4 avr. 2012

Un Numide en Amérique du Nord -144-

La Numidité plus une  mobilité  qu’une stabilité -2-
Il reste qu’il existe une relation et une continuité indubitables entre les multiples espaces, les univers, par exemple celui de l’air et celui du liquide ou encore celui d’un monde clos et celui d’un monde ouvert. Comme de bien entendu il en existe entre l’univers solide donc tangible, palpable, matériel tel que la terre et celui intangible, immatériel et impalpable tel que celui du temps.
De même, il existe des facteurs déterminants mais en apparence contradictoires, d’une part la stabilité et d’autre part la mobilité ; autant, le premier est nécessaire pour s’ancrer ou se fixer, s’implanter ou s’établir, s’installer et s’enraciner autant le second l’est pour partir, marcher, se déplacer, quitter, se mouvoir, voyager, cheminer, progresser, parcourir, se propulser, fuir ou encore se déraciner.
Cela peut être la caractéristique du voyageur, du pèlerin, de l’homme en mouvement, celui d’un Numide qui vit l'instant qui le mène d'un lieu à un autre, avec cette force qui le caractérise et dont il use pour aller de l'avant tout en préservant son passé. Un Numide vit ces situations de façon tout à fait naturelle.
Par ce mouvement, il fait une rupture avec la constance, la stabilité, la permanence. Cette mobilité le définit, le distingue et le singularise. C’est à travers elle qu’il est en équilibre. Cependant, toujours, il laisse derrière lui un peu de son passé récent. Il le laisse à la nature qui s’en charge, le fige, le modifie, lui donne la forme que le temps lui imprime et le fossilise en tant que de besoin.
La force du Numide est à la fois dans l'appropriation du moment passé et de l'espace dans lequel il vit mais aussi dans la distance qu’il parcourt et qu’il insuffle à sa personnalité. Il renaît par cette mobilité constante qui l’invite à vivre sa ‘’Numidité’’ tout en préservant son authenticité et sa pérennité.   
Ferid Chikhi

29 mars 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 143-

La Numidité une naissance toujours renouvelée -1-
 J’ai déjà évoqué les guides qui nous formulaient des  recommandations pour notre descente en rafting d’un point de la rivière rouge à un autre situé quelques kilomètres plus loin. Ils nous invitaient à porter un gilet de sauvetage, des espadrilles et ils nous dispensaient quelques rudiments de flottaison du genre ‘’recroquevillez-vous, comme l’est le bébé dans le ventre de sa mère, position fœtale ! Vous devez savoir nager !‘’. Sur le moment une question m’était venue à l’esprit mais je l’ai vite évacuée tant elle me paraissait déraisonnable : comment peut-on à la fois se recroqueviller en position fœtale et nager ?
À vrai dire, lors de cette petite formation, j’ai intégré le conseil segment par segment, tenant compte de ce que les guides nous avaient dit auparavant ‘’si le radeau se renverse agissez comme on vous le dit en ce moment et tout se passera bien’’. En fait, ils auraient du exiger que ceux qui veulent faire cette activité doivent savoir nager et si le radeau se renverse, il faut d’abord se recroqueviller pour remonter à la surface grâce au gilet de sauvetage et ensuite nager.
Ce n’est que plus tard que je fis le lien entre la position fœtale et la natation. J’ai toujours intégré le concept de la natation comme étant d’abord et avant tout celui de savoir flotter, de savoir se tenir dans l’eau mais la tête en dehors, de nous mouvoir vers l’avant.
Nous savons que nous venons au monde, après avoir baigné dans un monde clos contenant un peu de liquide. Nous avons tous flotté dans le ventre de nos mères mais sans en sortir jusqu’à l’heureuse bienvenue. Nous nous dégageons d’un espace fermé où nous étions immergés en toute sécurité. Nous vivons à notre naissance notre premier déracinement. Nous nous extrayons pour évoluer vers un monde d’incertitudes et de risques que nous sommes loin de pouvoir évaluer, apprécier et anticiper.
Ferid Chikhi

16 mars 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 142 -

Qu’est ce que le risque, qu’est ce que l’incertitude ? -4-
‘’Numidité’’ V/o Déracinements
Amélie Notomb est une auteure Belge prolifique, née au Japon qu’elle a du quitter pour se rendre en Chine.  Elle dit à ce sujet  qu’’’elle quitte le  pays de la beauté pour se rendre à celui de la laideur’’. Je ne saurais en dire autant de l’Algérie et du Canada – les deux pays sont magnifiques - mais dans les faits autant pour elle que pour moi, le début d’un exil c’est aussi celui d'une incertitude.
La différence entre les deux, parce qu’il est bien entendu qu’il en existe au moins une, et seulement à ce niveau de l’expérience de vie, réside d’une part, dans le fait que pour elle, il s’agissait de subir les déplacements professionnels de son père, diplomate de fonction, elle décrit cette ‘’Numidité’’ comme autant de déracinements successifs qu’elle qualifie de  ‘’nomadisme culturel qui décuple sa curiosité et renforce sa précocité’’, et à ce stade de la réflexion il importe aussi de souligner que ses besoins ne sont pas les miens ; d'autre part en ce qui me concerne, il s’agit d’une autre sédentarité différente de celle que j’ai connue par le passé qui était bornée par des lois, des principes, des règles et des références qui empêchaient toute évolution, tout progrès, toute autonomie spontanée et innée. Un cadre de références sclérosant et rebutant.
Ma nouvelle sédentarité est sans frontières. Elle se décline selon une conception ‘’Khaldounienne’’ des temps modernes, c'est-à-dire, à quelques éléments près, c'est à dire la poursuite de la recherche d’un espace de liberté et d’une mobilité selon mon bon vouloir sans contrainte d’aucune sorte dans un espace d'évolution, de progression et d’accroissement sans limitations.
Dés lors, je n’ai plus pensé que ma perception ou ma propre conception du risque pouvait être à la fois entravée et amplifiée par des facteurs subjectifs donc humains et même culturels ou conjoncturels. C’est en vivant ces deux expériences de sports extrêmes que sont le rafting et le traineau à chiens que j’ai fais un parallèle avec certains évènements du passé, le mien et celui de mes proches.
J’ai le souvenir de cette insouciance que nous affichions et que d’autres qualifiaient de désintéressement ; il s’agissait plus d’un entrain, d’un enthousiasme perceptible sans que cela ne soit une passion.  Une chose est certaine c’est que nous nous assurions que cela nous convenait, nous plaisait, nous satisfaisait et même nous contentait. On appelait cela l’insouciance enfantine. Pourtant j’en conviens c’était dans beaucoup de cas risqué et incertain. 
Ferid Chikhi

9 mars 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 141 -

Qu’est ce que le risque, qu’est ce que l’incertitude ?
‘’On ne peut risquer que sa vie.
Et si on ne la risque pas, on ne vit pas’’ … -3-
En janvier dernier pour compléter mon apprentissage culturel Canadien je me suis hasardé à faire du traineau à chiens. Une expérience passionnante et à vrai dire dangereuse parce qu’elle exige une maîtrise d’au moins quatre paramètres : ‘’Se faire accepter par la meute de chiens ''Huskies'', savoir conduire cette meute, avoir une bonne condition physique et savoir anticiper le chemin à suivre sur un terrain inconnu, droit par moments et tortueux par endroits. Le tout se fait sans se laisser mener par la meute’’. 
Devenir ‘’Musher d’un jour’’ c'est-à-dire conducteur de traineau occasionnel semble de prime à-bord aisé mais dans les faits c’est tout un art que l’on peut maîtriser si le coach qui vous l’enseigne discerne distinctement que les ‘’Huskies’’ vous acceptent et que vous êtes en situation de dominer le tout - traineau, attelage de chiens et conduite - c’est là que se situe la clé de la gestion du risque et de l’incertitude.
C’est savoir que des paramètres que vous ne contrôlez pas sont en adéquation avec certaines de vos aptitudes ou vertus ‘’imperceptibles’’. Vous le ressentez encore plus lorsqu’en conduisant vous devez négocier un virage qui arrive vers vous à vive allure et que vous devez le faire en toute sécurité, non seulement pour vous mais aussi pour les chiens et le plateau du traineau où se trouve votre compagne. Mieux encore vous devez intégrer au moins trois qualités majeures des ‘’Huskies’’ que sont leur capacité physique de tirer le traîneau, leur endurance pour parcourir la distance voulue et la vitesse nécessaire pour le faire.
Ça devient fascinant lorsque vous avez terminé le parcours et que vous évaluez votre prouesse sachant que vous avez relevé le double défi de vous dépasser et de maîtriser à la fois le risque et l’incertitude.      
Les optimistes pourraient être ainsi en accord avec Diderot qui a  dit ‘’la joie est dans le risque à faire du neuf’’ ou encore avec Bernanos qui souligne que ‘’l’espérance est un risque à courir’’.
À contrario les pessimistes seraient en phase avec Amélie Notomb écrivaine Belge Francophone.  Elle a soutenu qu’’’on ne peut risquer que sa vie. Et si on ne la risque pas, on ne vit pas’’. Je la cite parce que je trouve son parcours fort intéressant par certains de ses aspects.
 À suivre
Ferid Chikhi

3 mars 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 140 -

Qu’est ce que le risque, qu’est ce que l’incertitude ?
Sports extrêmes et facteurs humains … -2-
Le caractère concevable du risque existe dès lors qu’une probabilité de sa survenance est réelle. Il peut être fort, moyen ou faible. Il est tellement vraisemblable qu’il se rapproche de l’incertitude.
Le facteur humain a-t-il sa place dans une telle situation ? Je réponds sans détour par l’affirmative. Existe-t-il un facteur culturel dans une telle situation ? Je réponds là aussi par l’affirmative. Je m’explique, lorsque l’on veut prendre un risque, certaines mesures sont prises - pour le rafting - les guides avertissent des aléas de la descente. Ils invitent les partants à porter un gilet de sauvetage, des espadrilles et ils dispensent quelques rudiments de flottaison - recroquevillez-vous - disent-ils - comme l’est le bébé dans le ventre de sa mère, position fœtale, vous devez savoir nager ...
Lors de la décennie noire nous connaissions les risques d’être ciblés par des tueurs sortis - j’allais dire du néant - d’une voiture en stationnement en face de la porte d’entrée de l’immeuble ; ou encore, tapis dans l’ombre des recoins des cages d’escaliers. Nous savions que chacun d’entre nous était une cible potentielle de ces Tangos (terroristes).
Nous vaquions à nos occupations habituelles dés la sortie du domicile et jusqu’au retour à ce même domicile en restant vigilants, l’œil aux aguets, parce que dans l’intervalle, tout pouvait arriver malgré la prudence affichée par tout un chacun. Nous avions appris à décoder le non-verbal des personnes que nous croisions. Nous évitions de nous placer dos à la porte d’entrée des restaurants, des cafés et des autres lieux publics oû l'on prenait place.
L’attention était soutenue. Les habitudes de vie avaient été modifiées. Malgré cela beaucoup se sont fait avoir ; ce fut le cas du regretté Said Mekbel*, ravi aux siens alors qu’il était face à la porte du restaurant où il se prenait un moment de répits.
En fait, chaque fois que le facteur humain intervenait c’était le début d’un changement dans les habitudes de vie, dans nos attitudes et même dans nos comportements. Souvent nous baissions la garde. Souvent cela a été fatal. Nous devenions un peu moins vigilants et par conséquent plus vulnérables. Là, une question se pose : est-ce le début d’un risque ou celui d’un péril ? De toute façon que ce soit pour l’un ou pour l’autre les conséquences sont potentielles dangereuses. À ce niveau de la réflexion tout est théorique mais dans les faits tout ce qui est rationnel n’a pas sa place sauf l’incertitude et le hasard.
À suivre
Ferid Chikhi
*Journaliste et directeur de la rédaction du quotidien algérien : Le Matin

24 févr. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 139 -

Qu’est ce que le risque, qu’est ce que l’incertitude ?
Des sports extrêmes … -1-
Il est reconnu par celles et ceux qui l’ont pratiquée que la définition du risque à facettes multiples. Difficile à cerner comme notion je me risque à avancer que c'est un imprévu parfois indésirable, mal appréhendé, anodin et malgré tout peu probable mais sa survenance vous prend au dépourvu même s’il peut être connu il se distingue du hasard ou de l’incident il est souvent dangereux pour l’intégrité physique et mentale.
C’est au Canada que j’ai réellement intégré et interprété les risques que j’avais pris, comme un grand nombre de compatriotes durant les années ‘’90’’, en m’impliquant dans la vie militante et politique alors que des dizaines d’amis journalistes (Abderahmani, Djaout, Cherkit, Mekbel …), de dramadurges-écrivains-artistes (Djaout, Alloula, Medjoubi, Maatoub ...), de médecins (Belkhenchir, Boucebsi), de hauts cadres (Senhadri, Boukhobza, Faci…), des hommes de loi (Fardheheb...), et bien entendu de femmes collégiennes (Katia Bengana...), des enseignantes, infirmières, policières … étaient fauchés par les terroristes intégristes aujourd’hui ‘’pardonnés’’ par une loi abusive de réconciliation sans que justice ne soit rendue aux victimes.
Généralement, on pèse le pour et le contre d'une action. On fait un pari en connaissance de cause. On accepte un risque en fonction de l'évaluation que l'on fait de la situation et du contexte. Néanmoins, je sais que la notion de risque est à la base d'une prise de décision à la fois rationnelle et impulsive innée.
C’est au Canada que j’ai réellement compris cette notion en descendant, dans une euphorie sans limite, en radeau pneumatique (rafting), sur une distance de 12 km, la fameuse rivière rouge, située dans les Hautes Laurentides. Je connaissais le nom de cette rivière depuis que j’avais vu le film d’Howard Hawks avec John Wayne, Montgomery Clift et Joanne Dru.
Mais j’étais loin d’imaginer que je serai à un moment ou à un autre devant un évènement qui ferait remonter à la surface des souvenirs douloureux. C’est là, sur cette rivière, en fait entre ou dans ses eaux, que j’ai fais le lien, à un moment précis de la descente alors que la vague m’emportant me faisait revivre avec force et une totale confusion ces moments où les amis cités plus haut étaient ''liquidés'' froidement par des tueurs sans foi ni loi. Lorsque le radeau s’est retrouvé sur ma tête j’ai vécu l’espace de 45 secondes la plus grande peur de ma vie.
Je ne sais pas comment cela est arrivé mais ce radeau s’est retourné tout en m’éjectant dans l’eau et je me suis retrouvé en dessous. Emporté par une vague d’une puissance stupéfiante, secoué, balloté, élevé dans les airs puis noyé dans les eaux, c’était une confusion totale. Les théories de Newton sur la gravité venaient d’être confirmées. Une chute, que dis-je, des chutes qui ne me laissaient pas le temps de mesurer le risque. Durant ces moments, seule l’incertitude faisait loi.
À suivre
Ferid Chikhi

8 févr. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 138 -

Pour de nouveaux espaces d’un vivre ensemble, ‘’Nous le Peuple ….’’
En toute liberté (2)
«Ma seule liberté est de rêver, alors je rêve de liberté»
Benoît Granger
Des enseignements ont été tirés par les uns et les autres à tel point que certains n’étant pas en accord avec les lois, les règles et les principes des ««plus forts»» ont cru bon penser différemment. Ils ont exprimé leurs idées sans contrainte et pour le faire ils se sont déplacés hors du cercle prescrit et créé les conditions de liberté qui leur convenaient et ce au mieux de leurs intérêts et des leurs proches.
C’est ainsi que l’Amérique du Nord a été fondée par les Pères Pèlerins ‘’The Pilgrims Fathers’’ ; dissidents anglais qui voulaient se séparer de l’église anglicane. Celle-ci les a déclarés, hors la loi. Et hors de l’ordre du temple, ils ont su édifier la puissance qui gouverne le monde d’aujourd’hui à partir de la notion d’UNION et de ces principes fondamentaux que sont, entre autres, la justice, le bien être des citoyens, la liberté individuelle et la postérité.
Dans son préambule, la constitution des États-Unis d’Amérique dispose : « Nous, le Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d'établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d'Amérique. »
Il est clairement établi que c’est sur le PEUPLE et non l’État ou les États que se fonde la constitution avec comme armature le respect des droits fondamentaux des citoyens, la séparation des pouvoirs, selon le principe du contrôle et de l'équilibre de l'un par l'autre. Cela démontre que lorsque c’est le bien être du citoyen qui est l’enjeu, les constitutions des pays avancés le mettent en exergue, à tel point que la constitution des États-Unis d’Amérique n’a connu que 27 amendements en 223 ans d’existence.
Jean-Charles Harvey - Écrivain et conteur canadien a raison de souligner que l’«on parle souvent de sacrifier la liberté de chacun à la liberté collective. Stupidité ! Il n’y a pas de liberté collective il n’y a que des libertés individuelles ».
Cette sentence prend tout son sens dés lors, qu’il a fallu s’organiser pour que la liberté de l’un n’empiète pas sur celles des autres. Des lois, des règles et des principes ont été décidés pour aménager et préserver les nouveaux espaces d’un vivre ensemble dans l’harmonie et la cohésion.
La liberté de mouvements a ainsi débuté parce que c’est le propre de l’homme d’aller de l’avant, de se mouvoir, de changer de lieux et de places pour qu’il puisse vivre dignement et honorablement, se développer et progresser. Les oligarchies prédatrices, les dictatures et les totalitarismes finissent par se heurter à la volonté de leurs peuples qui ne veulent que la paix et la justice.
Ferid Chikhi

1 févr. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 137 -

Pour de nouveaux espaces d’un vivre ensemble
En toute liberté (1)
«Ma seule liberté est de rêver, alors je rêve de liberté»
Benoît Granger
Des penseurs éclairés, des sociologues cultivés, des politiciens avisés, et bien d’autres théoriciens, définissent, analysent et expliquent la liberté selon leurs savoirs, leurs expérience en lien avec ce concept mais aussi en fonction de l’idéologie à laquelle ils se réfèrent. C’est ainsi que certains y vont de leurs citations et d’autres de leurs réflexions. Ils la partagent et la compartimentent, la dissèquent et la distribuent dans un espace que d’autres reprennent à leur compte. Cela se fait dans des limites prédéterminées qui préservent soi-disant deux paramètres essentiels : l’intégrité physique et l’intégrité morale des uns et des autres. Dans les faits, c’est tout une autre situation.
C’était dans ce sens, pour que les deux intégrités soient préservées, que la déclaration universelle des droits de l’homme dans son article premier et les articles subséquents est sans équivoque ni ambiguïté : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. Mais, combien de pays dans le monde et notamment dans le sud sont en mesure de démontrer que le contenu de cette déclaration, à laquelle ils adhèrent, est scrupuleusement respecté. 
Le nombre d’immigrés, d’exilés, de réfugiés, de déportés, etc. à lui seul est un désaveu, pour pas moins de 85%, des gouvernants de ces pays. Khalil Gibran, ce grand poète qui n’a pas vécu les affres de la seconde guerre mondiale, a défini la liberté pour les moins instruits et pour les plus instruits. Il interpelle les individus, citoyens, de ce monde en s’exprimant en des termes simples : ‘’Vous serez vraiment libres non pas lorsque vos jours seront sans soucis et vos nuits sans désir ni peine, Mais plutôt lorsque votre vie sera enrobée de toutes ces choses et que vous vous élèverez au-dessus d'elles, nus et sans entraves.
Et si c'est un despote que vous voulez détrôner, veillez d'abord à ce que son trône érigé en vous soit détruit.  Car comment le tyran pourrait-il dominer l'homme libre et fier si dans sa liberté ne se trouvait une tyrannie et dans sa fierté, un déshonneur ?’’
L’on sait que depuis la nuit des temps c’est d’abord la nature qui a imposé les limites des plus fort physiquement par l’incitation des plus faibles à se révolter pour qu’avec leur facultés mentales ils puissent s’opposer aux plus forts, à remettre en question leur suprématie et leur domination. L’intelligence, la ruse et la malice se sont imposées à la brutalité, à la bestialité, à la sauvagerie et à l’inhumanité.
À suivre   
Ferid Chikhi

22 janv. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 136 -

2012 pour un retour sur des visions et des vécus
Extraits choisis -3-
L’exil et l’appréciation du vécu…
 Le premier pas se fait dans un univers dont certaines caractéristiques nous apaisent et nous confortent parce qu’elles ont des similitudes avec celles laissées derrière soi. D’autres sont à déchiffrer parce qu’elles sont nouvelles, différentes, distinctes. Cet univers est en premier lieu celui de l’environnement social et culturel. Il change au fur et à mesure que l’on y avance. Il n’est pas le même que celui que l’on a connu. C’est par lui que débute la rencontre avec l’autre. En fait, l’autre est un binôme. Le premier, est celui qui veut nous connaître et apprendre tout de nous. Celui qui veut comprendre l’univers d’où nous venons et comment nous y avons vécu. De notre côté, nous avons le même besoin, la même soif de savoir, de découvrir qui il est.
Cependant, la problématique est complexe parce qu’une question nous interpelle, comment connaître l’autre si on n’a aucune idée de sa propre connaissance de soi ? C’est là que débute une autre aventure. Celle de découvrir qu’il existe en nous un autre individu, une autre personnalité que nous n’avons jamais cherchée à prospecter. Lorsque débute ce processus on apprend avec souvent un étonnement non feint et une profonde surprise des aspects de notre identité que nous n’avons jamais imaginé porter en nous.  Cet autre, n’est rien d’autre que soi-même avec des qualités, des défauts, des forces, des faiblesses.
À titre de repère et en ce qui me concerne ma venue au Québec, au Canada, en Amérique du Nord c’était, au début, traverser l’océan et, même si ce n’est pas par bateau, ça reste loin. C’est vivre le mythe de la liberté en terre de liberté. C’est valider que c’est possible parce que cela existe. Mais confronté aux gens du pays j’ai dû revoir ma copie et me fixer de nouveaux objectifs parmi lesquels celui de la connaissance de soi a été primordiale.  
C’est aussi faire le deuil d’un passé …
Dés l’arrivée, l’enthousiasme a vite pris le dessus et ma motivation me survoltait au point de me faire oublier mon demi-siècle de vie passée ailleurs. Ce n’est que bien plus tard en analysant mon installation que j’avais compris que ma prise de décision était différente de celles des autres nouveaux arrivants, différentes des milliers d’exilés et de ceux qui se sont rendus en Europe ou ailleurs dans le monde.
L’âge, cette emprise qui nous façonne sans que nous ne puissions faire quoique ce soit, change toute la perception de ce qui m’attendait, de ce que j’appréhendais et de ce que je cherchais. Je n’ai pas mis longtemps pour repérer, distinguer, discerner le cheminement à suivre en vue d’éviter les méandres inconnues que j’empruntais. Parce qu’il s’agissait de le faire et non pas de rester en marge. Il fallait pénétrer un monde nouveau qui malgré des similitudes avec celui de mon passé était différent. Les conditions étaient difficiles. Pour m’y adapter j’ai décidé de changer mes paradigmes en appliquant trois principes qui caractérisent l’espace social de ce pays d’accueil ; ‘’Faire le deuil d’un passé. Apprendre à mieux me connaître. Me constituer un réseau de contacts’’. Le tout fondé sur un principe propre aux Numides : ‘’Bâtir sur du neuf et Toujours partir de zéro’’. Je l’ai fais et je ne m’en plaints pas.
Ferid Chikhi

16 janv. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 135 -

2012 pour un retour sur des visions et des vécus
Extraits choisis -2-
L’individu est par essence toujours en mouvement.
La récapitulation des périodes qu’une personne franchit de la naissance à la date du changement ou encore l’élaboration du tableau bord de son expérience de vie, de son existence est, à mon sens, un moyen ou mieux encore un procédé privilégié de revoir et d’imaginer, à la fois des séquences de son passé et d’envisager quelques-unes à venir ; c’est à la fois, d’un côté, troublant et émouvant et de l’autre côté, impressionnant et singulier pour ne par dire prodigieux.
Dans les faits, j’ai fais un bilan exhaustif des 50 dernières années que j’ai vécues jusqu’en 2001 et j’ai évalué par anticipation la dizaine, un peu plus ou un peu moins, qui me restait à vivre.
Bien entendu, je n’ai parcouru que les grandes étapes ou encore les évènements privilégiés et les moments qui m’ont d’une façon ou d’une autre marqué. Donc, revoir le passé et envisager l’avenir ce sont deux démarches différentes qui ont, par endroit, des similitudes. Elles se complètent mais avec un point d’arrêt ou ce qui peut être considéré comme un espace qui les sépare et qui les relie. Comme si c’étaient les outils d’un relais … un espace de transition.
Une pensée troublante
Je me rappelle par exemple que le cimetière, comme peut être tous les cimetières, n’est pas seulement fait pour accompagner à leur dernière demeure les défunts parents ou proches connaissances, il est également fait pour aller se recueillir sur leurs tombes, les jours de fêtes, se les rappeler à notre souvenir, revisiter une histoire de vie partagée. Une tradition qui persiste seulement pour les plus récents. Pourquoi le cimetière est-il remonté à la surface ? Je ne l’ai jamais compris mais c’était une pensée troublante qui a traversé mon esprit. Était-ce l’espace où sont réunis tous ces morts et qui par le silence, parfois troublé par le vent ou une légère brise, impose son propre silence, sa paix, sa sérénité ? Je n’ai jamais réfléchi à la question mais depuis le départ de MA, ce dit silence occupe parfois mon esprit.
Pour rester dans cette logique du départ et de l’arrivée, qui ne ferait pas la distinction entre les conditions du départ et celles de l’implantation ? Cependant, dans ma pensée, l’exil, la mort, le vécu, le renouveau, sont des instants que je ne peux ni prévoir, ni prédire, ni deviner. Je peux seulement y songer. Lorsqu’on meurt, on ne prend rien avec soi. Lorsqu’on part, c’est déjà le début du renouveau. Une nouvelle vie commence à chaque pas que l’on fait vers l’avenir, le futur, l’inconnu.
Ferid Chikhi

11 janv. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 134 -

Yennayer ou le nouvel an berbère
12 janvier 2012
Assegwas ameggaz
Yennayer correspond à l'année 2962, selon le calendrier amazigh et le calendrier agraire utilisé depuis l'Antiquité par les Berbères.
Fêté le 12 janvier de chaque année, il correspond au 1er jour de janvier du calendrier julien, en décalage de 13 jours par rapport au calendrier grégorien.
Fête culturelle, c’est aussi l’une des premières manifestations communautaires connues de la civilisation berbère. Ce jour commémore l'accession, en l'an 950 av. J-C, d'un pharaon berbère, Chechonq Ier (Chechenaq en tamazight), au trône de l'Égypte antique.
Durant cette journée un repas copieux Imensi n yennayer  est servi et des festivités sont organisées avec pour symboliques la consécration du changement, l’annonce de perspectives d’avenir plus fastes et l’éloignement du spectre de la famine.
C’est aussi l’occasion d’accueillir chaleureusement les forces du bien et du renouveau auxquelles croit le berbère. Ce repas est fait de couscous avec de la viande de veau sacrifié (Asfel) ou de viande séchée (Acedluh) et de volaille (un coq pour l’homme et une poule pour la femme).
Le dessert est fait de beignets lesfenj  et de crêpes tiγrifin, de figues sèches, d’amandes, de noisettes, de dattes.
Imensi n yennayer  marque la fin des labours. C’est un repas familial et communautaire. Il invite à la communion avec les forces du bien, les génies, gardiens, de la maison à qui sont offertes des petites quantités d’aliments judicieusement déposées près du seuil de la porte, dans les coins près de la cheminée, au pied de l’olivier, à la place du métier à tisser azzetta. Celui-ci doit être impérativement fermé et remisé dés la veille, sans quoi les forces du bien s’emmêleraient dans les fils et se  vexeraient. Ce qui n’est pas de bon augure. Axxam, la maison est nettoyée et embaumée à l’aide de branche de pin et durant les trois jours qui suivent le balai fait de bruyère est caché.
Yennayer marque le retour sur terre des morts porteurs des énergies de la fécondité. C’est pourquoi il est recommandé aux femmes de ne pas porter de ceinture, symbole de fécondité. Celles qui enfreignent cette règle deviendraient stériles.
La gestuelle est ordonnée de sorte qu’elle symbolise la générosité et l’abondance. Les berbères  participants à la célébration, considèrent que par leurs actions, la protection des forces du bien est acquise pour leur communauté et son environnement.
Ferid Chikhi

10 janv. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 133 -

2012 pour un retour sur des visions et des vécus
Extraits choisis -1-
Tout ce que nous possédons aujourd’hui, nous le perdons un jour
Y a-t-il de l’espoir dans notre monde en bouleversement ? Aborder cette question aussi abruptement n’aide pas à la sérénité. Faut-il parler de faits singuliers que les médias mettent en évidence à un moment ou à un autre de la vie, au quotidien, ou d’évènements marquants qui ont un effet direct sur chacun d’entre-nous ?
’Pense aux saisons, m’avait dit mon grand oncle Smain, à l’euphorie du moment et au début de chacune d’entre-elles et ce qu’ellent charrient de bon et de mauvais succède l’incertitude et la frustration. Tout ce que nous possédons, aujourd’hui, nous le perdons, un jour, surtout lorsqu’on sait que rien ne perdure et que toute chose porte en son sein ses propres limites temporelles.’’
Identité et Personnalité
Ceux qui cherchent à apprendre et à savoir tout au long de leur existence sont différents par leur particularité de partisans du moindre effort, de moutons.
Il est une évidence que les impatients n’apprennent pas et se placent sur les bancs des médiocres et des cancres. Il faut savoir être tenace car la précipitation mène à des actions intempestives avec des résultats négatifs. Pour se faire comprendre par autrui il importe de choisir des mots appropriés, compréhensibles et porteurs du contenu que l’on souhaite transmettre. Il est évident que tout réside dans le contenu du message et la manière dont il est véhiculé. Ce sont parfois des paraboles, des allusions, des métaphores qu’il faut savoir décrypter. La symbolique étant très forte c’est avec le temps que l’on apprend le sens des mots et de leur portée et que l’on finit par se forger une identité et une personnalité.
Je fais le rêve …
Dire que les rêves des plus démunis sont faciles à combler est certes vrai, surtout que le premier d’entre eux est celui de la dignité, suivi par celui de la justice ensuite vient celui du bien être et enfin la liste se termine par celui de la paix, mais les puissants de ce monde trouvent que c’est utopique et pour leurs servants cela est inutile.
Un jour Jacques Grand’ Maison a dit :
Je fais le rêve que partout sur la terre des enfants,
Se lèvent, se dressent et crient résolument,
Arrêtez vos guerres, vous les grands et les puissants,
Arrachez la haine et la revanche de vos cœurs,
Vous tous terroristes et militaires de l’horreur
Qui humiliez, massacrez, tuez tant d'innocents. …
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 378

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