1 oct. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 167 -

La souveraineté du Québec Utopie ou
instrumentalisation intellectuelle ? -1-
Alors que beaucoup de souverainistes ont la conviction que l'identité et la culture  québécoises 
forment la cuirasse (face et dos) protectrice de leur mémoire collective, les fédéralistes conviennent qu’il s’agit là d’une définition élaborée par des élites intellectuelles et qu’elle n’est pas appropriée pour le Canada. Cependant, ces mêmes élites sont convaincues que cette cuirasse résistera aux coups de boutoirs, à l’évidence redondants, des fédéralistes, dans un contexte où la langue française autant que la culture qu’elle véhicule sont comme deux béquilles sans lesquelles le Canada n’existerait plus.

Depuis moins de trois semaines, c’est par intermittence que les annonces chocs font réagir les oppositions néolibérales et leurs groupes économiques affiliés qui ne manquent pas d’exprimer leurs inquiétudes et afficher leur panique suite au coup de barre à gauche impulsé par le gouvernement Marois.
Un grand nombre d’observateurs semble s’accorder pour souligner que même si les unes comme les autres sont indissociables ne serait-ce qu’en raisons des choix stratégiques qu’elles véhiculent, les promesses économiques de ce programme sont mises de l’avant alors que celles en rapport avec la souveraineté sont temporairement mises sous l’éteignoir.
Cela ne m’empêche pas de revenir sur cette idée qui a été centrale au cours de la campagne électorale péquiste et que beaucoup évoquent en fonction d’appréciations parfois singulières.
J’admets avec raison que la vraie problématique de la souveraineté m’échappe en partie même si je m’y intéresse depuis plus de dix ans. Ces dernières semaines, ma curiosité en ce qui concerne la problématique sociale m’a incité à interpeler deux amis ‘’québécois’’ se qualifiants tous deux ‘’de souche’’ et affirmant des visions opposées et antagoniques sur le maintien du Québec au sein du Canada ou sa séparation du ‘’Rest of Canada (RoC)’’.
Mélanie, originaire de l’Estrie, affiche les conditions et les arguments favorables à la souveraineté. Gilles, natif du Sud Ouest de Montréal, dit être favorable au statuquo et par conséquent au maintien de la Province au sein de la Confédération Canadienne. Ce qui suit est la synthèse d’une conversation, que j’ai voulue sereine et tranquille, arrangée afin que chacun à sa manière me fasse part de ses convictions en la matière.
Cela s’est passé, dans un espace ouvert situé sur le Boulevard St Laurent, artère principale, frontière – presque virtuelle – entre l’Ouest et l’Est de Montréal. Terrain neutre, le lieu se trouve physiquement du côté Ouest et appartient à un québécois d‘origine algérienne, marquant avec un sourire narquois sa neutralité dans ce type d’échanges.
Pour témoigner mon intérêt à l’idée de la souveraineté je leur ai proposé de m’en parler autour d’un thé, accompagné de douceur bien de chez-moi. J’ai introduis la discussion en évoquant le fait que cette idée est considérée par beaucoup comme étant dangereuse et agressante, pendant que d’autres la dépeignent comme étant une nécessité absolue et n’hésitent pas à l’afficher et à l’exhiber chaque fois que nécessaire. Elle est latente, parfois commentée comme ésotérique par celles et ceux qui n’y voient pas leur intérêt et de toute évidence soumise à une volonté farouche d’étouffement par les fédéralistes.
Une nation sans pays ça ne compte pas …
J’ai tenté d’expliquer à mes deux interlocuteurs que je souhaitais comprendre et apprendre un peu plus sur ce projet de sortir la Province, où je suis venu m’installer, du reste de la confédération. Quels seraient les gains d’une aussi totale et complète autonomie qui séparerait la population en deux grands groupes opposés, divergents, à la limite antinomiques ?
Chacun y est allé de ses arguments. Historiques (Québec Province du Canada distincte depuis 1867), économiques (Hydroélectricité, énergies renouvelables, aérospatiale, technologies de l’information), politiques (autodétermination, choix du peuple), géographiques (superficie, réserve d’eau, immensité des forêts, exploitation du bois, etc.) et surtout culturels et identitaires (le fait français, etc.). ‘’Les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni’’ a décidé le 27 novembre 2006, la Chambre des communes du Canada. ‘’C’est déjà un premier pas vers l’objectif final’’, soutiendra Mélanie.
Ferid Chikhi

20 sept. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 166 -

La démocratie québécoise est elle soluble dans la francophonie ? 

Nous y sommes, le gouvernement du Québec est à présent connu. Un gouvernement avec plus d'hommes que de femmes - 15 pour 8 – et nous pouvons, sans risque de nous tromper, dire qu'il s'agit de femmes et d'hommes qui non seulement ont les compétences nécessaires et suffisantes pour orienter la marche du Québec vers le renouveau mais aussi celles de pouvoir communiquer à la fois avec les citoyens, les autres paliers gouvernementaux et les oppositions multiples qui vont se dresser sur leurs parcours. Il est évident que la réussite de ce gouvernement dépendra du style de gouvernance qu'imprimera la première Québécoise devenue Premier Ministre de la province.
Ce qui est à première vue extraordinaire suite aux dernières législatives -‘’ceteris paribus’’ - ‘’toute chose étant égale par ailleurs’’ - c'est que la démocratie québécoise a livré quelques énoncés de son fonctionnement considérant les parties en lice et les influences aussi bien endogènes qu'exogènes. Elles sont riches en enseignements à même d’être profitables à d’autres nations, d’autres pays et d’autres institutions régionales et internationales.
La manière dont s'est déroulée la campagne électorale d'août/septembre 2012 laisse penser que la démocratie québécoise est soluble dans la francophonie et pourrait servir de modèle pour des pays devenus indépendants mais toujours sceptiques vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale française.
Elle (la démocratie à la québécoise) est à même de constituer un vrai modèle d'apprentissage pour les pays qui usent de la langue française pour communiquer entre eux et avec le reste du monde.
Cependant, il est navrant qu’exception faite de la vie politique Française, très suivie dans les pays de la francophonie, celle du Québec est méconnue. Pourtant, elle gagnerait à être mise de l'avant et pourrait devenir une source d'inspiration pour ces pays à la recherche d'une référence fonctionnelle et progressiste. C’est là un créneau que Mme Marois aura avantage à initier et à développer. Est-ce le rôle et la mission dévolus au tout nouveau ministre des relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur, M. Jean-François Lisée ? Cela est possible et il devra faire la preuve que la propulsion du Québec dans cette voie est un gain incontestable au moment où va se tenir la conférence de la Francophonie au Congo.
L’activité non seulement des échanges entre les hommes et les femmes politiques, le lien avec les citoyens, mais aussi la manière dont ils appréhendent et vivent la définition et la signification du concept de tolérance, celui de l'occupation de l'espace d'expression culturelle et identitaire. Ils sont tout à fait singuliers au Québec et pourraient être adaptés pour les besoins d’autres pays.
Au moment ou les mutations mondiales atteignent leurs plus hauts niveaux de tolérance, les activités d'échange et d'écoute, fortement appréciées pour la compréhension des différentes politiques partisanes couplées à la reconnaissance de l'autre et au respect des résultats des suffrages exprimés ainsi que le choix des élus par les électeurs ... etc. font que la démocratie québécoise - que d’aucuns considèrent comme l'une des plus novatrices et par conséquent des plus avancées du monde occidental - est exportable vers des pays à la recherche d'un équilibre politique et démocratique.
Ferid Chikhi

14 sept. 2012

Un Numide en Amérique du Nord -165 -

Législatives au Québec - 2012
 Richesse des enseignements Et sens commun
À la veille de la désignation du nouveau gouvernement péquiste et comme je l'ai déjà souligné dans d'autres réflexions, le paysage politique du Québec poursuit sa mue. Plusieurs facteurs majeurs ont modifié les enjeux mis de l'avant par les formations politiques, la société civile et les autres acteurs principaux au Québec et dans le reste du Canada. Quels sont les enseignements clés que peuvent en tirer les différentes formations politiques ? Comment peuvent-ils favoriser les progrès sociopolitiques au Québec?
Ce qui suit est un essai de réponse à ces deux questions. Au-delà de l'acte violent, commis au Métropolis dans la nuit du 4 au 5 septembre 2012 et de ses répercussions tant immédiates que futures sur les institutions Canadiennes en général et Québécoises en particulier ainsi que sur les citoyennes et citoyens du pays.
Personne ne peut nier qu'en l‘espace d’un printemps et d’une campagne électorale, le sens commun a imprégné une façon nouvelle de faire la politique. Cela se vérifie parce qu’il a imposé ‘’une anesthésie politique'' aux promesses principales des partis en lice - la souveraineté et la charte de la laïcité pour le PQ, la création des 250.000 emplois pour le PLQ, la suppression des commissions scolaires et de l’agence de la santé pour la CAQ, la gratuité de l’éducation nationale et l’élimination de la suprématie de la Loi sur les mines pour QS - la durée de cette insensibilisation pourrait être de 12 mois et plus et dans la limite de 18 mois.
Une autre conséquence du vote contre le gouvernement sortant est observée dans l'espace de la gouvernance qui s'est subitement refermé sur un statuquo que les acteurs du changement ne souhaitaient pas maintenir tel quel, et en considérant leurs calculs à long terme, parce qu'il restreint leurs actions.
Selon les différents angles de lecture de tout un chacun, deux constatations peuvent être mises en exergue, c’est en premier lieu la non réélection du chef du gouvernement dans son propre territoire malgré la préservation de 50 sièges au parlement et forcément une course à la chefferie.  À ce stade de la réflexion, deux tendances majeures de la vie politique libérale sont ainsi observées, d’une part - et quoiqu'en disent les médias acquis à la cause fédéraliste, ses propres militants et son chef sortant - le parti libéral n'est plus en bon état parce que miné par de fortes présomptions de corruption que les travaux de la commission Charbonneau pourraient confirmer. Des dissidences apparaitront au grand jour dans les semaines qui vont suivre et elles influeront sans aucun doute sur le choix du nouveau chef de ce parti. Bien entendu ses élus feront de sorte que cela ne paraisse pas.
C’est en second lieu, le programme gouvernemental du Québec devra être, revu et mis au gout du jour par une équipe péquiste qui aura à mettre de l'avant au moins deux atouts : des qualités intrinsèques de gouvernance pour mener à bien la gestion des affaires courantes et des compétences en prospective afin d'appréhender autrement l'avenir.
Par ailleurs les objectifs du gouvernement Marois gagneraient à être revus et adaptés en tenant compte de facteurs endogènes et exogènes difficilement maîtrisables. Par exemple poursuivre la mise à niveau de la loi 101 mais en procédant à une révision de la méthodologie de prise en charge pour éviter les manifestations de rejets exprimés par une partie des poches d’expression anglophone du Québec. Un second exemple réside dans la nécessaire réflexion pour améliorer l’image du PQ et de ses rapports citoyens afin de passer le projet de loi sur la laïcité et notamment en rassurant ou pour le moins en gérant les groupuscules actifs des minorités culturelles les plus en vue.
Pour la partie exogène, il s'agira essentiellement d'harmoniser ou encore concilier le contenu des résolutions pour la souveraineté avec les attentes de tous les concernés, du fait que la simple expression d'un projet référendaire attise les tensions et provoque des réactions que ce soit ici au Québec ou dans le RoC.
Il est aussi impératif de réfléchir à un plan de communication plus adapté aux besoins de l'heure. Ce qui aura pour mérite d'agir en suivant deux voies convergentes, la première pour éviter que ne se reproduisent des actions spontanées ou réfléchies de la part d'individus ''politiquement qualifiés de solitaires et auteurs d'actes isolés'' ainsi que les réactions épidermiques des médias anglophones ; la seconde pour mieux gérer l'image et les relations avec d'abord avec la majorité de la population québécoise et ensuite avec les média véritable courroie de transmission vers le citoyen indécis. Il faut dire que l’une des plus grandes entraves à la souveraineté restera toujours la façon la meilleure pour ''apprivoiser le RoC'' toujours réfractaire à l’égard de la pensée souverainiste pourtant légitime à plusieurs égards.

Un Numide en Amérique du Nord - 378

  Pour un Québec émancipé et indépendant ! La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !? Depuis quelques mois, les discussions vo...