3 janv. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 207 -

Comment revisiter un passé récent ?
Rétrospective chronologique de l’année 2013 - (3)
Vendredi 03 janvier 2014, dehors un soleil éclatant brille dans un ciel d’un bleu azur. Mais, aussi paradoxale que cela puisse paraître, il fait excessivement froid. Le thermomètre marque moins (-) 28 degré centigrades. La neige, tombée il y a de cela trois semaines, n’a pas fondu mais a au contraire
durci avec le froid arctique qui sévit depuis plus d’une semaine. Une luminosité aveuglante est reflétée par le tapis de neige. Il est 13 :00 et seules quelques rares voitures passent dans la rue déserte. Les météorologues appellent cela un changement climatique saisonnier, qui survient en moyenne tous les 10 ans. Alors, je me suis demandé si la nature change aussi rapidement pourquoi les hommes n’en feraient-ils pas de même ? Passer d’un extrême à l’autre, n’est-ce pas le propre de l’homme ? Pourtant, tous voudraient avoir une seule saison, permanente et stable … Or, Confucius a eu cette réflexion géniale, à la portée de tous : Il n’y a rien d’éternel sauf le changement.   
Des lois et des valeurs faites par eux et pour eux ...
Les sociétés changent parce qu’elles accueillent des pans entiers d’autres sociétés venant non seulement des territoires limitrophes aux leurs, mais aussi de contrées lointaines. Des us et coutumes – qualifiées de semblables -  réapparaissent là où elles avaient disparu. De nouvelles habitudes tentent de s’imposer. Il y a celles qui sont acceptées et partagées. Il y a les autres qui font peur, qui font craindre leur généralisation à des personnes mal à l’aise avec des pratiques étrangères à la société d’accueil (...)
C’est là que des alarmes se font entendre. Des inquiétudes se transforment en frayeurs. Des formes d’agitation s’installent. Des hostilités prennent une tournure imprévue et nous voici en plein délire, en pleine phobie … des victimes du rejet - qu’elles ont pourtant produit par leurs attitudes, leurs comportements, leurs habillements … qualifiés au départ d’exotique finissent par être dérangeants … Il est cependant avéré et incontesté que la capacité des femmes et des hommes de ma terre d’accueil à résister à ceux qui voudraient les assimiler par un enfermement inqualifiable, elle aussi, est potentiellement élevée pour absorber les chocs et les coups de boutoirs auxquels résiste toute la société.  
Ostracisme de la pensée et refus des lois du pays …
Depuis son dévoilement, en novembre 2013, le projet de charte des valeurs québécoises occupe une grande partie des discussions, quelque soit le lieu où l’on se trouve … d’éminents sociologues, philosophes, politologues et autres spécialistes de la société refusent d’admettre des faits tangibles qui n’échappent point au commun des mortels … même parmi les politiciens les plus avisés des voix s’élèvent pour crier a un ‘’lèse majesté’’ en ce qui à trait à l'employabilité de quelques centaines de femmes qui portent le hijab.
Ce qui est tangible c’est que ''Les contres'', toutes obédiences confondues, ont choisi de mettre le focus sur le hijab et la communauté musulmane, expliquant qu'une minorité serait stigmatisée … À partir de cet énoncé commence le manque de discernement de certains intellectuels victimes eux aussi de ce que je qualifie d’ostracisme de la pensée.
Depuis 2007, c'est au prétexte d'un symbole idéologique plus que religieux que la société Québécoise croit être divisée ... mais au fond il n'y a point de divergence sur le contenu de cette charte mais bel et bien un vrai consensus. Les émules de l’intégrisme ont refusé les lois de leurs pays de provenance, ils refusent aussi les lois de leurs sociétés d’accueil. Ils ont les leurs et ils ne reconnaissent que celles-là.
Des valeurs et des Croyances … avant-hier et hier
Donc, depuis plusieurs semaines, le Québec est en mode débat et cela se répercute dans le reste du Canada. Les discussions vont bon train sur le sujet du moment qui fâche le plus : La Charte des Valeurs Québécoises. Deux conceptions s’affrontent sur fonds de laïcité et de multiculturalisme.
En fait, la problématique pourrait se résumer à l’éternelle opposition sur deux visons du monde, la première propose l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et la seconde, foncièrement trompeuse, est réfutée au nom de paramètres identitaires religieux qu’elle véhicule et qui sont porteurs d’une régression menaçant la cohésion et l’harmonie sociales.
L’Histoire offre plusieurs  types de réponses … qui mêlent la raison et le bon sens, mais aussi l’ignorance accolée à la stupidité et le mépris associé à l’indifférence. Depuis la nuit des temps le rapport homme/femme a toujours été fondé sur la suprématie de l’un sur l’autre et seulement quelque fois de l’une sur l’autre … Nonobstant, les raisons, s’il en existe et qui pourraient être multiples.
Il y a eu des dieux, des rois, des princes … et parfois des déesses, des reines, des princesses, des guerrières avec les pleins pouvoirs. Si les hommes ont souvent marqué leurs règnes par la force dans des combats, des guerres et autres luttes , il
n'en demeure pas moins que beaucoup, parmi eux en alliant leurs forces et leur intelligence ont bâti des empires fabuleux et leurs noms sont passés à la postérité.
De leur côté, les femmes ont aussi gouverné, guidé, mené des peuples et des communautés entières vers le progrès et le développement individuel et collectif. Et de  toutes ces sociétés matriarcales, pour ne citer que celles qui sont les plus proches des civilisations Méditerranéennes, quelques-unes ont laissé des traces de leur puissance ? Des mythes !? Peut-être !?
À suivre
Ferid Chikhi

1 janv. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 206 -

Nous sommes en 2014. Une nouvelle année, une nouvelle période de 52 semaines. Dehors il fait moins (-) 25. Un froid glacial couvre le Québec, en fait tout le Canada. Par la fenêtre j'observe la rue mais rien ne se passe...tout est calme. Un calme incomparable à ceux des autres moments de l'année. Je revois mon texte et je choisis les phrases écrites il y a de cela quelques mois. Je poursuis ma rétrospective...
Comment revisiter un passé récent ?
Rétrospective chronologique de l’année 2013 - (2)
Moi mes souliers m’ont conté.  
Le passage d’une autre frontière.
La dernière fois que je les ai donnés à réparer, ils avaient déjà pris des chemins qui montent et empruntaient des chemins de vie ... Je pensais avoir révélé à la cordonnière toute l’histoire de ces souliers qui viennent de loin ; ils ont traversé monts et vallons, mers et océans, suivi des routes sans bornes et traversé des frontières gardées et d’autres non gardées. Je lui avais dit que c'était là toute leur histoire. J’avais aussi conclu en soulignant ‘’Je vous les confie pour les réparer peut-être qu’une fois qu'ils le seront ils me mèneront de nouveau sur d'autres chemins ! ?’’.
(…)
Ma langue, je devrais dire ‘’mes langues’’, celles que je parlais à la maison, dans la rue, avec mes parents, avec mes copains, entre nous, etc. étaient des vernaculaires (aujourd’hui évolués) et pas des classiques. Le ‘’Berbère’’ et la ‘’Darja’’ douces à l’écoute, chantantes, emphatiques par endroits, gutturales ... la première est un dialecte central du Tamazight, la seconde un mélange d’arabe, de berbère, avec des intrusions de turc, d’espagnol, … et même de français …
Certes l’ambiance sonore m’avait habitué à les entendre avec ce dernier, mais il y avait quelque chose de bizarre lorsque j’entendais les autres le parler. Les autres c’étaient les français et, débuter l’initiation de l’apprentissage de leur langue, à l’école, restait pour moi, le bambin, apprendre la langue de l’occupant. C'était passer d’un territoire à un autre, c’était passer une autre frontière.
De la ‘’Darja’’ à la langue française en dix phrases …
(…) Je repense à ce que disait mon institutrice pour m’aider à rédiger ma première ‘’composition’’. Ses conseils étaient un imbroglio de mots qui avaient du sens mais qui me paraissaient incompréhensibles. Il en était de même en ce qui me concernait puisque souvent ce que je voulais écrire donnait aussi des phrases insolites, comparables par certains aspects à cet enchevêtrement de lacets.
(…) Malgré mes questionnements, me voici parti dans mes élucubrations, mes rêveries d'enfants, mes illusions, ... en fait, mes plats préférés, les héros de mes illustrés - aujourd’hui on dit bandes dessinées - (Blek le Roc, Les pieds nickelés, Tartine Mariole …), les vestiges romains de Timgad, l’espace sidéral, mes stars du club local de football (Soccer en anglais) sont les sujets dont je voulais parler. Toutefois et rapidement l’angoisse, l’anxiété, le désarroi prennent la place de l’enthousiasme du début. Je n’arrivais pas à débuter le premier mot de la première phrase et il fallait en écrire dix. ‘’10’’, devenait pour moi un chiffre catastrophe.
Le poids du passé - les effets du présent
À la fin du siècle dernier on entendait souvent l’énoncé suivant : ‘’Les voyages forment la jeunesse ...’’. Mouvement du passé vers le présent et le futur. Aujourd’hui, qualifiée de mobilité internationale des ressources humaines. Mobilité au-delà des frontières... En l’espace de quinze ans, … les valeurs universelles et sociétales partagées par presque tous les peuples sont soumises à la concurrence de nouveaux paradigmes … La peur du nouveau et de l’inconnu génèrent de l’inquiétude qui se transforme en frayeur.
L’effet des mots … des maux … dans une société de progrès !
Il m’arrive de faire des temps d’arrêt pour établir un point de la situation sur mon implantation en Amérique du Nord, au Canada au Québec et je me demande en quoi ai-je changé ? Cela se voit-il ? Mon statut, mes progrès, mes apprentissages, les changements auxquels je suis confrontés sont-ils définitifs ou bien peuvent ils encore être altérés ? 
Des appels à la fois insidieux et perfides sont entendus afin de les réduire. ’Il faut passer à autre chose’’ entend-on ça et là. Les regards se focalisent sur des événements sociaux et idéologiques, qui malgré le fait qu’ils soient différents par leurs formes et leurs contenus, restent singuliers par leur ampleur.
Qu’est ce qui nous a échappé pour en arriver là ?
Leurs effets (ceux des événements …) sur un grand nombre de sociétés sont qualifiés de pervers et de dévastateurs. L’un parce qu’il est considéré comme contre nature, honteux, ignominieux et provocateur au regard des valeurs morales ; l’autre de provocateur, d’agressant, de restreignant et envahissant par la régression et les dérives socioculturelles qu’il véhicule.
Au plan linguistique, le vocabulaire de tous les jours s’enrichit, se met à jour, s’adapte : Homophobie. Islamophobie. Stigmatisation. Victimisation ... Des qualificatifs qui ne vont pas l’un sans l’autre.
On essaye de ne pas en faire cas mais c’est plus fort que tout. On est interpellé … Certaines font dans la manipulation pendant que d’autres tentent la persuasion. Oui ! Les sociétés changent. Elles changent aussi parce qu’elles accueillent des pans entiers d’autres sociétés venant non seulement des territoires limitrophes aux leurs mais surtout de contrées lointaines. Les gouvernants, pourtant élus, veulent des sociétés qui les écoutent, qu’ils peuvent diriger comme ils l’entendent mais pas comme le veulent ces mêmes citoyens. Ils veulent des moutons.
À suivre

Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 378

  Pour un Québec émancipé et indépendant ! La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !? Depuis quelques mois, les discussions vo...