1 févr. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 137 -

Pour de nouveaux espaces d’un vivre ensemble
En toute liberté (1)
«Ma seule liberté est de rêver, alors je rêve de liberté»
Benoît Granger
Des penseurs éclairés, des sociologues cultivés, des politiciens avisés, et bien d’autres théoriciens, définissent, analysent et expliquent la liberté selon leurs savoirs, leurs expérience en lien avec ce concept mais aussi en fonction de l’idéologie à laquelle ils se réfèrent. C’est ainsi que certains y vont de leurs citations et d’autres de leurs réflexions. Ils la partagent et la compartimentent, la dissèquent et la distribuent dans un espace que d’autres reprennent à leur compte. Cela se fait dans des limites prédéterminées qui préservent soi-disant deux paramètres essentiels : l’intégrité physique et l’intégrité morale des uns et des autres. Dans les faits, c’est tout une autre situation.
C’était dans ce sens, pour que les deux intégrités soient préservées, que la déclaration universelle des droits de l’homme dans son article premier et les articles subséquents est sans équivoque ni ambiguïté : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. Mais, combien de pays dans le monde et notamment dans le sud sont en mesure de démontrer que le contenu de cette déclaration, à laquelle ils adhèrent, est scrupuleusement respecté. 
Le nombre d’immigrés, d’exilés, de réfugiés, de déportés, etc. à lui seul est un désaveu, pour pas moins de 85%, des gouvernants de ces pays. Khalil Gibran, ce grand poète qui n’a pas vécu les affres de la seconde guerre mondiale, a défini la liberté pour les moins instruits et pour les plus instruits. Il interpelle les individus, citoyens, de ce monde en s’exprimant en des termes simples : ‘’Vous serez vraiment libres non pas lorsque vos jours seront sans soucis et vos nuits sans désir ni peine, Mais plutôt lorsque votre vie sera enrobée de toutes ces choses et que vous vous élèverez au-dessus d'elles, nus et sans entraves.
Et si c'est un despote que vous voulez détrôner, veillez d'abord à ce que son trône érigé en vous soit détruit.  Car comment le tyran pourrait-il dominer l'homme libre et fier si dans sa liberté ne se trouvait une tyrannie et dans sa fierté, un déshonneur ?’’
L’on sait que depuis la nuit des temps c’est d’abord la nature qui a imposé les limites des plus fort physiquement par l’incitation des plus faibles à se révolter pour qu’avec leur facultés mentales ils puissent s’opposer aux plus forts, à remettre en question leur suprématie et leur domination. L’intelligence, la ruse et la malice se sont imposées à la brutalité, à la bestialité, à la sauvagerie et à l’inhumanité.
À suivre   
Ferid Chikhi

22 janv. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 136 -

2012 pour un retour sur des visions et des vécus
Extraits choisis -3-
L’exil et l’appréciation du vécu…
 Le premier pas se fait dans un univers dont certaines caractéristiques nous apaisent et nous confortent parce qu’elles ont des similitudes avec celles laissées derrière soi. D’autres sont à déchiffrer parce qu’elles sont nouvelles, différentes, distinctes. Cet univers est en premier lieu celui de l’environnement social et culturel. Il change au fur et à mesure que l’on y avance. Il n’est pas le même que celui que l’on a connu. C’est par lui que débute la rencontre avec l’autre. En fait, l’autre est un binôme. Le premier, est celui qui veut nous connaître et apprendre tout de nous. Celui qui veut comprendre l’univers d’où nous venons et comment nous y avons vécu. De notre côté, nous avons le même besoin, la même soif de savoir, de découvrir qui il est.
Cependant, la problématique est complexe parce qu’une question nous interpelle, comment connaître l’autre si on n’a aucune idée de sa propre connaissance de soi ? C’est là que débute une autre aventure. Celle de découvrir qu’il existe en nous un autre individu, une autre personnalité que nous n’avons jamais cherchée à prospecter. Lorsque débute ce processus on apprend avec souvent un étonnement non feint et une profonde surprise des aspects de notre identité que nous n’avons jamais imaginé porter en nous.  Cet autre, n’est rien d’autre que soi-même avec des qualités, des défauts, des forces, des faiblesses.
À titre de repère et en ce qui me concerne ma venue au Québec, au Canada, en Amérique du Nord c’était, au début, traverser l’océan et, même si ce n’est pas par bateau, ça reste loin. C’est vivre le mythe de la liberté en terre de liberté. C’est valider que c’est possible parce que cela existe. Mais confronté aux gens du pays j’ai dû revoir ma copie et me fixer de nouveaux objectifs parmi lesquels celui de la connaissance de soi a été primordiale.  
C’est aussi faire le deuil d’un passé …
Dés l’arrivée, l’enthousiasme a vite pris le dessus et ma motivation me survoltait au point de me faire oublier mon demi-siècle de vie passée ailleurs. Ce n’est que bien plus tard en analysant mon installation que j’avais compris que ma prise de décision était différente de celles des autres nouveaux arrivants, différentes des milliers d’exilés et de ceux qui se sont rendus en Europe ou ailleurs dans le monde.
L’âge, cette emprise qui nous façonne sans que nous ne puissions faire quoique ce soit, change toute la perception de ce qui m’attendait, de ce que j’appréhendais et de ce que je cherchais. Je n’ai pas mis longtemps pour repérer, distinguer, discerner le cheminement à suivre en vue d’éviter les méandres inconnues que j’empruntais. Parce qu’il s’agissait de le faire et non pas de rester en marge. Il fallait pénétrer un monde nouveau qui malgré des similitudes avec celui de mon passé était différent. Les conditions étaient difficiles. Pour m’y adapter j’ai décidé de changer mes paradigmes en appliquant trois principes qui caractérisent l’espace social de ce pays d’accueil ; ‘’Faire le deuil d’un passé. Apprendre à mieux me connaître. Me constituer un réseau de contacts’’. Le tout fondé sur un principe propre aux Numides : ‘’Bâtir sur du neuf et Toujours partir de zéro’’. Je l’ai fais et je ne m’en plaints pas.
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...