31 déc. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 231-

Un retour aux sources...
Observer une société sans être sociologue c’est, de toute évidence, la regarder avec un œil de profane. Les remarques et les commentaires que je pourrais émettre ne sauraient être pris comme références surtout lorsqu’au préalable aucune problématique n’a été élaborée. Pourtant, mes deux précédentes réflexions ont attiré l’attention de deux spécialistes qui s’intéressent particulièrement à l’Algérie et à sa population.
Au cours d’une conversation téléphonique que nous avons eu en triplex à mon retour, ils m’ont demandé si j’étais parti de quelques hypothèses que je voulais valider ou si c’était venu spontanément. Bien entendu ma réponse a été que c’était venu naturellement ; que je m’étais exprimé normalement sans un vrai cadre de référence formel si ce n’est la comparaison avec des moments passés et le peu de ce que je connaissais de la société dans laquelle je vis depuis plus d’une décennie. L’un des deux me dit mais ‘’c’est déjà un cadre de référence que de comparer entre eux des éléments du passé et des indicateurs du présent’’.
En fait, j’ai écrit alors que la comparaison, qui aurait pu servir de point de départ à une réflexion, aussi simple soit elle, était captive d’une bulle invisible dont la fonction première devait être de m’empêcher d’être pessimiste, négatif ou encore catastrophiste.
Lors de ce bref séjour j’ai vu des jeunes gens et des jeunes filles en pleine possession de leurs moyens vaquer à leurs occupations, en mouvement, d’un point donné à un autre. Des jeunes à deux, trois ou quatre, marchant, sautillant, riant, se regardant dans les yeux… des choses normales me diriez-vous !? Certes, oui… des choses normales mais j’ai aussi perçu, que souvent les regards n’étaient pas francs, loyaux, sincères…
J’ai, parfois, saisi un petit quelque chose d’inconvenant, de sournois avec un grain de malveillance. Il en était de même de ce regard que j’entrevoyais me dévisageant et me pénétrant sans retenu. Il était celui de ceux et de celles qui me le lançaient alors qu’ils/elles semblaient jouir d’un moment de repos assis en des lieux publics donnant l’impression qu’ils/elles passaient des moments à rêvasser alors qu’ils/elles étaient pris dans leurs pensées, leurs réflexions, leurs projets ou peut-être dans la recherche de solutions à leurs problèmes ; ils/elles étaient, peut être et, simplement à l’arrêt, en pause de pensée, l’esprit vide, le regard perdu. Il y avait comme une insouciance dans un désordre que j’ignorais, que je n’ai jamais connu auparavant. Paradoxes me diront certain.
Des paradoxes, certes, oui ! Mais qu’est ce qui peut les expliquer ? Une chose est certaine, c’est que toutes et tous, seul(e)s ou en groupes, ils/elles étaient branché(e)s, puisque fréquemment ils/elles conversaient un cellulaire dans une main, collé à l’oreille. En considérant les unes et les autres, j’ai constaté qu’elles/ils avaient, dans la majorité de cas, deux cellulaires… Pourquoi ? La seule explication m’a été donnée par Abdenour, et elle résiderait dans le fait que pour être joint et joindre un(e) ami(e), un(e) proche… il importe d’avoir le même  fournisseur de téléphonie et par conséquent ‘’flexer’’ rapidement en payant une carte de quelques minutes.  Insensé ! Selon ma perception des choses. Cependant, une question est restée sans réponse et se décline comme suit : Quels sont les effets d’une utilisation intensive du téléphone cellulaire pendant de nombreuses années, sachant que plusieurs études suggèrent que l’utilisation à long terme serait associée à un risque accru de lente croissance d’une tumeur cérébrale et de cancer du nerf auditif ?
Par ailleurs, j’ai vu, lors de mes promenades sur la rue Didouche Mourad, Ben Mhidi, boulevard Colonel Amirouche, Rue Hassiba Ben Bouali, plusieurs personnes de ma génération marchant, seules, d’un pas rapide. J’ai été frappé par leur attitude, leur maintien, leur posture et leur démarche… Elles ne rasaient pas les murs mais j’avais la nette impression qu’elles se faufilaient entre les autres promeneurs, badauds et autres désœuvrés, presqu’avec délicatesse, comme pour ne pas les déranger. Leurs têtes aux cheveux
couleurs poivre-et-sel, souvent blancs, les traits de leurs visages tirés me donnaient l’impression qu’elles étaient plus âgées que moi. Ce n’était pas de la frustration ou de l’insatisfaction, c’était beaucoup plus que cela, c’était à la fois de la désillusion, de la déconvenue, du désenchantement que je lisais dans leurs yeux. Et, lorsque sur un chemin que j’empruntais pour aller quelques parts…, j’en rencontrais quelques-unes qui avaient une allure svelte, une prestance élégante et qui visiblement avaient une belle apparence… je m’en étonnais jusqu’au moment où distinguant leurs échanges avec des passants qui les connaissaient je comprenais qu’elles étaient comme moi, en visite, venant de l’étranger. À trois reprises, j’ai été témoin de ce type de retrouvailles et aussi paradoxale que cela puisse paraître, les premières se redressaient, leurs sourires se faisaient grands, leurs visages s’illuminaient et leurs allures, leurs prestances et même leurs apparences changeaient du tout au tout, comme par miracle, à tel point que j’en étais heureux pour elles. Si ce n’était ma retenue, j’ai failli me joindre à leurs retrouvailles.
Ferid Chikhi


25 déc. 2014

Un Numide en Amérique du Nord - 230 -

Un retour aux sources... Plusieurs sociétés qui s’entrecroisent …?
Un scaphandrier pour se prémunir…
Des effets du choc du retour !? Il est s’avéré selon mon entendement, mon discernement ou encore
ma capacité de jugement situationnel, comme par nécessité plus que par obligation, que je me suis prémuni mentalement et je me suis paré d’une protection à la mesure de mon état général que ce soit au plan psychique ou physique. J’ai emprunté à la plongée sous-marine et comme un plongeur qui se prépare à descendre au plus profondément de l’océan, je me suis positionné en apnée volontaire. J’ai enfilé une combinaison et me suis glissé dans un scaphandrier.
Oui ! J’ai vu le nombre disproportionné de véhicules et, je me suis demandé comment en est-on arrivé à importer autant de voitures de toutes les marques et de tous les pays ? Malgré les explications d’Abdenour... je suis resté dubitatif et la question est restée sans réponse…
Oui ! J’ai observé la circulation anarchique et, je me suis questionné, par exemple, sur ce besoin ‘’immature’’ qu’ont les conducteurs de klaxonner pour un rien… il suffit que celui qui est devant mette son clignotant et les klaxons se font entendre ; il suffit que celui qui est à côté ralentisse pour saluer quelqu’un sur le trottoir et les klaxons se font entendre ; il suffit que celui qui est derrière s’avance trop et la symphonie se poursuit comme si le moment de silence en faisait partie...
Oui ! Je me suis questionné sur les risques d’accidents matériels et corporels ainsi que les traumas, conséquences inévitables de la conduite sans respect du code de la route et particulièrement de la
signalisation, combien même celle-ci est presqu’inexistante ?  Là aussi je n’ai pas eu de réponse…
Oui ! J’ai constaté que des routes nouvelles, des contournements, des rocades ont été aménagés ainsi que différents évitements et autres déviations. Pourtant, la circulation non seulement des personnes mais aussi des véhicules est intense, dense et très anarchique. Souvent, je me suis trouvé devant un point d’interrogation…
Oui ! J’ai vu du monde, des gens, des personnes allant et venant dans tous les sens. Je me suis demandé : si toute cette foule est dans la rue alors, qui est au travail ? S’agit-il d’un absentéisme qui ne dit pas son nom ou d’un chômage latent est ingérable ? J’ai trouvé une partie de la réponse lorsque je me suis rendu, avec mon frère Ahmed, dans un Centre des Chèques Postaux (CCP) pour y retirer de l’argent… l’agence est répartie en deux espaces ; l’un derrière lequel se trouvent les employés ; je vois plus de femmes que d’hommes et beaucoup plus de femmes en hijab que de femmes dévoilées ; le second espace est celui réservé à la clientèle, la majorité est assise sur des sièges en métal.
Des hommes et des femmes. Même image que la précédente. Des femmes en hijab, d’autres sans hijab. Les unes comme les autres, sont soit seules soit accompagnées. Des hommes, jeunes et vieux. Plusieurs sociétés qui s'entrecroisent et se mêlent les unes aux autres, d'où une certaine compromission pour ne pas dire une altération de la proximité sociale. Les employés s’affairent à répondre aux demandes des clients… dépôts ou retraits, remises de chèques, de carnet d’épargne… etc.
Je prends un ticket… numéro 142. Sur l’écran, placé en dessus des employés face aux clients, c’est le numéro 79 qui est annoncé. Huit guichets de service. Ahmed, m’invite à être patient, ça va vite, me rassure t’il.
Vingt-deux minutes d’attente. Sept minutes pour réaliser l’opération. Ça  travaille ! Je respire un bon coup et je constate avec satisfaction que le scaphandrier joue pleinement son rôle.
Nous sortons de l’agence des chèques postaux. La rue Ferhat Boussaad (ex. Meissonnier) est noire de monde. Des cris, des discussions, des appels, des regards fuyants, des regards qui vous transpercent. Des femmes voilées et d’autres en hijab, d’autres sans rien sur la tête, en pantalons ou en jupes et les couleurs sont plutôt dans le sombre, pas trop de teintes. Des jeunes proposent à même le sol divers produits… cigarettes, lunettes de soleil, soutiens gorges, bas, tissus variés, dentifrices… cellulaires, tablettes… un bazar à ciel ouvert dans une ruelle squattée par tous ce beau monde. La circulation de quelques voitures relève du défi pour les conducteurs qui s’y aventurent. À 05 km à l’Heure et souvent un arrêt total le temps que les piétons daignent livrer le passage pour quelques mètres supplémentaires.   
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Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 378

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