17 janv. 2019

Un Numide en Amérique du Nord - 305 -


Dans le propos qui suit, j’énonce trois éléments qui, selon ma perception, constituent des obstacles sournois à la formalisation de la laïcité. Le premier de ces éléments a trait au serment de citoyenneté Canadienne couplé au second qui concerne la ‘’contrainte’’ de sujétion à la Reine d’Angleterre que prêtent les immigrants, et qui finit par influer inconsciemment sur leur état d’esprit. Ce qui, au Québec, en fait un écueil à leur intégration, entrave leur acceptation de l’identité et de la culture françaises et alimente les défiances envers les valeurs de la société d’accueil. Parallèlement à ce cadre de référence, le troisième élément est l’idéologie islamiste. Elle forme un front anti-laïcité avec les multiculturalistes Canadiens et la nouvelle gauche radicale fortement noyautée par des courants islamistes.  
Sujet ou citoyen ou citoyen et sujet ?
Pour étayer une partie de ce qui précède, j’ai réfléchi aux causes visibles qui nourrissent l’opposition que rencontre la laïcité au Québec. Je me suis rappelé ma prestation de serment pour la citoyenneté Canadienne. À ce moment particulier de mon ‘’appropriation’’ de ma nouvelle citoyenneté, j’ai ressenti une violente agression morale contre les libertés pour lesquelles j’ai opté. Trois questions me sont venues à l’esprit : d’abord en tant que musulman, comment pourrais-je accepter d’être sujet de la Reine d’Angleterre qui est gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre ? Ensuite, quelle posture devrais-je adopter dès le moment où sans en prendre la mesure, j’ai apostasié l'Islam par un serment de sujétion à cette Reine d’Angleterre ? Par extension, je me suis demandé si les autres immigrants de foi chrétienne catholique, hébraïque et autres Bouddhiste, hindouiste ressentent la même violence et si ce n’est pas le cas, pensent-ils que leur parjure va avec leur foi ?
Des amis, arrivés avant moi au Québec, m’ont suggéré de ne pas m’en offusquer et d’oublier ce serment. Je suis resté dans le doute pendant quelques mois avant de me libérer de cette problématique en la reléguant dans une case mémoire même si elle est toujours prégnante. Pour m’autoriser ce ‘’rangement en mémoire’’, j’ai fait un exercice de lecture.  J’ai revisité, entre autres, le passage du Traité de l'Autorité Politique de Spinoza, où il écrit : « Les hommes ne naissent pas citoyens, mais le deviennent ». Je suis donc devenu citoyen d’un pays qui m’a offert de l’être, après cinq ans de pratique, d’adaptation, d’apprentissage. C’est ‘’un privilège (!?)’’, m’a-t-on dit, il faut acquérir. J’ai aussi relu quelques passages du dictionnaire philosophique) d’André Comte-Sponville, qui définit le citoyen comme ‘’ le membre d’une Cité, en tant qu’il participe au pouvoir souverain (autrement il ne serait que sujet) et lui est soumis (sans quoi il serait roi). Il peut exister...’’.  
Enfin, je me suis rappelé Jean Jacques Rousseau qui met en évidence le fait que ‘’ Le citoyen est un être éminemment politique qui exprime non pas son intérêt individuel mais l'intérêt général. Cet intérêt général ne se résume pas à la somme des volontés particulières mais le dépasse’’. L’intérêt général, personne n’en disconviendra, c’est bien dit et cela devrait réveiller quelques bien-pensants qui interviennent régulièrement dans le débat sur les deux thèmes essentiels qui monopolisent l’attention des citoyens. Le premier constitué autour des trois fondements que sont l’identité, la culture et la langue du Québec. Le second concerne l’Islamisation rampante que des activistes islamistes voudraient imposer aux communautés musulmanes et aux nouveaux convertis. 
Cela s’observe spécifiquement au Québec où nous assistons, avec le concours de multiculturalistes Canadiens, à une banalisation et à un dévoiement des fondements qui structurent ces deux thèmes tout en minant les acquis sociétaux de la Révolution Tranquille.  En effet, depuis plus d’une décennie le triptyque identité, culture, langue française subit un recul sans précédent, alors même que, concomitamment, le multiculturalisme et l’islamisme accroissent leur présence au sein de la société Québécoise. Bien entendu, pour compléter le portrait général, il faut considérer avec attention le grenouillage des apprentis sorciers de la gauche radicale en perte de sens.
L'urgence d'un cadre législatif pour la laïcité
Avant de clore ce propos, je reviens à l’idée première à savoir les causes de la stagnation du processus menant à la formalisation de la laïcité. En fait, je me demande si la laicité fait peur aux gouvernants du Québec et du Canada et quelles seraient les causes de cette peur ?
Selon bien des analystes sérieux, le sécularisme offre une place privilégiée aux religions par leur intervention dans la vie des sujets tout en diluant leurs identités multiples sous les signes et symboles religieux et en reléguant au dernier rang leur citoyenneté. Omettant de signifier que les religions ne reconnaissent qu’une seule liberté individuelle, celle de se soumettre au verbe divin ou encore comme le dit Emile Durkheim : “ La religion n'est pas seulement un système d'idées, elle est avant tout un système de forces. ”C'est dire que tout en optant pour la neutralité des institutions et non des employés du service public le sécularisme est favorable à ce que les ''fidèles''  puissent exprimer leurs convictions religieuses et surtout afficher leurs signes et autres symboles religieux.
En revanche, pour d’autres, la laïcité est un produit clé en main, donc achevé et bien ancré dans leur esprit parce qu’il décline l’identité sous toute ses facettes, et notamment celles qui deviennent communes à toutes et à tous. Pour eux, il suffit de légiférer afin que le cadre de références mette sur le même piédestal les religions tout en les excluant de la gouvernance des affaires publiques et des citoyens. Ce qui est vrai dans un État de droit. Néanmoins, une loi, quel que soit son champ d’application, exige souvent une longue préparation, une bonne compréhension et surtout un partage de ses principes. Dans le cas de la mise en œuvre de la laïcité, cela dure depuis une décennie. 
Une grande majorité de Québécois ont décidé de faire confiance au gouvernement de François Legault. Dès lors, le processus législatif doit être accéléré pour mettre les pendules à l’heure, sans quoi, au nom du sacro-saint respect des minorités, le multiculturalisme aidant, les disparités, les spécificités, les singularités importées dans leurs bagages culturels et intellectuels, les agissements sociaux et politiques de bien des immigrants mettront à mal l’espace commun et public.
Ferid Chikhi

18 déc. 2018

Un Numide en Amérique du Nord - 303 -

Depuis plus d’une décennie les débats sur l’identité, les valeurs du Québec et la laïcité dans les espaces institutionnels et publics s’invitent régulièrement comme pour maintenir le citoyen en veille stratégique. Le Premier Ministre du Québec, vient d’annoncer qu’il est plus que jamais décidé à fermer ce dossier au plus tard en juin 2019 même s’il sait qu’il est déjà confronté par des oppositions conjoncturelles.
Une identité et des valeurs stables
Dès le début de mes pérégrinations au Québec, j’ai été impressionné par les noms des saints donnés aux rues ainsi que par le nombre d’églises éparpillées, ici et là, comme le sont les milliers de mosquées en Algérie. Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces églises sont vides. J’ai cherché à comprendre et la réponse a été globalement la suivante : Depuis la Révolution Tranquille, la religion a été ‘’ tassée ’’. Le taux de pratique est très bas et seuls quelques aînés continuent de vivre leur foi sans faire de bruit.
Dans une précédente réflexion intitulée une déconfessionnalisation inachevée n’est pas la laïcité[1], j’ai évoqué brièvement des aspects de l’histoire du Québec en rapport avec l’église, j’ai, notamment souligné, que selon ma perception la Révolution Tranquille a été le creuset de la construction d'une nouvelle identité nationale québécoise et une rupture décisive entre l'Église et l'État, mais dans les faits, si l’identité et les valeurs sont, à quelques exceptions près, assez stables, il n’en demeure pas moins que des remises en question récurrentes, se font entendre. Elles fissurent l’édifice fragile de la laïcité naissante et une idéologie mortifère en pleine expansion tente de la requalifier. 
De mon cours de sociologie j’ai gardé l’enseignement suivant : l’étude d’une société n’est pas seulement une problématique avec des hypothèses mais un champ d’observations avec des évolutions et des stagnations sociales mais aussi des ancrages à des dogmes qui souvent sont des freins à sa progression ; il y a aussi et surtout des acteurs politiques, culturels et  sociaux; et plus ils sont libres dans l’expression de leurs pensées et de leurs actes plus cette société est harmonieuse, mais lorsque les acteurs cultuels sortent de leurs champs d’intervention ... apparaissent des contingences qui en perturbent et amoindrissent la modernisation.  
Avec cette réflexion en tête, j’ai lu, j’ai participé à des débats, j’ai écrit et j’ai toujours été confronté à d’autres questionnements en lien avec la définition des concepts, de la terminologie, du mode de pensée et de la mentalité au Québec. Venant d’ailleurs, j’ai compris qu’ils répondent à d’autres schémas de lecture que les miens et qu’ils mènent à des jugements de valeur. Par conséquent, j’en ai déduit qu’au Québec, le Christianisme a été réduit mais trois valeurs sociales forment un héritage bien ancré dans la population : la solidarité, la générosité et le partage, y compris celui du territoire. 
Cependant, en raison d’un multiculturalisme imposé, celui-ci fait beaucoup de place aux autres religions et à leurs pratiquants venus d’Amérique Latine, d’Asie, d’Afrique et du Moyen Orient. Néanmoins, il est aussi un entrebâillement par lequel s’invitent subrepticement des activistes fanatisés, qui pour se rendre visibles, n’hésitent pas à judiciariser leurs relations avec la société d’accueil, arguant des libertés individuelles au point d’ébranler la cohésion sociale.  J’ai pris le parti de revisiter les thèmes en lien avec la religion, avec la laïcité et d’échanger avec mes amis Québécois et j’ai mis le tout sous l’équation suivante : même si le multiculturalisme est fortement remis en question en Europe, celui du Canada n’est pas conciliable avec la laïcité alors qu’il l’est avec le sécularisme. J’en ai aussi déduit que si le sécularisme et la laicité sont presque antagoniques, l’interculturalisme Québécois est compatible avec la laïcité.
Sécularisme, le mot est lâché ! 
Dans le même processus de réflexion, une question m’est venue à l’esprit : est-ce que les Québécois, font la distinction entre la sécularisation et la laïcité ou au contraire sont-ils dans la confusion ? Il me semble que jusqu’à nos jours, la réponse est teintée d’un amalgame généré par la rectitude politique C’est-à-dire éviter toute formulation pouvant heurter certains groupes communautaristes.
À vrai dire, hormis quelques intellectuels, les membres et les sympathisants du Mouvement Laique Québécois (MLQ)[2], de l’Association des Humanistes du Québec[3] et des Libres Penseurs et Athées[4], qui discernent la nuance entre les deux concepts, les autres ne semblent pas en avoir pris conscience. Rappelons, ici, que selon bien des références, la sécularisation est apparue comme le changement profond qui a accompagné presque tous les secteurs de l’activité et de la pensée humaine pour immigrer du religieux vers le civique et que dans ce cadre, la laïcité délègue l’État pour empêcher l’influence des religions dans l’exercice du pouvoir politique et administratif
Bien entendu, la laïcité est une forme de sécularité. Elle prétend réguler au nom de l’universalisme. Mais, nous disent des philosophes, il ne faut pas confondre le sécularisme (anglicisme) qui est un synonyme d’athéisme mais aussi une sécularité dans les pays anglo-saxons et scandinaves où les religieux ne participent pas au gouvernement ; il n’empêche que leur avis est régulièrement sollicité et pris en compte.  
En démocratie, il peut exister des contraintes. Cela veut dire que des volontés et des idées même anachroniques et contradictoires peuvent s’exprimer publiquement, non seulement, au nom des convictions de leurs porteurs mais aussi à partir d’un universel qui contraint le débat lui-même. Toutefois, s’il n’y a pas de consensus, peut-on être en accord avec ceux qui tentent au nom de cette même démocratie d’empêcher les autres de s’exprimer ?
L’exemple du projet visant à pénaliser ceux qui critiquent l’Islam en les accusant d’Islamophobes ou porteurs de discours haineux, en est le parfait exemple. Peut-on tolérer l’intolérable ? C’est là que réside la difficulté de se laisser dire et imposer n’importe quoi par n’importe qui sachant que seule la voix de la majorité s’impose. 
La démocratie est-elle soluble dans le religieux ?
Par ailleurs, nous ne pouvons ignorer le moment où ces concepts sont utilisés à convenance au gré des biens pensants et des groupes déviants. La laïcité est rejetée par les deux juste pour qu'ils soient sous les feux de la rampe.
A titre de rappel, nul n’ignore qu’en Islam, il n’existe pas de clergé et que par conséquent ce qui pourrait convenir au Christianisme peut ne pas l’être pour les autres religions ; si l’on ajoute l’impossibilité d’avoir une représentation collective unique des musulmans, sauf s’ils se présentent comme citoyens dans les institutions démocratiques, on comprend mieux pourquoi la laïcité et les acquis sociétaux doivent absolument être préservés des risques ravageurs de l’Islam politique.
Dans leurs démarches multiformes, des illusionnés religieux, profitant de l‘entrisme et de l’activisme des islamistes, s’érigent à réduire l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, à supprimer la mixité, à reformuler les programmes scolaires … à adapter le système de sélection des candidats par les institutions et les entreprises, et finalement à assortir à leur seule conception les relations sociales et bien d’autres aspects du vivre ensemble. En fait, ils ciblent tout ce qui fait la société québécoise c’est-à-dire la nation, la citoyenneté, le développement social harmonieux initié depuis début de la Révolution Tranquille.

Comment faire face à ces menaces ?
Bien entendu, il existe des solutions et la première réside dans le changement du discours politique que doivent tenir les représentants des citoyens et autres officiels en exigeant des ‘’autoproclamés représentants’’ des musulmans de prêcher pour leur mosquée et de ne plus le faire pour toutes les mosquées …  De le faire pour leur association, leur groupe de citoyens … La deuxième réponse concrète réside dans la mise à jour des politiques d’intégration des immigrants qui datent du siècle dernier.  Une troisième solution est d'ordre pédagogique et consiste à expliquer les nuances entre le sécularisme anglo-saxon du reste du Canada et la Laicité du Québec.
Dans cette perspective, rappelons qu’au Québec, en particulier là où le rôle de l’église a été ‘éloigné’’ pour des raisons historiques telle que l’immixtion généralisée dans la vie privée des citoyens. La déconfessionnalisation a fait son cheminement mais n’a pas atteint tous les objectifs assignés par la Révolution Tranquille, notamment la formalisation de la laicité.  Elle a rencontré sur sa route une opposition sournoise des multiculturalistes pancanadiens (incluant tous leurs intégristes) et aujourd’hui celle des islamistes venus des pays arabo-musulmans, d’Europe, en particulier de France et qui malgré leur ignorance de la réalité sociopolitique du Québec sont favorables non pas à la laicité mais au sécularisme.  
En 2019, sous l’équation précitée, le Québec connaîtra de chauds débats en matière d’affirmation de son identité, et de deux choses l’une, ou il cède et se plie au multiculturalisme ou, en adoptant la laicité, il tient tête et s’affirme comme nation distincte.
Pour clore ce propos, je souhaite un joyeux noël et d’heureux moments pour 2019 à tous les Québécois ainsi qu’à tous ceux qui sont venus d’ailleurs pour intégrer cette belle société d’accueil.

Ferid Chikhi 

4 déc. 2018

Un Numide en Amérique du Nord - 302 -

Le propos qui suit n’est pas pour relater l’évolution du féminisme - universel ou occidental - alors que partout dans le monde ‘’la dynamique des actions populaires « #BalanceTonPorc », « #Metoo », « #TimesUp », « #MetooIndia « #NiUnaMenos » et « HollaBack! » bat son plein depuis le 25 novembre 2018 et se poursuivra jusqu’au 10 décembre de la même année. Le slogan principal étant « Tous UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » est Orangez le monde : #ÉcoutezMoiAussi.[1]
Le contenu de cette réflexion est un essai de réponse à la question que se posent bien des sociologues, des anthropologues, des politologues et des observateurs des sociétés occidentales sur l’intrusion par effraction de ce qui est qualifié de ‘’féminisme islamiste’’. Ses militantes le justifient comme étant un féminisme distinct.
À l’évidence et sans aller dans le détail cela confesse d’une stupidité à laquelle seuls les islamistes nous ont habitués et qu’ils sont les seuls en mesure de déployer en s’infiltrant insidieusement dans le monde des organisations sociales, les universités et les centres de recherches et, même dans les écoles primaires, avec le soutien silencieux et le laxisme de gouvernants corrompus idéologiquement. Avant de poursuivre, il faut noter qu’en 2018, parler de féminisme n’est plus l’apanage des femmes. Je suis féministe et membre de Pour le droit des Femmes du Québec (PDFQ). Comme tous les autres membres masculins de cette organisation, je n’y ai pas le droit de vote, mais ma voix compte. Mon propos est écouté, pris en considération et avec attention par toutes et tous les autres membres.
Le voile dans la tradition vestimentaire
Le témoignage suivant se veut un prélude au reste de ma réflexion : Au début de l’indépendance de l’Algérie, alors que les premières combattantes revenaient des maquis, je découvris, sans grand étonnement, qu’elles ne portaient pas le voile traditionnel. Ces combattantes étaient habillées à la ‘’ française ‘’ comme l’étaient les jeunes filles qui allaient encore à l’école et celles rarissimes qui travaillaient.
Dans ma petite ville natale de l’Est Algérien, j’ai intégré le fait que le voile qu’il soit blanc - Hayek - ou noir - Mlaya - que portaient les femmes était un élément de préservation de l’intégrité morale des
femmes mais aussi une ligne rouge à ne pas dépasser par les autres, les hommes.  Deux fonctions dont le caractère symbolique n’échappait à personne : la première mettait en évidence l’élégance et ne réduisait en rien la féminité de celles qui le portaient. La seconde était sociale. Cependant, ces deux fonctions constituaient une sorte de frontière à la fois délicate et robuste qui séparait la spécificité de la société Algérienne de souche et la société coloniale. Une forme de société biculturelle. J’ajouterais que les femmes hors des grands centres urbains (campagne et montagne) portaient un foulard, juste pour préserver leurs cheveux de la poussière. 
La mode régressive du hijab
À cette époque, durant les deux premières décennies après l’indépendance, le hijab ne faisait pas partie du paysage vestimentaire Algérien. Le début de son apparition remonte au milieu des années ‘’80’’. Deux questions m’étaient venues à l’esprit : qu’est ce qui a fait que l’Algérienne se soit mise à porter cet accoutrement, et, qu’est ce qui pouvait justifier ce changement qui allait, au fur et à mesure que le temps passait, finir même par scinder la société en deux ?
Un souvenir me vient à l’esprit, ceux qui étaient appelés, les Afghans - mercenaires Algériens qui s’étaient rendus en Afghanistan - dès leur retour au pays, s’étaient attelés à imposer à leurs sœurs, à leurs mères, à leurs épouses, ce bout de tissu. La fanatisation qu’ils ont subi devaient être transmise et imposée aux femmes de leurs familles et de leur proches entourage (cousines, voisines, etc.).
À la même époque, quelques pseudo érudits avaient justifié le port du hijab par son utilité : ‘’…cache-misère pour celles qui n’avaient pas les moyens de s’acheter des vêtements neufs ou encore vêtement confortable puisque les mains étaient libres alors qu’avec le Hayek et la Mleya ce n’était pas le cas...’’ Bien entendu, le commun des intégristes ajoutait qu’il préservait la pudeur de la femme. Pour la contradiction, je n’évoquerai même pas celles qui, ici, au Québec, le portent au demeurant avec un maquillage inapproprié.
La féministe islamiste
En Europe et même ici au Canada et au Québec, une autre problématique est apparue depuis une dizaine d’années. Il s’agit du changement de la sémantique : le concept de la fanatisation a été
remplacée par un concept plus généraliste et soft, celui de la radicalisation, d’autres concept sont tout simplement évacués parce que trop révélateur de l’intolérance des islamistes à l’égard des Québécois (Islamophobie[2]). Mais, personne n’ignore que le voilement des femmes est le premier acte de leur soumission mais aussi de la régression de pans entiers de la société. Nous savions que les effets et les dommages collatéraux de la confrontation entre le Wahhabosalafisme, le Khomeynisme et la fraternité islamiste, bien entretenue par les Étatsuniens et leurs alliés, seraient dégradants pour les femmes dont le statut a toujours été précaire dans les sociétés arabo-musulmanes. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, il n’y a pas eu à ce moment-là, de féminisme islamiste pour améliorer le statut des musulmanes et s’opposer aux dérives imposées par leurs hommes au nom de l’idéologie qu’ils véhiculent.
Un grand nombre de celles qui ont absorbé le ‘’venin’’ de l’une des trois idéologies islamistes, n’ayant pu s’ériger contre les dictateurs de leurs pays d’origine, ont suivi leurs hommes en Occident.  Déjà fanatisées, et refusant de s’intégrer à leurs sociétés d’accueil, elles se sont organisées pour se présenter comme victimes d’un système social qu’elles accusent de ‘’chosifier’’ la femme. Elles exigent aussi des droits et des valeurs, encore une fois islamistes, en faisant valoir l’idée que le féminisme n’est pas seulement occidental, il est aussi islamiste. Seulement, une lecture active de ce féminisme dévoile qu’il est un cheval de Troie véhiculant l’islamisme victimaire.
Rappelons-nous de cette étude réalisée, en 2015, par le ministère algérien de la santé en collaboration avec l’UNICEF[3] ; elle mentionnait que 59 % des femmes algériennes estiment qu’un mari a « le droit de frapper ou de battre » son épouse. Ahurissant n’est-ce pas !? Faut-il penser que cette proportion existe ou est la même dans la communauté féminine d’origine Algérienne vivant au Québec ? Où se trouve le centre de prévention de la radicalisation ?
La citoyenneté avant tout !
En tout état de cause, et l’histoire nous l’apprend, seules les féministes œuvrant pour le respect des valeurs d’égalité, de partage et de progrès, mobilisent et sensibilisent les populations, y compris celles des pays musulmans, afin que la citoyenneté soit la seule et vraie institution égalitaire de toute société laïque. Je me souviens d’un cours de philo sur le doute, qui s’était conclu par ce qui suit : Se
questionner c’est douter, douter c’est chercher si une autre explication existe. Pour revenir à mon propos initial, je me suis demandé comment une Nord-américaine, une Canadienne ou une Québécoise, une Européenne, une Française, une Allemande ou une Espagnole … ferait la différence entre une musulmane et une féministe islamiste, considérant que chacune se réclame de son islamité ? Bien entendu, pour moi, la réponse était simple : l’une porte le hijab, elle est islamiste et ensuite citoyenne, c’est une militante convaincue de l’Islam politique ou ignorante de cette qualité mais la porte sur sa tête ; l’autre est d’abord citoyenne et ensuite musulmane. Or, rien ne les distingue si ce n’est le voile de la première.
Cette divergence m’amène à dire que je suis convaincu que dans une société de tolérance et de progrès telle que celle du Québec, seule l’institutionnalisation de la laïcité constitue le fluide de nature à préserver sa cohésion et son harmonie tout en consolidant le bien vivre ensemble. Cela signifie que tant que les gouvernants n'auront pas légiféré pour implanter et enraciner la laïcité, le Québec restera dans l’impasse, et les clivages qui divisent la société en plusieurs silos hermétiques, se multiplieront.
À l’instar des islamistes qui les mettent en avant leurs féministes usent de la stratégie de l’infiltration et du noyautage pour adopter des thématiques médiatisées par les féministes progressistes laïques, elles faussent ainsi les effets des indépendances acquises à force de sacrifier les acquis universels pour lesquels bien des Québécoises et des immigrantes se sont battues depuis des décennies. Pour les islamistes, femmes et hommes, il n’y a pas de laïcité, de liberté et d’égalité s’ils n’ont pas les devant de la scène pour imposer leurs vues et leur fanatisme.
Ferid Chikhi



[1] http://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/take-action/16-days-of-activism
[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1139029/journee-contre-haine-intolerance-reclamee-29-janvier-tuerie-mosquee-quebec
[3] https://www.huffpostmaghreb.com/2015/06/10/violence-conjugale-algeri_n_7552472.html

Un Numide en Amérique du Nord - 378

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