27 nov. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 81 -

De quelques caractéristiques des Algériens -3-
‘’Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens...’’

Comme à son habitude Le Numide, s’échappe dans une interruption dont lui seul sait mesurer l’espace et le temps. Méditation spontanée et momentanée, coupure avec le monde extérieur ou temps de répit ?! Pour celui qui ne le connait pas, la première impression est qu’il somnole ou qu’il dort. le regard presque figé mais en réalité ce sont les meilleurs instants de réflexion qu’il consacre à faire un retour dans les moindres recoins de sa mémoire vive ou encore pour approfondir une idée en allant chercher des liens avec des faits, des repères, des évènements oraux ou écrits qui serviront à argumenter ou confirmer son commentaire ou son opinion. Lorsque j’ai abordé avec lui le sujet en lien avec les codes culturels et identitaires il m’a seulement dit ‘’écoute, il faut toujours avoir à l’esprit cette capacité qu’ont eu nos mères et nos grands-mères pour se rappeler de cette multitude d’informations qu’elles ont reçues dés leurs prime enfance et qu’elles ont su nous transmettre en faisant les liens pertinents avec le vécu du moment’’.  Il poursuivi en soulignant que ‘’beaucoup d’entre elles n’ont pas été suffisamment à l’école ou pas du tout mais je sais, par exemple, qu’en ce qui concerne ma mère, elle a eu des enseignants au primaire mais pas de professeurs ou de maîtres agréés. Le plus et le mieux qu’elle a appris l’a été par l’oralité et la pratique familiale que l’on qualifie d’éducation...’’ Mais toutes les femmes de sa génération sont passées par ce chemin… !? ‘’Certes, oui, mais elle avait en plus de la mémoire ce don particulier de raconter des histoires avec une modération et une pondération tout à fait remarquables ; elle savait les amarrer à la réalité mais aussi en les faisant vivre comme si c’était arrivé la veille ; je n’oubli pas qu’elle avait cette prédisposition à retenir absolument tout ce qu’elle entendait ou voyait, tout ce qu'elle écoutait ou touchait en améliorant la transmission mais sans jamais le montrer ou en faire part. Je pense juste à l’organisation de notre confort intérieur ou à ce que certains qualifient de gastronomie, pour elle cela relevait des arts culinaires… Le Numide se tait un instant et reprend, les plats qu’elle savait confectionner, les friandises et les douceurs et autres gâteaux qu’elle façonnait et avec quel art !? Elle n’a pas appris ça à l’école… Elle l’a appris grâce à ses aptitudes, à ses facultés d’observation, à son sens de l’organisation, à l’exercice appliqué à tout ce qu’elle a reçu de ses aînées et à sa mémoire. C’est cet ensemble de critères qui a fait d’elle une mère merveilleuse. Le Numide, éclaires moi un peu !? Je ne vois pas où se le sujet de notre conversation c'est-à-dire les codes culturels et la manière de les décrypter !? Détrompes-toi, bien au contraire, tout part de là, de cette initialisation du concept d’éducation, il y a un vieil adage algérien qui dit ’Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens...’’ tes origines et celles de ta famille, votre histoire famililale, celle de ton ascendance influent sur tes attitudes, sur ton comportement, sur ce que tu fais, sur tes actes, tes implications, ta façcon d'agir. Ils reflétent ton éducation et tes apprentissages sociaux. Ce n'est qu'après que survient le facteur scolaire. Mais, ne dit-on pas que ‘’les études influent sur ton caractère et ce que tu es!?’’  C’est un plus mais pas tout…
 À suivre
Ferid Chikhi

18 nov. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 80 -

De quelques caractéristiques des Algériens -2-
… L’ignorance d’un patrimoine millénaire et civilisationnel.
Le Numide reprend sa réflexion en mettant en exergue le fait que la problématique de fonds pourrait, après une question,  se résumer comme suit : Sais-tu qu’en l’espace de 60 ans il y a eu deux grandes périodes qui ont a vu la disparition de pans entiers de générations en pleine maîtrise de leurs forces ? C’étaient d’abord, celles de la lutte pour la libération nationale, entre 1954 et 1962, des centaines de milliers de jeunes âgés pour certains d’à peine 15 ans, forgés à l’école du patriotisme, ce fut ensuite celles des années ‘’90’’, formées par une école algérienne multidisciplinaire, ouverte sur l’universalité. Multidisciplinaire et surtout démocratique. À t’entendre émettre cette réflexion il ya eu des changements qui ne te conviennent pas !? C’est vrai et je suis convaincu que la majorité des algériens de mon âge pensent comme moi. Ce que nous déplorons le plus c’est qu’en raison des politiques sclérosantes et notamment celle de la généralisation forcenée de la langue arabe, sans analyse préalable, sans plan d’action agencé, sans politique de transition et de remplacement, alors comme le dit l’adage ‘’ils ont fini par jeter le bébé avec l’eau du bain’’. Mais le pire, à mon sens, a été cette volonté idéologique de tout niveler par le bas. Le résultat a été catastrophique. L’utilisation à fortiori consciente de deux vecteurs, à la fois, divergents et contradictoires a mené l’Algérie d’une éducation nationale post indépendance ouverte sur les sciences classiques et modernes, les mathématiques, la philosophie et la littérature, à un semblant d’école d’où la lecture du livre a disparu et n’a même pas été remplacée par l’utilisation basique de l’ordinateur. Cette école algérienne est passée de l’ouverture sur le monde que beaucoup de pays nous enviaient à une institution ‘’chétive et sclérosante’’. Une école qui forme le futur citoyen sans capacité avérée de raisonnement et de réflexion universelle. A l’heure de la mondialisation, c’est encore aujourd’hui une école qui continue de cultiver l’aliénation de la mémoire et n’offre aucune perspective alors que ses tenants prêchent l’ignorance d’un patrimoine millénaire et civilisationnel. L’homme nouveau que les pères fondateurs de la révolution de  Novembre et de Frantz Fanon avaient pensé et réfléchi est certes né ; il est là ; mais il n’a pas les contours qu’ils escomptaient pour lui.  Quelle en est, selon toi,  la conséquence ? Tu veux dire, les conséquences, parce qu’il y en a plusieurs. L’une d’entre elles est la perte de plusieurs niveaux dans le classement international de la recherche, de l’expérimentation, de la prospective, etc. Une autre, et pas des moindres, est la fuite des cerveaux au point où l’intelligentsia s’est soit ‘’cloîtrée’’ soit ‘’aliénée’’ et le résultat premier est qu’il n’y a plus de créativité, pas de création, pas d’innovation, pas de trouvaille, pas d’invention. Ce qui montre on ne peut mieux que la liberté de penser est inexistante. Par conséquent, le changement est un concept qui ne fait plus partie du vocabulaire de l’école et de l’université.     
A suivre
 Ferid Chikhi

9 nov. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 79 -

De quelques caractéristiques des Algériens -1-
Le Numide, au cours de quelques-unes de nos rencontres tu m’as parlé des codes culturels et de la manière de les décrypter, tu m’as aussi fais part des réflexions que tu as faites sur le profil et la personnalité de l’Algérien, j’aimerais bien que tu me cites quelques-unes des caractéristiques principales que tu as retenues ?
Il est vrai que bien avant mon arrivée au Canada alors que je m’occupais de formation et de communication dans une organisation politique, j’ai fais appel à des amis pour réfléchir sur le profil en devenir de l’Algérien après la décennie noire et des effets de cette décennie sur les attitudes et les comportements, des séquelles de l’intégrisme et du terrorisme, des conséquences des politiques gouvernementales sur une population dont 70% n’avait même 35 ans. Mais il serait fastidieux de mettre de l’avant tous les détails de cette réflexion.
Tu peux au moins me parler de quelques contours ou de points marquants que tu as relevé ?
Vois-tu, ce qu’il y a d’extraordinaire c’est que dés le début j’ai observé que nous n’aurons pas un seul profil ou du moins une seule fiche d’identification des caractéristiques partagées ou communes mais bien plus ; j’avais estimé qu’il faudrait prévoir au moins une demi douzaine ...  Comment cela ? Peux-tu être un peu plus précis ? Bien sur, il faut comprendre que les personnes que j’avais réunies venaient d’horizons divers, bien que toutes fussent algériennes et de souches profondément autochtones.
Comment as-tu pu dés le départ déterminer cette tendance ?  Je dois dire que pour des considérations tout à fait subjectives j’ai fais appel à des amis que j’appréciais pour leur ouverture d’esprit et leur disponibilité. Toutefois, au fur et à mesure que les premières discussions se déroulaient je me suis rendu compte que même s’ils étaient des militants démocrates ils portaient en eux, je dirais, des différences dans l’approche des problématiques collectives. C’était une forme de diversité marquée par une affirmation de soi qui tenait compte à la fois de leurs origines régionales et familiales, de leur éducation, de leurs perceptions des aspects de la vie de tous les jours et de leurs façons de s’exprimer propre – pour ne pas dire à chacun – à la région d’où ils provenaient.
Le Numide se tut quelques instants et son regard se figea comme attiré par un souvenir lointain…
A suivre
Ferid Chikhi  

28 oct. 2010

Un Numide en Amérique du Nord - 78 –

...Vivre entre deux pays ...
Le Numide, lors de notre dernière rencontre tu m’as dis que l’exil c’est aussi vivre entre deux pays. L’un a vu ton départ l’autre ton arrivée. Le premier devient un rêve à réaliser le second est une nouvelle réalité. Tu m’as aussi parlé de ton ami Furenso qui a fait une description poétique de l’exil veux-tu m’en parler ?
Le mieux c’est de lire ensemble ce poème. Qu’en penses-tu ? Sans attendre le Numide commence la lecture...
 Les deux jardins


Je sais deux jardins,
L'un est en haut,
L'autre  en bas
L'un est doux
L'autre  sauvage.



La terre d'en bas est tendre,
Celle d'en haut je ne peux la fendre.
Dans le jardin d'en bas
Des fleurs somptueuses et, des fruits délicieux
Y croissent par centaines
Celui d'en haut n'offre
Que quelques fleurs aux parfums rares
Et des fruits acides qui excitent l'envie.




Le jardin d'en bas est mien,
Celui d'en haut,
Je l'ai découvert à l'abandon,
En braconnant par hasard,
J’ai poussé sa porte entr'ouverte,
Il m'a ébloui,
J’en ai arraché une ronce
Pour la planter en bas,
Elle en est morte
Pour avoir eu trop d'eau.
Mon jardin est à vendre,
Je veux celui d'en haut !
Je préfère mille fois
Me piquer les doigts
Que de cueillir sans peine
Des fleurs sans parfum
Et des fruits sans graines !

Oh ! Mon beau jardin d'en haut !
Si tu le veux, je te protègerai
Contre les chacals et les vautours.
Pour que nul ne te piétine plus jamais,
Avec une solide chaîne,
Je fermerai ta porte à double tours
Et dans ta terre dure et chaude,
J'userai ma bêche en bois d'olivier.
Furenso Fracachi,
Avec l’aimable autorisation de l’auteur

Un Numide en Amérique du Nord - 378

  Pour un Québec émancipé et indépendant ! La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !? Depuis quelques mois, les discussions vo...