20 août 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 222 -

Moi mes souliers m’ont conté
Le silence et les senteurs de ma maison
J’ai souvent fait des analogies – je pense que nous le faisons toutes et tous, de manière instinctive et en fait, qui peut se départir de son passé ? - entre ce que j’ai connu et vu comme espaces de vie, bâti et non bâti ; ce que j’ai entendu comme sons et bruits ; ce que j’ai senti et ressenti comme senteurs et parfums, habitudes de vie, us et coutumes… et ceux que je découvre au fur et à mesure que le temps passe et que le poids des années laisse comme trace, non seulement, sur mon physique mais aussi sur mon mental, mes habitudes et mes façons de faire, mes solitudes et mes relations avec les autres.
J’ai eu l’occasion de parler des parfums et des senteurs, des bruits et des sons, que j’ai laissés derrière moi au moment où les portes de l’exil se sont d’abord entrouvertes et par la suite grande ouvertes lorsque j’ai quitté l’Algérie. Nostalgie diront certains, mémoire et souvenirs diront d’autres. Mais les deux se coupent et se recoupent.
Ce qui suit est une expression, une description d’une image, d’une reproduction de moments d’observations banaux, communs, à la limite, insignifiants mais pourtant qui se refont chaque jour avec presque la même habileté, la même habitude. Par exemple, le même geste d’ouverture de la porte d’entrée. Les clefs qui sortent de la poche, la manière de les ajuster pour que l’une d’entre elles pénètre la serrure, le petit coup de poignet pour déverrouiller et en même temps pousser la porte.
J’ouvre la portée d’entrée. J’entre dans le petit espace d’un mètre carré qui n’est ni un vestibule ni un hall d’entrée mais juste un petit passage entre l’extérieur et l’intérieur. Une zone tampon dans laquelle je me déchausse et mets mes pantoufles ou mes savates pour remplacer mes chaussures souillées sur les chemins empruntés dans la journée. C’est aussi l’espace de transition entre le public et le privé. Univers où la symbolique passe du monde pollué et corrompu à un monde plus sacré parce que plus personnel.
Il me permet de me préparer à me mettre en phase avec l’intérieur plus intime parce qu’apprivoisé, personnalisé et adapté à mon goût, mon bon vouloir et mes espoirs, malgré le fait que je n’en sois pas le seul auteur. Il est aussi la transition entre ce que je partage avec les autres, tous ceux  que je ne connais pas mais que je rencontre, que je croise, et ceux que je connais un peu ou beaucoup…   et ce qui m’est exclusif parce qu’apaisant. C’est un lieu où débute ma tranquillité et où je me sens déjà délivré du monde extérieur. C’est l’entrée de mon abri, de mon refuge pour me sentir tout en sécurité et tout en sûreté.
Je me déchausse. Je rentre. La deuxième porte s’ouvre plus facilement que la première. Le petit rectangle qui m’accueille, est suffisant pour être à deux, mais sans plus.  En fait, si nous sommes en accord, cet espace devient grand, immense et même spacieux. Il peut nous contenir à deux malgré nos dissensions, nos divergences mais aussi nos dimensions convergentes.
Ma maison, qui n’est pas la mienne, je la loue à l’Italien, ses différentes parties me parlent. Elles me racontent leurs histoires, très différentes de celles de mes autres maisons, la natale, celle de Babzou et aussi celle de Niederrad ou encore celle du 365 de la même rue.
Lorsque j’y pénètre, c’est d’abord un silence tranquillisant qui m’accueille. Puis des bruits calfeutrés, creux et profonds, se manifestent. Ils m’interpellent. Les uns sont familiers, les autres nouveaux, mystérieux, énigmatiques. J’en reconnais quelques-uns, même s’ils occurrent de temps en temps. D’une chambre à l’autre ils sont différents mais aussi étranges et indéchiffrables parce que singuliers. Les murs parlent. Les portes parlent. Les plafonds parlent et ce n’est pas souvent que je les entends.  Leurs voix sont discrètes, furtives et énigmatiques.
Le craquement du bois n’est pas le même d’une chambre à l’autre. Les bruits de fonds de la plomberie semblent parvenir parfois du bas, quelques fois du haut. Le moteur du frigidaire qui se déclenche me ramène à une autre réalité, celle de la technologie. Puis en ouvrant la porte extérieure arrière et les fenêtres je casse la symphonie intérieure, celle qui me rassure. Les bruits de ma maison depuis quelques années sont différents de ceux que j’ai entendu dans les autres maisons que j’ai habitées.  J’ai toujours eu l’impression qu’ils se mariaient avec les senteurs de chacun de leurs environnements.  
Je n’ai jamais pensé sérieusement à mon devenir. Je crois au destin. Je crois aux choses qui arrivent par elles-mêmes, sans que l’on s’y attende… Je sais que ce que j’ai vécu sera toujours différent de ce que je vis et de ce que je vivrai. Ce qui se passe au présent ne sera jamais comme ce qui est passé et sera toujours différent de ce qui adviendra. Ma maison du futur je ne sais pas comment elle sera faite. Est-ce de l’inconscience ? Est-ce de l’insouciance ? C’est peut-être de l’indifférence ou encore de l’imprudence surtout que je me suis souvent demandé : qui peut vivre sans penser à un toit pour s’abriter ?

Ferid Chikhi

29 juil. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 221-

Les guerres et les trêves
‘’Duperies des temps modernes …’’
Le propos qui suit n’est pas une suite de ceux qui l’ont précédé. Je le veux une participation à la colère, à l’indignation généralisée, à la rage qui habitent celles et ceux qui assistent impuissants au carnage généralisé, à cette tuerie dont l’étendue n’a plus de limites, de frontières ou de ‘’murs’’ pour être mise sous le boisseau.
Il porte sur ce qui se passe dans cette partie du monde qui a été le berceau de plusieurs civilisations. Le Proche et le Moyen Orient, l’Afrique du Nord et le Sahel. Après la vieille Afrique – rappelons-nous du Rwanda, du Congo, de la Côte d’Ivoire, etc…-  des territoires entiers sont soumis aux lois des seigneurs de la guerre des temps modernes. Ils subissent les assauts des puissances destructrices.
La Libye pleure des larmes de sang pendant que Tripoli est à genoux, Ghaza tout en faisant de même, nous interpelle, nous appelle ‘’au secours!’’ et nous n’y pouvons rien, pendant que l’Irak, Bagdad et Mossoul sont saignés à blanc. La Syrie, Damas et Alep regardent les ruines de leurs bâtis et de leurs vestiges que ni le temps ni les hommes n’avaient jamais osé caresser de leurs mains destructrices…
Alors, comme tous les pacifistes de ce monde, je me demande qui va mettre un terme aux actions des hamasistes, des khalifistes, des islamistes… usant d’un armement sophistiqué qui ne saurait provenir que des industries des puissances occidentales ? 
Comment se fait-il que les gouvernants des pays de l’UE et des USA trouvent des solutions pour tenter d’empêcher la Russie de protéger ses frontières et ses populations et se disent incapables de réduire la sauvagerie destructrice d’Israël ?
Comment se fait-il qu’ils ne bougent pas alors que les Musulmans et les Chrétiens d’Irak sont malmenés tous les jours depuis des mois ?
Nous voici, là, à observer, à attendre, à tendre l’oreille au moindre frémissement informationnel qui nous annoncerait la bonne nouvelle : La guerre est terminée, les polémarques - Talibans, EEIL, Boko Haram, Israêl, le Hamas ... les rebelles de… - ont été désarmés.
Qui parmi les instruits de ce monde peut soutenir qu’ils sont sortis du néant, comme par enchantement ?
Qui parmi les instruits de ce monde peut nier qu’il ignore qu’ils ont été créés de toutes pièces par les puissances occidentales dans le seul but de déstabiliser ces pays riches de leurs populations et des produits de leurs sous-sols ?
Non contentes d’avoir organisé les fuites de cerveaux par une mobilité internationale sans limite, elles s’attèlent à créer les conflits les plus sanglants depuis des décennies pour  envahir, occuper ou vider de leurs populations des territoires entiers et ainsi s’emparer, sous couvert de pacification, de leurs or, diamant, pétrole, uranium, gaz naturel, cuivre, etc…
Aujourd’hui, aram, plus d’israêl les Ghazaouis sont à genoux, les femmes du Nigéria ont peur de Boko Haram, les Chrétiens d’Irak sont chassés de leur terre natale, les Syriens ne savent plus à quel saint se vouer.
Depuis plus de vingt ans, en fait depuis le milieu des années ‘’80’’, les batailles sont suivies d’attentats, les accrochages entre factions et autres groupes armés laissent sur le terrain des carnages des mutilés, des handicapés, etc… Les guerres sont suivies d’occupations et selon des ‘’intelligences’’ occidentales cela occupe les esprits et, les traumas que les populations  concernées vivent lors de ces moments de turpitudes, passeront avec le temps.
Voilà, elles l'ont fait (ces ‘’intelligences’’), elles ont ont réfléchi, elles ont parlé et elles ont orienté les débats… Tapies dans leur confort douillet, loin des aires de conflits et à l’abri des massacres, elles n’ont plus aucun sens de l’Éthique et ont perdu tout sens moral et le peu de crédibilité qui leur restait. Elles parlent de la guerre et pas des victimes. Elles discutent de trêves et soutiennent le plus fort, même si elles savent que le monde sait qu’il s'agit de la pire duperie des temps modernes.
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 377

Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols Un village de Kabylie. D. R. Par Ferid Racim Chikhi  – Le 27 janvier ...