10 août 2020

Un Numide en Amérique du Nord - 336 -

 Quels symboles pour l’indépendance du Québec ?

‘’Du poil se sa barbe encense-le et il te restera fidèle’’

Adage Algérien

Le propos qui suit est un questionnement sur les symboles de la lutte pour l’indépendance d’un pays. Nous savons, chacun selon son niveau d’information, que Le Covid19 a des effets toxiques sur les domaines d’activités (institutionnelles, culturelles, économiques, politiques, sociales, etc.) montrant la précarité non seulement de la pensée sociétale mais aussi de la gouvernance.  

Dans bien des pays et des villes, le déconfinement s’est affirmé dans une totale incertitude et l’instinct naturel de réappropriation de la proximité s’est manifesté sans retenu. Je réitère que ce qui suit porte sur les symboles de la lutte pour l’indépendance. Ceux qu’une société privilégie pour se rassembler et avancer.

Je me souviens qu’au lendemain de la libération de l’Europe, une ère de décolonisation avait débuté déroulant le tapis rouge pour celle des indépendances. C’était le prélude aux reconstructions des pays qui avaient été soumis à une destruction massive de leurs identités, de leurs cultures, et le pire, de leurs assises sociétales dans le seul but, disait-on de les civiliser. Pourtant, malgré cette nouvelle ère, les puissances coloniales ont continué d’œuvrer pour resserrer leurs griffes sur les richesses énergétiques des pays soumis à l’une des pires abjections de l’histoire du monde, l’asservissement des peuples. Le néocolonialisme aussi abjecte et l’impérialisme dépècent les pays du Sud de leurs richesses énergétiques.

Pour y faire face un seul instrument politique, le patriotisme, sentiment partagé d'appartenance à une même PATRIE. C’est une prise de conscience qui renforce l'unité sur la base de valeurs communes. Elle conduit à ressentir de l'amour et de la fierté pour la terre nourricière. Si le nationalisme est impersonnel, le patriotisme est dévouement pour l’indépendance de son pays, pour la liberté de ses citoyens et la défense du bien-être de son peuple.

Le contexte est certes différent mais le Québec n’échappe pas à cette règle, y compris sous le couvert d’une nouvelle forme révolutionnaire qualifiée de ‘’tranquille’’. En revanche, cette révolution tranquille maintient le séquestre de la gouvernance provinciale par le Fédéral et elle génère une aliénation identitaire et culturelle au nom d’une soi-disant souveraineté-association. La dépendance d’Ottawa se confirme sur des pans entiers de la société Québécoise. Dans ma culture première un adage populaire nous interpelle et nous invite a rester en éveil) : ‘du poil de sa barbe encense-le et il te restera fidèle’’ (traduction approximative.

C’est dans mes lectures que j’ai appris que la Révolution Tranquille était une traduction de The Quiet Revolution qui décrivait le Québec dans un texte d'André Langevin pour le magazine Maclean's en février 1963, même si elle est antérieure aux années ‘’60’’. Elle était utilisée par la presse anglophone dans les années ‘’50’’ pour parler des changements politiques dans le monde. A la même période, en Algérie, le colonialisme français déployait, le plan de Constantine et la génération Lacoste était promue et portée pour diriger l’Algérie indépendante mais toujours sous domination coloniale.  À ce stade de la réflexion faire le lien avec ce qui se passait dans le monde impérialiste Britannique et le monde colonial Français ou Hispanique était une référence.

Je me souviens !  Lorsque l’absence d’un drapeau met le feu aux poudres…

Qu’en reste-t-il en 2020 ? J’ai l’envie de convoquer Hubert Aquin dont beaucoup de souverainistes connaissent son essai percutant ‘’La fatigue culturelle au Canada français’’ réponse à ‘’La trahison des clercs’’ d’Eliott Trudeau. Mais demandons-nous, la Révolution Tranquille a-t-elle abouti à quelques situations qui libèrent le Québec et les Québécois ? Est-elle aussi puissante et dense qu’elle l’était durant les quatre décennies après son survenance ? Oui ! si nous apprécions le mouvement souverainiste dans son ensemble, pour certains le résultat est tout à fait positif mais pour d’autres il reste insuffisant et sans résolution pérenne. S’en souvenir une fois l’an, le jour de la fête nationale ou de la Saint Jean Baptiste, n’est-ce pas une forme de reniement ? En fait l’histoire m’a appris qu’un peuple qui veut se libérer du colonialisme, de l’asservissement se tient debout tout le temps, tous les jours et fait de l’idéal d’indépendance sa quête quotidienne.

Alors, comment devient-on nationaliste, patriote, ou tout simplement Québécois en amour avec le Québec, son identité, sa culture, son image ? Comment transmettre ces arguments aux nouveaux arrivants lorsqu’ils entendent qu’il existe des Québécois de souche et les autres ? Comment, après coup, doit-on réagir parce que le Fleurdelysé n'a pas été visible lors de la fête nationale ?

L’indépendance d’un pays, la libération de son peuple, l’autonomie et tous les autres attributs de la lutte pour l’autodétermination, se conçoivent sur une symbolique qui rappelle que les empreintes de la sensibilisation et de la mobilisation existent pour canaliser et rassembler les volontés de celles et ceux qui résistent à l’aliénation tout autant identitaire que culturelle. Pourquoi n’y a-t-il pas d’hymne national du Québec ?

Comme bien des immigrants, j’ai pris sur moi de m’adapter et de prendre fait et acte pour un Québec qui se qualifie de société distincte en Amérique du Nord avec le français comme langue première. Je me rends compte au fil du temps que si l’identité n’est pas définie, la culture est plus Nord-américaine que francophone. Le français classique perd de son poids, de sa densité, de son agencement ; il est remplacé par une langue hybride, un ‘’argot’’ sans construction particulière qui ne consolide pas le lien avec les cultures francophones. ‘’Nous sommes Québécois. Nous ne sommes pas européens et encore moins français parce que nous sommes Nord-Américains’’. M’a-t-on dit. Et, je me suis demandé si le Québec en quête de son indépendance pourquoi n’y a-t-il pas de symboles qui reflètent la lutte menée par les descendants des Canadiens français, des patriotes et de ceux qui ont été intégrés malgré eux au Canada Anglais. La réponse a été mais ce sont le fleurdelisé, la devise « Je me souviens », la langue française. Le Patriote apparait deux fois par an le jour de son anniversaire et le 24 juin couvert de son bonnet et portant son fusil. Des amis, m’ont dit, il y a eu une période où ‘les écrivains, les chanteurs, les artistes de toutes sortes, les compositeurs, etc. se sont mis à exprimer ce désir de liberté.’’ Mais, c’est surtout du business.

Ayant baigné dans la Révolution Algérienne de Novembre 1954 qui a mené à l’indépendance de mon pays d’origine, il m’a paru bizarre qu’au Québec, la sensibilisation et la mobilisation des Québécois se fait l’été lors des festivals durant lesquels quelques chanteurs animent le parterre de présents. Personne parmi mes proches ne connait l’hymne national du Québec. De quels échos il résonne. Sur quel rythme il renforce le fait Québécois ? Tous savent qu’il n’existe pas. Même si quelques-uns m’ont cité Gilles Vigneault et sa chanson qui nous invite à ‘’nous parler d’amour ou mon pays c’est la neige’’.  Les Catalans ; les Kurdes … ont en un.

Les symboles ont pour rôle de rappeler aux Québécois, que ce sont essentiellement les valeurs qui les rassemblent, qui les unissent par la même histoire et les mêmes traditions, le même pays, qui a accueilli leurs ancêtres et qui continue à ouvrir ses bras à bien du monde. C’est le rôle des leaders et des animateurs du mouvement national de dessiner les contours des symboles d’une nation.

Ces symboles singuliers sont des balises placées sur un oriflamme ou un drapeau, dans un hymne, un poème ou un chant patriotique. Ce sont des couleurs, des images de résistants en lutte contre le colonialiste et autres indus occupants. Ils invitent à nous souvenir que des hommes et des femmes ont lutté pour que le Québec soit une société distincte avec ses propres attributs.

Ferid-R. Chikhi 

25 juin 2020

Un Numide en Amérique du Nord - 335 -

Une agression sociétale intolérante
et violente contre les Québécois
Nous sommes, comme nos noms l’indiquent, immigrant-e-s de longue date. Loin de nous l’idée de jeter encore de l’huile sur le feu et exacerber les irritants, nous voulons juste exprimer notre soutien à M. Alain Therrien que nous avons eu le plaisir d’écouter et de voir parler de l’Histoire du Québec, des projets qu’il a portés comme élu du Parti Québécois de St Constant, parmi lesquels la création du CEGEP.
Lors des dernières fédérales, nous lui avons accordé nos voix et notre confiance même si nous ne sommes pas membres du Bloc Québécois. Ce que nous avons retenu de ses propos, que nous qualifions de fort intelligents, c’est la bonté avec laquelle il propose ses idées, l’humilité, l’empathie et l’attention qu’il porte aux citoyens en général. Nous n’avons jamais perçu en lui une embryon de racisme ou de préjugés envers nous ni envers bien d’autres immigrants de la circonscription.
Récemment, il a été agressé avec violence par le chef du NPD qui l’a traité de raciste. Nous nous questionnons, comment en sommes-nous arrivés à ce qu’un élu Canadien, en pleine assemblée de parlementaires, s’adresse avec tant de haine à un de ses collègues occultant l’éthique, le respect mutuel et la considération tant réclamés dans une démocratie ? Nous ne nous souvenons pas, malgré leurs divergences, que des élus de l’Assemblée nationale Française, aient à un moment ou à un autre traité les élus du Front national de racistes.
Il est vrai qu’en 2020, au Canada et au Québec, la problématique du racisme systémique a surgi dans le paysage politique portée de manière redondante par le Premier ministre du Canada et ciblant non seulement la loi 21 mais aussi tout le Québec.
Des groupes d’influenceurs se succèdent non seulement sur le terrain politique fédéraliste et provinciale, médiatique et communautariste mais aussi dans l’enceinte même du Parlement fédéral pour soutenir la thèse que la société Québécoise est intolérante.
L’attaque du chef du NPD par sa violence caractérisée, porte atteinte non seulement à la législature mais aussi et surtout à toute la population du Québec, exception faite de ceux qui n’ont aucun respect pour la démocratie et ses enjeux.
Ce qui est surprenant c’est que les députés libéraux et conservateurs présents ainsi que ceux du NPD n’ont pas réagi si ce n’est en approuvant la motion du NPD, silence individuel et partisan consentant.
Une des observations les plus pertinentes réside dans le fait que la bienséance et la sagesse ont été remisées aux oubliettes par un intolérant qui profite de la démocratie et de la liberté d’expression pour refuser, rejeter et contester les lois du Québec en s’attaquant à l’un de ses représentants.
Comme citoyen résident, à la Prairie nous offrons notre soutien à notre député M. Alain Therrien, tout en condamnant fermement les propos haineux du Chef du NPD. Nous invitons tous les citoyens du Québec, qu’ils soient bloquistes ou d’une autre obédience politique et non partisans à être du côté de cet élu connu pour ses prises de position rassembleuses et éclairées.
Nous considérons que la démocratie est réellement en danger lorsqu’un élu manque de jugement et qu’il erre dans les dédales d’un racisme systémique imaginaire. Cette insulte, parce qu’elle participe de la culpabilisation menée à fond de train contre toute la société Québécoise, exige réparation.
Leila Lesbet & Ferid Chikhi
Citoyen-ne-s de la Prairie
Le 21 juin 2020

16 juin 2020

Un Numide en Amérique du Nord - 334 -


Au Québec, racisme, ségrégation, etc.
Des concepts incompris ...
J'ai retrouvé un ami d'origine maghrébine, natif de France et porteur, comme bien d'autres, du message contre le racisme systémique.
Je lui ai demandé de me dire, si selon lui le racisme qu'il a vécu dans son pays de naissance portait les mêmes causes et les mêmes effets que celui qu’il rencontre au Québec ? Comment ferait-il pour convaincre un Québécois qu'il est raciste et qu'au Québec le racisme systémique est partout ?
Sa réponse résumée a été : Ils sont pires qu'en France, là-bas au moins ils l'assument ; ici, la preuve, ils gardent pour les leurs les bons emplois, les beaux logements, etc...
J'ai tenté de lui expliquer que faire des choix et procéder à des sélections ça n'est pas du racisme ... s'en suivit une discussion ardue qui se termina par ''toi aussi tu es devenu raciste comme tes Québécois ...''
J'ai poursuivi ma tentative de lui exposer qu'il y a une forte confusion dans les définitions des concepts qui peuvent être pris pour du racisme mais qui n'en sont pas.
Après quelques autres minutes d'un échange musclé, je l'ai invité à me définir en quelques mots chacun des concepts suivants : la discrimination, l'ethnocentrisme, l'hétérophobie, le paternalisme, la ségrégation, la xénophobie, ... Les préjugés, les stéréotypes ... et la différence, s'il en existe entre le racisme et le racisme systémique. Il resta muet.
J'ai fini par lui dire, le ton ironique ... : Tu es toujours français pourquoi ne pas retourner chez Jupiter !?

1 juin 2020

Un Numide en Amérique du Nord - 333 -


La pensée unique et l’Algérie mon amour

Lorsqu'il est question de droits ce concept est toujours accompagné d'obligations ou de
devoirs ; il en est de même de ce qui est qualifié de causes qui s'accompagnent des effets ou des conséquences ... À la suite de la diffusion du documentaire ''Algérie, Mon amour !'' Les réseaux sociaux ont véhiculé des milliers de messages les uns aussi, si ce n’est plus, haineux que les autres ; désobligeants et par endroits odieux et malveillants porteurs d’une intolérance déjà amorcée durant les années ‘’90’’ ; leurs occurrences montrent à l’évidence aussi bien de la méthode et un respect de quelques règles sorties directement de quelques officines structurées pour canaliser la pensée. Une seule pensée. La pensée unique de la stagnation et de la régression.

Mais d’où vient cette attitude démesurée qui caractérise de grands pans de la société d’hommes a qui a été inculquée l’intolérance, le rejet de l’autre, la haine de soi, la haine de la femme qui pourtant se trouve être la mère, la sœur, l’épouse, la fille, la tante, la cousine ? Selon ma lecture, j’ai retenu parmi tant d’autres deux facteurs affligeants : l’instruction dispensée par une école qui endoctrine plus qu’elle n’éduque ; la gouvernance nationale qui sclérose plus qu’elle ne libère

Une petit rappel du cheminement suivi nous renseigne sur quelques éléments d’analyse. Rappelons-nous que mis à part le défunt Président Boudiaf aucun dirigeant Algérien n'a accepté d'initier les principes canons du débat d'idées. Tout a toujours été imposé et j'en sais quelque chose.

À l'époque du parti unique, ou appareil central du parti, héritier de l’exécutif du FLN, les militants des cellules et des kasmate venaient de toutes les professions et comptaient aussi bien des diplômés des universités que des illettrés et des paysans ou des chômeurs … les discussions portaient entre autres sur le prix de la pomme de terre que celui de l'oignon … mais dès qu'il était question de politique les menaces des ''brigadiers'' étaient énoncées dans un langage cru.

Les militants de gauche FFS, PAGS, PRS… étaient clandestins et ne pouvaient militer que dans le parti unique. Ils exprimaient leurs opinions, leurs divergences, leurs pensées de façon intelligente et souvent percutante alors que l'idéologie baathiste faisait des ravages et avançait à pas feutrés. La langue arabe était son cheval de Troie. Elle a fait tellement de dégâts que tenter de récupérer quoi que ce soit était devenu un défi sans commune mesure. Puis, ces baathistes ont été doublés à droite par l'islam politique. Tout était prêt pour récupérer la pensée unique et imposer à tous le parti de dieu ... Je passe sur les autres considérations multiples liées à l'identité, la culture, la société ouverte, le pluralisme politique, la démocratie, la laïcité, etc.

La période de la charte nationale a été une '' récréation '' vite encerclée et empêchée. Un idéal inachevé, un rêve devenu cauchemar pour celles et ceux qui ont été loin dans l’expression de leurs idées et la dénonciation de la corruption naissante, des passes droits, du népotisme, de la bourgeoisie comprador, du régionalisme. Qualifiés de subversifs, beaucoup n’ont jamais été revus. Personne n’en parle… mais une décennie a suffi pour arriver à octobre ‘’88’’.

Pour ne pas perdre le pouvoir, les puissants du système ont déroulé le tapis aux forces de la régression avec comme conséquence majeure une autre génération décimée. Plus instruite et mieux éduquée que celle qui a initié et mené la révolution de novembre 1954 … Aujourd’hui nous observons les effets de l’inconséquence du pouvoir qui ne semble pas avoir compris qu’une nouvelle révolution a bien débuté, celle menée par des jeunes d’une société bridée. L’index pointé sur les mêmes ennemis n’est pas en adéquation avec les aspirations de cette jeunesse qui n’a pas connu la révolution de novembre et n’a pas vécu la guerre menée par les islamistes contre la patrie.
Ferid R Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 378

  Pour un Québec émancipé et indépendant ! La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !? Depuis quelques mois, les discussions vo...