1 janv. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 206 -

Nous sommes en 2014. Une nouvelle année, une nouvelle période de 52 semaines. Dehors il fait moins (-) 25. Un froid glacial couvre le Québec, en fait tout le Canada. Par la fenêtre j'observe la rue mais rien ne se passe...tout est calme. Un calme incomparable à ceux des autres moments de l'année. Je revois mon texte et je choisis les phrases écrites il y a de cela quelques mois. Je poursuis ma rétrospective...
Comment revisiter un passé récent ?
Rétrospective chronologique de l’année 2013 - (2)
Moi mes souliers m’ont conté.  
Le passage d’une autre frontière.
La dernière fois que je les ai donnés à réparer, ils avaient déjà pris des chemins qui montent et empruntaient des chemins de vie ... Je pensais avoir révélé à la cordonnière toute l’histoire de ces souliers qui viennent de loin ; ils ont traversé monts et vallons, mers et océans, suivi des routes sans bornes et traversé des frontières gardées et d’autres non gardées. Je lui avais dit que c'était là toute leur histoire. J’avais aussi conclu en soulignant ‘’Je vous les confie pour les réparer peut-être qu’une fois qu'ils le seront ils me mèneront de nouveau sur d'autres chemins ! ?’’.
(…)
Ma langue, je devrais dire ‘’mes langues’’, celles que je parlais à la maison, dans la rue, avec mes parents, avec mes copains, entre nous, etc. étaient des vernaculaires (aujourd’hui évolués) et pas des classiques. Le ‘’Berbère’’ et la ‘’Darja’’ douces à l’écoute, chantantes, emphatiques par endroits, gutturales ... la première est un dialecte central du Tamazight, la seconde un mélange d’arabe, de berbère, avec des intrusions de turc, d’espagnol, … et même de français …
Certes l’ambiance sonore m’avait habitué à les entendre avec ce dernier, mais il y avait quelque chose de bizarre lorsque j’entendais les autres le parler. Les autres c’étaient les français et, débuter l’initiation de l’apprentissage de leur langue, à l’école, restait pour moi, le bambin, apprendre la langue de l’occupant. C'était passer d’un territoire à un autre, c’était passer une autre frontière.
De la ‘’Darja’’ à la langue française en dix phrases …
(…) Je repense à ce que disait mon institutrice pour m’aider à rédiger ma première ‘’composition’’. Ses conseils étaient un imbroglio de mots qui avaient du sens mais qui me paraissaient incompréhensibles. Il en était de même en ce qui me concernait puisque souvent ce que je voulais écrire donnait aussi des phrases insolites, comparables par certains aspects à cet enchevêtrement de lacets.
(…) Malgré mes questionnements, me voici parti dans mes élucubrations, mes rêveries d'enfants, mes illusions, ... en fait, mes plats préférés, les héros de mes illustrés - aujourd’hui on dit bandes dessinées - (Blek le Roc, Les pieds nickelés, Tartine Mariole …), les vestiges romains de Timgad, l’espace sidéral, mes stars du club local de football (Soccer en anglais) sont les sujets dont je voulais parler. Toutefois et rapidement l’angoisse, l’anxiété, le désarroi prennent la place de l’enthousiasme du début. Je n’arrivais pas à débuter le premier mot de la première phrase et il fallait en écrire dix. ‘’10’’, devenait pour moi un chiffre catastrophe.
Le poids du passé - les effets du présent
À la fin du siècle dernier on entendait souvent l’énoncé suivant : ‘’Les voyages forment la jeunesse ...’’. Mouvement du passé vers le présent et le futur. Aujourd’hui, qualifiée de mobilité internationale des ressources humaines. Mobilité au-delà des frontières... En l’espace de quinze ans, … les valeurs universelles et sociétales partagées par presque tous les peuples sont soumises à la concurrence de nouveaux paradigmes … La peur du nouveau et de l’inconnu génèrent de l’inquiétude qui se transforme en frayeur.
L’effet des mots … des maux … dans une société de progrès !
Il m’arrive de faire des temps d’arrêt pour établir un point de la situation sur mon implantation en Amérique du Nord, au Canada au Québec et je me demande en quoi ai-je changé ? Cela se voit-il ? Mon statut, mes progrès, mes apprentissages, les changements auxquels je suis confrontés sont-ils définitifs ou bien peuvent ils encore être altérés ? 
Des appels à la fois insidieux et perfides sont entendus afin de les réduire. ’Il faut passer à autre chose’’ entend-on ça et là. Les regards se focalisent sur des événements sociaux et idéologiques, qui malgré le fait qu’ils soient différents par leurs formes et leurs contenus, restent singuliers par leur ampleur.
Qu’est ce qui nous a échappé pour en arriver là ?
Leurs effets (ceux des événements …) sur un grand nombre de sociétés sont qualifiés de pervers et de dévastateurs. L’un parce qu’il est considéré comme contre nature, honteux, ignominieux et provocateur au regard des valeurs morales ; l’autre de provocateur, d’agressant, de restreignant et envahissant par la régression et les dérives socioculturelles qu’il véhicule.
Au plan linguistique, le vocabulaire de tous les jours s’enrichit, se met à jour, s’adapte : Homophobie. Islamophobie. Stigmatisation. Victimisation ... Des qualificatifs qui ne vont pas l’un sans l’autre.
On essaye de ne pas en faire cas mais c’est plus fort que tout. On est interpellé … Certaines font dans la manipulation pendant que d’autres tentent la persuasion. Oui ! Les sociétés changent. Elles changent aussi parce qu’elles accueillent des pans entiers d’autres sociétés venant non seulement des territoires limitrophes aux leurs mais surtout de contrées lointaines. Les gouvernants, pourtant élus, veulent des sociétés qui les écoutent, qu’ils peuvent diriger comme ils l’entendent mais pas comme le veulent ces mêmes citoyens. Ils veulent des moutons.
À suivre

Ferid Chikhi

31 déc. 2013

Un Numide en Amérique du Nord - 205 -

Comment revisiter un passé récent ?
Rétrospective chronologique de l’année 2013 - (1)
L'avenir appartient à la non-violence,
À la conciliation des cultures différentes.
Stéphane Hessel
Liberté terre d’exil !
Pacte ancestral imprimant l’identité,
Passions assoupies, amours apaisés
Racines profondes affermissant
La terre de Massinissa, de Jugurtha,.
Tin Hinan, FadHma et Dihya
Sources. Origines. Racines.
Pays qui m’a vu apparaître
Liberté sans Patrie, nuages sans ciel
Culture sans arts, Personnalité sans identité,
Pays d’exil, terre d’amitié,
De nouveaux bâtisseurs.
Que de cris, de colères et de larmes,
Que de paroles, de mots, de langage,
Une langue figée en mouvement.
Que de bonheur, de joie et d’allégresse
D’un jour qui perdure  
Liberté et Patrie affirmées.
Ferid Chikhi
Le monde change, l'humanité aussi !!
Immigration – Expatriation – Exil – Départ – Arrivée – Intégration – Assimilation – Adaptation… Des concepts perçus différemment par les uns et par les autres. Par
ceux qui partent ; par ceux qui arrivent ; par ceux qui attendent ; par ceux qui espèrent. La problématique de la mobilité internationale des hommes et des femmes qui ressentent le nécessaire besoin d'aller ailleurs nous choque et nous convient par endroits.
L’immigration et l’intégration des immigrants notamment au Québec, au Canada et en Amérique du Nord interpellent plus d’un en raison de facteurs multiples de l’implantation dans un territoire nouveau. Mais personne, à quelques exceptions près, n’aborde le plus complexe de ces facteurs, celui du déracinement.
Il est vrai qu’il existe une singularité en matière de prise en charge de l’arrivée de celui et de celle qui sont partis de loin pour arriver quelque part. Il s’agit ni plus ni moins que d’un constat qui est, d’une part, partagé, et, d'autre part, renforce un paramètre commun à tous : L’intégration, cette intégration qui est avant tout une question de culture’’
Les observateurs avertis ou nouvellement convertis, postulent que ‘’ces immigrants qui s'adaptent rapidement à l'incertitude et à l'éloignement de leurs pays et de leurs familles ; qui participent au changement fondamental qui les heurtent au quotidien;
qui prennent part à la vie de tous les jours au sein d’une société d’accueil généreuse et tolérante mais affichant des valeurs différentes qu’ils doivent embrasser ; qui font face au choc thermique et aux relations informelles de bon voisinage … ces immigrants sont vus comme n’ayant pas les qualifications, les compétences, les expériences adéquates pour une insertion professionnelle rapide et conséquente. (…) et là L’’Indignez-vous’ de Stéphane Hessel prend toute sa signification, un cri du cœur qui se poursuit par un ''Agissez'' ;''Créer, c'est résister. Résister, c'est créer '' avait-il aussi crié.  "Je suis convaincu que l'avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. C'est par cette voie que l'humanité devra franchir sa prochaine étape." Finit-il par proclamer avant de quitter, le 27-02-2013, ce monde sans pouvoir vivre '’La Paix Durable’’. 
De son côté, Che Guevara eu la réflexion suivante : ’l’authenticité fait notre différence et notre richesse’’.
Mais qu’y a-t-il de commun et de convergent dans les pensées, les idées, les croyances et les actions de personnalités telles que Gandhi, Charlie Chaplin, Jean Paul Sartre, Che Guevara, le Dalai Lama et John Lennon …, et bien d’autres, qui ont été mis sous les feux de la rampe durant des décennies ?
Les dénominateurs communs sont multiples mais les plus importants sont l’opposition face aux régimes impérialistes, qu’il soit Britannique, Étasuniens, Français ou Chinois…
Alors Pablo Neruda nous averti : ‘’Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude, répétant chaque jour le même parcours, celui qui ne change pas le rythme de ses pas, celui qui ne risque rien et ne change pas la couleur de ses vêtements, celui qui ne parle pas avec l'inconnu.  
Il meurt lentement celui qui évite une passion, celui qui préfère le noir au blanc, les points sur les « i » aux émotions touffues, celles-là mêmes qui font briller les yeux, celles qui transforment un bâillement en sourire, celles qui font battre le cœur face aux erreurs et aux sentiments. … Seulement l’ardente patience nous permettra d’atteindre la joie splendide’’. 
À l’heure de la mondialisation vue et vécue sous tous ses angles, tout s’emballe et l’humanité voit les contours de son devenir changer à grande vitesse, sans que personne ne puisse la contrôler.
À suivre

Ferid Chikhi

30 déc. 2013

Un Numide en Amérique du Nord - 204 -

Comment revisiter un passé récent ?
Rétrospective chronologique de l’année 2013
Le 12 janvier 2013 j’avais repris l’écriture de ma chronique ‘’Un Numide en Amérique du Nord’’ par une digression poétique mettant de l’avant L’Algérie, anciennement Tamazgha :
(…)
Colorées du soleil de la Méditerranée.
Dans nos veines de Numides
Coule le sang de Massinissa et
Le lait nourricier de Fad’hma et Dihya.
(…)
Mutilée, amputée, altérée par tes assaillants,
Abusée, trompée, violée, par leurs gouvernances,
Préservée, Protégée, Défendue par tes enfants.
Seul le temps dessine tes fresques et tes reliefs.  
Seul le temps, tes gamins et tes coquins
Savent te sauvegarder pour demain.
(…)
Ferid Chikhi
11-12-2012

Tamazgha, terre des Imazighen
Pays des hommes libres.
Infiltrée, conquise, occupée
Par des passagers sinistres et éphémères
Venus te soumettre.
(…)
Sans palais, sans châteaux et sans manoirs
Jamais soumise, toujours rebelle
Terre d’insoumis, d’indomptables et de frondeurs
Ils ne l’ont pas encore compris
Tu es l’Éternelle Tamzgha.
Ferid Chikhi
18-12-2012

Ce même 12 janvier 2013 selon le calendrier Grégorien correspondant au 12 Yenneyar 2963
(http://www.convergencesplurielles.com/2012/01/un-numide-en-amerique-du-nord-134.html.) j’avais opté pour la sélection de cinq évènements considérés comme majeurs par certains médias. Ils me paraissent sensibles par leurs places dans le monde ou au sein des populations concernées.
En Afriquele début de l'intervention militaire française au Mali, sachant que ce
sont les puissances occidentales qui ont armé les islamistes venus de Libye pour déstabiliser cette région du Sahel connue pour sa tranquillité et son calme. Quelles sont les véritables motivations des Français et de leurs alliés?
Paris, Londres, Stockholm et 
Copenhague ont convoqué les ambassadeurs d’Israël pour leur faire part de leur "désapprobation" face aux mesures prises par Benjamin Netanyahou, en représailles à l’admission de la Palestine comme "Etat observateur non membre" des Nations unies. Berlin et Washington, jugent que la décision israélienne est "non productive pour la paix".  Pourtant, Toutes ces puissances restent silencieuses chaque fois que les Palestiniens sont victimes de répliques non justifiées.
En Syrie, l'escalade se poursuit entre soldats et rebelles.  Même la Suisse y met son grain de sel. Ce pays va adresser au Conseil de sécurité de l'ONU une pétition signée par 52 pays réclamant la saisie de la Cour Pénale Internationale pour les crimes de guerre commis en Syrie.
Washington envisage déjà l'ère post-Assad alors que Moscou veut que les Syriens soient les artisans d’une solution au conflit qu’ils vivent depuis plus de 22 mois.
Pour défendre l’indéfendable, tout est permis. En parcourant le site Tolérance.ca
j’ai trouvé succulente la chronique d’Anne Marie Sicotte datée du 03 janvier 2013, sous l’intitulé ‘’La langue comme outil de résistance’’. Ce qui a attiré mon attention c’est en particulier le paragraphe ‘’7’’ très inspirant et je le livre sans changement et sans commentaire :
''Pour défendre l'indéfendable, tout est permis ... Rien ne justifiait les Sulpiciens d'offrir un cours commercial en anglais uniquement…Pour défendre l'indéfendable, une tactique éculée consiste à se transformer en victime, à accuser grossièrement celui qui nous fait de justes reproches. Il semble que la frange intolérante de la population britannique a transmis cette astuce de génération en génération''.
Là où mes souliers m’ont mené, j’ai ressenti, la même sensation du ‘’j’ai déjà vu’’ ou du ‘’j’y ai déjà vécu’’ … une rue, une maison, un jardin public, une épicerie, une haie de fleurs qui sépare un jardin de la rue, un marché, l’entrée d’une entreprise, les discussions entre les gens, les cris des enfants, les empoignades entre les femmes, une chanson provenant d’une maison, l’exhalaison d’un parfum … Ce ne sont pas seulement des sensations mais encore plus des émotions.
À Annaba, l’Hippone Romaine, réceptacle d’une partie de la vie St Augustin. À Equeurdreville, une ville du Cotentin, en Basse-Normandie pas très loin de Cherbourg, La ville aux parapluies. J’y ai vécu six mois. Au Mont St Michel, En
déambulant dans les petites ruelles, j‘observais les maisons conservées à l’ancienne, les boutiques à touristes, les petits restaurants familiaux d’où émanaient les senteurs des omelettes et des crêpes délicieusement préparées par des cuisinières habiles et vendeuses averties, habillées de belles robes multicolores … À La Havane, Hôtel Ambos Mundos, le musée-maison d’Ernest Hemingway. Ses amours, son cocktail, ses muses, ses écrits... le temps était suspendu… Des souvenirs remontent à la surface et me rappelle mes lectures du ‘’Vieil homme et la mer’’, ‘’L’adieu aux armes’’, ‘’Le soleil se lève aussi’’.  
Ce qui est singulier à la limite fabuleux, c’est que pour chacune des villes
citées plus haut, et bien entendu, celles que je n’ai pas mentionnées, c’est le lien, la relation étonnante, inexprimable, contenant quelque chose de sublime. Un moment marquant inoubliable par son intensité ; un souvenir même fugace qui reste incrusté de façon indélébile comme le serait une révélation. Une rencontre fortuite qui finit par devenir une amitié indissoluble. Une odeur ou un parfum que j’ai humé et dont je n’arrive plus à m’affranchir. Le contact avec une personne dont seules la forme et la couleur des yeux me relie à une ambiance émouvante par sa gaieté et sa singularité.
                                                                                            À suivre
Ferid Chikhi
30-12-2013

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...