6 sept. 2011

Un Numide en Amérique du Nord -122 -

Le non emploi des maghrébins au Québec -3/5-
J’ai cherché et analysé les indicateurs de ma prospection et j’ai inventorié plusieurs raisons. Au-delà des exigences des employeurs et, personne n’ignore combien ils changent d’un secteur d’activité à un autre, pour ne pas dire d’une entreprise à une autre, il y a le profil de nos compatriotes. Je livre ci-après et seulement à titre indicatif quatre paramètres établis à partir d’un groupe de 265 personnes représentatives de ceux qui n’ont pas eu d’emploi depuis leur arrivée au Québec.
* Les paradigmes qui constituent le cadre de références des valeurs et principes généraux et même professionnels de nos compatriotes sont tellement ancrés dans leurs esprits qu’ils n’arrivent même pas à s’en défaire et / ou à les mettre en veilleuse le temps de se faire recruter. D’où une mentalité d’attentisme et de refuge dans un ‘’Bien Être Social’’ sans lendemain. Couplé au travail au noir ça permet à certains de se payer, entre autres, deux à trois voyages dans l’intervalle de quatre années passées au Québec.
* La connaissance de soi, qui permet de se découvrir et d’apprendre un peu plus sur ses forces et ses faiblesses, savoir en parler, savoir s’engager et se projeter, etc. fait partie des derniers soucis de nos chercheurs d’emploi. ‘’Ils soutiennent qu’ils savent qui ils sont et ils n’ont pas eu besoin de venir au Québec pour l’apprendre’’.
* La visite d’exploration et la visite d’information - en plus du réseautage - est un outil de travail parmi les plus privilégiés des chercheurs d’emploi, ici, au Québec. Elle permet de reléguer au second plan le ‘’nom bizarre’’ que nous portons et qui décline notre identité, nos origines culturelles et même religieuse.
* Si l’on y ajoute que nos compatriotes envoient des tonnes de curriculum vitae par courriel et attendent devant leur écran qu’une réponse leur parvienne vous faites presque le tour de la question.
A suivre
Ferid Chikhi

28 août 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 121 -

Le non emploi des maghrébins au Québec -2/5-
Au niveau technique l’utilisation faite des indicateurs tirés des statistiques est contestable. En effet, beaucoup d’analystes, de commentateurs et de faiseurs d’opinions ont notamment focalisé sur les 35% des algériens et 28% des maghrébins qui ne travaillent pas. Ils ne mettent en évidence ni le fait que ce sont ceux qui ont entre 1 an et 5 ans de présence au Québec, ni le fait que cela concerne une période donnée (2001-2005). Mieux encore, ne pas être en emploi est une chose et ne pas avoir d’occupation en est une autre. La définition du chômage prend une autre signification puisque selon le Bureau International du Travail (BIT) dit qu’il s’agit de personnes qui ont été au travail et qui l’ont perdu.
Par ailleurs, si le questionnaire avait été un peu plus fin nous découvririons qu’une des réponses pourrait être du genre : une partie de ces ’’chômeurs’’ est aux études ou à une occupation accessoire en plus du bien être social, alors qu’elle déclare qu’elle chôme. Cet indicateur ne dépasserait pas les 15% avec beaucoup d'indulgence.
Dans ma pratique quotidienne, et ce depuis quelques années, j’offre un soutien à des chercheurs d’emplois d’origines diverses : Algériens, Marocains, Tunisiens, Roumains, Russes, Camerounais, Congolais, Haïtiens, Péruviens, Colombiens, et encore plus, y compris à des Français et à des Québécois. J’offre les mêmes services à des personnes ayant un statut particulier tel que les handicapées. Ceux parmi eux qui liront ce post pourraient en témoigner.
Au cours de cette même pratique, je me suis posé la question suivante : Pourquoi, à quelques exceptions près, tous ceux qui ont suivi mes ateliers ou mes conférences ont décroché un premier emploi, et un second pour certains, dans les trois mois qui suivirent leur participation à ces ateliers alors que les Maghrébins, pas tous heureusement, ne le font pas ? La même question pourrait être posée à tous les conseillers en emploi de tous les organismes qui pratiquent dans ce domaine. Mieux encore des recherches sur le sujet faites par des étudiants en maîtrise et en doctorat sont en cours de finalisation. Je ne parle même pas de celle de l’IRPP*.
À suivre
Ferid Chikhi

25 août 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 120 -

Le non emploi des maghrébins au Québec -1/5-
La problématique de l’emploi V/s le chômage ou mieux encore le nom emploi est perçue différemment par les experts, les spécialistes, les gestionnaires et ceux qui sont les plus concernés c’est à dire les chercheurs d’emploi. Tenant compte des pays, des régions et même des continents chacun y va de sa solution. Je me suis depuis quelques années intéressé à l’activité professionnelle des algériens au Canada en général et au Québec en particulier. Lors d’une récente discussion sur le réseau Linkdln, j’ai suggéré quelques éléments de réflexion perçus négativement par certains alors que d’autres m’ont exprimé leur satisfaction.
En fait et comme suite aux précédentes réflexions (voir la page ‘’Diversité et Différence’’), ce que beaucoup nomment «« le non emploi des maghrébins au Québec » » interpelle autant les gouvernants, les spécialistes de la question que les organisations communautaires et les employeurs qui se défendent de faire dans la discrimination et encore moins dans le refus de se priver de potentiels jugés par ailleurs comme étant assez bons.
Sur Linkdln, des dizaines de commentaires, d’avis et d’opinions se sont succédés ; les uns plus pertinents que les autres. Le thème est tellement prenant que j’y ai participé après m’être retenu de formuler un quelconque commentaire. Je l’ai fais en deux parties. La première se voulait une intrusion dans un cercle plus ou moins technique par la réfutation des indicateurs statistiques établies dans une période donnée et globale, l’autre plus socioculturelle en lien avec l’intégration et la perception par ceux qui s’y intéressent.
À suivre
Ferid Chikhi     

22 août 2011

20.000 visiteurs depuis ...


OUAAAH !!

Un succès ! ? Inattendu ... 20 novembre 2009 ... Création de ce site ... 22 août 2011 - 11:00 ... 20.000 visiteurs ...

Merci de vos visites et  pour les encouragements formulés. 

14 août 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 119 -

Les profils exclus ?!
Le recrutement des immigrants -3-
Au-delà des statistiques et des indicateurs du chômage, les employeurs font les choix qui leur conviennent. Ils préfèrent ouvrir la porte à des profils qu’ils connaissent qu’à ceux qu’ils doivent découvrir. Craignent-ils vraiment l'ouverture des portes de leurs entreprises aux candidats algériens au point de se passer de leurs compétences et de leurs potentiels ? Au regard de l’appréciation que je tire de ma propre expérience la réponse est sans conteste, NON ! Et, pourquoi le seraient-ils ? Bien des réponses se fondent notamment sur quelques cas et sur des préjugés bien ancrées dans la mentalité de beaucoup parmi eux. Il y a certes une méconnaissance des différents paramètres des profils professionnels, des pratiques culturelles et souvent des pratiques cultuelles.
Dans la communauté, il y a ceux qui abondent dans l’hypothèse que les employeurs québécois craignent que l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants en provenance d’Algérie ne leur crée des problématiques de relations humaines, d’habitudes de travail et surtout de socialisation. Ils ressentent un fort sentiment de rejet même s’ils ne l’ont pas vécu.
D’aucuns diront qu’il s’agit d’un sentiment de solidarité communautaire. Ils considèrent qu’ils sont victimes des conséquences du 11/9 ; d’autres trouvent que ce sont les contrecoups et les effets des travaux de la commission Bouchard & Taylor, notamment parce que les suites tant attendues concernant les recommandations n’ont jamais été suivies d'effet. Un troisième groupe considère que ce sont malheureusement des séquelles des deux.
Pour les employeurs, la majorité rejettent ces explications et restent sur leur position à savoir que c’est le marché de l’emploi qui régule le recrutement. La compétition, disent-ils, est réelle et au-delà de l’expérience québécoise qu’ils ne trouvent pas chez des candidats algériens c’est aussi leur attitude … elle n’encourage pas les recruteurs à aller de l’avant avec eux.
À suivre    
Ferid Chikhi

7 août 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 118 -

Les profils exclus ?!
Le recrutement des immigrants -2-
Des statistiques montrent que dans certaines communautés, plus de 25% des chercheurs d’emplois, parmi ceux qui ont moins de cinq années de présence à Montréal seraient en chômage ou ou occupent des emplois ne répondant pas à leurs attentes. Pourtant des conseillers en emploi - dans les organismes communautaires, les clubs de recherche d’emploi - offrent leurs services en proposant des outils tout à fait appropriés pour l’adéquation profils des candidats et exigences des employeurs et leur ‘’intégration professionnelle’’.
Alors se posent les questions qui fâchent : les employeurs ont-ils vraiment peur des candidats maghrébins au point de les exclure de leur recrutement ? Quelles peuvent être les logiques d’une telle attitude ? Les allégations rapportées çà et là sont-elles validées ? Quelles pourraient être les causes de ce constat ?
Les inventaires chiffrés et les recensements du monde du travail semblent confirmer cet état de fait. Mais ne dit-on pas que l’on peut faire dire une chose et son contraire à des indicateurs pourtant avérés? Qu'est-ce qui démarquent les Algériens des autres candidats aux emplois des entreprises québécoises ? Quelles attitudes, quels comportements, quels profils conviendraient le mieux pour se faire recruter et se maintenir en emploi dans un Québec en pleine mutation économique et socioculturelle? Que faut-il faire pour y remédier ?
Prenant un ancrage dans mon expérience professionnelle et ce que je sais, d’une part des exigences et des attentes des employeurs québécois et d’autre part des profils, des compétences, des qualifications et des expériences des candidats algériens, j’ai tenté à plusieurs reprises - au cours de conférences, d’ateliers de communication interpersonnelle et de discussions avec celles et ceux qui s’intéressent à cette problématique - de répondre à ces  interrogations. J’en livre ci-après quelques éléments de réflexion.
Ferid Chikhi

28 juil. 2011

Un Numide en Amérique du Nord -117-

Les profils exclus ?!
Le recrutement des immigrants - 1 -
La problématique du recrutement de candidats répondant aux critères et aux exigences des employeurs depuis des décennies fait l’objet de réflexions et de recherches par un grand nombre de professionnels, d’experts et de groupes d’analyse et même d'institutions gouvernementales, qui veulent découvrir le meilleur cheminement qui mène à repérer, à s’approprier et garder le plus longtemps possible les meilleurs potentiels.
Les chasseurs de têtes, les spécialistes du dépistage, les recruteurs, les conseillers en main-d’œuvre, et tant d’experts en ressources humaines tentent d’allier des méthodes de prospections, pour certaines en renouvellement permanent, des pratiques diversifiées tant par le processus que par le contenu, des usages et des formules parfois géniales et d’autres sans succès probants, sans pour autant arriver à trouver la recette idoine, celle qui deviendrait la plus rentable.
La psychologie et ses tests comportementaux, la sociologie industrielle et les rapports d’orientation ont été pratiqués, seuls ou ensemble et les résultats progressent avec difficultés. Les bassins de candidats sont multipliés : Les grandes écoles, les universités, les collèges sont investis par les salons de l’emploi. Des bourses sont offertes aux étudiants. Des ponts d’or sont tracés pour les meilleurs, etc. Les techniques de débauchage-embauchage chez les concurrents foisonnent et la mobilité des ressources humaines confrontent leur maintien. Il est vrai que quelques entreprises parmi les plus progressistes réussissent, les autres peinent à atteindre leurs objectifs.  
En Amérique du Nord, pour ce qui nous concerne, les techniques diffèrent d’un pays à l’autre. La technologie avec les banques de curriculum vitae et les moteurs de recherches investissent les départements des ressources humaines mais le recrutement et souvent la rétention des nouvelles recrues restent problématiques.
Au Québec, les pénuries en main d’œuvre professionnelle pour ne pas dire spécialisée deviennent plus cruciales, plus déterminantes. Elles atteignent des seuils critiques. Pourtant, il est dit que l’immigration est l’une des pistes à suivre. Chaque année, des immigrants professionnels arrivent par milliers. Un grand nombre parvient à se trouver ‘’la job’’ convoitée avant leur arrivée. Les autres peinent à intégrer un marché du travail en forme d’entonnoir ; plus sélectif il est perçu comme discriminatoire. .
À suivre
Ferid Chikhi

19 juil. 2011

Un Numide en Amérique du Nord -116-

Onze ans après le millénium -3-
Tout autour de la voiture et des routes …-2-.
La seconde caractéristique de cette Province qui a le plus retenu notre attention et résumait nos points de vue, c’est le flot de véhicules sur les routes, les autoroutes et les stationnements des villes et villages, par lesquels nous avons transités.
Ce ne sont pas seulement des centaines de voitures, de camions et autres caravanes (ces grosses maisons mobiles) presque toutes immatriculées au Québec qui sillonnaient l’Ontario mais des milliers. Là où nous sommes passés, là où nous nous sommes arrêtés, dans les parcs, les stations d’essence, les places commerciales ou simplement les rues nous étions impressionnés par la multitude de voitures de toutes les marques - GM, Ford, Toyota, Mercédès, VW, Hyundai, Volvo - en provenance des États-Unis, du Japon, de la Corée du sud, de l’Allemagne et de la Suède, etc.
Est-ce là le signe de l’industrialisation de la plus peuplée et de la deuxième plus grande province du Canada ? Il s’agit à n’en point douter d’une marque de son développement.
Enfin la troisième caractéristique concerne les transports en commun. Ils n’y sont ni visible ni présents et pas fort nombreux si l’on excepte, là aussi, les quelques autocars que nous avons observés et qui débarquaient des milliers de touristes pour la plupart en provenance du Québec et selon ce que nous avons appris un chemin de fer transcontinental qui la relie à la Colombie Britannique en passant par le Manitoba mais qui est devenu beaucoup plus un transport de marchandises que de personnes.
Ce qui nous fit dire qu’en Ontario, et par extrapolation ailleurs au Canada, tout est construit et fabriqué autour de la voiture et des routes qu’autour de l’individu et pour l’individu.   
Ferid Chikhi

16 juil. 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 115 -

Onze ans après le millénium -2-
Pas de langue française mais des milliers de voitures …-1-.
Le séjour de nos proches venus du Danemark et d’Allemagne s’est achevé sur la lecture de bien des souvenirs, des moments de retrouvailles, des instants d’affection et de forte sensibilité. Même si je m’efforçais à ne pas y penser, je concède que dés le début, j’appréhendais le jour de leur départ. Certes, il n’y a pas eu de larmes visibles mais celles du cœur se faisaient ressentir par ces rappels qui consistent à dire ‘’Il faut à tout prix revenir’’, ‘’Vous devez vous aussi revenir au Danemark’’, ‘’Il faut refaire ça avec les enfants et les petits enfants’’, ‘’Dites leurs de venir  au Canada, il y a tellement de choses à voir et à visiter’’.
Mais tout ça, nous le savons, exige de l’organisation et la volonté de rééditer l’exploit de traverser l’Atlantique et la mer du Nord pour tout simplement se retrouver. J’admets aussi qu’il y a eu bien du chagrin, de la tristesse à la limite de la lassitude de revivre une nouvelle séparation, la distance qui séparent nos trois pays. Presque trois continents. Il y a eu au cours de ces retrouvailles des instants sublimes et d’autres pleins de questionnements. Mais qu’est ce qui nous a le plus impressionné au cours de notre bref séjour en Ontario ?
Si l’on se réfère à nos propos chaque fois que nous engagions une  conversation sur un paysage, une construction, une image ou les relations avec des personnes de cette province nos avis divergeaient tellement, en raison de nos perceptions, que le consensus était difficile à réaliser. Cependant, au-delà de l’industrie des loisirs à Niagara-Falls, nous avons retenu trois caractéristiques qui font à notre sens l’Ontario et sur lesquelles il y a eu convergences.
La première qui nous a le plus impressionnée mais aussi irritée c’est que, malgré la forte présence touristique de Québécois et de Français, la langue française n’est ni comprise, ni parlé, ni affichée et encore moins partagée par tous les Ontariens. 
À suivre…
Ferid Chikhi

12 juil. 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 114 -

Onze ans après le millénium
Onze (11) ans depuis notre dernière rencontre. C’était une période de fêtes de fin d’année. Le millénium. L’an 2000. Le passage d’un millénaire à un autre. Le changement du ‘’1’’ en ‘’2’’. Nous avions passé les fêtes de fin d’année au Danemark, à Copenhague avec ces amis de longue date - Rachid, Marianne et leurs enfants Hakim et Yassine -.
Leur installation dans ce pays de l’Europe du nord s’explique à peu près de la même façon que celles de bien d’autres compatriotes qui ont laissé derrière eux, pays, famille, amis, etc. avec pour principal objectif : sauver les enfants et finir les quelques années qui leur restent à vivre dans un minimum de sécurité et de confort que l’Algérie ne leur offrait plus.
Onze (11) ans depuis notre dernière rencontre à Copenhague et nous voici de nouveau réunis. Sans les enfants. Ils ont fondé leurs propres familles. J’avais prévu plusieurs options de séjour mais nous avons choisi celle qui devait nous permettre d’être tout le temps ensemble, de voir du pays et surtout de nous parler, d’échanger, de nous retrouver.
Un périple au Québec suivi d’un autre en Ontario - quelques 1500km à parcourir en 10 jours - a été la ligne droite de leur séjour au Canada. En plus des moments de loisirs et de détentes, dans tous ces lieux que nous avons privilégié, des deux provinces l’idée de passer quelques heures, ensemble, dans l’habitacle d’une voiture aura été un choix judicieux, sauf lorsque nous avons voulu nous rendre aux USA par Niagara Falls et que le douanier Etatsunien s’est dit ennuyé (ce sont ses propres termes) par leurs passeports et exigea un contrôle supplémentaire, malgré le fait qu’ils soient biométriques et établis par les autorités danoises, conformément aux normes et standards internationaux en vigueur. Ils ont pris la décision de ne plus visiter ce pays*.
Revenons à notre sujet. La proximité et la convivialité ont fait le reste. Les retrouvailles ont été magiques. Les souvenirs défilaient. La mémoire est encore vive. Les moments de bonheur ont suivis ceux parmi les plus difficiles à relater. Cependant, le plus important a été de démontrer que malgré l’âge et le temps, la distance et les nouvelles règles sociales que nous avons adoptées chacun de son côté, dans nos pays d’accueil, notre amitié n’a pas été altérée et s’est même renforcée et consolidée.
Ils sont repartis au Danemark avec la conviction qu’une autre rencontre doit avoir lieu non pas dans dix ans mais le plutôt possible et avec les familles des enfants.   
Ferid Chikhi
* Je reviendrai plus en détail sur cet évènement

26 juin 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 113 -

Nana et Djeddi Menguellet
Aussi loin que je peux faire remonter les souvenirs de ma prime enfance au sujet de Djeddi Menguelet ça s’arrête à ce que, Nana, ma grand-mère paternelle me disait de lui ‘’un homme pieux, respecté de tous, un homme providentiel qui répond à presque tous les souhaits formulés par les pèlerins qui se rendent à son mausolée’’.
Mais de Batna, ma ville natale, située à quelques dizaines de Kilomètres de l’Aurès, à Azrou Kolal, le village familial situé juste sous le Djurdjura il n’y a pas que les kilomètres à parcourir mais aussi un espace social, culturel et surtout familial à traverser. Les Ath Menguellet, que Nana me disait être le regroupement de toutes les familles qui habitent autour de Taourirt Menguellet, est situé, à quelques  kilomètres Aïn El Hammam.
Lorsqu’elle me parlait de Djeddi Menguelet c’était avec une intensité assez particulière surtout quant elle faisait suivre ses commentaires par ‘’tu dois te rappeler de ce que je te dis, toi, le fils d’Arezki. Djeddi Menguellet était un vénérable et saint homme’’.
A l’époque je ne comprenais pas le sens de ces mots, ils n'exprimaient pas grand chose pour moi. Il faut dire que j’avais à peine 10 ans. Ce n’est que bien plus tard que je les ai réellement intégrés et pu donner un contenu et une profondeur à leur signification. C’est lors d’une visite à Ain El Hammam et en me rendant au mausolée du saint homme que cela m’interpela. Modeste d’apparence ce lieu est considéré comme sacré par la population en général mais aussi et surtout par les pèlerins à la recherche d’une bénédiction, d’une guérison, d’un succès, etc.
Légende ou histoire vécu d’un ancêtre. Nul ne le sait. Mais selon ce que j’ai retenu de ce que me racontait Nana, Djeddi Menguelet a bien existé. “Il a été l’ancêtre de tous les Ath Menguelet’.
Le conte, parce que pour moi il s’agissait d’un conte, que Nana me racontait, disait en substance que le père et la mère de Djeddi Menguellet se sont rendus à la Mecque ; ils n’ont pas survécus au voyage, qui à l’époque se faisait à pied et prenait plus de six mois. Les gens partaient en groupe. Les caravanes étaient surtout composées d’hommes mais quelques-uns parmi les plus nantis prenaient leurs femmes. L’une d’entre-elles a donné naissance à un enfant qui malgré la chaleur et le manque d’eau a survécu et mieux encore, depuis sa naissance, même si sa mère est morte, les facilités inattendues sont intervenues pour les personnes de la caravane. Elles ont fini par considérer que c’est sa venue au monde qui les a sauvées.
Une autre facette de la légende nous apprend que le saint homme est arrivé bébé dans la région, ramené par des gens inconnus, depuis La Mecque. Il fut élevé par une famille kabyle de la région jusqu’à l’âge adulte. En homme pieux, Djeddi Menguellet s’est vite forgé un statut d’homme non seulement apprécié et estimé mais aussi vénéré par tous.
Énigme ou mystère, il est clair que des  pans entiers de sa vie ainsi que sa présence en Kabylie restent encore méconnus de la population. Selon la tradition orale et mes souvenirs d’enfance, sa présence est révélée cinq ou six siècles après que l’Islam n’apparaisse en Algérie. De nombreuses histoires racontées de génération en génération souligne sa piété, sa sagesse et sa place parmi les saints de la Kabylie.
Ferid Chikhi

16 juin 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 112 -

Etat d’âme V/o état d’esprit
Après chaque départ il y a une arrivée -3-
Pour en finir avec la démarche précédente à savoir parler du vécu, du ressenti et des perspectives qui en découlent je retiens ce qui suit : quitter un pays, une famille, une mère, un frère, une sœur, une parente ou un parent, un ami, est en soi un acte volontaire. Un choix motivé, du moins en ce qui me concerne, par un nombre qualitatif de considérations. Un simple voyage à sens unique et avec l'espoir d'un retour, d'une retrouvaille, d'une nouvelle rencontre.
Par contre ce qui est le plus irritant et le plus difficile à vivre c’est lorsque le départ est l’œuvre du destin. Personne n’y peut rien. Tout le monde se plie à l’acte et en ce qu’il porte en lui. C’est dire aussi que la venue au monde est une arrivée fortement appréciée dans toutes les cultures. Il s’agit de l’avènement d’une nouvelle vie. Mais lorsque la fin de la vie nous interpelle, elle le fait sans prévenir. Une naissance nous l’attendons neuf mois durant. Une mort ne prévient pas.
Encore une fois, en ce 9 juin 2011, elle s’est empressée d’agir. Après avoir emporté ma jeune sœur Soraya en mai dernier, elle s’en est prise, 35 jours plus tard, à ma jeune cousine Madiha. Encore une fois elle n’a pas avisé de ses passages. Elle s’est servie sans aucune gêne. 
C’est dire combien, par moments et en mémoire, il m’est pénible de vivre successivement les décès de ma mère et de ma sœur suivi de celui de ma cousine, comme l'ont été un demi-siècle plus tôt ceux de mon père, de mon grand père et de ma tante. Ils sont définitivement partis, sans prévenir, sans cet espoir de revoyure mais avec comme seuls souvenirs des images que le temps fige pour moi.
Le vide qui m’entoure est à la fois insondable et indéfinissable. Il m'invite à le traverser, sans me dire par quelle issue je pourrais le faire, sans aucune possibilité de contrôle de mes mouvements physiques ou de ma pensée.
Ce vide m'interpelle et me nargue, me provoque et déclenche en moi une sensation d'inachevée mais avec cette forte et intime conviction que je ne la laisserai pas me ronger, m’user et n’entamera en rien ma foi qu’après chaque départ il y a une arrivée. Celle par exemple de la dernière échéance ; ce grand rassemblement promis par les prophètes de ce bas monde. Lorsque tous nous apparaîtrons devant notre créateur, consolation de tous les temps, de tous les âges et de tous les humains qui tissent des liens depuis le commencement.
Ferid Chikhi

9 juin 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 111 -

Etat d’âme V/o état d’esprit
Un aller simple à sens unique et sans retour -2-
Au-delà de la croyance, du moins, je le pensais, la mort et j’en avais la conviction je l’avais intégrée par le raisonnement et le discernement, la maturité et la réflexion. Les années ''90'', la dernière décennie noire du dernier millénaire qu’a connue l’Algérie, je l’ai sentie, la faucheuse était tellement proche, presque familière.
Elle faisait partie de mon environnement ordinaire, de l’atmosphère de tous les jours, par le nombre d'amis qu'elle a emporté avec violence. Mais dans les faits, toute mort n’est-elle pas violente ?
Elle était réelle et capitale, menaçante, présente au quotidien, voisine sournoise et rampante. Je pouvais la rencontrer le matin en sortant de la maison, à midi au moment du dîner, le soir en revenant chez moi ou la nuit lorsqu’un calme feutré mais précaire l'aidait à s'immiscer là où je ne l'attendais point.
Elle était dans mon salon sur l’écran de la télé au moment des nouvelles ; dans le parking proche de mon immeuble, lieu privilégié des assassinats d’un grand nombre d’intellectuels ; dans la rue qui voyait défiler des centaines de voitures parmi lesquelles la meurtrière explosait au moment où personne ne s’y attendait.
Avec ses multiples visages hideux, la mort trompe, au point où lorsqu’elle se présente de nouveau, et de nouveau, encore plus intime, plus présente et plus froide, je l’exècre autant que la traîtrise parce qu’elle est un aller simple à sens unique et sans espoir de retour.
Le printemps qui suivit l’hiver froid, de cette année 2011 et que j’ai vécu en cette terre d’Amérique, emprunta à l’automne une douceur toute relative comme pour me dire que lui aussi, malgré sa fugacité et son instantanéité, il a un côté sombre. Cette double physionomie des saisons qui peuplent la vie de tout un chacun montre combien fragile et précaire est l’être humain.
Ce que j’écris là n’est pas seulement l’expression de quelques frustrations qui ont jalonnées le tracé que j’ai suivi ; d’aucuns, pour me réconforter, diront que c’est ainsi qu’est fait le destin, mais pour moi c’est bien plus, c’est une façon d’exclure, d’expulser des sentiments culpabilisants.
Je voulais terminer sur ce sentiment mais voilà que tout repart comme si de rien n’était. Un autre moment de vive émotion, de peine, de chagrin, je ne sais plus quel est le mot juste qui convient en cette circonstance du décès - certes attendu mais que l’on voulait, dans le temps, le plus éloigné possible - de Madiha une de mes jeunes cousines, encore plus jeune que Soraya. Elle est partie, en ce jeudi 09 juin 2011 à 13 :30. Elle avait choisi d'aller vivre pendant plusieurs années chez nos cousins Touareg.
A suivre
Ferid Chikhi

2 juin 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 110 -

Etat d’âme V/o état d’esprit
L’inachevé … qui ne se consumera jamais -1-
La vie précède la mort. C’est un processus naturel et normal à la limite de l’ordinaire. Cependant, la normalité qui s’installe durant la vie nous fait prendre des habitudes qui se transforment en routines et avec le temps transcendent tout, pour forger des valeurs et des proximités difficiles à réduire lorsque l’échéance ultime nous confronte.
C’est à ce moment précis que l’on se rend compte, lorsqu’on est attaché plus aux valeurs qu’aux routines, que l’état d’esprit partage un espace avec les états d’âme. Ils s’imbriquent et s’agrègent. Heureusement, que le raisonnement nous aide alors à discerner le bien du mal et le positif du négatif, le minuscule et l’infini. Il nous aide aussi à progresser et à nous tenir debout, quelque soit la difficulté, la douleur, l’affliction et la peine. Il arrive parfois, que les choses ne soient pas aussi simples qu’on le croit et c’est ce que j’éprouve par moments depuis quelques mois.
L’automne dernier a été une saison pas comme les autres. La tristesse et la morosité se sont partagées l’espace vitale qui m’entourait à tel point que le chagrin était incommensurable. Je me suis trouvé confronté à la disparition brutale de ma mère. Son départ m’a fait prendre conscience que le néant nous entoure. Je ne m’étais pas préparé, malgré son âge. L’autre espace celui du temps, s’est terminé par une sensation, un sentiment d’inachevé et de frustration. Jamais je n’avais autant ressenti la vulnérabilité de mon être.
La disparition de ma mère, m’a apostrophé. Mais c'est là, un mot sans consistance ; je dirais qu’elle m’a chamboulé ou mieux encore bouleversé à la limite de la perturbation avec une dose de troubles. C’est d’autant plus difficile à absorber quand il s’agit de la mort de cet être cher qui nous a donné la vie.
Pourtant, je croyais savoir, au plus profond de mon âme, et ce depuis ma première rencontre avec elle (la mort), un certain 21 février 1961, ce qu’elle est et de quoi elle était faite. Elle avait happé, sans prévenir, mon père à l’âge de 51 ans et 40 jours plus tard mon grand père. Je n’avais que 12 ans, le début de l’adolescence.
Ces deux échéances, à 50 ans d'intervalles, la mort d'abord de mon père et de mon grand père et ensuite celles de ma mère et de ma jeune sœur m'ont figées dans une stupéfaction indescriptible parce qu’imprévue. C’était un effarement singulier et j’ajouterai paralysant, surtout que l’ancrage physique aux représentations paternelle et maternelle n’existe plus.
Le vide que j’ai ressenti était abyssal. Il faut dire qu'entre les deux j'ai vécu la même émotion, la même meurtrissure lors du décès accidentel de ma tante paternelle. Jeune et d’une beauté hollywoodienne.
À suivre
Ferid Chikhi

28 mai 2011

Un Numide en Amérique du Nord -109-

L’Ijtihad, l’accueil et l’hospitalité -2-
Malgré nos différences prônons un vivre ensemble intelligent 
Dans ce nouvel environnement où le vivre ensemble présuppose le respect de normes sociales différentes je me suis rendu compte que j’avais en face de moi un cadre de référence que je ne connaissais pas. Il a fallu construire un nouvel espace de vie après un bon examen des milieux social, culturel et professionnel qui s’offraient à moi. Aller vers l’autre et partager avec lui. Mais l’autre, mon voisin, le plus proche a gardé sa porte close. Pourtant une des recommandations du Prophète de l’Islam à ses disciples est de ‘’se rapprocher le plus possible de son voisin’’.  Les effets ont été à la limite du désastre. Il a fallu revoir ma conception - de la progression vers l’autre - du québécois de souche, pure laine qui me percevait comme un intrus dans son espace, du moins c’est ce que je ressentais.  
Pour y remédier j’ai plongé dans ma foi. La prière, l'effort de réflexion et le ressourcement ont pavé la voie que j’ai privilégiée. C’est ainsi que j’ai commencé par redéfinir et ajuster certains paramètres de mon cadre de référence pour comprendre celui des autres. J’ai aussi réappris à découvrir et à apprivoiser mon nouvel environnement et en faire un espace ouvert de concertation et de consultation - ‘’El mouchaoura’’ en arabe.
Ce nouvel environnement, il fallait m’y accoutumer, trouver des traits d’union, des ponts, des points de jonction et de convergences. Le défi était de taille. Bien entendu rechercher des similitudes et des affinités avec la société d’accueil, me familiariser avec le concept de l’espace nord américain tout à fait différent de celui d’où je viens, m’incitaient à mieux envisager ce que je pouvais créer comme passerelles pour me rapprocher de mon vis-à-vis québécois. Par exemple, j’ai du réapprendre à concevoir autrement la dimension temps et ressentir différemment les saisons qui, sans aucun doute, influent sur les mentalités et les tempéraments ainsi que sur les pratiques sociales et culturelles.
C’est grâce à mon ''Ijtihad'' - mon effort de réflexion - que j’ai validé qu’aussi bien mon attitude que mon comportement ne devaient en aucune manière être perçus comme une provocation aux habitudes et aux coutumes de l’accueillant mais plutôt comme une contribution et un plus pour la société qui m’a ouvert ses bras.  Au lieu de persévérer dans mes paradigmes et m’auto-exclure j’ai choisi de faire une pause pour les modifier, les transformer et à l’extrême les remplacer. Aujourd’hui, mon effort de réflexion me rapproche de plus en plus des gens du pays.
Ferid Chikhi
Contribution particulière
Revue ‘’L’Envoi’’ du Diocèse
De St Hyacinthe – Montérégie – Québec - Canada
12 mai 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 378

  Pour un Québec émancipé et indépendant ! La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !? Depuis quelques mois, les discussions vo...