7 déc. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 82 -

De quelques caractéristiques des Algériens -4-
‘’ Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens...’’
Le Numide, reprend son propos en insistant sur la capacité de nos mères et de nos grands-mères à se rappeler d’une multitude d’informations acquise depuis la prime enfance et qu’elles ont su nous transmettre en faisant les liens dans l’espace et dans le temps. Lorsque je tente de souligner que c’est un lieu-dit, Le Numide, poursuit et insiste sur le fait que sans cette capacité de mémorisation et de transmission des valeurs collectives mais aussi et surtout particulières la famille algérienne aurait implosé depuis longtemps. Il parle de la colonisation qui a laissé de profondes séquelles dans l’homogénéité, la personnalité, le sens de l’appartenance, les comportements coutumiers de l’Algérien. Il ne faut jamais omettre de dire que la tradition n’est pas uniquement un ensemble de gestes automatiques ou un groupe de croyances archaïques. A la base il y a toujours des valeurs que la mère sait justifier même si elle n’a pas été l’école. Elle se réfère à la seule transmission orale et ça fonctionne. Mais que vient faire la colonisation dans les éléments de notre sujet ? Avant la révolution et bien des décennies après l’indépendance, notamment au cours des années ‘’90’’, beaucoup d’indicateurs de la personnalité algérienne ont disparu. Le renouveau tant attendu après les années ‘’60’’ n’est pas intervenu et le vide a été facile à combler par des innovations sociales venues d’ailleurs, importées à coup de prêches de pays qui ne partagent absolument rien avec nous. Le résultat a été que face aux coups de boutoirs d’une pseudo religion laissée entre les mains d’analphabètes, d’une école aux prises à une réforme qui l’a vidée de sa quintessence et d’une famille où l’image du père a été désincarnée, l’algérien s’est retrouvé dans un environnement sans attaches et sans appuis sociaux mais entre les mains d’individus qui n’ont ni foi ni loi. La mère ne pouvait pas grand-chose face à cet état de fait. C’est pourquoi tu cites cet adage du terroir ’Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens...’’ tout à fait vrai. Si tu ne connais pas l’histoire de ta famille, de ceux qui l’ont faite si tu ignores celle de ton ascendance tu ne peux qu’errer dans tes attitudes et ton comportement, dans tes actes et leurs conséquences ainsi que dans ta façon d’agir. Mais il reste malgré tout un fond sur lequel on peut reconstruire !? Certes c’est possible mais il faut que ceux qui en prennent la commande sachent ce que veux dire l’oralité la résignation, le terroir, la tradition, la coutume et la valeur, la dérision, etc. et cela, en ce qui me concerne je ne le retrouve pas chez les jeunes algériennes et algériens et il se perd chez les plus âgés, qui d’une certaine manière se sont résignés à subir ou à fuir. Est-ce ton cas ? L’écriture est un des outils dont j’use comme solution de rechange et je m’emploi à la faire fonctionner. Le Numide se tait un bref moment et reprend la parole.
À suivre
Ferid Chikhi

27 nov. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 81 -

De quelques caractéristiques des Algériens -3-
‘’Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens...’’

Comme à son habitude Le Numide, s’échappe dans une interruption dont lui seul sait mesurer l’espace et le temps. Méditation spontanée et momentanée, coupure avec le monde extérieur ou temps de répit ?! Pour celui qui ne le connait pas, la première impression est qu’il somnole ou qu’il dort. le regard presque figé mais en réalité ce sont les meilleurs instants de réflexion qu’il consacre à faire un retour dans les moindres recoins de sa mémoire vive ou encore pour approfondir une idée en allant chercher des liens avec des faits, des repères, des évènements oraux ou écrits qui serviront à argumenter ou confirmer son commentaire ou son opinion. Lorsque j’ai abordé avec lui le sujet en lien avec les codes culturels et identitaires il m’a seulement dit ‘’écoute, il faut toujours avoir à l’esprit cette capacité qu’ont eu nos mères et nos grands-mères pour se rappeler de cette multitude d’informations qu’elles ont reçues dés leurs prime enfance et qu’elles ont su nous transmettre en faisant les liens pertinents avec le vécu du moment’’.  Il poursuivi en soulignant que ‘’beaucoup d’entre elles n’ont pas été suffisamment à l’école ou pas du tout mais je sais, par exemple, qu’en ce qui concerne ma mère, elle a eu des enseignants au primaire mais pas de professeurs ou de maîtres agréés. Le plus et le mieux qu’elle a appris l’a été par l’oralité et la pratique familiale que l’on qualifie d’éducation...’’ Mais toutes les femmes de sa génération sont passées par ce chemin… !? ‘’Certes, oui, mais elle avait en plus de la mémoire ce don particulier de raconter des histoires avec une modération et une pondération tout à fait remarquables ; elle savait les amarrer à la réalité mais aussi en les faisant vivre comme si c’était arrivé la veille ; je n’oubli pas qu’elle avait cette prédisposition à retenir absolument tout ce qu’elle entendait ou voyait, tout ce qu'elle écoutait ou touchait en améliorant la transmission mais sans jamais le montrer ou en faire part. Je pense juste à l’organisation de notre confort intérieur ou à ce que certains qualifient de gastronomie, pour elle cela relevait des arts culinaires… Le Numide se tait un instant et reprend, les plats qu’elle savait confectionner, les friandises et les douceurs et autres gâteaux qu’elle façonnait et avec quel art !? Elle n’a pas appris ça à l’école… Elle l’a appris grâce à ses aptitudes, à ses facultés d’observation, à son sens de l’organisation, à l’exercice appliqué à tout ce qu’elle a reçu de ses aînées et à sa mémoire. C’est cet ensemble de critères qui a fait d’elle une mère merveilleuse. Le Numide, éclaires moi un peu !? Je ne vois pas où se le sujet de notre conversation c'est-à-dire les codes culturels et la manière de les décrypter !? Détrompes-toi, bien au contraire, tout part de là, de cette initialisation du concept d’éducation, il y a un vieil adage algérien qui dit ’Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens...’’ tes origines et celles de ta famille, votre histoire famililale, celle de ton ascendance influent sur tes attitudes, sur ton comportement, sur ce que tu fais, sur tes actes, tes implications, ta façcon d'agir. Ils reflétent ton éducation et tes apprentissages sociaux. Ce n'est qu'après que survient le facteur scolaire. Mais, ne dit-on pas que ‘’les études influent sur ton caractère et ce que tu es!?’’  C’est un plus mais pas tout…
 À suivre
Ferid Chikhi

18 nov. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 80 -

De quelques caractéristiques des Algériens -2-
… L’ignorance d’un patrimoine millénaire et civilisationnel.
Le Numide reprend sa réflexion en mettant en exergue le fait que la problématique de fonds pourrait, après une question,  se résumer comme suit : Sais-tu qu’en l’espace de 60 ans il y a eu deux grandes périodes qui ont a vu la disparition de pans entiers de générations en pleine maîtrise de leurs forces ? C’étaient d’abord, celles de la lutte pour la libération nationale, entre 1954 et 1962, des centaines de milliers de jeunes âgés pour certains d’à peine 15 ans, forgés à l’école du patriotisme, ce fut ensuite celles des années ‘’90’’, formées par une école algérienne multidisciplinaire, ouverte sur l’universalité. Multidisciplinaire et surtout démocratique. À t’entendre émettre cette réflexion il ya eu des changements qui ne te conviennent pas !? C’est vrai et je suis convaincu que la majorité des algériens de mon âge pensent comme moi. Ce que nous déplorons le plus c’est qu’en raison des politiques sclérosantes et notamment celle de la généralisation forcenée de la langue arabe, sans analyse préalable, sans plan d’action agencé, sans politique de transition et de remplacement, alors comme le dit l’adage ‘’ils ont fini par jeter le bébé avec l’eau du bain’’. Mais le pire, à mon sens, a été cette volonté idéologique de tout niveler par le bas. Le résultat a été catastrophique. L’utilisation à fortiori consciente de deux vecteurs, à la fois, divergents et contradictoires a mené l’Algérie d’une éducation nationale post indépendance ouverte sur les sciences classiques et modernes, les mathématiques, la philosophie et la littérature, à un semblant d’école d’où la lecture du livre a disparu et n’a même pas été remplacée par l’utilisation basique de l’ordinateur. Cette école algérienne est passée de l’ouverture sur le monde que beaucoup de pays nous enviaient à une institution ‘’chétive et sclérosante’’. Une école qui forme le futur citoyen sans capacité avérée de raisonnement et de réflexion universelle. A l’heure de la mondialisation, c’est encore aujourd’hui une école qui continue de cultiver l’aliénation de la mémoire et n’offre aucune perspective alors que ses tenants prêchent l’ignorance d’un patrimoine millénaire et civilisationnel. L’homme nouveau que les pères fondateurs de la révolution de  Novembre et de Frantz Fanon avaient pensé et réfléchi est certes né ; il est là ; mais il n’a pas les contours qu’ils escomptaient pour lui.  Quelle en est, selon toi,  la conséquence ? Tu veux dire, les conséquences, parce qu’il y en a plusieurs. L’une d’entre elles est la perte de plusieurs niveaux dans le classement international de la recherche, de l’expérimentation, de la prospective, etc. Une autre, et pas des moindres, est la fuite des cerveaux au point où l’intelligentsia s’est soit ‘’cloîtrée’’ soit ‘’aliénée’’ et le résultat premier est qu’il n’y a plus de créativité, pas de création, pas d’innovation, pas de trouvaille, pas d’invention. Ce qui montre on ne peut mieux que la liberté de penser est inexistante. Par conséquent, le changement est un concept qui ne fait plus partie du vocabulaire de l’école et de l’université.     
A suivre
 Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...