27 oct. 2012

Un Numide en Amérique du Nord -171-

Héros du quotidien !?
La différence comme valeur enrichissante
Tout a commencé par l’énoncé d’une simple question qui se lit comme suit : ««Connaissez-vous une personne qu’on peut appeler’Héros du quotidien’’ ?»»  Cette formulation se poursuivait par ««Les médias n’en parlent pas, mais cette personne contribue à transformer notre société par ses gestes exemplaires et quotidiens. Partagez avec nous son influence sur votre vie.»»
J’ai été invité à assister à la discusion et à y prendre part avec un groupe de quelques personnes de divers statuts et formations.
À vrai dire, j’ai du m’y prendre à plusieurs reprises afin de trouver celui ou celle - le héros ou l’héroïne - qui me marque au quotidien, auquel je me réfère autant de fois que je le peux, dans la journée, la semaine, le mois. Mais, il y avait une exigence incontournable, il fallait que ce soit quelqu’un ‘’d’inconnu. Un monsieur ou une dame simple et qui passe inaperçu(e)’’.
Au début, j’ai commencé par faire une sélection parmi les personnes les plus proches que je connaissais et avec lesquelles j’ai eu des moments de plaisir ou qui m’ont inspirées. Une personne parmi celles qui, tout en étant anonyme, a été l’auteur d’un évènement remarquable, exceptionnel, mémorable, pas forcément sensationnel mais qui m’a interpelé et surpris par son originalité.
Plus le temps passait plus je me rendais compte que le simple fait d’y penser rendait le choix plus tenu. J’ai du alors affiner mes critères pour considérer seulement ‘’une personne qui contribue à transformer la société par ses gestes exemplaires’’.
Au début, les premièrs personnages qui défilèrent dans ma tête sont ceux de ma femme et de mes filles. Leurs vécus depuis plus de 30 ans ont été pleins d’actes de courage et de bravoures, durant des moments oû leurs vies étaient réelllement en danger. Des instants de sacrifice et de renoncement lorsqu’il fallait tout laisser et partir, quitter la famille, les amis, le pays. Je revoyais l’humilité et la réserve avec lesquelles il fallait œuvrer pour rassembler le plus de monde autour des actions à mener et lorsqu’avec des proches qui ont vécu certains des mêmes évènements nous avons osé prendre les devants de la scène en restant discrets. Elles jouaient un rôle prépondérant.
C’était aussi des périodes très longues de fidélité aux valeurs inculquées des années durant. Le regard sur les autres membres de la famille, les proches, les amis, la patrie toujours présents dans la mémoire de chacun et de tous. Ou simplement, ce moment fort critique de faire face à l’exil.
Toutes ces attitudes, ces comportements qui sont les leurs ont toujours été renforcés par une abnégation à toute épreuve même si des nouveautés surgissaient les unes après les autres.
J’ai aussi pensé à mon père et à ma mère … mais cela devait se faire à titre posthume.  Ce qui n’était pas initialement demandé. J’ai alors pensé à mes sœurs et mes frères qui chacun(e) de son côté suivait un destin forgé dans le creuset des valeurs imprimées par notre père et notre mère.
Finalement, j’ai opté pour évoquer des personnes avec lesquelles, depuis un peu moins de cinq ans, je passe le plus clair de mes journées. Quelques-uns de mes collègues. Je dis bien quelques-uns. Ils font leur travail avec un dévouement singulier et un grand respect à l’égard des handicapés qui souhaitent intégrer le marché du travail. Leurs œuvres s’enregistrent au quotidien par leur densité, leur complexité, leur concentration et bien entendu leur portée socioéconomique.
Ce sont des moments de vérité renouvelés. Chaque fois qu’une personne vivant des limitations fonctionnelles, physiques, psychiques ou neurologiques est prise en charge par un ou une de ces collègues et qu’elle réussit, après un laps de temps, à rompre avec des habitudes qui l’isolait, la claustrait et la confinait, c’est ni plus ni moins qu’une victoire sur l’exclusion et une réussite pour l’inclusion. Pour un Schizophrène, un déficient intellectuel, un dysphasique, une personnalité limite, un TED, un sourd, etc. intégrer le marché du travail ce sont des yeux qui brillent, un sourire sincère par sa spontanéité, une attitude gagnante simplement exprimée, une reconnaissance malgré un handicap persistant et significatif.
C’est aussi un pas vers l’allègement du fardeau des proches qui depuis fort longtemps, pour un grand nombre d’entre-eux, se sont dévoués à une cause qu’une partie importante de la société ne perçoit pas ou ne discerne pas ou mieux encore ne veut pas comprendre.
Ce sont ces personnes - les conseiller(e)s en intervention - prises individuellement ou collectivement qui sont des ‘’Héros du quotidien’’. Les médias n’en parlent pas. Pourtant elles contribuent à transformer la société par leurs gestes exemplaires et quotidiens. Leur seul but étant de consacrer la différence comme valeur enrichissante lorsqu’elle est traitée avec égard respect, estime et déférence.  
Ferid Chikhi

14 oct. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 170 -

La souveraineté du Québec : Utopie ou Instrumentalisation intellectuelle ? - 2 -
Réponse à quelques commentaires de lecteurs
@ Michel Bélisle alias Didier - @ André Gignac - @ François A. Lachapelle
Vos commentaires sont fort intéressants et il me faudra en tenir compte. Je concède que l’entrée en matière entre Mélanie et Gilles est certes poussive - comme vous le dites si bien - mais il n’empêche qu’un immigrant qui veut comprendre les tenants et les aboutissants de la souveraineté n’a d’autre moyen que de telles conversations qui lorsqu’elles sont provoquées à bon escient sont riches en enseignements. Il est vrai que je n’ai pas livré toute la conversation mais ce qui me semblait être pertinent suite au mouvement estudiantin et social du printemps et du début de l’été. Cela en valait la peine parce que les deux amis étaient âgés pour Mélanie de 38 ans et pour Gilles de 33 ans. (Ça c’est pour vous M. Bélisle. Peut être que chez les plus jeunes – celles et ceux qui sont ont occupé la rue l’âge tournait autour de 22 ans).
Vous m’invitez à d’abord apprendre un peu plus sur « … les méandres historiques qui expliquent cette "grande danse" dont la musique est "fédéraliste … en vous arrêtant seulement ‘’à deux faits qui contiennent des subterfuges de nature "impérialiste britannique", le fameux "fair-play" britannique.’’ », je vous remercie de cette attention, mais sans prétention aucune ma formation à l’université, il y a de cela trois quatre décennies à débuté par des études en civilisation britannique et par conséquent par ce que beaucoup avant nous ont qualifié de ‘’Perfide Albion’’(Cf. Shakesspear).
Vous faites référence à l’Algérie en soulignant le fait que «« ‘’ les algériens ont pris les armes. Ici, au Québec nous n’avons pas eu le "courage" de prendre les armes.’’ Vous rajoutez que … ‘’ vous comprenez sans doute pourquoi nous n’avons pas pris les armes. En tant que souverainiste, j’aspire à fondé le Pays du Québec par des moyens pacifiques.... ’’ »».
J’aimerais, à mon tour, vous inviter à relire le passage de mon texte où je mentionne qu’ «« à d’autres temps d’autres mœurs, et à d’autres pays d’autres façons de faire »» et j’ajouterais que les Algériens n’ont pas pris les armes sans raisons, mieux encore ils l’ont fait à deux moments historiques de leur devenir.
* Dés le 05juillet 1830 lors de l’invasion de la France colonialiste jusqu’à la reddition d’Abd El Kader en 1847, celle des tribus de Grand Kabylie en 1857 même si des soulèvements ont été observés jusqu’en 1871.
S’en est suivie une longue période de ‘’pacification’’ selon la France Coloniale entraînant - ce dont ne veut pas parler la France - son lot d’enfumades, de massacre de population, de spoliation des terres, d’aliénation culturelle, d’effacement de la mémoire identitaire, etc.
À la veille de la 1ere guerre mondiale un mouvement national algérien renait de ses cendres pour revendiquer le droit à l’égalité ou à l’indépendance. Des militants et des penseurs algériens vont ridiculiser les plus importantes personnalités du régime colonial français et finiront dans leur majorité par être placés sous surveillance policière alors que d’autres assignés à résidence en Égypte et en Syrie. Ce n’est qu’en 1926 que l Émir Khaled préside le premier parti algérien ‘’L’Étoile Nord Africaine’ ’.
* Au lendemain de la 2nde guerre mondiale les algériens ont été invités - sous la promesse ferme de bénéficier des libertés chèrement défendues contre l’Allemagne nazi - à y participer en Allemagne, en Italie, dans les Balkans et bien entendu en France.
Le 8 mai 1945 - date marquée du sceau de la libération et de la liberté - ont lieu des manifestations d’Algériens dans plusieurs villes de l’Est du pays qui devaient à la fois fêter la victoire et rappeler les revendications nationalistes dans la liesse. A Sétif et à Guelma, les manifestations ont été d’abord réprimées par la police ensuite par l’armée française qui a étési brutale que 45 000 civils de seconde zone (algériens) ont été lâchement assassinés.
Je suis certain que vous comprenez que la révolution algérienne aurait pu être aussi tranquille que celle que les souverainistes mènent depuis les années ‘’60’’, cela n’a pas été le cas parce que les esprits colonialiste et impérialiste ne concèdent l’indépendance de ce qu’ils occupent par la force que par la force.
Quant à la Tchéquie et à la Slovaquie, certes leurs indépendances se sont faites pacifiquement surtout qu’il n’y avait pas une véritable hégémonie de l’un sur l’autre et je souhaite que ce modèle soit réitéré pour le Québec mais, là aussi nous ne sommes pas dans le même schéma ; le Canada Britannique domine par les institutions le Québec, sous la surveillance complice du voisin du sud.
Cependant, et à mon humble avis, ce qui pousse à la révolution armée ce sont la précarité, la privation, la faim, les brimades, la spoliation, l’aliénation culturelle, l’effacement de la mémoire identitaire et tous ce qui touche à l’intégrité physique et morale des individus. Nous n’en sommes pas là. Par contre, il y a un facteur essentiel et déterminant dans toute révolution : le niveau d’éducation pour ne pas dire d’instruction atteint par la masse critique du peuple et surtout par les élites. Plus il est élevé plus les mouvements sociopolitiques sont pacifiques. Le cas de la Slovaquie et de la Tchéquie en témoigne mais il faudrait avoir un Vaclav Havel Québécois. Si vous le connaissez de grâce faites le moi rencontrer.
M. Lachapelle, je vais lire le livre de Jane Jacobs, je vous ferai part de mon avis.
Merci à tous pour votre intérêt et surtout pour votre tolérance. Je la savoure !
Ferid Chikhi
De Longueuil

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...