Lamine Bey Chikhi
Posté par imsat le 14 novembre 2009
http://imsat.unblog.fr/2009/11/14/osmose-batna-1983/
Il existe de par le monde des citoyens qui ne se reconnaissent pas dans les discours de certains de leurs dirigeants et de médias qui se disent indépendants de toute obédience idéologique. Quel message conviendrait le mieux pour réduire leur défiance et la canaliser pour rapprocher les sociétés et les faire bénéficier des synergies culturelles, sociales et économiques ? C'est là un défi auquel Convergences Plurielles veut participer.
Mais, parfois je doute et je me demande si la personnalité d’un peuple se fonde seulement sur le triptyque Éducation, Instruction et Culture et si l’absence de l’un de ces trois piliers ne fragilise pas l’édifice de l’identité et de l’image de ce peuple et de ses individus ?’’(…)
Ferid Chikhi
Les rues et les côtes des saints - 2 -
Un bâillon sur la langue de la vérité
Mais en ce qui concerne les Numides que reflètent ces chemins qui montent ? ’’Pour les Numides !? Ce sont les pistes qui mènent vers les sommets des collines et des montagnes qui traversent la Numidie. Ce sont par exemple ces itinéraires qui vont vers les hauteurs qui surplombent les plaines verdoyantes de la Mitidja porteuses des perles rouges et des émeraudes vertes qui pendent des vignes. Ce sont ces sentiers qui descendent ruisselants des cimes qui scrutent les hauts plateaux de Sétif et de Tiaret dorés par la couleur des épis de blé.
Les chemins qui montent dans les Aurès
Ce sont ces passages empruntés pour rejoindre les refuges inexpugnables des sommets du Djurdjura, de l’Aurès, de l’Ouarsenis, des monts de Chréa ou plus au Sud du Hoggar et de l’Assekrem à la recherche de leur paix toujours menacée par des envahisseurs, des conquérants et des colonisateurs.
Les chemins qui montent ce sont aussi les convergences d’amours parfois impossibles. Ce sont ces voies qui relient les espaces, les temps et les distances pour s’ajuster aux moments de vérité qui remplissent leur vie. Une vie parfois monotone, quelques fois sereine et souvent tumultueuse pour ne pas dire complexe.’’
Considères-tu qu’il existe des éléments communs aux deux contrées et peuples Numide et Nord Américains ? ‘’Non pas du tout. Il y a beaucoup de spécificités. Les espaces et le climat ne sont pas les même et par conséquent le temps n’est pas le même. Les distances ne sont pas les mêmes.
L’Histoire des deux peuples est différente, notamment parce qu’il y a une silence assourdissant commis par les historiens au sujet de ce que fut vraiment La Numidie. Ils ont parlé de la Grèce et de la Rome antiques. Ils ont parlé de Carthage et de la Phénicie mais ils ont occulté celle des Numides, et pire que cela, ils serrent encore plus le bâillon sur la langue de la vérité’’.
Ferid Chikhi
Mais sais-tu que par le passé, très souvent, ce n’étaient pas les nuages de pluie qui lui ont fait peur mais ceux de la poussière soulevée par les hordes conquérantes venues du Nord Est, du Sud Est et du Nord qui l’ont contraint à emprunter les chemins qui montent ? ‘’
Veux-tu dire les chemins qui mènent aux montagnes ? ‘’Non ! Il ne s’agit pas seulement de ceux-là. ‘’Les chemins qui montent’’ c’est aussi (voir le roman de Mouloud Feraoun) ce dédale qui va du sentiment que chacun a de la voie qu’il suit pour aller de sa prime jeunesse à la fin de sa vie d’adulte. Et c’est là que se marque la différence avec les autres.
L’Oratoire St Joseph à Montréal
Pour un Québécois, par exemple, ce sont, peut être, toutes ces rues et ces côtes, toutes ces villes et tous ces villages qu’il a édifiés depuis 4 siècles qui font sa fierté et qui le poussent à avancer.
Beaucoup d’entre elles et d’entre eux portent des noms de Saints et de Saintes. St Gérôme, Ste Adèle, Ste Agathe des Monts, Ste Julie, Ste-Aimé-du-Lac-des-Îles ; côte St Luc, côte St Paul, côte St Antoine ; rue Ste Catherine ; rue St Sacrement, rue St Jacques, rue St Denis, rue St Jean ; boulevard Saint Laurent, etc. qui font la différence.
Peut être, est-ce en raison du lien très fort à la religion qu’a eu, par le passé, cette société que les chemins qui mènent à leurs haltes et qu’ils empruntent au quotidien portent les noms de celles et de ceux qu’ils ont respecté(e) et reconnu(e)s comme étant leurs sages ? Peut être est-ce aussi une manière fort judicieuse de maintenir un rapport avec le sacré et l’immanent’’?
Ferid Chikhi
Les érables et les bleuets n’ont pas les senteurs
Des figuiers et des oliviers - 1 -.
Depuis quelques années, les figuiers et les oliviers, ne font plus partie de ton environnement naturel, comment vis-tu cette privation ? Parce que je pense que tu es privé de quelque chose qui a toujours fait partie de ton environnement ?
‘’Foufff !’’ C’est par une profonde expiration qu’il se prépare à répondre à mes questions, comme pour exorciser une insignifiance ou extirper cette sensation que chacun ressent lorsque dépité ou irrité par quelque chose qu’il ne peut évacuer. Le Numide, comme à son habitude, songeur et réfléchit, se met à parler de sa voix assurée et calme. ‘’Ce n’est pas seulement une privation c’est aussi et surtout l’impression de l’imperfection de la nature. Comme une déformation ou mieux encore une anomalie dans cet environnement qui pourtant est riche d’autres espèces d’arbres et de plantes. Mais pour moi il est évident que l’habitude de voir les oliviers et les figuiers, mais aussi les orangers et les citronniers c’est cela qui fait la nature.’’
Mais qu’est ce qui te manque le plus, est ce l’aspect physique ou… ? Sans me laisser terminer ma phrase il poursuit ‘’ Non, comme pour ce pays d’accueil, lorsque c’est la période de collecter le sirop d’érable ou cueillir les bleuets …c’est tout ce qui se fait autour de cette tradition de collecte qui me manque. C’est durant ces moments que les relations sociales et la solidarité se façonnent. Tout ce qui se crée et qui rapproche les membres de la communauté.
D’où je viens, dés les prémices de l’automne commencent les préparatifs de la récolte des olives et des figues; pour les figues, par exemple, il faut un accord de Tajma’at (assemblée du village) pour débuter la récolte. Celle-ci commence le même jour pour tous. C’est la fête parce que nous en tirons une partie de notre subsistance. Un numide sans huile d’olive et sans figue – primeur et fin de saison – n’est pas intégral. D’autant plus qu’avec la tradition ancestrale la religion est venue consacrer le figuier et l’olivier. Ils sont bénis de Dieu. Ils donnent les meilleurs fruits que porte en elle la terre nourricière. Ils sont symboles de l'homme universel. L'huile d'olive est source de lumière divine.
Alors, il faut comprendre que ce n’est pas seulement l’olive ou la figue, en tant que telles, qui ont leur importance mais toutes ces conventions, ces valeurs et ces mythes qui ont été érigées autour de ces deux arbres et de leurs fruits depuis des millénaires et qui différencient les Nord Américains des Méditerranéens’’.
Le Numide s’arrête un instant. Il me dévisage et de son regard pénétrant me fixe dans les yeux. C’est un regard sondeur, et aussi paradoxale que cela puisse paraître, plein d’un mélange de tristesse et de satisfaction. J’ai la sensation qu’il me scrute jusqu’au plus profond de mon être. Un long silence fige le temps et le mouvement.
Ferid Chikhi
Pour un Québec émancipé et indépendant ! La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !? Depuis quelques mois, les discussions vo...