17 avr. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 50 -

La culture au Québec -3-
De la politique et de l’industrie qui prime sur l’autre ?
Le Numide, dis moi, doit-on attendre autre chose de ces rencontres dés lors que l’argent est-là, que le public, les auteurs et les créateurs sont parties prenantes ?
Même s’ils concourent quelque peu à mieux faire connaître certaines cultures, ces festivals sont malheureusement reproduits selon le même processus et le même schéma qui enrichissent certains mais ne valorisent point l’apport de l’autre. Et c’est là qu’il m’apparait normal de mettre la culture au même niveau que l’éducation et la santé en raison de leurs places stratégiques dans la société. La présence des uns et des autres est très souvent excellente mais la participation citoyenne devrait être plus intégrale et pas seulement comprise comme celle d’un spectateur.
Mais, les auteurs créatifs, ceux qui performent sont récompensés et par conséquent cela fait une visibilité à leurs communautés, comment ne pas s’en réjouir et cautionner cette façon de procéder ?
Il est vrai que sans la levée de fonds et sans les commanditaires il n’y aurait pas ces animations estivales. Mais je reste convaincu qu’une autre approche est à même d’être plus productive d’agrégation autour des arts pour fonder les contours d’une culture partagée à laquelle tous se référeraient. Elle tiendrait compte des politiques et des modes d’intégration préconisés par les gouvernants pour créer, consolider et faire progresser le sentiment d’appartenance.
Or, ces politiques et ces modes sont entre les mains de ‘’l’industrie du spectacle’’ et n’existent pas en dehors. D’aucuns me diront mais il ya patrimoine Canada, le ministère de la culture du Québec, etc. Mais au-delà de ces deux institutions et à mon sens chaque fois qu’un gouvernement libéral (Provincial (Pro Fédéral) succède à un gouvernement péquiste (Souverainiste) la cohésion sociale et l’agrégation culturelle prennent du temps à se replacer et entre temps elles en prennent un coup.
N’est-ce pas la règle de l’alternance qui le veut ?
Sans aucun doute mais en ce qui me concerne je me suis toujours demandé, au-delà des gouvernants canadiens, pourquoi les nord américains n’ont jamais été intéressés par l’encadrement de la culture de leurs pays, comme l’ont fait, par exemple les pays de l’Europe de l’Est ou encore l’Allemagne et la France, sans verser dans la pensée unique ? Je n’ai jamais trouvé la bonne réponse. En fait il n’en existe pas. A ce stade de la réflexion le Québec gagnerait et devrait envisager l’initiation d’une loi 101 sur la culture qui validerait un grand nombre d’hypothèses de la problématique d’émancipation des cultures importées et de leur fusion.
A suivre…
Ferid Chikhi

14 avr. 2010

Un numide en Amérique du Nord - 49 -

La culture au Québec -2-
De la politique et de l’industrie qui prime sur l’autre ?
Le Numide, quel cheminement faut-il emprunter pour développer une nouvelle manière d’apprécier, de valoriser et de consolider la culture commune et de mener les citoyens vers les points de convergences ?
Une culture commune peut être constituée de facettes portant des champs communs et d’autres dissemblables qui renforcent sa prégnance grâce à un ancrage solide au sein de la population. Mais pour y arriver il importe de travailler sur le long terme et valider les enjeux partagés et ceux qui confortent la diversité. L’ancrage en question ne saurait se faire sans la culture locale. Cependant, la politique joue un rôle prépondérant dans la façon que se développe la culture. À titre indicatif, les changements des politiques de gouvernance - l’alternance horizontale de niveau provincial et celle verticale de niveau fédéral  - même s’ils relèvent de la cardinalité de la démocratie sont aussi des obstacles majeurs de la promotion d’une culture partagée.
En outre, si l’on examine l’aspect industriel et commercial qui porte chaque année les festivals qui se tiennent à Montréal. Il en existe une bonne quinzaine qui meuble l’été au Québec : Film sur l’art, Juste pour rire, Nouveau cinéma, Jazz, Francofolies, Nuits d’Afrique, Films du monde, Vues d’Afrique, Séfarade, Rencontres internationales du documentaire, Films pour enfants. Il y a aussi des moments consacrés au théâtre et à la danse, ainsi qu’à la littérature et à la poésie, le salon du livre et le festival International de littérature, le festival interculturel du conte du Québec, celui du théâtre amateur de l’île de Montréal ou celui de la danse internationale.
Les organisateurs mettent l’accent plus sur l’aspect financier que sur le contenu et l’apport culturel. Certes, personne ne peut se passer de moyens de financement de ces organisations. Il est aussi vrai qu’il y a les éloges et les récompenses des auteurs et des créateurs ; il y a aussi le public qui accède à tous les performances en plein air mais ce qui manque à mon avis c’est la réflexion sur les rapprochements citoyens, les échanges qui se matérialisent ça et là au cours de ces moments fabuleux ou encore l’apport en terme de potentiel de synthèses et de synergies ainsi que sur les perspectives d’avenir.
À suivre
Ferid Chikhi

8 avr. 2010

Un numide en Amérique du Nord - 48 -

La culture au Québec -1-
De la politique et de l’industrie qui prime sur l’autre ?

Le Numide, il y a quelques mois tu m’avais parlé de la perception des cultures portées par les néo québécois et de leur perception par les québécois. J’aimerais connaître ton sentiment au sujet de la culture au Québec, est-elle partagée ou exclusive aux Québécois et comment est-elle comprise par les uns et par les autres ?
Question très vaste et très ouverte. Je ne maîtrise pas tous les paramètres de fonds pour avancer des assertions ou suggérer des pistes de réflexion mais comme citoyen porteur d’une autre culture je peux me laisser aller et commencer par la facette de l’immigration vue par les québécois, tel que je la perçois, puisque s’il y a divergences, hétérogénéités et altérités, c’est à ce niveau qu’elles commencent.
J’ai appris par l’expérience et le temps dans un autre espace culturel – le mien c’est à dire l’Algérie – qu’au moins six milieux influent sur les identités et les cultures nationale et individuelle.
Peux-tu me les citer ? Il y a en premier lieu la famille suivie de l’école, il y a ensuite l’histoire générale du pays, et bien entendu je rapporte le tout à la culture et l’histoire personnelle de chaque individu. Il faut souligner que l’influence du milieu avec ses différentes facettes est prépondérante dans certaines situations. À titre indicatif je citerai le modèle de scolarisation et son contenu, l’organisation de la famille, l’idéologie et la politique majoritaires, le travail, la religion. Tous ces paramètres et leurs influences forment la personnalité, l’identité, le profil et l’image des individus et de la société.
Si j’examine le fait que le Québec, et par extension le Canada, reçoit des milliers de personnes en provenance des quatre continents (Afrique, Amérique Latine, Asie et Europe) et formant diverses ethnies, il se trouve que certains pensent que c’est un trop gros risque qui va diluer la culture locale et il y a ceux qui considèrent au contraire que cela va renforcer ses fondements et que c’est le meilleur moyen de l’enrichir.
Le Numide, dis moi ce que cela change pour les uns et pour les autres ? De mon point de vue la problématique est porteuse de plusieurs aspects parmi lesquels les valeurs et les différences culturelles. Lorsqu’elles sont mal expliquées, mal comprises, mal intégrées et que la diversité est fondée sur des valeurs non partagées, méconnues par les citoyens du Québec, ça débouche forcément sur des clivages, des frictions, des malentendus qui créent des oppositions et des ruptures, souvent là où l’on s’y attend le moins.
De l’autre côté il y a les néo québécois qui viennent avec un package bien ficelé et un esprit de découverte aiguisé par conséquent d’ouverture assez grande. Ils ont la mesure de l’adaptation et de l’ajustement, mais très vite ils se rendent compte que ce sont les différences, les spécificités, les caractéristiques et les particularités qui les singularisent et qui font qu’ils sont perçus comme des groupes exotiques et éloignés de ceux qui les reçoivent.
La distance s’implante entre eux et les gens du pays d’accueil. Malgré l’esprit d’ouverture dont font montrent les québécois il arrive un moment où ils restent dans leur bulle. Ce qui pose problème c’est que ceux qui sont sensés vulgariser les différences pour les faire accepter se mettent à jouer un rôle aussi ingrat que celui du maître qui focalise plus sur les divergences admises comme étant des faiblesses et moins sur les points de jonctions comme étant des forces.
Peut-on envisager quelque chose d’uniforme et d’harmonieux et comment faire face à ces séparations dés lors que le plus grand déficit de ce pays réside dans sa démographie en déclin ?
Il faut en premier lieu arrêter d’expérimenter des démarches qui n’en finissent pas de se renouveler et décourager les plus tenaces. J’ai assisté il y a quelques années de cela à un colloque sur l’intégration des nouveaux arrivants, au cours des débats, un latino-américain, arrivé dans les années ‘’80’’ a déclaré document à l’appui qu’il a assisté, 17 ans plutôt, à une rencontre qui portait sur le même thème. Les conclusions étaient exactement les mêmes que celles qui se dessinaient pour celui-ci. Crois-tu que son intervention a mis mal à l’aise les organisateurs ? Pas du tout. Aucune réaction. Aucun commentaire. Ou du moins il y en a eu une : Le silence. Un silence profond qui était marquant. Il a fallu que ce soit lui qui redonne la parole aux participants pour relancer la discussion.
Le Numide se tait quelques secondes et m’invite à méditer sur ce que ce monsieur à du vivre au plan de l’ajustement de sa culture personnelle pour s’intégrer ou pour au contraire s’isoler.
A suivre….

Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 378

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