9 oct. 2019

Un Numide en Amérique du Nord - 319 -

Parti Québécois : Une déclaration de principes, Oui !
Une cure de désintoxication nécessaire
Une charte explicative aussi !

Trois signes sont observés depuis le déclenchement de la campagne électorale fédérale. D’abord, le passage de membres d’un parti à un autre, d’un palier à un autre et même dans le même canal politique. Ensuite, la réorganisation du Parti Québécois et enfin une question d’ordre pratique les changements majeurs à opérer dans le cadre de cette rénovation sont-ils bien compris par tous ?
Campagne électorale et transfuges !
Dans cette campagne électorale, ce sont des ‘’spectacles’’ que d’aucuns traduiraient par ‘’shows’’ riches en couleurs que nous offrent les candidats en lice et leurs promesses pour certaines utopiques pour d’autres dérisoires. Déjà deux débats publics, l’un en français et l’autre en anglais nous disent ce que sont leurs perceptions sans pour autant cibler même des objectifs mineurs. 
La loi 21 portant laicité de l’État Québécois accaparent l’attention des partis fédéralistes. Aucun des véritables enjeux de l’heure n’a été à ce jour à la hauteur des attentes non seulement des Canadiens mais aussi des Québécois. Les attitudes des chefs de partis et quelques répliques ont fait l’image et rien de plus. Les déclarations sont toutes bâtis sur les échecs passés des uns, les propositions de succès des autres et les omissions volontaires des besoins réels des citoyens. 
Encore une fois au Québec les électeurs seront attentifs aux arguments du Bloc Québécois. Il a commencé à se singulariser par les bonnes prestations de son chef. Ses options, ses idées et ses thèses sont porteuses d’un pays qui se caractérise par sa position responsable portée par des candidats fortement résistants aux politiques sclérosantes de l’État Fédérale Canadien. Néanmoins, ses adversaires sont loin d’être à la hauteur des répliques attendues par leurs partisans. Mais du même côté de la palissade, il est fâcheux de constater que le fameux adage qui dit ‘’Préserve moi de mes ami-e-s, mes ennemis (adversaires) je m’en occupe’’ se confirme au détriment de la loyauté aux principes consacrés et aux valeurs partagées. Depuis une décennie et demie, je comprends, un peu mieux le sens donné aux ‘’libertés individuelles’’. L’une d’entre-elles m’interpelle à chaque élection municipale, provinciale ou fédérale ; il s’agit de la liberté que s’offrent des femmes et des hommes politiques qui passent d’un parti à un autre, ou deviennent indépendants, sans pour autant que cela ne gêne les électeurs qui leur restent loyaux. Cela se voit dans le passage d’un palier à un autre et sans remords, sans examen de conscience, même si des explications sont évoquées ici et là. Cela reste un manque de probité et pose sérieusement la question du niveau de conscience politique des candidats.
Le Parti Québécois veut se requinquer !
Pendant ce laps de temps, à la suite de sa défaite d’octobre 2018 et dans l’attente de son congrès extraordinaire, le Parti Québécois, a décidé de se refonder et d’opérer un remodelage. Parmi tant d’autres, quatre causes de ce changement qui se voudrait majeur, me viennent à l’esprit : une faille grossière dans la vision à long terme ; une démarche globale déviée de sa trajectoire, des dysfonctionnements dans l’organisation et enfin l’inexistence d’un texte rassembleur. Bien entendu des facteurs exogènes nocifs et persistants font partie de son environnement et à mon humble avis les candidats se laissent distraire. Alors, comment y remédier ? Le prochain congrès nous en révèlera quelques aspects.
Des suggestions ... !?
Dans l’un de mes précédents textes j’avais dit qu’à mon sens le PQ a besoin d’une véritable cure de désintoxication. Oui, il doit réformer son organisation, son fonctionnement et sa stratégie de gouvernance. Il doit aussi revoir ses liens et ses relations avec le citoyen et ses relais sociaux et économiques. Il doit choisir des hommes et des femmes qui parlent au citoyen et qui l’écoutent. Il s’agit d’une véritable opération de séduction citoyenne. Enfin, le projet de pays devra tenir compte des changements intervenus depuis plus d’une décennie au sein de la société toute entière. J’ai déjà parlé d’une déclaration de principes.
https://vigile.quebec/articles/le-quebec-l-independance-d-un-pays-et-la-liberation-de-ses-citoyens-i  
https://vigile.quebec/articles/l-independance-d-un-pays-et-la-liberation-de-ses-citoyens-ii  
Je n’avais pas fini de préciser mon idée qu’elle avait déjà été prise au vol. En fait, la reprise de volée a été, à mon sens, un échec même si du fait de sa nouveauté elle inspire bien du monde mais le processus de sa formulation est en deçà des attentes globales. Une chose est certaine c’est qu’avec des fondements solides, un objectif bien défini, des principes acceptés et conciliés, un parti bien bâti se relève vite parce que ses leaders, ses militants, ses relais sont confiants dans le contenu de son projet de société. Pour le PQ, les signes du déclic tant attendu semblent altérés par des mécanismes hérités de la période d’avant octobre 2018. Je me suis posé la question suivante : Est-ce que cette rencontre de novembre 2019 va rassurer ou au contraire va confirmer la fin d’une époque et d’une organisation qui portaient les germes de l’indépendance réfléchie par des visionnaires et des génies incompris par bien du monde ?
Le projet de déclaration de principes.
Au-delà de l’énoncé, il faut savoir que pour réussir l’indépendance du pays et lui octroyer la plénitude d’une gouvernance tant rêvée, une déclaration ne saurait se suffire à elle-même sans un texte d’explication ; une charte pour reprendre le concept consacré, là où de rigueur. On dit souvent que la précipitation est mauvaise conseillère. C’est à l’évidence ce qui arrive à vouloir combler à tout prix un vide là où une réflexion est nécessaire. Cette charte ou plateforme, comme je l’ai déjà expliqué, dans une précédente réflexion sur l’indépendance d’un pays, n’est pas l’affaire d’un seul homme ou d’une seule femme, d’un groupe de personnes ou d’une équipe. La réfléchir est une chose sérieuse et pour la réaliser cela en appelle à toutes et à tous. Elle doit rassembler, sensibiliser, mobiliser et mettre en mouvement et mener vers le but assigné. La procédure étant différente d’un groupe à une équipe, d’un militant à un sympathisant. La méthodologie doit être innovante et éviter les sentiers battus.
Les membres et les Québécoises et Québécois doivent savoir que faire l’indépendance d’un pays ne saurait se résumer à une bataille à la chefferie, à la désignation d’un leader et que la chefferie ne


saurait être le moteur de la lutte pour l’indépendance. J’ai entendu des avis au sujet du contenu du projet de déclaration de principes du PQ. Je l’ai lue. Elle porte des idées que le prochain congrès devra enrichir et que le nouveau chef devra accepter pour diriger. J’ai exprimé ma déception. Pourquoi ? Parce que faire l’indépendance d’un pays est en soi une œuvre colossale qui intéresse et concerne autant ses femmes que ses hommes et, surtout si elles et ils mettent de l’avant le devenir des générations futures. Le chef ou la cheffe doit être partie prenante de cette plateforme du début à la fin. Et surtout s’imprégner et incarner le cadre de références du texte explicatif, dont il/elle devra en connaître les moindres coutures, le moindre mot, le moindre objectif, la stratégie de développement celle du changement, les perspectives, les liens à organiser et à tisser avec toutes celles et tous ceux, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui ont un mot à dire sur le devenir du Québec actuel en un Québec indépendant. C’est dire combien une déclaration de principe précède une charte explicative qui à son tour anticipe et encadre le programme politique. Le congrès de novembre 2019 sera-t-il celui du renouveau du PQ ou celui de la renonciation ?
Ferid Chikhi

30 sept. 2019

Une Numide en Amérique du Nord - 318 -


Le courage vu d’ici et d’ailleurs.

On ne quitte jamais définitivement son pays et son passé quand bien même, sous d’autres cieux choisis, on a espoir d’une vie plus sereine dans une société magnanime, ce qui s’est avéré en vivant au Québec.

Loin de ce qui fut mon chez moi, j’ai pour habitude de partager tout article traitant des droits des femmes avec mes amies restées en Algérie. C’est notre façon de continuer notre militantisme commun. Je n’oserai jamais comparer leur engagement militant en Algérie, même si le terrorisme a disparu, à mon militantisme ici au Québec et surtout au Canada.

C’est ainsi que je leur fis parvenir l'article sur les Raptors de Toronto qui nous informait que ceux-ci lançaient avec Nike un hijab à leur effigie et faisaient l’apologie de l’équipe féminine de basketball, les ‘’Hijabi Ballers’’. La lecture du contenu leur a semblé ahurissant du fait qu’il présentait le voile comme un vêtement avant-gardiste, alors que nous le définissions en Algérie comme notre étoile jaune, car entaché de sang. Leurs réponses furent unanimes pour rejeter la définition du mot ‘’courage’’ employé outrageusement dans l’article pour parler de femmes qui ont décidé de définir leur vie selon des critères qui s’inscrivent dans une tradition islamiste. Est-ce qu’on adjoint systématiquement le qualificatif de ‘’musulmanes’’ à ce groupe de femmes voilées afin de stigmatiser toutes celles qui, musulmanes, ne portent pas le voile? Ce voile dit islamique, mais qui n’a aucune existence dans le Coran.  Mes amies, restées en Algérie, m’ont rappelé avec tristesse et émotion qu’il fut un temps où le mot courage définissait unanimement la résistance au quotidien des femmes algériennes face à l’intégrisme islamiste qui sévissait durant la décennie noire des années 90. En ce temps-là, moi aussi, je vivais en Algérie et partageais cette terreur. Le courage avait un autre visage que celui de l’équipe féminine de basketball des ‘’Hijabi Ballers’’ encensée par les Raptors. Le courage avait le visage de Katia Bengana assassinée à la fleur de l’âge-17ans- pour avoir refusé de porter le voile de l’islam politique, comme étendard du salafisme et du wahhabisme. Elle sortait du lycée et son instruction menaçait l’idéologie de son assassin. Elle croquait la vie à pleines dents alors que son bourreau glorifiait la mort. Le courage avait le visage de Ratiba Hadji, professeure à l’École d’architecture et d’urbanisme qui fut assassinée en 1995 dans sa voiture pour avoir refusé le diktat des fous de Dieu. Il n’était pas permis d’être femme et d’enseigner dans un domaine dit masculin.

Malgré cette menace permanente,

Le courage avait le visage de Yasmina Drici, 27 ans, du journal Le Soir d’Algérie, kidnappée et égorgée parce que femme, journaliste et non voilée. Ses assassins la qualifiaient de dangereusement armée, car elle savait manier le stylo aussi bien qu’ils maniaient le couteau qui lui trancha la gorge.  

Ici au Québec, le courage a aussi le nom de cette adolescente de Victoriaville qui osa désobéir à sa famille en dénonçant un mariage forcé. Elle a vite compris qu’au Québec elle avait droit à une protection contre le diktat familial. Le courage porte le nom de la jeune Saoudienne Rahaf Mohammed Al-Qunun fuyant famille et pays au péril de sa vie.

Le courage ce sont ces femmes iraniennes qui défient l’obligation du voile et se retrouvent 
condamnées à la prison, voire au fouet. Le courage ce sont ces femmes dites musulmanes de toutes origines qui ici même au Canada vivent sous menace permanente de l’orthodoxie religieuse et de la pression communautariste. Le courage ce sont ces femmes saoudiennes* qui ont décidé de se promener dans les rues de Ryad têtes découvertes et cheveux au vent sachant que chaque pas peut leur être fatal. Le courage a le nom de toutes ces femmes vivant dans ces pays où la religion est force de loi et le patriarcat est le mode de vie imposé à toutes les femmes, celles qui survivent à un quotidien oppressif. Le courage a le nom de toutes ces femmes vivant dans des sociétés qui leur sont hostiles parce que nées femmes, avec un sexe féminin, et qui chaque matin prennent le risque de ne jamais pouvoir retourner chez-elles le soir après avoir passé une journée à travailler pour nourrir toute une famille. Malgré cette menace permanente, elles ne baissent pas les bras et affrontent la folie des lâches se barricadant derrière leurs textes religieux au nom d’un Dieu punitif, vengeur et misogyne. Et pourtant ce sont ces mêmes hommes qui violent et assassinent les femmes sur terre et qui rêvent de soixante-dix vierges au paradis. +De là où nous sommes, pour toutes ces femmes courageuses et lumineuses, soyons solidaires de leur combat contre l’obscurantisme.

Interdisons-nous de porter Nike et toute autre marque qui promeuvent le patriarcat et le sexisme.

Un geste élémentaire pour nous mais fondamental pour ELLES.

Leila Lesbet,

Québécoise et militante féministe universaliste.

Un Numide en Amérique du Nord - 378

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