14 avr. 2023

Un Numide en Amérique du Nord - 372 -

Bureaucratie et virage numérique -I-

Dans cette réflexion, en deux parties, j’expose succinctement une problématique de la numérisation (d’autres diraient la digitalisation) comme remède à la bureaucratie telle que décidée par le Président de la République. Je parcoure en quelques notes, ma perception de la définition algérienne de la bureaucratie ; j’aborde la question de la valorisation du capital expérience et je m’interroge si la numérisation est vraiment le remède aux maux observés : la panacée !? Dans la seconde partie, je propose le résumé d’un échange avec des analystes seniors ; je formule la nécessité d’un bon diagnostic et je conclue…

Henri Bergson a dit que ‘’tout problème bien posé est à moitié résolu’’ et, Albert Einstein, comme pour le compléter, souligne qu'un ‘’problème sans solution est un problème mal posé’’. Le premier écueil dont il faut se méfier consiste à poser les problèmes sous la forme d'une alternative indépassable. Mieux encore, notre ami Albert nous explique en quelques mots qu’aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré’’.

Mise en contexte

Au mois de juin dernier, le Président de la République avait déclaré que la lutte contre la bureaucratie ferait l’objet d’une attention particulière. Alors, je me suis questionné, quelle est la définition qu’il donne à ce fléau qui gangrène les institutions algériennes ? J’ai cherché et j’en suis arrivé à la conclusion que ce n’est pas celle de Max Weber et des autres théoriciens des organisations.

Par le biais de la problématique que je propose je formule des hypothèses ainsi qu’un questionnement pour tenter de définir le virage numérique attendu (parce qu’il s’agit bien d’un virage numérique) afin de lutter contre la bureaucratie. Basée sur quelques faits vécus par des personnes qui ont toujours été favorables à l’amélioration des performances non seulement des individus mais aussi des structures, de la gouvernance mais aussi des pratiques héritées d’une histoire managériale qui, à l’évidence, avait bien débuté mais qui a suivi les courants imposés par des interférences détestables avec des résultats catastrophiques.

Je me suis demandé, sachant le potentiel informatique de l’Algérie depuis des décennies (CNI/CERI etc.), si un diagnostic professionnel avait été élaboré par les spécialistes qui sont à l’origine de ce virage numérique. Je n’en ai vu aucun. Pourquoi je pose cette question ? Parce qu’au cours de mes études et de mes expériences professionnelles, quelques-uns de mes ‘’patrons éclairés’’ me demandaient toujours un exposé des motifs ou un état de lieux ou mieux encore un diagnostic. Ils demandaient que soient mis en évidence quatre paramètres : la description résumée de la structure, le profil des employés, les impacts sur les autres structures et la gestion du temps (échéancier). Finalement, il fallait mettre le focus sur la faisabilité du changement que nous voulions opérer. Le Président de la République a certainement eu entre les mains cet exposé des motifs parce j’ai quelques questions auxquelles, peut-être, le temps répondra : Que fait l’État avec la fuite des informaticiens ? Que fera-t-il avec les ordinateurs, dans la quasi-majorité est obsolète ? Seront-ils rénovés (donc, création de nouveaux emplois en informatique) et offerts à quelques pays amis démunis ? Avec quel équipement de remplacement ce virage sera effectué ? Quel sera le fournisseur principal ? Sera-t-il Chinois, Japonais, US, etc. ? Quel système a-t-on retenu, celui de Microsoft, d’Appel ou d’un autre constructeur ? Où trouvera t’on les informaticiens nécessaires et suffisants pour ce changement majeur ? Quel système de sécurité a-t-on prévu pour à la fois les institutions et l’information sans omettre les facteurs humains et organisationnels ? Fera t’on appelle à des partenaires étrangers ou cela se fera-t-il par des compatriotes ? Par ailleurs même si l’on puise dans la caisse des 65 milliards de dollars de réserves de change, quel sera le budget pour cette transformation ? Sans omettre la partie éducation et enseignement ? Il est clair que bien d’autres questions me viennent à l’esprit, mais revenons encore une fois à la problématique.

Définition algérienne de la bureaucratie

Que ce soit Einstein, Bergson et les penseurs du management, je confirme que si je m’en tiens aux apprentissages acquis auprès de quelques-uns parmi eux, la bureaucratie est un modèle qui repose sur une organisation avec un fonctionnement standardisé fondé sur une division du travail. Cette organisation est centrée sur les fonctions et les tâches, leur coordination et leur évaluation pour attester de leur bonne exécution. Elle vise la normalisation, la standardisation et la reproduction de comportements positifs. Ce qui n’est pas du tout le cas, en Algérie, son État et ses institutions. Bien entendu, d'aucuns pourront témoigner qu’au départ c’était ce qui avait été anticipé. Cependant, le temps, les ingérences et autres immixtions inconsidérées, le piston, le clientélisme, le népotisme et tous ces parasites exogènes dénoncés avec force vigueur lors de discussions de la charte nationale (1976) le processus a dérivé au point d’en faire un monstre de blocage et de corruption nommé ‘’péjorativement’’ bureaucratie. Celle-ci entraîne d’abord une perte d'engagement, des manques à gagner financiers dus entre autres à une assiduité fluctuante et à un absentéisme systémique, une productivité nulle et, aux mauvais choix stratégiques comme cela semble être le cas depuis fort longtemps. La précipitation faisant le bonheur de quelques incompétents qui se parent de l’habit des experts.

Mais, peut-on dire que la bureaucratie est du simple fait des agents des institutions et autres administrations et entreprises, notamment publiques ? La réponse est certes ‘’Infirmée’’. Sachant que les deux parties : administration et individu ont, à la fois une part de responsabilité et une part d’innocence couplée à de l’indécision. Néanmoins les deux ont leur part de culpabilité. En fait, la mentalité du beylik, qui préexistait avant la colonisation et qui a perduré durant celle-ci, s’est transformée au point où la corruption, d’abord mentale ensuite systémique ronge tous les rouages et les mécanismes de l’État. Hercule, qui est venu à bout de ses 12 travaux en perdrait son Grec.

Valorisation du capital expérience, mais…

Je me souviens, qu’à la fin des années ‘’60’’, j’ai eu l’opportunité de faire mes premiers pas dans l’administration des impôts, puis dans celle de l’appareil central du parti unique - précisément au sein du Département des Études, avant de me tourner vers les activités économiques, notamment portuaires et sidérurgiques. J’ai fini par atterrir sur le tarmac d’Air Algérie où j’ai découvert l’apport de l’informatique pour les besoins de la réservation et de la paye. Les ordinateurs étaient de fabrication Bull puis remplacé par IBM. De belles expériences, formatrices grâce à des agents économiques parmi lesquels beaucoup étaient autodidactes, sérieux, intègres et cultivant un professionnalisme fort apprécié par les jeunes recrues dont je faisais partie. Cette période qui va de la moitié des ‘’70’’ à la fin des ‘’80’’ a surtout été révélatrice des dérives, des culs-de-sac et des empoignades grotesques par moments des gens des clans ou carrément des clans des pouvoirs. Oui, je dis bien des clans des différents pouvoirs, parce que selon ma vision et ma perception, il y a toujours eu dans la gouvernance de l’Algérie un régime, un système et plusieurs pouvoirs avec plusieurs clans - d’autres diraient des courants - générateurs du contournement des procédures administratives ; sous les vocables : El Maarifa, Taana, Oulid Lbled, Hbibna, El Pisto, etc. Tant de concepts incrustés dans la mentalité du douar (selon la pensée d’Ibn Khaldoun et sans arrière-pensée négative) ; douars, aujourd’hui disparus du territoire national. Le tout est engendrée par une idéologie, non encore étudiée par nos sociologues. Au-dessus de cette idéologie est venue se plaquer une autre plus politique. Voir ci-après.

Au sujet des dits concepts. Quitte à me répéter, retenons que nul n’ignore que le régime algérien dans sa quintessence est formaté par un système de gouvernance regroupant plusieurs pouvoirs ; ceux-ci, selon quelques politologues, ont été engendrés par des courants qui infiltraient le Parti Unique. Donc, en plus de la pensée du douar, du clientélisme, du népotisme, du régionalisme tous systémiques … et de la nouvelle bourgeoisie ‘’comprador’’ ‘’intronisée sous le vocable ‘’oligarchie’’, le tout était organisé autour des puissants du moment qui peuvent être des élus désignés, des fonctionnaires ‘’intouchables’’, des militaires sortis des casernes et, de guetteurs, cette masse d’employés, notamment des institutions publiques qui font souvent la pluie et le beau temps, parce que la porte du chef leur est ouverte en tout temps. Le système avec un tel réseau de faiseurs et défaiseurs de ‘’cadres’’ est hiérarchisé et ‘’ces hiérarchies’’ ont comme talon d’Achille, leur malléabilité.

La GPA ou gestion par affolement

Donc, au milieu des années ‘’80’’, j’étais employé par Air Algérie, nous étions en pleine application des fameux SGT et GSE ; un collègue (Mustapha B), matheux de formation, avait énoncé sa propre analyse des procédures nouvelles pilotées par le ministère du travail et qu’il fallait mettre en œuvre. Un jour il nous dit : ‘’Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où la GPA (Gestion Par Affolement) va faire sortir de leurs antres tous les incultes qui parasitent l’organisation et l’empêchent d’atteindre les résultats probants attendus d’elle’’.

La GPA faisait son œuvre parce qu’il s’est avéré que les fameux incultes – non pas les bons autodidactes - occupaient des postes de hauts niveaux sans qualifications et avec une expérience médiocre et souvent dépassée par l’apport des jeunes sortis tout frais de l’université. Pour venir à bout du changement organisationnel imposé par l’avènement du SGT et de la GSE, l’outil informatique s’était avéré indispensable et nécessaire. Malgré des avancées gigantesques, Air Algérie était tributaire des gros équipements d’IBM et de quelques microordinateurs que seuls les informaticiens manipulaient avec une certaine efficacité. Nous, les administratifs et autres gestionnaires de bureau, nous en dépendions. Nous commencions à peine nos premiers apprentissages et nous savions que nous ne pouvions avancer sans leur soutien. Pour ce faire il fallait user de tact et de diplomatie. Une équipe multifonctions s’était constituée. Il fallait de longues négociations pour que nos demandes soient comprises par nos amis techniciens. Malgré quelques handicaps et quelques blessures tout baignait dans l’huile. Cependant, si l’informatisation était l’outil par lequel tous les planqués ‘’intouchables’’ allaient être débusqués, ils bénéficiaient du soutien avéré de leurs parrains. La bouffée d’air qu’apportait l’informatique et les quelques micros reçus dans nos bureaux, connectés au centre de calcul situé à Kouba ont mis à nu leurs insuffisances professionnelles et ils ont été poussés, soit à s’y mettre (apprendre les bases de l’informatique de gestion), soit à partir, souvent appelés à d’autres fonctions, avec une promotion ou pour les plus chanceux affectés dans une délégation ou représentation à l’étranger... Il faut souligner que la même problématique était observée dans tout le secteur des transports (SNTF, CNAN, HYPROC, SNTV, SNTR… ENESA, ONM…).

Ferid Racim Chikhi

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Bureaucratie et virage numérique -II-

Dans la précédente partie de cette contribution j’ai passé en revue une définition algérienne de la bureaucratie, la valorisation du capital expérience et j’ai abordé la question de ‘’la panacée : La numérisation ? avec un avertissement!’’. Dans ce qui suit il sera question de ce qu’en pensent quelques analystes exerçant en Amérique du Nord et autour de la Méditerranée ; le nécessaire besoin de la formulation d’un bon diagnostic, ainsi que quelques souvenirs de la première école de management algérienne édifiée par, un vrai visionnaire de l’État, Mohand Arezki Isly.

La panacée : La numérisation ? Avertissement!

La déconstruction de ce mal, qu’est la bureaucratie, qui depuis l’indépendance de l’Algérie ronge les rouages du système de gouvernance du pays est à mon avis un acte vital puisqu’il se veut être un éclairage sans compromission. Par conséquent à partir des intentions fort louables du Président de la République, je passe en revue quelques idées, des pratiques et des suggestions réalisables pour progresser dans la gouvernance et de la gestion générale figées des institutions algériennes et de tout ce qui leur est rattaché.

Un virage numérique qui mène à un management dynamique et adéquat devient une exigence incontournable. En fait, selon ma perception, il devrait être plus question d’opérer des actions d’amélioration des performances que seulement de lutter contre la bureaucratie.

Cela peut se faire sur la base d’une révision des organigrammes des emplois (déjà implémentée avec le SGT), de la mise à niveau des définitions des tâches de ces emplois ; d’une révision du fonctionnement rationnel des structures et de leur évaluation systématique et mieux encore l’introduction d’un code de déontologie et d’un code d’éthique par domaine d’activités et par entreprise ou institution. Je préconise aussi d’exploiter les enseignements tirés des réseaux des télécommunications, des banques, des agences d’Air Algérie, etc.

Quand en juin 2021, le Président Tebboune, s’est exclamé : ‘’ La situation n'est pas aussi catastrophique. Il y a des problèmes, des difficultés, peut-être aussi des blocages à cause de la bureaucratie, contre laquelle je lutterai avec toute mon énergie"… comme par magie, quelqu’un derrière lui, certainement un conseiller spécial en administration ou en management, lui aurait soufflé à l’oreille : ‘’Il y a une solution, c’est la numérisation’’. C’est parti pour un round de déclarations de spécialistes, y compris parmi ceux et celles qui ont quitté le pays sans avoir marqué de leurs empreintes les domaines d’activités où ils ont œuvré.

Les vrais praticiens et autres professionnels de la gestion et du management se sont tus, malgré leurs connaissances de la problématique et de la définition de

recommandations avisées. Ils ont commencé à mieux s’informer avant de commenter. Quelques-uns le font, encore de nos jours, en sourdine, mais sans trop se mettre de l’avant. Ils observent, ils questionnent, ils consultent, ils sondent, ici et là. Ils échangent, avant de revenir à un état des lieux qui leur a servi de faire valoir pour quitter le pays et ensuite parce qu’ils avaient compris, que malgré les changements qu’ils avaient préconisés, le mal agissait comme un cancer généralisé. D’autres, parmi les mieux informés, et au fait des nombreuses incertitudes qui détériorent tous les secteurs d’activités, les institutions, les organisations et les relations humaines de l’Algérie, ont établi un diagnostic structuré. Ils y mentionnent entre autres un changement de culture industrielle et des pratiques de gestion des ressources humaines loin de l’interventionnisme systémique ; malheureusement tout leur kit de transformations profondes et majeures a toujours été incompatible avec les habitudes des tenants des arcanes des pouvoirs en place.  Alors, la numérisation est-elle la bonne solution lorsque les mentalités dans bien des institutions et des bureaux de l’industrie et du commerce sont celles du Douar et que l’ordinateur est inexistant dans bien des services locaux sur le territoire national ?

Questions !

Je reprends les questions que je me suis posées et que bien d’autres ont, sans aucun doute, abordées à leurs convenances. J’en ai au moins une quinzaine qui se complètent et sont interdépendantes : Quelles sont les recommandations formulées en conclusion du diagnostic professionnel, s’il y en a un qui a été formulé ? Quels sont les paramètres retenus pour procéder au changement ? A-t-on créé une structure de coordination ? Quel sont les profils des employés qui auront la charge de cette mutation essentielle et nécessaire ?  Quelle est l’évaluation faite par les impacts sur les autres structures ? A-t-on prévu une période de transition et de combien de temps bénéficiera-t-elle ? Que fera l’État du parc des ordinateurs, devenus obsolètes ? Seront-ils rénovés ou iront-ils mis à la casse (a-t-on pensé à la création d’emplois) ? Seront-ils offerts à quelques pays amis démunis ? Avec quel équipement de remplacement ce virage sera effectué ? Quel sera le fournisseur principal ? Sera-t-il Chinois, Japonais, US, etc. ? Sachant que bien des informaticiens sont convoités par des pays Européens et Nord-Américains où trouvera t’on leurs remplaçants pour procéder à ce changement majeur ? A-t-on réfléchi à un plan de formation tous azimuts ? Même si l’on puise dans les 65 milliards de dollars de réserves de change, quel est le budget prévisionnel réfléchi par les promoteurs ? Là aussi des interrogations aussi bien fonctionnelles qu’organisationnelles peuvent émerger ici et là et constituer d’autres aspects de la réflexion.

Un échange avec des analystes seniors

Dans un échange avec des collègues analystes experts de la théorie des organisations, je me suis enquis des solutions qu’ils prôneraient s’ils avaient la charge de résoudre le problème. S’en est suivi, un Brainstorming en quelques séquences comme nous avons l’habitude de le faire, lorsque ce type de questions nous est posé et que cela concerne l’analogie entre les pays du pourtour méditerranéen et ceux de l’Amérique du Nord.

À la fin de la conversation, tous étaient d’accord pour dire que :  ‘’La numérisation pour venir à bout de la bureaucratie sans un changement de la culture industrielle et des mentalités, sans la pénalisation des ingérences et des interférences n’est qu’un transfert dans une boite hermétique d’un problème sous le couvert d’un nouveau concept. Comme on le dit au Canada, c'est balayer la poussière sous le tapis. La bonne solution résiderait dans les pratiques des porteurs d’idées et les expériences des opérationnels. Les premiers proposent des idées aux seconds ; ces derniers sont les vrais innovateurs et créateurs parce qu’ils le mettent en application. Bien entendu les propositions des opérationnels sont, elles aussi, examinées et envisagées par les stratèges.  Cependant, il est entendu que si la numérisation est la panacée ! Cet antidote qui guérirait de tout peut-il être appliqué conséquemment par tous et pour tous?’’

Revenons au Président de la République, il n’avait pas tort de souligner que la lutte contre la bureaucratie mettrait un terme aux tracasseries que rencontre l’Algérien dans son quotidien, le tout créé ‘’fatalement’’ par des employés, qui eux-mêmes ont été formés à la mise en place de ces embûches et par conséquent font perdurer des systèmes nuisibles à l’État, ses institutions, ses organisations et notamment leurs usagers.  

Formulation d’un bon diagnostic

Il est aussi vrai que la bureaucratie doit être prise à bras le corps pour la diminuer et la réduire. La décision du Président de la contre-carrer est la bienvenue. Cependant, plutôt que d’imposer une échéance de six mois, n’aurait-il pas été plus judicieux de procéder par étapes et aborder la question par une politique d’ASP (Amélioration Systématique des Performances) des agents de l’État et des institutions publiques et para publiques, des cadres de tous les secteurs d’activités et même ceux des services municipaux ? N’aurait-il pas été plus adéquat de décrypter le problème, le cerner, établir des solutions gagnantes et en choisir une ou deux pour le résoudre ? N’aurait-il pas été convenable de voir quels sont les ‘’services’’ en mesure de coordonner et superviser toutes les activités de formalisation induites par cette lutte ? N'aurait-il pas été plus pertinent de donner plus de lest aux organes de contrôle et de vérification ? Telle que la cour des compte et l’IGF, etc... N’aurait-il pas été pertinent de prévoir une période de transition limitée dans le temps pour la formation des employés à l’usage de la digitalisation ? N’aurait-il pas été approprié d’évaluer par anticipation les résultats escomptés ? Et, qu’en est-il des employés marginalisés dont les compétences sont avérées mais qui ne font pas partie des ‘’élus’’ ? Ne devraient-ils pas avoir à répondre à un profil type pour œuvrer et montrer leur potentiel personnel ?

En conclusion

Je me souviens d’un professeur (Boukhemis) de l’INPED, à l’époque il était un fan du philosophe du management, Zaleznik. Ce dernier en analysant le déclin des entreprises US, demandait souvent à ses étudiants : Quelle est la différence entre les managers et les leaders? Sans attendre leurs réponses il répondait : ‘’Les leaders ont une vision projective et sont moteurs de changement alors que les seconds sont davantage dans l’exécution et la gestion…’’. De son côté même si pour Max Weber : ‘’la bureaucratie est un système d'organisation efficace, caractéristique des sociétés modernes, elle repose sur des règles stables et sur un personnel spécialisé. Mieux encore, il considérait qu’elle est un modèle d’organisation rationnel, qu’elle peut avec le temps paralyser l'organisation à force de règles et de contrôles qui finissent par décourager les initiatives, et à cause d'une rationalité excessive qui amène les groupes à se replier sur les objectifs de leur département, au détriment de ceux de l’organisation’’.  Et, il préconise que pour la vaincre, ‘’ il faut réduire les charges administratives qui grèvent l'économie … c’est le premier pas et le plus important à faire sans omettre qu’une extension de cet objectif aux citoyens est souvent exigée dans la foulée’’.

Mon prof de l’INPED, nous avait soufflé que les causes de la faiblesse de la bureaucratie en Algérie, résidaient dans les instructions données par la hiérarchie. Nous en avions conclu que ces directives étaient souvent mal, voire pas du tout, comprises, en raison du niveau scolaire très bas de ces ‘’chefs’’, leur expérience n’ayant jamais fait l’objet d’une évaluation appropriée et du fait aussi qu’ils occupent ces emplois, non pas compte tenu de leur profil - qualification, expérience, compétences - mais de leur proximité avec un puissant du moment. La sollicitation intellectuelle des employés étant nulle, leur implication dans les tâches effectuées est souvent absente et par conséquent limite du même coup la productivité du travail. Alors, pour lutter contre la bureaucratie en Algérie ne vaut-il pas mieux, pour une période d’une année, un moratoire qui aiderait à tracer les pistes du succès plutôt qu’une redite de toutes les politiques n’ayant jamais abouti depuis 1962 ?

Ferid Racim Chikhi

Analyste Sénior German*

*Groupe d’études et de réflexion Méditerranée-Amérique du Nord


 


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