3 avr. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 214 -

Qu'est ce qui rapproche les libéraux des islamistes ? 
Selon certains politologues, sociologues et philosophes, ‘’la pensée unique désigne l'intelligence d'un groupe de personnes qui veut dominer ou domine déjà des groupes sociaux, des communautés et parfois des populations entières. … sans possibilité de contradiction’’.  Elle serait donc contraire aux valeurs de changement individuel que recèle toute société qui se voudrait progressiste et qui se développerait sur la base de l’autonomie et des libertés individuelles pour le bien de la collectivité. Elle se qualifierait de convenable dés lors qu'un consensus recherché par quelques-uns se fonde sur une argumentation saine en tant que contenu d’un projet de société et acceptable par l’ensemble.
D’autres, la conçoivent comme celle d’un régime totalitaire, dictatorial et bien entendu hégémonique qu'elle soit au sens idéologique, culturel, économique ou social, etc. Elle utilise tous les outils qu’elle trouve dans son environnement social et politique pour orienter et manipuler les citoyens de sorte qu’ils aillent dans le sens qu'imposent les tenants des pouvoirs afin qu'ils se maintiennent aux commandes et rester toujours en haut de l’échelle.
Alors, sauf si nous voulons mettre des œillères, nous savons que depuis le milieu des années 60 ''la lutte contre la pensée unique'' était présente dans beaucoup de pays. Elle s’est aussi retrouvée dans des pays ‘’enclavés’’ malgré eux dans un espace "bien défini'' créé par la guerre
froide et l’ère de la décolonisation. Ils étaient pris entre le soutien ''indéfectible'' des pays de l'Est et les anciennes puissances coloniales. Quelques-uns de ces pays africains, asiatiques, etc. ont succombé à ce cauchemar. D’autres s’en sortent à peine et  avec moult difficultés. L'idéologie en question se voulait porteuse du même message à forte connotation de langue de bois, véhiculée par une presse diversifiée mais avec un contenu uniformisé et lissé  (Agence Tass, Izvetzia, Chine nouvelle, etc.), bien entendu les médias lourds étaient instrumentalisés (Radio et TV naissante... les réseaux sociaux n'existaient pas encore).
Mieux encore, depuis des siècles des enclaves, des petits territoires sont dominés par des pays qui leur imposent leurs idéologies. De nos jours quelques-uns ont pu se libérer et reconquérir leur souveraineté. D’autres poursuivent leurs luttes pour s’affranchir de la primauté de ces États qui ont tenté de les absorber ou de les fédérer sans jamais les accommoder en préservant leurs identités, leurs cultures, leurs spécificités. Ces territoires, ces nations, ces peuples, ces pays avec leurs sociétés distinctes restent réfractaires à toutes formes d’assimilation ou de fusion.    
Par ailleurs, des historiens, des politologues et des sociologues omettent de dire ou occultent que les intégrismes sont une forme si ce n’est la forme la plus autoritaire de la pensée unique. Par intégrisme et/ou fondamentalisme… et selon ma compréhension initiale ce n’est pas forcément une déviation de la religion mais une stricte application de certains de ses principes et de ses règles, beaucoup diront ‘’ses dogmes’’. Ils ont toujours existé là où les religions ont tenté d'imposer leur(s) pouvoir(s) sur les consciences. L'apostasie ou l'excommunication y sont observées comme sanctions extrêmes avec la mise à mort de ceux qui ne partagent pas les pensées et les idées (la morale) des gardiens du (des) temple(s).
Espace social Versus espace politique.
J'ai toujours fais une distinction profonde entre les intégrismes et la déviation religieuse, surtout que parmi tant d’autres compatriotes j’ai vécu intra-muros ce qui est qualifié de manquements ou encore d'errements aux principes rassembleurs c’est à dire les fondements ou tout simplement les piliers de l‘Islam.  Là, nous quittons l’espace social pour l’espace politique et pour ce qui me concerne par exemple, l’Islam politique, le Wahabisme ou l’utilisation de la religion à des fins politiques est une déviation de la religion, contrairement, par exemple, au Salafisme qui en est une application rigoureuse et dogmatique que je ne cautionne pas et que je rejette avec vigueur parce que régressif et rétrograde.
Par conséquent,  se pose une question essentielle qui se lit de la sorte : Qu’est-ce qui rapproche les libéraux des islamistes ? Une des réponses les plus probables est que les premiers sont pour la réduction de la participation de l’État et pour la promotion d’une efficacité économique ; pour les seconds une forme de dérégulation ou la non application des lois du pays et l’application de leurs propres lois même si cela accroît les inégalités et surtout entre femmes et hommes est une condition pour offrir leur soutien. Les deux usent et abusent des médias. Les premiers victimisent les seconds et culpabilisent les opposants. Autant les libéraux sont par certains côtés laxistes autant les islamistes les rejoignent dans leur  extrémisme. Des journalistes, des commentateurs, des animateurs de médias lourds sont instrumentalisés pour s’imposer à toute la société. Comme vecteurs de  transmission de l’information ils sont deviennent des acteurs politiques pour le ‘’contrôle des esprits’’ le fameux ‘’US mind control’’
Il est l’outil approprié et bienséant pour diffuser et imposer un message uniforme et constant qui diabolise l'autre, l'opposant, l'adversaire; celui-ci est qualifié soit de résistant à l'ordre imposé par la majorité Canadienne, soit de désobéissant ne reconnaissant pas les lois en vigueur au Canada, ou encore de rebelle et de séditieux (et bien entendu le mot qui fâche) de séparatiste. 
Je suis partisan de ceux qui militent pour une solution du juste milieu qui consiste en la création et le développement d'un espace commun où toutes les pensées, toutes les idées, toutes les morales qui fâchent, je veux dire qui ne sont pas admises, acceptées, partagées… par les autres soient rejetées. Tous les dogmes spécifiques n’y seraient pas admis ; un espace commun où la liberté de conscience existe mais ne s'impose pas ; un espace où la liberté de penser où toutes les idées nouvelles sont encouragées, défendues ; un espace de communication où le débat, les échanges sont cordiaux et courtois.  
Au plan historique, je me suis toujours questionné sur ce qui, par endroits, devient absurde… Pourquoi le patriarcat, après avoir inventé les religions pour exclure la femme du pouvoir de la tribu et pour la maintenir sous sa domination et sur celle de la famille a fini par régner en maître absolu ? Pourquoi le profil de la femme qui par le passé - voir la mythologie grecque - était déesse et fée à côté des dieux et des demi-dieux se retrouve battue par la force physique de l’homme tout puissant ? Pourquoi reléguée à prendre place à l’arrière de l’homme – au lieu d’être à ses côtés – elle a été asservie, minorisée, réduite à une simple reproductrice ? Ce même patriarcat a fait dévier les religions de leurs trajectoires initiales. Et, là où les déviations de la religion prennent place la politique est soumise aux diktats totalitaires et dictatoriaux ; la pensée unique est imposée ; la langue de bois modernisée est érigée en mode de communication ; les opposants sont corrompus, culpabilisés, bâillonnés... Les espaces où les synergies sont possibles et comme cela se dit communément qui permettent à ce que de la discussion jaillisse la lumière sont encerclés et leurs occupants tenus de se taire. Un nouveau projet de société apparait mais il n’a ni les attributs de partage, ni ceux de la liberté de penser en dehors du cadre de référence et il est dénué de liberté individuelle.     
La morale universelle, les valeurs universelles si elles peuvent être partagées ; une morale ou des valeurs, une pensée singulière, spécifique qui ne conviendraient pas à un espace de partage de plusieurs communautés, devraient être exclues de cet espace commun dés le moment où elles sont violentes et provocantes vis-à-vis des occupants premiers. Les nouveaux venus doivent se conformer aux règles établies afin que soit préservée l’harmonie existante. Apprendre, comprendre, s'imprégner et s'approprier les valeurs et les règles de la majorité et s'associer au projet de société de l’ensemble deviendrait-il si ardu qu’il serait honni ? Si une personne ou un groupe de personnes a, tout à fait, le droit d’exprimer ses pensées, ses idées, ses morales, etc. elle/il ne pourrait le faire en les imposant aux autres tout en rejetant celles préexistantes. Un jour nouveau commencera en cette deuxième semaine d’Avril 2014. Ce sera un jour de noirceur ou un jour de lumière. C’est à l’électeur de décider.
Ferid Chikhi
Synthèse publiée sur VigileNet
http://www.vigile.net/Le-quatrieme-pouvoir

1 avr. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 213 -

Québec : Le monde de l'information à la sauce États-unième -2 -
Tout en réfléchissant à ce que je pourrais en dire, aujourd’hui, que je vis en Amérique du Nord, depuis presque une quinzaine d’années, j’ai été amené à examiner et à commenter la tournure que prend la politique au Québec avec la dernière campagne électorale des législatives qui porté le Parti Québécois à gouverner en minoritaire la Province et celle qui se tiendra le 07 avril 2014.
Bien qu’elle tire à sa fin et que le mois d’avril frappe à la porte d’un nouveau gouvernement, les débats sur le moindre mot, le moindre rictus, la moindre information sur le passé, le présent et le futur, le tout petit geste des candidates et des candidats du Parti Québécois, sont scrutés à la loupe non pas et seulement par les adversaires, ce qui est de bonne guerre, mais surtout par des journalistes qui ne font plus dans la simple information tout en se lançant dans un décryptage sans fin et… sans règles mais sans nouveauté pour l’auditeur, le téléspectateur ou le lecteur. Bien entendu les autres prétendants à la gouvernance législative ne sont pas épargnés, notamment pour certains libéraux. Toutefois, ces derniers semblent être habitués à cibler leurs opposants en servant non pas et seulement des flèches empoisonnées mais des missiles qui souvent font mouche.
De leur côté les spécialistes, politologues et autres universitaires habitués à être sollicités lors de telles campagnes électorales ont été, à deux ou trois exceptions près, débarqués ou ignorés. C’est dire combien je ne trouve plus le commentaire, l’éditorial, l’analyse, l’écrit journalistique objectif, raisonnable, impartial, désintéressé et je n’oserai même pas dire ‘’intègre’’ tant ils sont colorés de parti pris et de partisannerie, comme si tous ces porteurs de nouvelles appartenaient à la seule droite néo libérale.
A titre indicatif, selon un sondage CROP - La Presse (connus pour leur proximité fédéraliste), publié le 18 mars 2014 et portant  sur les intentions de votes des électeurs, faisait ressortir que le candidat libéral était en avance de sept points. Et c’est le début de la déferlante… des commentaires les uns plus vicieux, plus démagogiques, plus  immoraux… plus médiocres… plus  corrompus que les autres sont diffusés en boucle sur toutes les chaînes de la province et du reste du Canada. Je n’exclue point la publication d’autres sondages mettant de l’avant l’avancée des libéraux. Bien entendu, quelques commentateurs et autres animateurs d’émissions de nouvelles ont tenté de rester neutres mais dans l’ensemble le parti pris était évident, visible et flagrant.  De fait, même si le téléspectateur, l’auditeur, le lecteur… soumis à ce battage médiatique n’est pas dupe, il donne pourtant l’impression d’avaler tout ce qui lui est servi… Si j’ajoute l’usage des technologies de l’information par les réseaux sociaux… des indicateurs anodins finissent par impressionner et par convertir le plus sceptique.
Des plaintes des consommateurs ont été adressées aux ombudsmans et aux commissaires à l’éthique, aux directions des rédactions pour reprocher leur parti pris, mais ce sont des réponses toutes faites - soulignant que tout était en règle étaient reçues par le citoyen. Cela a été mon cas pour une réclamation que j’ai adressée à Radio-Canada. 
Pour en revenir à ma perception de la pensée unique, je considère que la dérision suffit un temps mais pas tout le temps. Il y a aussi la raison qui s’impose. À mon avis, quelque chose de plus conforme dans le monde politique crée l’espace nécessaire et suffisant pour implanter la pensée unique qui regroupe les idées auxquelles doivent se conformer les citoyens au sens large du terme. Un cadre de référence conçu par les idéologues ‘’d’un certain État’’ et duquel personne ne peut déroger ; le faire – déroger du cadre de référence - c’est s’exposer à être qualifié d’inconstant, de fluctuant, d’indécis à l’égard de cette pensée supposée être celle de la majorité alors qu’elle n’est que celle d’une minorité qui détient le pouvoir.
Ce qui extraordinaire c’est qu’elle arrive à en faire la pensée de tous. Ailleurs il serait question de propagande, ici ce n’est pas le cas. Pourtant, dans son ouvrage ‘’La propagande nouvelle force politique’’, Jacques Driencourt, nous dit ‘’Le règne de la Propagande au XXème siècle repose
autant sur ces instruments inventés parla science, qu’il est motivé par l’atmosphère générale d’irréalité dans laquelle baigne l’humanité. C’est dire que l’imprimé, le cinéma ou la radio (et aujourd’hui, que nous sommes passés au XXIème siècle, les technologies de l’information) découvertes du monde moderne, ne font que renforcer, amplifier et étendre une action qui a toujours existé justement par le fait qu’elle est le corollaire inévitable de ces activités naturelles de l’homme que sont la pensée, la parole…).
Elle est celle de la puissance d’un groupe, du pouvoir en place, de l’institution étatique, centralisante et centralisatrice, celle de l’Empire ou d’un empire, etc. Elle préconise que c’est l’intérêt général qui prime l’intérêt individuel, mais elle met de l’avant la liberté individuelle. Et elle est qualifié de démocratique dés lors qu’elle serait celle de la majorité. Sauf, qu'elle ne sert pas le projet de société que les plus éclairés souhaitent pour leur pays. 
À suivre
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...