1 nov. 2009

Un Numidie en Amérique du Nord - 15 -

New York - Le sublime ? Est-il impensable ? – 2 –

(…) Voir Broadway, Vivre et Revivre (...).

Le Numide, lorsque tu étais plus jeune tu n’arrêtais pas de parler du music hall et tu rêvais d’aller à Broadway, l’as-tu réalisé ce rêve de jeunesse ? ‘’Contre vents et marées, OUI ! Ce qui m’a le plus enthousiasmé c’est ce retour mnémonique à mes 20 ans lorsque je m’imaginais sur cette avenue prestigieuse. Tu te rappelles sans doute qu’il y avait ceux qui disaient et qui, peut être, disent encore voir Venise, voir Paris, voir le Taj Mahal, voir la Muraille de Chine et mourir. Tu te rappelles que moi j’ai toujours dis voir Broadway, Vivre et Revivre.

Eh bien ! Voilà encore un autre de mes rêves de jeunesse qui s’est réalisé. J’aurais tant voulu voir une des pièces de théâtre ou une des comédies musicales, les plus en vue de l‘époque, telles que West Side Story de Bernstein, My Fair Lady de Frederick Loewe ou The Sound of Music de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II, cela ne s’est pas accompli et pour cause, ce n’était pas seulement un fantasme mais bien plus, c’était une chimère.

Mais à ton époque le rêve était permis. Vous aviez accès à une culture encore ouverte sur le monde. La comparaison que tu sembles faire est-elle bien à-propos ? Vois-tu, pour un jeune vivant dans une petite ville des Aurès, en Algérie. Ce n’était pas évident. Certes, nous avions le cinéma ;  trois salles pour un peu plus que 70.000 habitants dont 70 % âgés de moins de 30 ans. Un théâtre mais pas de pièce à jouer. Un festival, celui de Timgad qui dépendait plus du bon vouloir de ses organisateurs bénévoles que des finances publiques.  C’étaient un espace et un environnement ambiant voués à la sclérose, faute de gouvernance éclairée. La culture faisait partie d’un registre qui se reléguait de lui-même aux oubliettes.
Seule l’imagination était le moyen de transport le plus rapide et le plus confortable. Et tous, nous rêvions. Le rêve a l’avantage de n’appartenir à personne d’autre qu’à celui qui le fait. De nos jours le rêve des jeunes est de se jeter à l’eau…sans gilet de sauvetage. Le mien ou je dirais les miens je les ai réalisés en partie. J’étais là, devant ces prestigieuses salles qui ont vu défiler des dizaines de géants du théâtre, du music hall et du cinéma américain. C’était un soir d’avril 2009. La décennie de ce nouveau millénaire s’achève bien, ai-je pensé pendant quelques instants.

Au moment où le crépuscule enveloppait de son manteau embrumé cette partie de Manhattan et que les panneaux lumineux et colorés défiaient les étoiles du ciel et éclairaient des milliers de rêveurs, je m'étais rendu compte que je n’étais pas seul à avoir désiré venir ici et vivre ce moment intensément. 

Ils venaient de partout. Ils avaient, sans aucun doute, les mêmes fantasmes que moi. Ils devaient certainement considérer que lorsque le rêve devient réalité que faire si ce n’est imaginer le meilleur, le sublime ? C'est-à-dire, dominer New York. C’est l’impensable qui se concrétise… Mais l’est-ce vraiment ? Il y a des instants où le doute nous envahit. Est-ce la réalité ou bien suis-je toujours dans le rêve ? ’’ 

Le Numide s’arrête et s’en suit encore un questionnement, une profonde réflexion, un moment de sérénité et de pensées apaisantes, le début d’une autre introspection. Je l’inviterai à en parler lors d’une prochaine rencontre.

Ferid Chikhi

23 oct. 2009

Un Numide en Amérique du Nord - 14 -

À New York - Le sublime ? Est-il impensable ?

Le Numide !? Récemment, New York a été un point de rencontre entre une certaine Amérique du Nord et toi. Tu l’as qualifié de moment de vérité. Peux-tu m’en dire un peu plus? Le silence prend place suivi d'un court moment de méditation, comme pour réunir ses souvenirs les plus prégnants et il débute par un :

‘’Voir New York n’est pas une si mince affaire même si auparavant les États-Unis m’avaient déjà accueilli à deux reprises. Ma première visite à Washington a été pleine d’enseignements et de rencontres aussi passionnantes, séduisantes, je dirais même ravissantes les unes que les autres, la seconde a été une visite de 24h à Plattsburgh. Là, c’est surtout une des observations faite par un ami qui m’accompagnait qui m’a interpelée. Regarde ! me dit-il, il ya tellement d’obèses que j’en suis à me demander comment se sentent les plus maigres à côté d’eux ?

En effet, assis sur un banc de l’un des principaux centres commerciaux de la ville, il s’est mit à compter les surdimensionnés qui passaient devant lui. ‘’72 en 10 minutes’’. Les effets des Mac étaient là, devant moi, par la quantité et les caractéristiques, de quoi renforcer la décision, que j’ai prise 15 ans plus tôt, de faire un trait définitif sur la restauration rapide.

Mais New York c’est autre chose que les fast food, les restaurants et les bars. C’est réellement un concert de spécificités, de particularités et de bizarreries différentes par la forme et par le fonds qui font de cette ville et ses édifices une ville séduisante. La fascination qu’elle a exercée sur moi n’a d’égale que celle que j’ai ressentie lorsque, descendant de l’autobus, j’ai foulé le sol de la 5ième Avenue et un peu plus tard de Broadway’’.

Qu’est ce qui à le plus retenu ton attention : ‘’En venant dans cet espace nord américain quatre places, parmi tant d’autres, étaient incontournables dans mon esprit. Wall Street, Manhattan, la résidence de John Lennon et South Street Seaport. À cette dernière place, les ponts de Brooklyn et de Manhattan sont visibles du quai 17. Ils surplombent l’East River. Leila et moi, sommes rejoints par Hanadi. La suite a été une multitude de souvenirs qui sont remontés à la surface. Souvenirs de Berne et d’Alger. En somme des moments parmi les plus agréables de cette visite.

Bien avant cet instant de retrouvailles, j’ai grimpé au dernier étage de l’Empire State Building d’où j’ai admiré les cimes des grattes ciels qui culminent plus haut que les minarets des mosquées les plus prestigieuses du monde. J’ai visité l’Église St John the Divine, et ressenti la ferveur des croyants chrétiens venus de partout assister à une des messes qui s’y tiennent quotidiennement. La parade des Pâques a été un moment fort intéressant de découvertes singulières.

J’ai aussi été conquis par Manhattan, la Statue de la Liberté et le Chinatown. Des lieux pleins d’histoires et d’une Histoire qui font oublier leurs cauchemars à ceux qui ne savent plus rêver. Des endroits et des lieux que beaucoup ont déjà décrits avec moult détails. Mais en ce qui me concerne voir New York et ignorer Wall Street c’est comme aller au Djurdjura et ne pas voir les neiges éternelles. J’ai fais encore mieux. J’ai découvert le fameux taureau de la bourse (la tradition veut que lorsqu’on touche à ses parties génitales !! Nos finances se porteraient mieux. -  peut être qu’un jour je te montrerai la photo de ce moment mémorable ?). À voir.
Ferid Chikhi

17 oct. 2009

Un Numide en Amérique du Nord - 13 -

Qui s’est habitué à marcher
En montagne peut évoluer en plaine
Comment se fait-il que les historiens occultent ces pans de l’Histoire de l’Afrique du Nord ?  Toujours, comme à son habitude, Le Numide, l’air songeur, cherche dans sa mémoire la réflexion qui pourrait porter son message. Avec sa voix calme et apaisante il commence à énoncer une hypothèse en principe irréfutable ‘’Il y a au préalable un point que je tiens à décoder, tu me dis l’Afrique du Nord !? Tu aurais pu dire Le Maghreb Arabe !? Comme le soutiennent certaines néo idéologues qui ne voient même pas les paradoxes qu’ils véhiculent avec ce type de qualificatif. Par exemple, l’Égypte, qui fait partie intégrante de cette région du continent africain, en est exclue. Pourtant, ses habitants sont aussi, si ce n’est plus, arabes que beaucoup d’Algériens qui tiennent mordicus à une arabité sans podium. 

Par ailleurs et à mon sens, il est rare que l’Histoire d’un peuple ou d’une contrée soit écrite par les pacifistes. L’Histoire du monde a toujours été écrite par les polémarques et leurs biographes. Ou encore des pseudos chercheurs bénéficiant des facilités et des privilèges des puissants du moment’’.

Veux-tu parler de la problématique de l’éthique ? ‘’Oui! En quelques mots le respect des faits et de leurs auteurs. À titre indicatif, je me suis toujours posé les questions suivantes : qui parmi les historiens qui ont parlé et qui parlent de la Grèce ou de la Rome antiques ignorent qu’Hercule le Grec et Hannibal le Carthaginois pour se rendre en Espagne sont passés par les hauts plateaux et la côte de cette contrée sans brimer sa population?  Qui parmi eux ignorent que Massinissa, Adherbal, Micipsa, Hiemspal et Syphax ont bien été des rois Numides ? Tous n’en parlent qu’en tant qu’ennemis de Rome.
     
Ils sont cités comme des chefs rebelles battus par la plus grande puissance militaire de l’époque et dans une demi mesure comme des résistants obstinés et opiniâtres. Mais tous, nous savons qu’ils ont eux aussi été des Aguelidène, des sages, des protecteurs de leur peuple, des bâtisseurs, donc pacifistes. Mais, les circonstances les ont amenés à combattre Rome avec bravoure et honneur pour que la dignité de leur peuple soit sauve?

Pour en revenir à l’analogie entre les deux peuples, oui ! Il y a des spécificités fondamentales entre les Numides et les Nord Américains. Il est aussi vrai comme le dit un proverbe numide que celui qui s’est habitué à marcher en montagne peut évoluer en plaine.  Mieux encore, parmi les valeurs les plus en vue dans leurs relations de tous les jours avec autrui, les numides ne se font pas prier pour afficher leur mépris pour l’injustice et le mensonge ils ne s’en cachent pas. À-contrario ils savent aussi passer sous silence leur générosité et leur bonté pour les humbles. Ils sont connus pour être francs et directs’’.
Un soupir, puis un long moment de silence suit cette réflexion.

Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 378

  Pour un Québec émancipé et indépendant ! La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !? Depuis quelques mois, les discussions vo...