2 août 2012

Un Numide en Amérique du Nord – 159 -

Cinquantenaire 1962-2012
Après 50 ans d'indépendance et de liberté
L’Algérie a eu droit à  ... 
… Un avenir ...
Pour clore la réflexion sur le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie je sais que certains trouveront ce qui suit cynique et d’autres très acerbe. Pour ma part, je conçois que l’indépendance ne vaut rien sans la liberté. La liberté de penser, la liberté de conscience, la liberté de s’exprimer, la liberté de mouvement et surtout la liberté d’être ce que chacun est et veut être et la liberté d’avoir une conception des choses et de la vie différente de celle des autres.  
Je me rappelle que dans les années ‘’60’’ et ‘’70’’, l’Algérie était connue pour être la Mecque des révolutionnaires et le passage obligé pour ne pas dire le carrefour des rencontres d’hommes aussi prestigieux qu’illustres, aussi célèbres que populaires … Sans tous les citer, parce qu'ils étaient nombreux, je me rappelle entre autres de ces héros de la seconde guerre mondiale ces Européens de l’Est tels que Tito le Yougoslave ; Brejnev ou Podgornyï les Soviétiques ... ou encore ceux d'Afrique tels que Nkrumah le père du Panafricanisme, Moussa Traoré du Mali, Sékou Touré, Félix Houphouët- Boigny, Patrice Lumumba ou encore …. Ces chefs militaires d'Asie tel que le général Vietnamien Giap ainsi que ceux que j’ai toujours préférés, ces noms mythiques d’Amérique Latine tels que le cubain Fidel Castro ou le Che le Bolivien adopté par Cuba, etc. De par les visites de ces illustres personnages, cette époque présageait un avenir radieux pour tout le pays.
C'était aussi le début des plans spéciaux de développement. Ils devaient façonner l'Algérie nouvelle en matière industrielle, agraire et culturelle. Des choix avaient été faits et devaient être ceux d'une croissance tous azimuts. Il est vrai que des résistances se sont fait ressentir mais elles furent balayées par la conviction de ceux qui planifiaient. Qu'en reste-il 50 ans plus tard ?
Il est aussi vrai que les valeurs humaines, héritées de la révolution, ont quelques peu été oubliées,  mais elles font parties du fonds commun de la personnalité algérienne. Elles sont bien préservées et elles peuvent être encore et toujours réapparaitre.
Un patriotisme que tout Algérien garde  au fond de son cœur...
Certes, l'école algérienne de l’indépendance promettait, elle aussi, d'aider à façonner l'homme nouveau, elle a œuvré pour nettoyer la mentalité du nouvel algérien de tout l'héritage légué par le colonialisme français mais certaines options n’ont pas correctement fonctionné.
Récemment, les effets de l’exil se sont de nouveau fait ressentir sous le masque des attentes de militants ayant vécu, en Algérie, les trois premières décennies post indépendance.  Au moment où avaient débuté les premières discussions sur la forme et les moyens que prendrait la préparation de la célébration du cinquantenaire, nous en avions parlé avec un groupe de sept amis de la même génération, originaires de l'Ouest, du Sud, de l'Est et du centre du pays. Nous avions entre 10 et 14 ans, le 05 juillet 1962. Chacun allait de ses prévisions et de ses expectatives, de ses croyances et de ses espoirs.
Tous, nous étions d'accord pour dire que les gouvernants mettraient le paquet pour fêter le 05 juillet. Qu’ils y gagneraient au moins en reconnaissance du fait  qu’ils n’ont pas renié leur passé et celui du pays. Que ce serait un nouveau départ qu’ils ne rateraient pas. Pourtant nous fondions nos souhaits sur un patriotisme que tout Algérien qui se respecte garde toujours au fonds de son cœur.
Notre discussion a pris plusieurs sentiers de réflexion et mis à part le défilé militaire que personne ne souhaitait, nous espérions que la palette des célébrations comprendrait au moins des cérémonies festives : avec de la musique et des chants patriotiques, de la chanson moderne et de la musique classique et entre autres nous nous sommes rappelés les fameux 33 tours de la musique andalouse des années ''70'', des pièces de théâtre, la projection de films sur la révolution, une télévision relookée, etc. nous sommes le 02 août 2012. Rien de tout cela ne fut.
''50 ans de …réalisations
En fait, j'admets que pour le cinquantenaire de l'indépendance, je m’attendais surtout à un bilan plus réaliste, plus objectif, plus proche de ce peuple qui a fait face au cours du siècle denier, à l’armée la plus puissante du monde. Je m'attendais au moins à une liste de réalisations par domaines d'activités.  Je ne l’ai pas vu. Même s’il existe, il n’est pas à ma portée, peut être est-ce en raison de l’éloignement ?
J'aurais aimé l'avoir entre les mains et le lire ce bilan sur les ''50 ans de littérature d'indépendance'', et ''50 ans d’université algérienne'' sachant qu'au moins 25 universités ont été construites depuis 1962. Il en est de même pour les ''50 ans de développement régional et d'avancées dans le monde rural'', ‘’ 50 ans des grandes avancées diplomatiques et de relations internationales'',  ‘’50 ans dans ce qui a été appelé la globalisation’’. Au plan domestique il y a eu ''50 ans de construction, d'architecture … algériennes'' et  ''50 ans d'avancées scientifiques'' ou encore ''… le  théâtre algérien depuis 1962''.
Dans les faits, il est une évidence que personne ne saurait nier, c'est que l'Algérien de la décennie ''2010'' comparé (si une telle comparaison était de mise) à celui des années ‘’60, 70 et 80’’ a évolué et a progresséil a, certainement, quelque chose de nouveau à quoi s'identifier, se référer, s'accrocher pour vivre son présent et anticiper ses perspectives d'avenir. 
Ferid Chikhi

31 juil. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 158 -

 Cinquantenaire 1962-2012
Min Djibalina - de Nos Montagnes
Avant de clore ce chapitre sur le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie j’ai choisi de revisiter ma mémoire. Pour ce faire les souvenirs des 4, 5, 6 juillet 1962, sont remontés à la surface parce qu’ils ont été des moments marquants de ma vie d'adolescent. Les youyous stridents des femmes couvraient les festivités de la proclamation de l’indépendance. Ils résonnent encore dans ma tête comme y résonne Min Djibalina ce chant patriotique qui avait été entonné dés le mois de mai 1945. Il a aussi résonné partout dans la ville de Batna, dans tout l’Aurès et à travers tout le territoire national. De nos montagnes - de l’Aurès au Djurdjura, de l’Ouarsenis aux monts de Collo et de Jijel, du fin fond du Sud, du Hoggar et de l’Assekrem - est venu le chant de la liberté. Nos montagnes, il faudra toujours s’en rappeler, ont été le rempart, le mur infranchissable contre lequel s’est brisé le colonialisme. Elles ont été – comme par le passé – l’ultime refuge de la révolution et celui des résistants. Ils en sont descendus tous auréolés de gloire et d’honneur. Les bras de leurs mères, de leurs femmes, de leurs pères, de leurs enfants, de tous leurs proches les ont accueillis et serrés contre leurs cœurs apaisés.    
Plus personne dans les maisons. Tous - vieux,  jeunes et moins jeunes, femmes et enfants de tous âges - envahissaient et occupaient les rues du centre ville. Sur les allées Bocca, devenues, quelques temps après les allées Ben Boulaïd, pas un espace ni parcelle de terre n’étaient libres. C'était le rassemblement de la plus grande famille algérienne de tous les temps. Ce qui se passait à Batna était visible ailleurs dans toutes les villes, tous les villages, tous les hameaux du pays.
''Istiqlal - Indépendance'', une communion paradoxale de l'arabe et du français. Elle passait sans transition de bouche à oreille, suivi encore et toujours de ces youyous qui déclamaient à eux seuls la profondeur de ce que ressentaient comme fierté, sérénité et bien être, les gardiennes des valeurs identitaires face au devoir accompli de celles et de ceux qui ont lutté contre la puissance coloniale. Ces youyous étaient l’ultime médium pour expurger d’une façon définitive à la fois la colère, la rage, la rancœur et l'amertume longtemps contenues.
Min Djibilina - de Nos Montagnes, un appel à l'indépendance était repris individuellement ou en chœur par tous. Mais, à ce moment précis de l'histoire réelle de l'Algérie personne ne parlait de Liberté. Pourtant c'était pour cette même Liberté que tous tendaient leurs mains, leurs corps, leurs pensées ...  à ce moment précis, durant ces trois jours inoubliables, seule l'indépendance comptait. Celle d'une nation. Celle d'un pays. Celle de la mère Patrie, l’Algérie.
Qui pouvait imaginer à ce moment là, un seul instant que, plus que l'indépendance, la Liberté allait être confisquée ? Qui aurait pensé un seul instant que 50 ans plus tard cette indépendance vidée de la Liberté allait être ressentie, interprétée, vécue comme une coquille vide ? Qu'en auraient dit les Martyrs tombés au champs d'honneur?
Je me souviens, 36 ans plus tard, en juin 1998, avoir réuni une cinquantaine de jeunes gens et de jeunes filles parmi laquelle une douzaine devait être retenue pour un voyage organisé en France, plus précisément à Angers, à l'invitation d'une association algéro-angevine. Je voulais tester leur degré de connaissance de l’histoire du pays.
Ils connaissaient plus ou moins la période romaine, la période musulmane, la conquête française, les luttes pour la reconnaissance identitaire, et bien d’autres aspects de l’histoire de l’’Algérie mais ils avaient des lacunes de tailles en littérature, en poésie, en arts en général et notamment en tout ce qui était engagé.
Lorsque je leur ai demandé, quel était, selon eux, le plus beau chant patriotique algérien ? Certains répondirent spontanément ''Kassamen'' (l’hymne national) d’autres citèrent ''Djazairouna''  (Notre Algérie) mais au final tous s’accordèrent pour dire que c'est Min Djibalina (De nos Montagnes). Quelques-uns en connaissaient le refrain, d'autres le premier couplet et deux ou trois pouvaient le chanter tout entier. À la question de savoir qui en était l'auteur… ? Personne parmi les 50 jeunes ne le savait. Pourtant …
Ferid Chikhi
Texte original en arabe
Traduction française
من جبالنا طلع صوت الأحرار ينادينا للاستقلال
ينادينا للاستقلال، لاستقلال وطننا
تضحيتنا للوطن خير من الحياة
أضحّي بحياتي وبمالي عليك
يا بلادي يا بلادي، أنا لا أهوى سواك
قد سلا الدنيا فؤادي وتفانى في هواك
كل شيء فيك ينمو حبه مثل النباة
يا ترى يأتيك يوم تزدهي فيه الحياة
نحن بالأنفس نفدي كل شبر من ثراك
إننا أشبال أسد، فاصرفينا لعداك
لك في التاريخ ركن مشرق فوق السماك
لك في المنظر حسن ظل يغري ببهاك
نحن سور بك دائر وجبال راسيات
نحن أبناء الجزائر، أهل عزم وثبات
كلمات محمد العيد آل خليفة
De nos montagnes est venu le chant de la liberté, qui appelle indépendance,
qui appelle indépendance, l'indépendance de notre nation.
notre dévouement à la nation est plus important que la vie;
Je sacrifie ma vie et ma propriété pour vous.
O ma nation, O ma nation, je n'aime personne tant que toi;
mon cœur a oublié le monde, il est perdu dans ton amour.
tout en toi grandis, son amour est végétal:
puisse-t il un jour fleurir !
nous devons défendre de nos vies chaque fibre du sol:
Fils de lions, appelez nous à votre aide.
Votre est ce lieu qui éclaire les abîmes
Votre est ce paysage grandiose, qui acclame votre beauté.
Nous sommes le mur autour de vous, comme les montagnes:
Nous sommes les fils d'Algérie, peuple résolu et confiant.

 
Poème écrit en 1940 par Mohamed el Hadi Cherif poète  de l'association des Oulémas.
Il devint un chant nationaliste algérien, chanté lors de la manifestation
du 8 mai 1945, à Sétif. Revu et adapté Mohamed-Laïd Al Khalifa

Un Numide en Amérique du Nord - 378

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