaculaire, non seulement, provoquent des blocages institutionnels inqualifiables mais aussi une défiance de l’Algérien à l’endroit de ses dirigeants. La cause principale se situe à non point douter dans l’incompétence et dans le manque d’évaluation des performances des agents en charge de répondre aux demandes des usagers du service public. De l’autre côté, les dérives de la justice et les fractures qu’elle crée au sein de la population ne sont pas toujours expliquées par le pouvoir en place. Il faut admettre que lesdites décisions de justice qui sont prises, par exemple, pour ‘‘atteinte à l'intégrité du territoire nationalatteinte à l’unité nationale ou encore réouverture du dossier de la tragédie nationale, etc.’’, sont qualifiées de déraisonnables par le commun des mortels et le pire est que le pouvoir en place ne daigne même pas informer. C’est du mépris (hogra) dit l’Algérien. Quelques-uns soutiennent qu’il existe un groupe d’agents de justice qui œuvrent ouvertement pour procéder à des détentions abusives même si les protections constitutionnelles sont évoquées par les défenseurs.

 

Ce qui ne suit pas dans le lien avec l’Algérien c’est que les carences en matière de communication gouvernementale sont aggravantes.  Les médias lourds ont montré leur obsolescence ce qui exige une attention particulière pour les sortir de leur désuétude au moment où les technologies de l’information sont à portée de main. Malgré mon scepticisme quant à une unité d’action, une sensibilisation et un rassemblement des médias autour des projets gouvernementaux j’ai envie de laisser au coureur la chance de le démontrer.

Malgré cela, la réalité veut que tous ces problèmes ne se résolvent pas sans un grand coup de pied dans la fourmilière. L’Algérie fait face à des défis gigantesques dans bien des domaines d’activités, y compris ces attaques venant de l’extérieur qui confirment la fameuse « main de l’étranger ». L’un de ces défis majeurs reste celui de l’individu dans toutes ses dimensions et dans tout ce qu’il entreprend et, surtout, dans sa vision de l’avenir.

Les dirigeants et les postes institutionnels qu’ils occupent

Personne n’ignore que l’avenir de l’Algérien est coincé entre plusieurs projets de société : Le projet conservateur et intégriste, le projet moderne et progressiste, etc. Mais le plus important reste celui que conduit le président. (Quelles en sont les grandes lignes ? Quelles sont les voies et moyens d’atteindre les objectifs qui rassembleraient tous les Algériens … ? Personne ne sait. Sur le plan domestique et international, le président Tebboune a hérité d’une situation parmi les plus désastreuses qu’a connue l’Algérie depuis l’indépendance, néanmoins dans son plan de redressement, il n’a pas fait le bilan ou l’évaluation de ce qu’il a trouvé dans tous les domaines d’activités, celui des ressources humaines restant le plus potentiellement complexe.  

Parmi tant d’autres indicateurs, et comme souligné plus haut, ceux des personnels élus (quelques élus au passé sombre) et institutionnels, attirent l’attention. Mais, je me demande si un jour une véritable reddition des comptes sera instituée partout dans les rouages de l’État ? Je ne connais pas un seul dirigeant algérien qui depuis l’indépendance du pays a été évalué sur les résultats qu’il a obtenus en adéquation avec le plan de charge qui lui a été confié. Le seul paramètre retenu est celui de son obédience à un groupe d’hommes qui lui a fait occuper le poste ciblé. Il suffit que ce groupe soit dégommé pour que lui aussi en subisse les conséquences mais souvent sans tambour ni trompette. Durant la décennie 85/95, Il s’en est fallu de peu pour que des plans de travail imposés aux dirigeants des fameux Holding deviennent la clé du succès mais très vite le copinage, le népotisme, le régionalisme … etc. ont remis tout en question. C’est dire que tant qu’une véritable politique nationale de gestion des ressources humains n’est pas rationnellement conçue et mise en place, les performances des dirigeants ne seront jamais évaluées et les postes institutionnels seront à la merci de quelques ‘’décideurs’’ qui identifieront qui les occupera.

Récemment encore nous l’avons vu pour ce qui concerne le PDG d’Air Algérie et le Gouverneur de la Banque Centrale. Ils ont été quasiment chassés de leurs fauteuils, comme des vanupieds. ‘’Règlement de compte’’ disent certains, alors qu’ils venaient d’être nommés un peu moins d’un trimestre pour le PDG de la Cie nationale et à peine deux ans pour l’ex-gouverneur de la BA. Pourtant, ces institutions, comme d’autres, sont connues pour relever du management du Président. Si elles avaient été occupées par des personnes compétentes, cela aurait été grâce à ceux qui les ont mis sur la liste des candidats potentiels, si en revanche il s’est avéré qu’après quelques mois ils ne répondent pas aux exigences et autres critères de sélection pour une saine administration, n’était-ce pas aux maîtres recruteurs d’êtres blâmés ?

Avant de conclure cette réflexion, je me demande si la main tendue du Président vers les organisations politiques donnera des résultats ? Certainement ! Mais, seront-ils à la hauteur des attentes des Algériens ? J’en doute, parce qu’on ne peut gouverner avec une politique tournée vers le futur en faisant appel à des personnes qui font partie du passé même si elles sont jeunes. L’idée de puiser dans le passé révolutionnaire est une bonne chose, mais retenons que l’ère de l’ante-révolution de novembre est unique. Cette période exceptionnelle qui, rappelons-le a exigé l’unification des rangs des militants, de tous les militants du mouvement national et non pas des organisations politiques. Voilà pourquoi je ne crois pas que les partis politiques qui ont répondu à l’appel du Président soient en mesure de participer sereinement à la réalisation de son programme.

Pour terminer, les objectifs économiques doivent inciter les autorités algériennes à gérer de façon intelligente et prospective l'embellie financière générée par la hausse des prix pétroliers et gaziers, et en faire le vrai levier du redressement économique du pays. L’état doit à tout prix éviter de céder à la tentation du traitement social de l’économie comme ce fut le cas durant les deux décennies précédentes avec toutes les dérives et tous les effets pervers que l’on a connus.

Ferid Racim Chikhi

Analyste senior chez German

28 avr. 2022

Un Numide en Amérique du Nord - 363 -

SOCIÉTÉ

Le contre-courant de l’islamisme, c’est de militer en faveur de la laïcité

 Mahfoudh Messaoudène *

Publié le 19 avril 2022 Par ADN MED

Dans un essai intitulé : Fenêtre sur l’islam, Ses musulmans,

Ses islamistes, Ferid Racim Chikhi*, nous livre un travail de recherche et de réflexion large et audacieux. Des explications et des points de vue en réponse à des questionnements complexes concernant la religion musulmane. De l’Orient vers l’Occident en passant par l’Afrique du Nord, l’idéologie islamiste se propage, au fil des quarante dernières années, d’une façon aussi inquiétante que déroutante.

Laïcité et Citoyenneté

Afin de mieux éclairer un phénomène déstabilisant, souvent ambigu et mal compris, l’auteur a mis la focale sur les sources et les symptômes du problème. Il a exposé des faits historiques et des éléments analytiques pour orienter le lecteur sur une problématique qui suscite inquiétudes et perturbations dans les vies individuelles et collectives. La laïcité et la citoyenneté sont parmi les sujets essentiels qu’il s’est engagé à défendre dans sa société d’accueil le Québec après s’y être impliqué en Algérie pour éclairer un débat qui peine à s’installer dans la lucidité et la liberté.

Ferid Racim Chikhi a quitté l’Algérie depuis une vingtaine d’années pour s’installer au Québec avec sa famille. Il s’est mobilisé dans l’Association Québécoise des Nord-Africains pour la Laïcité (AQNAL) avec d’autres militants pour prévenir les Québécois sur le danger de l’islamisme, parcours qui a conduit à l’écriture de cet essai.

Dans le préambule, l’auteur précise que son livre est destiné particulièrement aux Québécois qu’il veut aider à faire une distinction entre les nombreuses confusions, informations erronées et autres fausses explications venant soit des médias occidentaux culpabilisés par la séquence coloniale soit des organisations internationales infiltrées par le lobbysme islamiste.

Son passage à l’Assemblée nationale du Québec d’abord à titre individuel ensuite comme représentant du Rassemblement pour la Laïcité et enfin en tant que membre d’AQNAL, où ses études sur la question des accommodements religieux ont été assumé comme un engagement citoyen. Se battre contre l’islamisme et soulever en même temps la problématique de l’appréhension de la religion musulmane dans la société est, en effet, un grand défi sociétal à la base de la construction d’une collectivité qui doit respecter, intégrer et se protéger. Par ses interventions lucides et sans complaisance, l’auteur a interpellé les élus sur les risques d’un amalgame qui a toujours joué en faveur d’activistes qui instrumentalisent les accommodements raisonnables à savoir les islamistes et les candidats au parlement qui se cherchent des votes d’obédience communautaire. Position délicate car il faut faire avancer le débat en dénonçant les intentions de ceux qui cultivent les conduites victimaires, en cassant les tabous négateurs d’échanges adultes et loyaux et, dans le même élan, en luttant contre la stigmatisation et en faisant la distinction entre l’islam et l’islamisme.

Cet ouvrage est un pare feu

Cet essai est sans doute un cas d’école nécessitant une attention particulière. C’est un dictionnaire de bonne vulgarisation qui donne des définitions et explications de concepts galvaudés par les polémiques à travers une approche sociologique, philosophique, historique mais aussi religieuse pour chacune des thématiques et des points nodaux qui structurent et irriguent l’islam politique. En fait, cet ouvrage est un pare feu qui aide à soumettre au champ des débats libres les insinuations et autres pollutions par lesquels les courants religieux imposent des opinions en dehors de la bataille des idées sans laquelle aucun libre arbitre ne peut être construit en connaissance de cause.

La narration restitue quelques repères essentiels à la saine compréhension des processus constitutifs des diverses tendances qui s’emploient à répandre leur doxa dans le monde. Le wahhabisme, le salafisme et le khomeynisme sont trois doctrines apparues au milieu du XXième siècle et qui se disputent aujourd’hui les sociétés transformées en champ de bataille.

L’auteur relate comment, avec les années, ces trois courants extrémistes ont radicalement bouleversé les sociétés dans les États du sud avant d’atteindre des pans entiers des pays du nord pour des considérations, à la fois, politiques, économiques et géostratégiques mais dont, au fond, la finalité est de prendre revanche sur une histoire du monde à laquelle le radicalisme islamiste estime devoir infliger sa suprématie.

Ferid Racim Chikhi qui analyse les dégâts provoqués par l’islamisme dans les pays d’origine explique qu’en empêchant les sociétés de progresser vers la voie démocratique, on creuse des écarts entre les communautés migrantes et la société d’accueil comme on peut le voir au Québec.

On comprend alors qu’en étouffant la démocratie dans les terres d’islam, le fondamentalisme investit objectivement dans une stratégie qui aliène les sujets chez eux et les conditionnent à porter le fer contre le monde des Infidèles le jour où les circonstances les y conduiront. 

« Les prophètes ont été les premiers à s’indigner et les premiers à désobéir aux ordres établis ».

Ne voulant pas s’extérioriser du champ d’études, Ferid Chikhi qui s’immerge dans l’humus théologique, rappelle : « Les prophètes ont été les premiers à s’indigner et les premiers à désobéir aux ordres établis ». Cette citation a une vocation évidente : désarmer les propagandes islamistes qui accusent d’’islamophobie tous ceux qui critiquent la religion. Au Québec, plus qu’ailleurs, cette ruse qui relève d’une forme de terrorisme intellectuel a mis les politiciens et une partie non négligeable de l’opinion dans une position de prudence, ce qui amène à éviter toute critique de l’islam et sa pratique alors que les autres cultes sont soumis au tamis de la raison. Cet interdit créé un climat dont l’impact est immédiat : l’islamisation, qui ne peut faire l’objet d’aucune remarque, est un sujet tabou, ce qui mécaniquement en facilite la propagation.

L’islamisme n’est pas une tumeur bénigne

L’ouvrage remonte la stratégie islamiste en en situant les origines de façon pragmatique. Le rappel de la citation de Youssef El-Qardaoui, le prédicateur égyptien installé au Qatar, pose les enjeux : « Avec vos lois démocratiques (civiles), nous vous coloniserons. Avec nos lois islamiques (coraniques), nous vous dominerons ». L’islamisme n’est pas une tumeur bénigne alerte l’auteur. En se positionnant comme connaisseur de l’islam et victime de l’islamisme, il met en évidence une singularité tirée d’un vécu qui a laissé des stigmates toujours visibles sur la société algérienne dont il est originaire.

Les méthodes utilisées par les islamistes en occident sont identifiées en tant que déclinaisons de préceptes édictés par les tuteurs comme Al Qrardaoui. : « Cependant, la stratégie des islamistes, l’instrumentalisation de leurs femmes y compris, sait utiliser les insuffisances des législations et les lacunes des institutions ainsi qu’une certaine naïveté des agents de l’État et des employés du secteur parapublic », écrit Chikhi.

La femme voilée est devenue un objet de lutte, de polémique et de convoitise. Un atout majeur qu’on exhibe afin de mettre sur la défensive la société occidentale et ses dirigeants, tactique qui ouvre la voie à d’autres exigences communautaires.

Autre fait relevé dans l’essai et qui est en train de faire son apparition également au Québec : la relation contre nature des islamistes avec la gauche qui en devient un précieux relais politique et médiatique. En perte de vitesse dans un monde dont elle n’a pas anticipé les évolutions, la gauche québécoise tente de reconstituer une base sociale et électorale autour du fondamentalisme.

L’auteur qui a longtemps suivi les méandres institutionnels de son pays d’accueil dévoile une inclination autrement plus inquiétante puisque la dérive ne concerne plus un courant politique mais des institutions. Ferid Racim Chikhi signale une tentation qui gagne de plus en plus de terrain : des communautés étrangères auxquelles est proposée une intégration fondée sur la religion plutôt que la citoyenneté.

Des références à ne pas négliger

L’avertissement à un Québec dont la tolérance vire quelques fois au laxisme est clair : l’islam politique aura de beaux jours devant lui si on continue à le nier en tant que menace majeure pour l’ordre démocratique ou si l’on perpétue le déni en réduisant les dérives de ses promoteurs à des incartades folkloriques.

Ferid Chikhi parle au migrant comme au Québécois. Il rappelle les leçons d’autres acteurs tout en les liant pour leur donner le continuum nécessaire à la perception d’un péril qui se répand dans le temps et l’espace avec méthode et minutie.

En citant deux érudits de réputation mondiale Soheib Bencheikh qui été la cible des islamistes et Mohamed Arkoun, l’Algérien qui a été chassé par l’Égyptien El-Kardaoui d’une conférence sur l’islam organisée à Alger en 1980, il en appelle à la mémoire pour nourrir l’espoir. Et d’autres esprits comme Ghaleb Bencheikh, Malek Chebel et Naïma Dib qui ont porté la parole de vérité sont également invoqués pour que leurs pensées soient additionnées comme des pierres qui construisent la maison de la raison. Un travail long qu’il faut entreprendre avec solidarité et patience car il s’agit de faire naitre la citoyenneté dans un espace musulman livré à la rancœur, au populisme et à la démagogie.

Ferid Racim Chikhi qui assume son engagement nous délivre un message : évitons d’être naïfs ou polémistes ; soyons clairs car on n’a pas trouvé mieux que la laïcité pour protéger l’homme des dégâts de la confiscation du culte.

*Mahfoudh Messaoudene, journaliste.

https://www.adn-med.com/2022/04/19/le-contre-courant-de-lislamisme-cest-de-militer-en-faveur-de-la-laicite/

 

*Ferid Racim Chikhi est analyste senior, Groupe d’études et de réflexions Méditerranée Amérique du Nord (GERMAN).

Fenêtres Sur l’islam Ses musulmans Ses Islamistes

Édité à compte d’auteur chez Bouquinbec

https://boutique.bouquinbec.ca/fenetres-sur-l-islam-ses-musulmans-ses-islamistes.html

269 pages = 29$Can

 

 

Entrevue avec l’auteur.

1.      Cela fait vingt ans que vous êtes installé au Québec avec votre famille. Qu’est-ce qui vous amené à rejoindre AQNAL ?

Depuis que j’ai quitté l’Algérie, via l’Allemagne, j’avais pris la résolution de me tenir éloigné de la militance et du monde politique. Mais, comme on dit : Tu chasses le naturel il revient au Galop. En fait, l’association québécoise des Nord-africains pour la laïcité a été créée spontanément en 2012, en raison du vide face aux islamistes qui, dès 2008, se sont manifestés pour parler au nom de tous les musulmans du Québec. Ça m’a irrité au point que je suis revenu sur le terrain de la militance pour œuvrer en faveur de la laïcité.

 

En 2011, je suis intervenu, comme simple citoyen, à la commission des institutions de l’Assemblée nationale pour attirer l’attention des élus sur le phénomène islamiste qui germait dans la province et notamment à Montréal. Mais mis à part quelques-uns, les autres se sont montrés intéressés mais restés inactifs. En 2012, le gouvernement de Mme Marois a tenté de baliser les ‘’accommodements raisonnables’’ qui allaient vite devenir ‘’déraisonnables’’ le halal, le yajouz, le haram sont devenus des concepts utilisés ici et là, notamment dans les quartiers à forte concentration de musulmans.

Des débats, des conférences, des manifestations ont été organisés et c’était avec satisfaction que j’ai constaté que ce n’étaient pas tous les Québécois qui étaient favorables aux quelques islamistes qui, aidés de certains médias, faisaient dans la provocation. Les Québécois, savent que lorsque la religion prend trop de place des pans entiers de la population y perdent leur raison. Pendant plus d’un demi-siècle ils ont déconfessionnalisé l’éducation nationale et la politique sans que la tradition judéo-chrétienne ne perde ses repères mais voici que les islamistes font parler d’eux à grands coups de publicité victimaire culpabilisant au passage les Québécois et toute la société d’accueil.

En 2012, lors d’une conférence sur la laïcité, nous étions nombreux venus d’Algérie, du Maroc, d’Égypte, de Tunisie et de France (Franco-Algériens, Franco-Marocains, Franco-Tunisiens, etc…) à avoir exprimé nos inquiétudes contre les agissements des groupes islamistes. C’est là que l’idée d’une association regroupant au départ une centaine de personnes est mise en place et avec un petit groupe nous avons évoqué l’appellation de Nord-Africains pour nous démarquer de Maghrébins avec la connotation que nous lui connaissons. Très vite nous conquîmes des espaces d’échanges pour nous exprimer et faire part de nos expériences passées à lutter contre l’intégrisme. Nous sommes vite devenus, je dirais incontournables pour tout ce qui concerne la laïcité.

2.      Avez-vous constaté des différences dans la façon d’intégration selon l’origine des citoyens issus des 3 pays d’Afrique du Nord.

Il faut juste préciser qu’au Québec, nous comptons quatre pays de l’Afrique du Nord : L’Algérie, l’Égypte, et le Maroc et la Tunisie. Les différences dans la façon de s’intégrer dépendent des individus et de leurs approches de la société d’accueil. Cela dépend aussi de leur propre communauté. Qu’ils soient Algériens, Marocains, Égyptiens ou Tunisiens ; il y a ceux qui se démarquent par leur éducation, leur instruction, leur sociabilité. Il est vrai que presque tous les Nord-Africains arrivés au Québec sont très instruits, ils ont une bonne culture, je dirais, ‘’internationale’’, d’autres diront, universelle. Ils ont étudié en français et maitrisent parfaitement l’arabe et un grand nombre maitrise aussi l’anglais. Il y a ceux qui sont venus au Canada et s’intègrent comme Canadiens ; il y a ceux qui sont venus au Québec, tout en étant citoyens Canadiens et préfèrent vivre en français. Cependant, ceux qui se sont regroupés dans ce qui est qualifié de Petit Maghreb, il est évident que le poids de leurs pays d’origine est prégnant. Ils vivent ‘’l’incertitude dans la certitude communautariste’’. Il faut juste savoir que presque tous les Nord-Africains ont l’esprit entrepreneurial ; s’ils ne sont pas employés dans les entreprises québécoises et canadiennes, s’ils ne sont pas dans l’enseignement ou la santé, ils ont créé leurs commerces et leurs entreprises et ils en vivent bien. Toutefois, ils ne partagent pas toutes les valeurs québécoises. À mon humble avis cela relève de la crainte de perdre les leurs. 

3.      Depuis quand avez-vous pensé ce livre ?

Au départ, vers la fin des années 2000, je ne pensais qu’à rédiger quelques articles que je publiais, ici et là, sur des journaux électroniques comme le Huffington post Québec. Par la suite en 2016, quelques-unes de mes réflexions ont été reproduites partiellement par, à titre indicatif, ‘’Le Courrier International‘’, notamment celui intitulé : Pourquoi les musulmans ne parlent pas ?

https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-canada-les-musulmans-sont-emmures-dans-le-silence

Cet article a par la suite, été repris intégralement dans un livre collectif

https://boutique.courrierinternational.com/la-boutique/livre-l-islam-en-debat.html

C’est en 2017, que l’idée de me lancer dans l’écriture de cet essai a émergé et s’est très vite concrétisée.

4.      En avez-vous des échos si oui quels en est la nature.

Absolument, au Québec, plusieurs de ceux qui l’ont lu m’ont fait part, par écrit, de leur satisfaction et presque tous m’ont dit ce qu’ils avaient appris comme différence entre Islam et Islamisme ou sur les pratiques des différents rites qui font la diversité au sein de l’Islam, les pratiques sociales de l’Islam de l’Asie et celui de l’Afrique du Nord.

5.      Avez-vous noté une volonté de transmettre une mémoire des pays d’origine des parents vers les enfants ? Y a-t-il d’autres référents que le religieux dans cette mémoire ?

Lorsqu’il s’agit d’un écrit qui devient public, il y a forcément une histoire, une mémoire, un pan du patrimoine qui sont transférés à ceux qui lisent. Mais, il faut reconnaitre que contrairement aux Québécois, aux Canadiens, aux Nord-Américains et même aux Européens pour qui le livre fait partie des instruments de transfert du savoir et de la connaissance, les lecteurs Nord-Africains restent dans l’oralité. Quelques lecteurs algériens qui l’ont lu m’ont fait part de leurs impressions très positives mêmes s’ils en connaissent des pans entiers. Ils ont eu plaisir à lire quelques-unes de mes réflexions, surtout le chapitre sur Karn Arba’tache.

Et pour la seconde partie de votre question, il y a bien entendu d’autres référents que le religieux dans cette mémoire. Prenez note que pour la transmission de l’histoire et du patrimoine algérien, des parents vers les enfants, nous avons avec un groupe de compatriotes qui créé un Écomusée de l’Algérie. Il prend petit à petit forme. Nous le destinons d’abord à la communauté algérienne du Québec et bien entendu aux Québécois. Mais, il n’est pas exclu qu’une extension soit envisagée avec nos frères Tunisiens et Marocains, notamment en raison du partage civilisationnel de Tamazgha.

Merci pour cet échange.

Un Numide en Amérique du Nord - 378

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