28 mars 2019

Un Numide en Amérique du Nord - 308 -

Voile ou Hijab les véritables significations et leurs portées
Je reviens sur ma promesse de ne plus intervenir sur la laïcité et je ressorts de ma tanière avec la publication du projet de loi sur la laïcité de l’État que va nous vendre le gouvernement de la CAQ sans que nous puissions l’amender au cas où il est incomplet mais qui constitue à n’en point douter un dossier risqué pour cette législature. Qu’on le veuille ou non ce qui dérange le plus au Québec c’est, ce que je qualifie, d’entrisme malfaisant des islamistes qui veulent à tous prix imposer leur idéologie à la société d’accueil tout en refusant de respecter ses lois pourtant votées par son législateur selon des principes démocratiques bien établis.  

Le problème c’est que cet entrisme porte préjudice aux libertés individuelles qui sont liées à celle intrinsèque du culte et que personne ne remet en question ; il porte aussi préjudice en particulier aux musulmanes et aux musulmans qui se considèrent comme citoyennes et citoyens logé-e-s à la même enseigne que toutes les autres Québécoises et tous les autres Québécois et en second lieu à celles et à ceux qui refusent de s’adapter à leur nouvelle citoyenneté.  Je n’ai pas l’habitude de parler au nom de personnes qui ne m’ont pas autorisé à le faire mais exceptionnellement je le fais au nom de celles et de ceux qui partagent avec moi les mêmes valeurs et les mêmes principes du vivre ensemble et en bonne intelligence, c’est à dire les membres de l’Association Québécoise des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL).
Mon propos ci-après est pour donner suite à ce titre ‘’ironique’’ lu dans un média électronique d’un chroniqueur qui ne fait pas partie de mes références et qui a écrit : ‘’ Pour en finir avec le voile … ‘’. Il croit savoir mais en fait ignore la signification politique du hijab[1]. Ce n’est pas le seul, puisqu’ils sont nombreux tous ces chroniqueurs de divers médias écrits, parlés et télévisés, à faire comme lui et qui commencent sérieusement à nous agacer ... Nous les musulmanes et les musulmans qui n’ont d’autre objectif que de vivre en paix dans une société harmonieuse et tolérante comme celle des Québécoises et des Québécois. 
Ces chroniqueurs et autres animateurs de médias, sauf s’ils font exprès d’être provocateurs en insinuant que le hijab exprime la foi des musulmans, ignorent la signification du concept. Leur méconnaissance de la sémantique, de l’interprétation des symboles et des signes politiques qu’ils considèrent comme des symboles et des signes religieux est agaçante et blessante à plus d’un titre. Et pour cause, le Hijab, réduit à son sens moderne, c’est-à-dire le voile est l’indice le plus désavoué non seulement dans les pays musulmans mais aussi dans les pays où les musulmans se sont installés depuis fort longtemps.  
Le hijab sa signification et sa portée politique
Une première précision s’impose, comme musulman, je ne suis pas contre les personnes musulmanes, les groupes de musulmanes et les communautés musulmanes de pratiquer leur foi selon leurs rites, leurs principes et leurs règles sociales et culturelles, cependant je m'inscris en faux contre l'utilisation de l'Islamisme. Dans le même segment de réflexion, j’ai déjà évoqué le féminisme islamiste et les motivations des femmes qui portent le voile prétextant qu’elles le font par conviction et par soumission à Allah, pour ma part je les qualifie d’activistes parce qu’elles sont les plus néfastes à la cohésion sociale du Québec. 
Seconde précision, si l'on accepte cette idée, celle de l’Islamisme comme étant la religion musulmane, il faudra préciser et rappeler que les jeunes femmes et jeunes filles nées dans les pays où l’Islam est religion d’État, où la société en est une d’hommes, où l’islamisme a sévi ou sévit encore … et même dans les monarchies du Golfe Arabe/Persique, se battent tous les jours pour se libérer de ce carcan. 
Souvent ces femmes, en quittant leur pays enlèvent avec une hardiesse non feinte ce fichu qui les emprisonnent. Elles sont nées au moment où cette idéologie mortifère a pris son élan et où les ingérences étrangères de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et du Qatar n’ont jamais été une simple vue de l’esprit. Elles se sont formalisées avec le Wahhabosalafisme et ses adversaires Mollahs, les frères musulmans et leur chef militaire qui rêvent du retour au Khalifa Ottoman. Le hijab est politique comme le confirme la grande majorité des musulmanes et des musulmans et ce depuis fort longtemps, il faut par conséquent que les autres partis politiques au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde soient autorisés à ce que leurs membres exhibent, eux aussi, leurs symboles politiques.
Bien entendu une question sera posée : Pourquoi le faire ? La réponse se résume à ce qui suit : ce sont les islamistes qui disent qu'ils sont les membres actifs du Parti d’Allah (Hizb Allah = Le Parti de Dieu) ou celui qui énonce la victoire de l'Islamisme (ENOSRA), ils le disent depuis fort longtemps la seule loi qui s’appliquent à eux et à leur environnement social est la Charia.  
Le sens profond du hijab
Une autre précision : Le hijab, recèle en lui l’idée, la représentation ou encore la pensée d’un premier sens générique qui est ignoré par toutes et tous et qui véhicule une double signification : Traduit en français ou dans les autres langues, ce mot veut dire rideau, séparation, tenture … ou encore devanture et non pas habit ou foulard qui couvre la tête des femmes. Il référait tout simplement à une séparation de l'espace en deux, celui des hommes étrangers à la maison du Prophète et celui de ses femmes[2].
Ensuite, l’histoire nous le rappelle, après le décès du Prophète, le pouvoir masculin a étendu le territoire le hijab en l’imposant comme séparation entre les espaces de tous les hommes et ceux de toutes les femmes. Enfin, à l’adresse de celles et de ceux, en général des islamistes et pas des musulmans, qui citent les versets d’al-Ahzâb (33ième sourate), le khimar est un châle et le djilbab ou le thaûb, sont des fichus, ports par les femmes de l’époque dans ces mêmes pays du golfe Arabe. Ils n’avaient pas pour fonction de couvrir comme elles voudraient nous le faire accroire la tête mais bien les épaules et la poitrine. Juste une affaire décence sociale pour ne pas dire pudeur sociale. Cette même pudeur s'applique aussi aux hommes, voire les vêtements qu’ils portent dans les pays du golfe persique.
Remarquez que toutes les spécialistes et tous les spécialistes pour ne pas parler des expert-e-s en la matière se gardent de traduire ces concepts dans les autres langues mais maintiennent un seul mot en arabe le hijab comme étant un voile qui couvre la tête et les cheveux, et ainsi lui signifier que même pour Allah/Dieu, la femme est insignifiante.
Alors, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les élu-e-s du Québec de grâce adoptez ce texte par lequel les signes politiques et les symboles religieux ne soient pas autorisés là où les citoyennes et les citoyens du Québec souhaitent se rassembler et vivre selon les valeurs et les lois du pays. Dans cet espace commun et citoyen géré selon par l’État qui n’exige ni ne nécessite aucune clause Grand-Père.  
Ferid Chikhi
https://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/laicite-etat-voile-hijab-veritables-significations-portees-quebec_a_23702059/?utm_hp_ref=qc-blogues


[1] Initialement le voile n’est pas un vêtement de femmes. Il est devenu depuis 1979 l’étendard de l’Islam politique. Il marque le territoire sans frontières de ses militantes et militants. Voir plus loin la signification première de ce concept.
[2] La nouvelle femme du Prophète, Zeynab Bint Jahch, était belle et le jour des noces, parmi les invités quelques-uns sont restés tard à discuter en présence des deux. Le verset a été révélé juste après cette observance, pour qu’elle soit préservée du regard des hommes. Cela a été étendu à toutes ses autres femmes. 

19 mars 2019

Un Numide en Amérique du Nord - 307 -

La laïcité et l’Islam 

Au moment où le monde et la Nouvelle Zélande n’ont pas eu le temps de faire le deuil des personnes lâchement assassinées en pleine prière à Christchurch, que les extrémismes s’aiguisent de plus en plus et qu’un autre acte terroriste est commis à Utrecht (Pays Bas), la réflexion qui suit fait partie de la série consacrées au rapport de la laïcité aux musulmans et à leurs islamistes, publiées par le
Huffington Post Québec[1]. Il s’agit de quelques pistes examinées sous un angle singulier et pour une réflexion commune. Il arrive souvent que des personnes, dont plusieurs sont qualifiées d’intellectuelles, énoncent sans se soucier de leurs conséquences, des sentences embarrassantes invitant à répondre à des questions dont les auteurs ne peuvent imaginer qu’elles appellent des réponses complexes. Juste à réfléchir à leur source dans un contexte international fortement perturbé des cinq dernières décennies exige d’aborder plusieurs facettes de la problématique avec des hypothèses qui se vérifient pour certaines et restent sans ouverture pour d’autres. Prenons pour point de départ celles qui proviennent du Golfe Arabe/Persique, région du monde qui connait des mutations profondes depuis fort longtemps. Émettons, par exemple, l’hypothèse que des organisations caritatives financées par les gouvernements commanditent à leur tour elles financent, au vu et au su de tous, la constitution de groupes de mercenaires islamistes qualifiés de ‘’djihadistes’’. Ces derniers sévissent partout dans le monde. Ils causent ainsi des tords irréparables aux populations agressées. Sur un tout autre plan, ces mêmes monarchies arabo-islamistes soudoient des organisations économiques et industrielles occidentales sous forme d’achat de produits et de service. Des alliances entre pays sont ainsi tissées alors qu’elles sont contre nature : l’Arabie Saoudite couche avec les USA et Israel ; son protéger, le Qatar avec la France et l’Iran peine à sortir du Khomeynisme mais se fait bien des amis en Europe.
Un nouveau monde et de nouveaux paradigmes
Seconde hypothèses validée depuis longtemps. Dans les espaces des puissances coloniales du siècle dernier des demandeurs d’asile humanitaire, des réfugiés, des immigrants, des migrants et même ‘’des refoulés qui reviennent’’ surfent sur la ligne de démarcation entre la fin des colonies et le début des indépendances. Ils forment de nouveaux groupes communautaristes, les uns plus dogmatiques que les autres. Des musulmans et surtout ceux natifs de ces pays, vivent des problèmes
d’appartenance identitaires et exportent leur pseudo combat contre ‘’la colonialité’’. Mais tous sont mal préparés à s’adapter aux sociétés qui privilégient les libertés individuelles selon des règles bien établies pour organiser le vivre ensemble en toute intelligence. Ils sont poussés à ‘’se communautariser’’ et s’inspirent de l’Islam rigoriste, de faux Hadiths[2] ou de vrais mais sortis de leur contexte et en ils en usent pour nourrir les idées des individus vulnérables qui rêvent d’un monde islamique à jamais révolu. De nouveaux prédicateurs s’autoproclament leaders en chefs de ‘’LA’’ communauté musulmane et impactent l’organisation sociétale par leurs propos en déphasage total avec les aspirations des citoyens. Mais rien, absolument rien, dans leurs discours ne met en valeur les instruments du rapprochement que sont les changements technologiques, l’apport des sciences et des savoirs multiples et divers, les arts et la littérature, les sports et l’écologie. Parmi leurs thèmes de prédilection, la femme est au centre de leurs préoccupations et reste le sujet ‘’le plus abhorré’’ mais aussi le plus commenté, pour toujours la réduire à une ‘’chose’’, à une machine de reproduction.
La laicité et les islamistes 
Les islamistes le clament haut et fort la laicité n’est pas compatible avec l’Islam, ils la qualifient de ‘’Kufr’’, c’est à dire d’incroyance, de blasphème si ce n’est d’athéisme. Celui qui se dit laic est par conséquent athée. Tout athée est punissable de la peine capitale comme le sont tous les apostats. Heureusement, que tout à l'opposé de cette ligne extrémiste, un chercheur, islamologue et lucide, le défunt Malek Chebel a plaidé pour un « islam des Lumières[3] », notion qui donne son titre à un de ses derniers ouvrages. Comme pour instruire les intégristes de tous bords, il assène qu’‘’associer l'islam aux Lumières c’est abonder dans la relation déjà inscrite dans la dynamique amorcée au XIXe siècle et poursuivie par les nombreux réformistes qui ont voulu changer le visage de cette religion en s'appuyant sur le travail de la raison’’.
La laicité et les musulmans
Les musulmans ne forment pas un groupe monolithique ils sont organisés sur une matrice en segments placés les uns à côté des autres, indépendants mais aussi reliés par cinq[4] piliers auxquels tous adhèrent sans aucune divergences. Cependant, à l’intérieur de chaque silo les valeurs, les principes, les codes de vie, les pratiques et les références aux écoles de pensées jurisprudentielles, aux dogmes et aux identités locales sont à quelques éléments près différents par leurs contenus et leurs formes. Dans le monde les laïcs musulmans sont nombreux. Ils vont dans le même sens que des penseurs Algériens, Tunisiens, Marocains et Égyptiens, parmi une pléiade d’autres penseurs musulmans, qui se sont penchés sur la problématique de cette compatibilité de la laïcité et de l’Islam. Au cours des décennies Mohamed Arkoun[5] et Malek Chebek[6] ont été les plus éclairants. Le premier a relevé que ‘’la laicité est une valeur à défendre y compris pour le monde musulman, sous réserve de la nécessité de prendre en compte les spécificités de cette culture et de son histoire. Cette défense de la laïcité, s'accompagne ainsi de la critique d'une certaine tradition historique, plus particulièrement la française. Si la laïcité peut s'exporter son histoire ne peut l’être. Il souligne que la conscience collective musulmane actuelle ne connaît pas cette rupture psychoculturelle, qu'on constate depuis au moins le 19ième siècle, dans l'Occident sécularisé’’. Bien entendu, Mohamed Arkoun a exprimé des réserves en précisant que ‘’Pour sauver le monde musulman de ses démons et le sortir de ses impasses, il est essentiel que l'islam accède à la modernité politique et culturelle’’.
La laicité au Québec
Au Québec, tant que l'État n’a pas pris position en faveur des valeurs fondamentales du pays, la question de la laicité a été, est et sera pour un long moment critiquée. Le gouvernement ne doit pas, par ses hésitations et des lectures à contrecourant de ce que la société attend de lui, impulser la fragilisation des assises démocratiques que tant de générations - y compris libérales - ont contribué à bâtir. S’opposer à la majorité des citoyens qui l’ont élu, c’est se positionner contre les libertés individuelles selon les règles préétablies et leurs effets sur la collectivité nationale. Nous savons que chaque être humain est éprouvé en fonction du chemin de vie qui est le sien mais nous savons aussi que la laïcité n'est pas négociable. Au Québec, l'adoption d'une charte qui l’arrime à celle des droits et libertés est plus qu’une nécessité. Elle est une exigence d’une société moderne, progressiste et égalitaire tant pour ses citoyens que pour ceux dont les pratiques extrémistes ont une influence palpable sur le vivre ensemble.
Ferid Chikhi

[2] Dits et autres commentaires ou avis du Prophète
[3]https://books.google.ca/books/about/Manifeste_pour_un_islam_des_Lumières.html?id=g2oNmwEACAAJ&source=kp_cover&redir_esc=y
[4] La foi en un seul Dieu et Mohamed son dernier prophète, la prière, l’aumône, le jeûne et le pèlerinage.
[5] Mohammed Arkoun, Algérien, humaniste, laïque, militant actif du dialogue interreligieux, les peuples et les hommes. Il plaidait pour un islam repensé dans le monde contemporain.
[6] Malek Chebel, Algérien, anthropologue des religions. Fit ses études Algérie, puis en France. À Paris il approfondit la psychanalyse. Il enseigna dans de nombreuses universités à travers le monde. Il décède le 12 novembre 2016,


Un Numide en Amérique du Nord - 378

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